Voici le témoignage d’un jeune leader spirituel. Marié depuis 10 ans, père de famille, implanteur d’église installé dans le dans le centre de la France, il écrit dans sa dernière lettre de nouvelles :
Sans nouvelles
Une année sans donner de nouvelles, une année de silence… Ce silence reflète un peu ce que j’ai vécu ces deux dernières années : deux années de silence spirituel. Comment donner des nouvelles de l’oeuvre de Dieu lorsque dans sa propre vie, elle est silencieuse ? […] Quand je regarde en arrière, je constate que j’ai beaucoup avancé par mes propres forces et que ma relation à Dieu était souvent intéressée par l’Église, mon ministère, parfois l’envie d’une vie meilleure, l’envie de réussir. Finalement une relation à Dieu très égoïste : j’étais bien loin d’aimer Dieu réellement pour qui Il est ! Notre vie a été bien chargée ces dernières années et entre le ministère, les travaux dans la maison, la famille et les enfants, toutes ces choses m’ont finalement fait glisser dans une relation d’attente envers Dieu et non plus une relation d’amour. C’est finalement pendant les vacances que Dieu m’a montré combien il est bon de passer simplement du temps avec Lui, sans avoir d’attentes ou de demandes, juste pour la joie d’être en communion avec Lui ! Je sais que c’est un piège qui guette de nombreuses personnes, un piège bien présent dans l’Église finalement. On pense tous être en droit de recevoir les bénédictions et les réponses à nos prières alors que c’est Jésus lui-même la bénédiction et la réponse à nos prières ! Je désire plus de Jésus dans ma vie aujourd’hui. Mon mot d’ordre pour cette nouvelle période de ma vie : peu importe ce que je vis, je veux le vivre avec Jésus !
Paul-Marie, avec permission. Le prénom a été changé.
Manquer notre vocation
Paul-Marie à raison, le piège dans lequel il est tombé nous guette tous. Risque de burn-out, de mauvaise santé spirituelle… mais aussi celui de passer à côté de notre vocation.
Examinons un instant notre routine quotidienne. En général, nous sommes des gens très pris. Nous devons assister à quantité de réunions, nous avons quantité de visites à faire, de services à assumer. Nos agendas sont surchargés d’obligations, et nos années de plans et de projets. Rares sont les moments où nous n’avons rien à faire, et nous vivons à un rythme tellement effréné que nous ne prenons même pas un instant de répit pour nous demander si l’une quelconque de nos pensées, de nos paroles ou de nos actions mérite d’être réfléchie, prononcée ou entreprise. Nous nous contentons de faire bon ménage avec les multiples devoirs et responsabilités qui nous incombent, et nous leur consacrons notre vie comme s’il s’agissait d’authentiques expressions de l’Évangile. Il faut inciter les gens à aller à l’église, intéresser les jeunes, trouver de l’argent, et surtout, il faut contenter tout le monde. Par ailleurs, il convient que nous soyons en bons termes avec les autorités civiles et religieuses ; nous souhaitons être aimés, ou du moins respectés, par la majorité des membres de nos communautés ou des institutions dans lesquelles nous travaillons; et enfin, nous avons besoin d’une rémunération suffisante et d’un temps de repos pour mener une vie équilibrée. Ainsi nous avons fort à faire, comme tant d’autres personnes, et nos récompenses sont celles qui gratifient les gens très occupés. Il résulte de tout cela que nos vies d’hommes et de femmes qui avons accepté de servir dans l’Église tendent à être terriblement séculières. Pourquoi en est-il ainsi ? Pourquoi nous, les enfants de la lumière, en arrivons-nous à pactiser si aisément avec les ténèbres ? La réponse est très simple. Notre identité, !’image que nous avons de nous-mêmes est en jeu, la sécularité est une façon d’être dépendant des réponses de notre milieu.
Henri Nouwen, Extrait de Les chemins du désert, solitude et vie apostolique. Éditions du CERF page 20 et 21.
Lors d’une conférence j’ai lu ce texte. L’un des participants s’est insurgé : Nous faisons tout cela parce que nous aimons Dieu. Il ne faut pas nous culpabiliser ! Loin de moi la volonté de mettre vos motivations spirituelles en question. Je crains cependant que bien des leaders spirituels soient en mauvaise santé spirituelle, comme l’a été Paul-Marie, précisément parce que nos motivations ont besoin d’être sondées.
Votre image est-elle en jeu ?
Celle d’une actif.ve, de quelqu’un que rien n’arrête ? Celle d’un.e leader qui réussit ? Cherchez-vous à être modèle, et du coup vous ne vous accordez pas le droit à la moindre faiblesse. Agissez-vous pour rendre vos ascendants, vos pairs, fiers de vous, en réaction inconsciente à des conditionnements antérieurs ? Avez-vous de grands rêves et vous vous efforcez de les réaliser … même s’ils sont irréalistes ? Désirez- vous plus ou moins consciemment, devenir quelqu’un, avoir de l’influence ? Vous voulez que le soutien qui vous est accordé soit justifié par votre engagement ? Ou cherchez-vous tout simplement à être aimé ?
Cinq mensonges
Henri Nouwen a identifier 5 mensonges concernant votre d’identité
- Je suis ce que j’ai…
- Je suis ce que je fais…
- Je suis ce que les autres disent ou pensent de moi..
- Je ne suis rien de plus que mon pire moment ..
- Je ne suis rien de moins que mon meilleur moment.
Il ajoute :
Je suis le fils prodigue chaque fois que je recherche l’amour inconditionnel là où il ne peut pas être trouvé. [Chez les autres en particulier]
H. Nouwen in Le retour de l’enfant prodigue
Dépendant des réponses de notre milieu
Je trouve l’analyse de H. Nouwen sur ce qui dirige nos activités terrible et juste. Nous assumons de très nombreuses tâches en réponse aux attentes de notre milieu. Surtout de notre milieu ecclésial. De notre culture évangélique. Un.e pasteur.e doit répondre à ça… Remplacez les points de suspension par ce que vous voulez ! Les jeunes attendent que le leader spirituel soit dans le coup. Les vieux qu’il ou elle le visite…
Un idéal si élevé
Je crains que les définitions du rôle du leader, toujours argumentées sur la Bible, aient placé la barre vraiment trop haut. Sans qu’aucune place ne soit faites à la vulnérabilité, ni aux limites bien réelles de l’être humain. En préparant cet article j’ai cherché ministère pastoral sur Google. J’ai été effrayé : le rôle la charge, les qualités du pasteur sont tellement bien développées, sous tendues théologiquement… que ça en est… écrasant ! Connaître, protéger, nourrir, conduire, enseigner, écouter, soigner, guérir, réunir, discerner, et j’en passe ! Aucun de ces articles n’inclus, ne mentionne, la vulnérabilité comme élément intégrant le profil du leaders spirituel.
Que faire ?
Paul-Marie propose une vraie solution pour éviter d’être mangé par vos responsabilités : …d’aimer Dieu réellement pour qui Il est ! … peu importe ce que je vis, je veux le vivre avec Jésus ! Vous devez prendre soin de votre âme pour éviter d’être détruit par vos responsabilités. Scott Nichols propose certaines stratégies afin de mener votre engagement avec succès.
Je n’ai pas toutes les réponses pour l’épuisement professionnel. Je lutte avec les mêmes pressions que vous. Ce que j’ai, c’est un engagement à bien finir. Et, je vais payer le prix pour le faire, par la grâce de Dieu.
– Faire attention à sa vie spirituelle.
– Garder une activité physique.
– Être honnête.
– Passer du temps avec ses amis et ne pas s’isoler.
– Garder un jour de congé par semaine.
– Se rendre à des conférences chrétiennes, des événements qui sauront ressourcer.
Scott Nichols senior pasteur, auteur, journaliste, étudie le burnout des leaders depuis 30 ans
J’ajouterais à ces excellentes recommandations :
1° Faites un examen sincère de votre situation
- Êtes-vous surchargé ? Certains leaders ne veulent pas reconnaître qu’ils sont dans le rouge, et/ en suchauffe…
- Savez-vous vous reposer ? Pratiquez-vous le sabbat. Un de mes mentorés m’a repondu : Je pratique le sabbat par petits bouts ! (Sic) Dieu lui a pris une journée de repos après avoir achevé la création et il vit que cela était bon !
- N’attendez pas que cela soit trop tard
2° Nourrissez votre âme
- Avez-vous du temps pour vous ressourcer en Dieu ? Du temps pour votre âme ? 70% des serviteurs de Dieu n’étudient la parole de Dieu que pour préparer leur messages
- Développez le silence, l’écoute de Dieu et la contemplation
- Faites le de manière régulière, et créé une vraie discipline de vie à long terme. Un séance de thalassothérapie pour remettre votre corps en forme, mais je ne crois pas à la « thalassothérapie siprituelle » !
Il y a trois voies {voix ?} par lesquelles Dieu atteint nos cœurs: l’amour, la souffrance et le silence. Si nous lui donnons un accès complet à ces endroits profonds en nous, la créativité et les semences que Dieu à plantées en nous, s’épanouissent.
Peter. Scazzero
3° Soyez redevable
- Ayez un mentor qui peut vous accompagner et vous questionner sur votre équilibre et votre santé spirituelle. Il vous aidera veiller sur vos 5 réservoirs. Lisez ces articles
- Ayez un cercle d’intercesseur. Cette questions est traité ICI
Et n’oubliez pas ce conseil de Paul :
...ne surestimez pas vos capacités, n’aspirez pas à ce qui dépasse vos possibilités ou qui déborde votre vocation. Acceptez vos limites, celles que vous tracent les dons particuliers qui vous ont été départis en vertu de votre foi.
Romains 12:3 Parole Vivante
Aujourd’hui, comme mentor, – et accompagnateur spirituel – je me consacre essentiellement à l’accompagnement de leaders chrétiens confirmés ou émergeants, en France et en Afrique. Avec ce blog, j’aspire à partager mes réflexions, mon vécu spirituel, mon expérience de mentor, afin d’encourager les leaders à ressembler toujours d’avantage à Christ. Ce qui est toute mon ambition.