Jésus lave les pieds

Vos responsabilités développent-elles votre l’humilité ?

Lorsque Paul fait ses adieux aux anciens d’Éphèse, il leur révèle un clé de son leadership spirituel : le service pour Dieu conduit à l’humilité.

Vous savez de quelle manière je me suis toujours comporté avec vous, depuis le jour où j’ai mis le pied en Asie:  j’ai servi le Seigneur en toute humilité, avec [beaucoup de] larmes et au milieu des épreuves que provoquaient pour moi les complots des Juifs. 20 Vous savez que, sans rien cacher, je vous ai annoncé et enseigné tout ce qui vous était utile, en public et dans les maisons, 21 en appelant les Juifs et les non-Juifs à changer d’attitude en se tournant vers Dieu et à croire en notre Seigneur Jésus[-Christ].

Actes 20 18 à 20

Or malheureusement, il semble que l’exercice du leadership spirituel ne produise pas cette humilité dont Paul faisait preuve. Il n’est pas rare de constater que ceux qui assument des responsabilités deviennent des personnes distantes, inabordables, hautaines, autoritaires, contredisant ainsi l’Évangile.

Serviteur = esclave

Doulos en grec, pour être précis. Nous avons deux attitudes possible dans notre manière de servir Dieu : soit lui être dévoué, tel un esclave, soit nous servir de notre service pour Dieu pour nous affirmer et construire notre réussite, notre projet, notre carrière. Cette question est cruciale. Vous êtes leader spirituel ? Alors êtes-vous entièrement dévoué à celui qui est mort et ressuscité pour vous ou servez-vous vos intérêts, d’une manière cachée, et même inconsciente  ? Interrogez votre motivation ? 

Rich Villodas témoigne : 

Quand je suis devenu pasteur à New Life Fellowship, mon prédécesseur Peter Scazzero m’a dit : – Félicitations, tu ne pourras plus te garer sur le parking !  Cela m’a choqué. Les pasteurs ne devraient-ils pas avoir une place de parking  réservée ? Dans le Queens, à New York, nous avons un très petit parking (bien qu’il soit important selon les normes de New York), mais le point culturel a été clairement identifié. En tant que serviteur,  je n’ai pas droit à un traitement spécial. Je suis appelé à diriger ma communauté dans le service. […] Au cœur de cette question se trouve la question des droits, et de l’attitude de serviteur.

R. Villodas https://www.missioalliance.org/7-questions-all-pastors-need-to-ask-themselves-post-hybels/

Est-ce que mon orgueil se rebelle quand je pense à servir comme le Christ a servi ? Suis-je disposé à laisser tomber ma vision ambitieuse du succès, même si mon «succès» consiste à servir Dieu de manière visible ? Puis-je me contenter de servir dans le monde de manière totalement invisible, et de combler les besoins de ceux qui ne peuvent pas me rendre la pareille ?

Auteur Anonyme Radicalement ordinaire Éditions BLF page 96.

Dans les larmes 

Vous arrive-t-il, en tant que leader spirituel de pleurer ? Qu’est-ce qui vous attriste profondément ? Les situations de l’Église, de certains chrétiens, dont vous avez la responsabilité ? Oui il y a des situations qui sont à pleurer : divisions, critiques…

La Loi se trouve accomplie tout entière par l’obéissance à cette seule parole: Aime ton prochain comme toi-même. Mais si vous vous blessez les uns les autres et si vous vous entre-déchirez, prenez garde ! vous vous détruirez mutuellement.

Galates 5 : 14 & 15

Certains.es responsables nationaux que je connais souffrent de voir la division, le peu d’amour fraternel entre responsables chrétiens, entre serviteurs de Dieu. Sans parler de cette distance qui peut exister entre églises locales, entre unions d’églises. Je n’oublierais jamais cette soirée de prière du séminaire Comité représentatif du CNEF. Chacune des quatre familles du CNEF était invitée à donner deux sujets de prières pour la France. Etienne Lhermenault, alors président, a suggéré :

Prions pour l’Église de France : les chrétiens savent beaucoup de choses sur le pardon, mais les mettent si peu en pratique ! 

E. Lhermeneault

Si vous exercez un ministère, peut-être avez-vous besoin d’apprendre à pleurer. Dans la prière, pour ceux que vous accompagnez. Mais aussi sur vos propres limites, vos propres défaillances. Ces larmes sont justifiées, si elles accompagnent votre repentance. 

Nous ne sommes jamais en meilleure santé que lorsque nous confessons nos péchés.

Ron Rolheiser 

Des épreuves

Dans la vie et le témoignage de Paul – tout comme Pierre –  pas de progrès spirituels, sans épreuve. Plusieurs de mes mentorés traversent de vraies tempêtes. Dans leur ministère, conflits et tensions de toutes sortes,  comme dans la vie personnelle, cancer, dépression, handicap des enfants… Reste une question parfois troublante : les épreuves résultent-elles de l’exercice du leadership spirituel ou sont-elles communes à tous les hommes ? Parfois il semble que le sort s’acharne sur ceux qui ont choisi de s’engager pour le Royaume de Dieu. Mais j’aime bien la lecture que Roy King fait de 1 et 2 Corinthiens en examinant « ces étranges ministres qui nous visitent »  que sont le manque d’unité, la calomnie etc. Lisez ses articles 1   2    4.

En tout état de cause, les souffrances, liées à notre ministère, ou pas, devraient avoir pour effet de développer notre humilité et nous aider à :

  • Faire le tri dans nos motivations,
  • Nous tenir éloigné de l’orgueil,
  • Revoir nos ambitions,
  • Mettre nos idoles en évidences pour mieux trouver Dieu.

Positionnel VS fonctionnel ?

Il est si facile, quand on est un.e leader spirituel, de perdre ce fruit de l’esprit. S’enfermer dans un personnage…. Je suis le responsable, directeur.ice,  pasteur.e, ancien, animateur.trice. Je dois défendre cette position. On appelle cela le leadership positionnel. Je vous invite à lire l’article qui explique ce qu’est ce leadership positionnel vs le leadership fonctionnel.

Vivez l’humilité

Veillez à ne pas dire eux et moi… Dès que vous ferrez une différence entre vous et ceux que vous servez, vous serez en danger. Vous n’avez pas besoin, dans votre ministère, d’apparaître en super héros, un homme une femme en acier inoxydable. Au contraire, je trouve que la Bible montre des héros de la foi qui n’avaient pas peur de leur propre vulnérabilité. N’apparaissez pas comme celui, ou celle qui sait tout. Osez dire je ne sais pas…

Ne ramenez pas tout à vous… J’ai parlé il y a quelque temps à un leader, et durant toute la conversation il avait une objection :  – Oui mais dans notre église, nous ne faisons pas comme ça… – Oui mais dans notre église nous faisons autrement… Comme Si son église était l’Église, ou le centre du monde. Parlez de vos tensions dans le ministère, avec franchise, avec ceux avec qui vous collaborez. C’est le B-A  BA. Et puis trouvez, une personne extérieure, un.e mentor à qui vous pouvez décharger vos tensions et qui peut vous offrir un regard objectif.

Ne perdrez pas les joies du ministère et du service ! 

D’après une idée originale de Roland Frauli

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