Survol de 1 et 2 Corinthiens deuxième partie
NB : Cet article est la suite de « Ces étranges ministres »
La tension entre l’amour et la connaissance
Paul dira :
Vous vous assemblez non pas pour devenir meilleur mais pour devenir pire !
1 Cor 11 : 17
Ce deuxième étrange ministre est une forme de division. Le manque d’unité qui a ses racines dans un manque d’amour. Paul insiste sur la nécessité de renoncer à ses droits pour valoriser l’autre. Le problème nait quand nous voulons faire d’un problème théologique secondaire un problème majeur. Paul recentre sur « Christ seul ». Dans les épîtres aux Romains et aux Galates, Paul va lutter pour préserver le cœur de l’Évangile. Dans celles aux Corinthiens il explique comment traiter ces aspects théologiques secondaires. Il souligne qu’il subsistera toujours une tension entre l’amour et la connaissance, une tension qu’il faut accepter, sachant que la connaissance enfle mais l’amour édifie. L’amour sera toujours plus fort que la connaissance. C’est un avertissement pour nous évangéliques, qui nous réclamons du Livre. Il ne faut pas que cette Parole devienne un marteau. Il y a plusieurs thèmes parmi ces sujets secondaires que nous pouvons utiliser pour nous « piquer » les uns les autres. Chapitre 8 : 1 à 13 c’est la question des restrictions alimentaires. Au chapitre 9 : 1 à 27, c’est l’étrange ministre des questions liées au soutien financier. Paul renonce à son droit légitime au soutien afin de ne pas poser de problème à l’immaturité de l’Église de Corinthe. Au chapitre 10, Paul évoque l’étrange ministre que constitue la question des pratiques occultes, divinatoires, qui se mélangent au culte. Dans les versets 12 et 13, l’apôtre parle de la tentation d’une manière générique. Au verset 14 il souligne le véritable enjeu, le véritable danger : d’un côté tolérer des idoles et de l’autre adorer Christ. Le verset 20 est un avertissement très clair. Les conséquences qu’il en tire sont limpides : L’amour pour les autres doit dicter notre conduite.(Cf. v.23-24) Il précise sa volonté de ne choquer personne et de considérer les intérêts de tous (v.32). Dans ce contexte Paul admet que les choses sont plutôt chaotiques : comment se comporter ? De même pour nous : À quelle réunion participer ? Comment s’habiller ? Quel film regarder ? Est-ce que cela va contrarier mes plans ? La réponse de Paul est de ne pas mettre en avant ses droits, de ne pas être conduit par sa connaissance, mais être inspiré par l’amour pour les autres. L’application de ce principe n’est pas simple. Plus l’Église est globalisée, plus cela complique la situation.
Le port du voile
Cette question était devenue problématique dans l’Église. Pourtant les femmes pouvaient prier et prophétiser dans l’Église primitive, comme le montre Actes 2. Contrairement à la tradition juive où les femmes devaient se taire. Paul rappelle que l’homme et la femme sont donnés l’un à l’autre pour être une aide mutuelle. Il considère qu’une femme voilée pour prier est une pratique qui conserve l’unité dans l’Église (v.23-24). Il ne veut pas développer davantage ce qu’il considère comme un point secondaire (v.16). « Nous avons cette pratique et elle garantit l’unité de l’Église ». La difficulté est qu’il n’y a pas de réponse claire à cette question et que subsiste une certaine tension.
Le repas du Seigneur
Paul stigmatise ceux qui ont les moyens financiers dans la communauté et ne tiennent pas compte des autres. Paul formule un appel à la solidarité financière. Ce passage développe des principes qu’il serait utile de revisiter aujourd’hui. Il semble plus difficile aujourd’hui de parvenir à une certaine solidarité économique dans une Église, que de progresser vers l’unité culturelle ou ethnique.
Les dons spirituels
L’apôtre souligne que cette question est un étrange ministre qui alimente la discorde et le jugement. « Moi j’ai ce don et toi tu ne l’as pas ! » Paul cherche à revenir à l’essentiel : pourquoi Dieu donne-t-il des dons à l’Église ? Pour que l’Église puisse bien fonctionner et soit complète. Que nous soyons complémentaires les uns des autres. Personne n’a tous les dons à lui seul. Le chapitre 13, qui est coincé entre le 12 et le 14 qui traitent des dons spirituels, souligne bien que quel que soit le don, nous devons nous apprendre à nous aimer les uns les autres.
Tous ces étranges ministres auxquels doivent faire face les Corinthiens, contribuent à leur maturité et à leur apprentissage de l’amour à l’exemple de Christ. Paul précise pour les « autres sujets nous en parlerons quand je viendrai. » (Chap.11 v.34) Face à tous ces étranges ministres que sont ces questions secondaires, chacun prétend avoir des droits, les revendique, mais il suggère de les mettre de côté, d’y renoncer… au profit de l’amour.
Le sexe et l’argent
Paul aborde la question des relations inconvenantes, de la promiscuité sexuelle et des conflits entre les chrétiens dans les chapitres 5 et 6. Des problématiques tellement importantes qu’il y reviendra dans la seconde épître. Paul développe un principe.
Rappelez-vous que vous étiez enfoncés dans le péché ; la sexualité dévoyée, l’immoralité, la cupidité, etc.
1 Cor 5 : 9-13
l’Église devrait être la première à aimer ceux qui ont besoin d’être libérés des addictions. « Au sein de la communauté, vous devriez vous aimer et vous encourager à la pureté. Hors de l’Église il n’est pas surprenant que les païens soient des païens. Mais dans l’Église, c’est la sainteté que vous devez rechercher ». Il semble bien que l’Église applique le principe inverse : elle se lamente sur le degré de perversion de la culture ambiante, sur sa sécularisation, alors que Paul souligne que nous tolérons les mêmes péchés au sein de l’Église sans que cela pose trop de problèmes … Nous nous nous révoltons contre les abus sexuels qui s’étalent dans les journaux, sans nous indigner sur ce que l’Église a couvert durant toute l’histoire et encore aujourd’hui ! Trop souvent l’Église a été dans le déni face à son péché, jusqu’à ce que les projecteurs se retournent contre elle. Paul dit en quelque sorte : « Nous qui critiquons les péchés du dehors devrions être les premiers à les traiter de manière radicale lorsqu’ils touchent l’Église. » Comment traiter les questions qui appelle discipline avec grâce et vérité, en faisant place à la restauration ? Les questions de corruption financière ont leur place parmi ces étranges ministres qu’examine l’apôtre. Paul dit en substance : « Résolvez vos différents financiers entre vous et les ne les amenez pas devant la justice. »
Nous avons examiné la première épître du point de vue de Paul, du point de vue d’un leader qui explique ce qui se produit au sein de l’Église. Dans la seconde épître, qui révèle sept étranges ministres, changement de point de vue. Plaçons-nous dans la peau de Paul évangéliste et implanteur d’Église. Pour comprendre comment son ministère parmi les Corinthiens l’influence lui. Paul va se montrer transparent.
A suivre…
Résumé de trois études données par Roy King lors de la convention de FE d’août 2019, adaptées à partir des enregistrements par Alain Stamp
Roy a été pasteur de l’Alliance Bible Fellowship (CMA) à Boone, en Caroline du Nord. Membre du corps professoral du CIU ( Columbia) de 1997 à 2016. Il a enseigné le leadership, l’éthique et le Saint-Esprit aux étudiants en maîtrise et en doctorat. Il a été conseiller et de coach de plus de 800 responsables de paroisses et d’églises dans plus de 15 pays et aux États-Unis. Aujourd’hui il enseigne et coache des implanteurs d’églises en Afrique du Nord au Moyen-Orient et en Asie.