L’identité d’un leader à l’image de Christ 4/4

Implications de notre identification à Jésus-Christ 

Comme l’astronaute Neil Armstrong l’a bien rappelé en marchant sur la lune le 20 juillet 1969, l’événement le plus significatif dans l’histoire de l’humanité et la plus grande opération de communication jamais réalisée n’est pas le fait de l’homme marchant sur la lune mais bel et bien le fait de Dieu marchant sur la terre !

Contrairement à ce que nous pourrions imaginer, pour pouvoir prononcer une prière imprécatoire comme nous en trouvons assez souvent dans le psautier de l’Ancien Testament (ex Ps 139.19-24), il fallait bel et bien être rempli du Saint-Esprit ! Le psalmiste à titre personnel n’avait aucun ennemi : il ne faisait que s’identifier au Seigneur au point de considérer les ennemis déclarés de Dieu comme ses propres ennemis. Il entrait ainsi dans la perspective divine qu’il faisait sienne pour considérer la réalité du point de vue de Dieu et non plus d’un point de vue humain. Ce que Jésus fera précisément lorsque, profondément indigné et épris d’une sainte et juste colère, il chassera les vendeurs du temple. Manifestement, si nous sommes identifiés à Jésus-Christ, ce qui déclenche la colère de Dieu ne devrait pas manquer de provoquer chez nous la même indignation…

Le ministère de Jésus découle de son identité « Dieu fait homme » : pleinement Dieu et pleinement homme (voir Col 2.9 ; 1 Tm 2.5 ; Mt 11.28-30 ; Hb 2.14-15 ; 4.14-16). La véritable identité de Jésus a suscité de nombreuses controverses. Jésus était parfaitement conscient et lucide quant à sa véritable identité qu’il a progressivement dévoilée. Une fois mise à jour, elle a provoqué des réactions très contrastées allant le plus souvent du rejet voilé ou massif à l’acceptation pleine et entière, plus rarement. La longue série des « Je suis» dans l’Évangile de Jean (4.26; 6.35; 8.12; 10.7, 11; 11.25; 14.6; 15.1; 18.5ss) de toute évidence cherche à faire comprendre que le statut de Fils divin auquel Jésus a prétendu n’impliquait rien de moins que sa divinité. C’est précisément à cause de ce blasphème qu’il fut condamné. 

Jésus s’est complètement identifié à son Père, au point de lui être parfaitement assimilé : « Moi et le Père nous sommes un » ; « Ne crois-tu pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ? » (Jn 10.30 ; 14.10-11). Qui dit identification et assimilation implique imitation :

Le Fils ne peut rien faire de sa propre initiative; il agit seulement d’après ce qu’il voit faire au Père. Tout ce que fait le Père, le Fils le fait également.

Jn 5.19

De la même manière que « Je suis » a suscité et envoyé Moïse comme libérateur (Ex 3.14) et de la même manière que le Père a envoyé le Fils (Jn 17.3, 8, 18), de la même manière Jésus nous envoie car Jésus fait avec nous ce que son Père a fait avec lui (Jn 20.21).

Imitateur de Jésus-Christ

Pour définir son identité, Paul se voit comme un imitateur du Christ qui devient à son tour une copie ou un modèle à imiter (1 Co 11.1). Dans son rapport à Jésus, il se considère et vit comme :

crucifié avec le Christ. Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi. Ma vie en tant qu’homme, je la vis maintenant dans la foi au Fils de Dieu qui, par amour pour moi, s’est livré à la mort à ma place. 

Gal 2.19-20.

Il se considère encore comme « l’exemple-type des pécheurs » que Dieu se plait à sauver (1 Tm 1.15) ; « le plus petit de tous ceux qui lui appartiennent » (Ep 3. 8) ; « le moindre des apôtres » puisqu’il a persécuté l’Église de Dieu (1 Co 15.9). Mais pour autant, il demeure lucide et confiant dans sa dépendance de la grâce de Dieu pour pouvoir s’acquitter de son ministère :

Ce que je suis à présent, c’est à la grâce de Dieu que je le dois, et cette grâce qu’il m’a témoignée n’a pas été inefficace. Loin de là, j’ai peiné à la tâche plus que tous les autres apôtres – non pas moi, certes, mais la grâce de Dieu qui est avec moi. 

verset 10

Dieu rend les hommes plus humains en les rendant semblables à Christ avons-nous rappelé en citant J. Stott. Or, Jésus demeure l’être humain le plus spirituel qui ait jamais vécu et curieusement, le moins religieux… Cette remarque ne serait-elle pas de nature à nous amener à reconsidérer notre conception de la véritable spiritualité ? Ou à tendre vers un christianisme à visage autrement plus humain ?

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