Face à la Parole

Ces étranges ministres 4/4

Survol de 1 et 2 Corinthiens dernière partie

L’étrange ministre du cœur ouvert Chap. 6-7

Paul vient d’effectuer une démonstration théologique dont le point d’orgue est le verset 21 du chapitre cinq. Nous sommes justes aux yeux de Dieu grâce à l’œuvre de Christ. Si nous sommes justes en Christ – approche théologique – à quoi cela ressemble dans notre ministère – approche pastorale ? Dans le ministère, notre attention est attirée sur toutes sortes de besoins spirituels : un couple en difficultés, une famille avec un jeune rebelle… Pourtant nous pouvons rarement aider. Accompagner ces personnes peut même être une perte de temps et d’énergie. Pourquoi ? Parce que ces personnes doivent d’abord reconnaître qu’elles ont besoin d’aide. Paul pose le principe de l’horizontalité (Chap. 6 : 11-13). Il dit en substance : « Chers amis, même si j’ai dû vous dire des choses difficiles, je l’ai fait dans les larmes, le cœur rempli d’amour. Mais j’ai peur que vous ayez fermé le vôtre. Cela complique notre relation et créé une distance. Alors que j’avais espéré que cela crée un esprit de repentance. »  Paul formule une requête : « S’il vous plaît regardez votre cœur : est-il ouvert ? élargi ? »  Mettons-nous à la place de Paul : notre cœur est-il ouvert à ceux que nous rencontrons dans notre ministère ? Ceux qui sont proches de nous, nos collègues ? Notre cœur doit être ouvert dans notre ministère. Nous devons être une source de bénédiction pour d’autres. Comme un tuyau sortant de notre âme arrosant autour de nous. Et nous serons à notre tour bénis en retour. Paul ne se pose pas en superhéros seul capable de bénir. Il voit dans ces jeunes chrétiens de Corinthe une source de bénédiction pour lui-même. Sommes-nous prêts à recevoir de ceux dont nous nous occupons dans notre ministère ? Nos cœurs sont-ils ouverts à la réciprocité ?

La nécessité et la générosité Chap. 8-9

Paul, bien après avoir implanté l’Église de Corinthe, entend parler des besoins criant de l’Église de Jérusalem. Il rappelle que l’Évangile est venu de Jérusalem. Il incite à la réciprocité pour que les Corinthiens bénissent les chrétiens de Jérusalem de leurs biens matériels. J’appelle cela l’étrange ministre de la nécessité et de la générosité financière. Paul pose un nouveau principe (Chap. 9 : 6-8, v.12). La générosité glorifie Dieu. Il existe une réciprocité entre les deux Églises. Le mot qui revient est « abondamment ». Ma conviction est que l’Église d’aujourd’hui s’appauvrit parce qu’on enseigne de donner la dîme. Je crois que la dîme n’est pas une pratique du Nouveau Testament. La norme pour, les Églises du Nouveau Testament, est une générosité joyeuse et qui coûte. Nous sommes blasés de reconnaître que tout nous vient de Dieu. « Seigneur que puis-je donner pour mon Église, pour les besoins en Afrique ou ailleurs ? Comment puis-je utiliser mon temps, ma maison, mes biens pour donner plus ? » Parfois nous sommes nous-mêmes dans le besoin. Parfois nous sommes en mesure de donner. Parfois nous pouvons être l’intermédiaire entre des besoins et la générosité. J’aime être celui qui présente les besoins des autres, formule une requête, et encourage à donner généreusement joyeusement avec sacrifice.  J’aime aussi donner moi-même. Ce qui est intéressant dans ce chapitre c’est que les rôles s’inversent. Et nous devrons avoir le cœur ouvert pour donner, comme pour recevoir. 

Quelle devrait être notre réponse à ces étranges ministres ?

L’écriture dit : « Rend grâces, accueille-les. Reconnais que Dieu est plus grand que tous ceux qui pourraient affecter ta vie. Dieu est bon, Dieu est souverain ! » Réfléchissez, lequel de ces étranges ministres vous visitent actuellement ? Remerciez le Seigneur et dites-lui : « Tu es au-dessus de tout, même si je ne comprends pas tout, je te fais confiance. » 

L’attaque du ministère et de la réputation  2 Cor 10-13

Pourquoi Paul se présente-t-il à nouveau ( Ibid v. 1 ) ? Sans doute pour appuyer une transition. Il vient de parler de la collecte et de la générosité. La plupart des commentateurs s’accordent à dire que la pensée de Paul est, dans les chapitres 10 à 13, la plus difficile à comprendre. Il va se révéler vulnérable. Ce qu’il a à dire est sans doute le plus difficile à écouter pour des leaders. Des judaïsants se sont introduits dans l’Église après le départ de l’apôtre. Déjà dans l’épître aux Galates il y fait allusion. Ils ont aussi créé des problèmes à Éphèse. Dans les deux premiers chapitres de la lettre aux Éphésiens, Paul est obligé de redresser ce qu’ils ont insinué. C’est une chose, quand quelqu’un vient à nous pour nous montrer notre faiblesse. Nous ne sommes pas parfaits et nous pouvons apprendre de ces critiques. Mais c’est autre chose quand on s’attaque à nos motivations. « Tu dis que tu es ministre de l’Évangile mais tu le fais pour ta propre gloire ! Tu fais tout cela parce que tu veux bâtir ton propre empire ! Tes choix sont égocentriques ! Tu ne cherches pas l’intérêt des autres, tu cherches le tien ! » Il est difficile d’affirmer que nos motifs soient toujours purs. La fierté et l’orgueil sont un cancer qui se tapit au fond de nous. Nous avons besoin de personnes autour de nous qui nous aident à vérifier la pureté de nos intentions. Mais si nous sommes accusés faussement, c’est douloureux et nous sommes totalement démunis. Plus vous essayerez d’expliquer vos motivations, plus on vous dira que vous vous justifiez et que vous manquez d’humilité. Paul doit contre-attaquer les accusations formulées contre lui. Pour l’apôtre ce n’est pas seulement sa réputation qui est en jeu mais aussi la nature de l’Évangile qu’il a proclamé. Si le messager est faux, alors le message l’est aussi. Ces chrétiens d’arrière-plan juif sont arrivés dans l’Église de Corinthe et ont attaqué le ministère de Paul. Cette minorité est très influente. Elle insinue qu’il manque quelque chose aux chrétiens d’arrière-plan grec ou romain. Il faut être pleinement juif pour être pleinement chrétien. C’est en contradiction avec le message de Paul. Notre salut est en Christ, et en Christ seul. 

Lisez les versets 8, 12, 14 17, 18. Paul essaie de sortir de la confrontation contre les judaïsants, pour recentrer l’attention et le débat sur Christ et son œuvre. Il va ensuite utiliser l’argumentation la plus puissante qui soit ( 2 Cor 11 :2). Il insiste que son unique motivation est de présenter l’Église à l’époux qui vient : Christ ! Il discerne que le mensonge motive les judaïsants. Il précise que Satan se déguise en ange de lumière. Et que ces ministres ne viennent pas de Dieu. Ce sont des vantards, qui mettent en question l’autorité de l’apôtre. Paul répond à partir du verset 11 en présentant son curriculum vitae : « Battu, mis à mort, laissé-pour-compte… ». Et Paul illustre le principe : à genoux, dans les larmes, le cœur brisé… Paul porte chaque jour le fardeau des Églises qu’il a implantées. Il est profondément affecté par la propagation de ces faux enseignements.

Cet étrange ministre de l’attaque de la motivation et de la réputation introduit l’étrange ministre de la faiblesse dans le ministère. Paul évoque l’épine qu’il porte dans sa chair (v. 12) . Et il ne dit pas en quoi consiste cette écharde. Il reconnaît simplement que cet étrange ministre est permis par Dieu, qu’il l’accueille, précisément pour l’empêcher de s’enorgueillir. Ce qui est précisément le problème des judaïsants. 

Parfois nous nous interrogeons sur la source des souffrances qui nous accablent

Est-ce parce que nous vivons dans un monde déchu ? Ai-je péché ? Dieu veut-il me corriger ? Est-ce une attaque spirituelle de l’ennemi ? Pour Paul, cela vient de Satan. Qui a autorité sur lui ? Qui le tient en laisse ? Dieu ! Qui a autorité sur les tempêtes, le monde qui se perd ? Les miracles que Jésus a accomplis attestent qu’il a autorité sur tout. Face à la femme adultère, face aux personnes habitées par des démons, Jésus se montre plus grand que tout. Quelle que soit la source de l’étrange ministre qui vous visite, Jésus règne ! Paul a prié trois fois que Dieu le délivre, et l’écharde est restée. « Ma grâce te suffit car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse ! » Parfois Dieu accorde la grâce pour la guérison, parfois celle pour l’endurance. C’est cette grâce que Dieu accorde à Paul. Non seulement heureux de sa faiblesse Paul s’en glorifie. Lisez le verset 10 ! Aucun de mes étudiants n’a eu l’idée de créer un T-shirt avec ce slogan : « As-tu fait un câlin à tes faiblesses ce matin ? » Avec dans le dos : « Le fruits de mon ministère résultent de mes faiblesses et pas de mes forces ! »

Les livres sur le leadership vous proposent : « Comment être fort, accomplir tous mes objectifs, être puissant, en 18 étapes… » Jamais nous célébrons nos faiblesses ! Voilà pourquoi je voulais vous introduire à ces étranges amis, ces mentors, que Dieu emploie pour nous former à l’image de Jésus.


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