Pourquoi sommes-nous dans le contrôle de notre vie et des personnes ? Pourquoi trop de leaders spirituels, pratiquent ce que l’on appelle le micromanagement, plutôt que de conduire à Jésus comme Jésus ? Je vois au moins trois raisons majeures.
Micromanagement
Le micromanagement est le style de gestion d’un dirigeant qui contrôle toutes les activités effectuées par ses employés de façon rigoureuse. Il développe des aptitudes qui peuvent influencer négativement la productivité des employés au sein de l’entreprise. En effet, c’est le genre de gestionnaire qui est toujours critique sur le travail et les stratégies utilisées par les membres de son équipe.
https://reussir-son-management.com/le-micromanagement-et-le-micromanager/
1° Tout commence en Éden
Faisons l’homme à notre image, à notre ressemblance ! […] Dieu créa l’homme à son image, il le créa à l’image de Dieu. Il créa l’homme et la femme.
Genèse 1 : 25 & 26
Dieu est Créateur
L’Éternel Dieu prit l’homme et le plaça dans le jardin d’Eden pour qu’il le cultive et le garde. L’Éternel Dieu donna cet ordre à l’homme: «Tu pourras manger les fruits de tous les arbres du jardin, mais tu ne mangeras pas le fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras, tu mourras, c’est certain.
éGenèse 2 : 15 & 16.
Dieu est législateur
Et après ?
Et après, vous vous souvenez ? Adam et Ève sont confrontés au tentateur. Dieu a-t-il réellement dit ? Oui, il l’a dit, mais, pourquoi a-t-il dit cela ? Un dialogue se développe avec Satan le tentateur. Dieu n’est pas un Dieu bon. Il a menti, vous ne mourrez pas. Vous serez comme Lui ! Dietrich Bonhoeffer fait remarquer :
C’est ici la dernière des révoltes possibles : le mensonge fait passer la vérité pour un mensonge. C’est le caractère insondable du mensonge : il ne vit que parce qu’il se prétend vérité, et il condamne la vérité comme étant un mensonge.
Diedrich Bonhoeffer, Création et Chute, page 88
Adam et Ève craquent…. C’est la chute ! Et là s’opère le grand renversement !
Le grand reversement !
L’homme est devenu à ses propres yeux législateur ! Effectivement dans notre monde aujourd’hui, l’homme décide ce qui est bien et mal.
Malheur à ceux qui appellent le mal bien et le bien mal, qui changent les ténèbres en lumière et la lumière en ténèbres, qui changent l’amertume en douceur et la douceur en amertume !
Esaïe 50 : 20
L’homme aussi se croit créateur. Plus de genre. On peux changer de sexe. Les hommes peuvent avoir des enfants entre eux. On parle de trans-humanisme ! Vous le voyez le retournement ? L’homme est devenu à ses propres yeux législateur, le créateur, cela veut dire quoi pour nous ? C’est nous qui décidons ce qui est bien et mal, pour les autres. Nous voulons qu’ils deviennent ou agissent comme il nous semble bon. Nous les classons, nous les critiquons, et nous sommes convaincus que notre jugement est bon.
Législateur et contrôleur…
Si le maire des votre commune décide que la circulation automobile doit se faire dans votre rue à 30km/h, il fera aussi effectuer des contrôles. Depuis et à cause de la chute, nous sommes au fond des législateurs-contrôleurs qui estimons que les choses doivent être comme nous les pensons et qu’il nous revient d’agir pour redresser les situations ou les personnes. Notre désir de contrôler résulte de la chute. Nous nous prenons pour Dieu. Nous voulons être Dieu à la place de Dieu dans notre vie et dans celle des autres, même si nous ne le réalisons pas ! Matthew Henry commentant Romains 14 : 4 écrit :
Nous nous faisons les maîtres de nos frères, et nous usurpons en effet le trône de Dieu, quand nous prenons sur nous de les juger ainsi, surtout de juger leurs pensées et leurs intentions, qui sont hors de notre vue, de juger leurs personnes et leur état, à propos desquels il est difficile de conclure par ces quelques indications qui nous sont connues.
Il y a plus encore…
Pour expliquer notre tendance à contrôler l’autre, à voir en lui un concurrent, un rival. D. Bonhoeffer souligne que quand Dieu a donné Eve à Adam, Adam la reçue comme un cadeau, une grâce de Dieu. Ève était une aide semblable à lui pour qu’il ne soit plus seul. Après la chute, l’autre n’est plus un cadeau.
Cette grâce s’est transformée en malédiction, l’autre est devenu celui par lequel notre haine de Dieu devient de plus en plus passionnée, celui à cause de qui nous ne pouvons plus vivre en présence de Dieu, celui qui est sans cesse notre tribunal.
D. Boenhoffer Ibib
D’ailleurs vous connaissez tous le titre célèbre d’un ouvrage de Jean-Paul Sartre : L’enfer c’est les autres. Il décrit ainsi parfaitement ce que la chute a eu comme conséquence sur nos relations.
Christ vit en l’autre
Dietrich Bonhoeffer précise que notre position en Christ, interdit toute manipulation ou contrôle de l’autre.
Entre moi et mon prochain il y a le Christ. […]. Le Christ seul peut l’aider, comme seul il a pu m’aider. Cela signifie que je dois renoncer à mes tentatives passionnées de décider, de forcer ou de dominer mon prochain. Mon prochain entend être aimé tel qu’il est, indépendamment de moi, c’est-à-dire comme celui pour qui le Christ s’est fait homme, est mort et est ressuscité, pour qui il y a un pardon des péchés et une vie éternelle. Parce que, avant que je puisse rien faire, le Christ avait déjà tout accompli pour lui, je suis tenu de laisser mon prochain libre pour le Seigneur auquel il appartient et qui veut que je le rencontre comme tel. C’est cela que nous voulons dire quand nous affirmons que nous ne pouvons rencontrer le prochain qu’à travers le Christ. L’amour psychique se fabrique une image préconçue du prochain, de ce qu’il est et de ce qu’il doit être. Il veut manipuler sa vie.
D. Bonhoeffer de la vie communautaire page 31
2° Le rôle de nos émotions
Pendant que Paul les attendait à Athènes, son esprit était profondément indigné à la vue de cette ville pleine d’idoles. 17 Il s’entretenait donc dans la synagogue avec les Juifs et les non-Juifs qui craignaient Dieu, et chaque jour sur la place publique avec ceux qu’il rencontrait.
Actes 17 : 16
Selon les traductions Paul est exaspéré… indigné au fond de son coeur… irrité… Saisit d’une réaction émotionnelle forte. Heureusement il ne se laisse pas conduire par ses émotions. Il continue a en parler dans les synagogues, avec les philosophes et va prononcer son fameux discours. Paul n’est pas dirigé par ses émotions. Sans doute une grande différence avec nous.
Les émotions sont le langage de l’âme. Elles sont l’appel du coeur (…) Pourtant, nous faisons souvent la sourde oreille, soit en pratiquant le déni émotionnel, soit en déformant les faits ou encore en affichant une apparente indifférence. Nous éliminons tout ce qui nous perturbe, afin de pouvoir exercer un contrôle sur notre monde intérieur. Tout ce qui se glisse dans notre champ conscient nous effraie et nous confond. En négligeant ainsi nos émotions intenses, nous nous mentons à nous-mêmes et nous passons à côté d’une formidable occasion de connaître Dieu.
Allender et Longmann cité par P. Scazzero Ibid
Quelle émotion influence votre leadership ?
La peur ? Alors vous voulez toujours prendre les devants, être dans le contrôle des circonstances ou des personnes ? Vous ne supportez pas l’injustice ? Alors dès que vous voyez une situation qui vous semble injuste, vous prenez les choses en mains, vous vous en mêlez, vous faites pression, vous contrôlez ? Il y aurait beaucoup à dire sur la tyrannie de nos émotions et comment cela affecte nos relations dans l’Eglise.
Pour les leaders spirituels, il existe une peur particulière qui pousse au contrôle : que va-t-on penser de mon leadership, de mon Église, de mon association -et de moi – si je laisse faire, ou prends -ou ne pends pas- telle ou telle décision ? Je ne peux pas laisser faire ! Combien de décisions, d’actions, sont conduites par cette crainte et relèvent clairement d’une prise de contrôle ? Mon collègue Peter Scazzero constate à juste titre :
La santé d’ensemble de n’importe quelle Église ou organisation religieuse dépend avant tout de la santé émotionnelle et spirituelle de ses dirigeants. La réussite du leadership spirituel découle davantage de la vie intérieure du dirigeant que de ses compétences, ses dons ou son expérience.
Je souffre écoute moi, Editons Empreinte page 23
3° Le manque de confiance dans le Saint-Esprit
Quand nous sommes dans le contrôle, je l’ai souligné, c’est que nous voulons être Dieu à la place de Dieu! Est-ce que nous croyons que Dieu est souverain. Que signifie pour nous certains versets comme :
Regardez les oiseaux du ciel: ils ne sèment pas et ne moissonnent pas, ils n’amassent rien dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup plus qu’eux? Qui de vous, par ses inquiétudes, peut ajouter un instant à la durée de sa vie ?
Matthieu 6 26 & 27
Déchargez-vous sur lui de tous vos soucis, car lui-même prend soin de vous.
1 Pierre 5 : 7
Êtes-vous dans le contrôle en essayant de faire évoluer, avancer, les circonstances, les personnes, par vous-mêmes, par vos efforts ?
Nous voulons à tout prix être maîtres de nous-mêmes, nous occuper de notre bien-être et nous revendiquons le droit de définir le bien-être personnel que nous recherchons. Nous ne voulons pas que qui que ce soit nous dise ce que nous devons faire.
Larry Crabb L’endroit le plus sûr au monde page 159
L’exemple de Paul
Qu’il tienne bon ou qu’il tombe, cela regarde son seigneur. Mais il tiendra bon, car Dieu a le pouvoir de l’affermir.
Romains 14 : 4
C’est lui aussi qui vous affermira jusqu’à la fin pour que vous soyez irréprochables le jour de notre Seigneur Jésus-Christ.
1 Cor 1 : 8
Nous seulement Paul n’a jamais pratiqué le micromanagement, mais il a démontré une confiance totale dans l’action du Saint-Esprit dans la vie de ses collaborateurs ou des Eglises. Croyez-vous à la puissance du Saint-Esprit dans la vie de ceux dont vous avez la responsabilité ? Ou Dieu ne peut-il se passer de votre coup de main ? Dieu est-il capable d’exercer, sur ses enfants, un frère une soeur, une influence telle qu’il puisse garantir son obéissance ? Dieu a-t-il ce pouvoir sur son peuple, sur son Église, sur votre Église pour la maintenir dans la voie de l’obéissance ? Je vous rappelle ce qu’a dit Bonhoeffer :
Parce que, avant que je puisse rien faire, le Christ avait déjà tout accompli pour lui, je suis tenu de laisser mon prochain libre pour le Seigneur auquel il appartient et qui veut que je le rencontre comme tel.
Comme illustration de ce que produit cette confiance dans le Saint-Esprit, lisez cet article.
Une forme si subtile
Larry Crabb, tout comme Dietrich Bonhoeffer, souligne que nos Églises, associations, doivent constituer des communautés spirituelles (Cf Les communautés spirituelles un bien si rare) Malheureusement, nous vivons guère une vraie communauté spirituelle. Précisément parce que nous exerçons le contrôle de notre vie et de nos circonstances.
La décision de prendre soin de soi-même (appelez-la rébellion) rompt la communion avec Dieu et avec les autres et viole notre nature d’êtres créés pour donner (déconnexion de soi-même). Pire encore, elle nous coupe des resources qui nous sont nécessaires pour vivre et qui nous viennent de Dieu et des autres, des resources qui sont versées en nous seulement quand nous sommes connectés en toute ouverture et confiance.
Larry Crabb Ibid page 75
L’absence de dialogue est la preuve la plus évidente que nous ne croyons pas que les autres méritent d’être écoutés ; c’est la preuve encore plus visible que nous-mêmes nous ne méritons pas de parler. Nos propos sont souvent si malsains, pas les paroles édifiantes que nous devrions prononcer (Éphésiens 4.29).
Larry Crabb Ibid
Face à cette triste réalité de nos pauvres relations, les leaders font tout leur possible, pour que la situation reste agréable pour tout le monde. Quitte à faire des choix en contradictions avec leurs convictions théologiques profondes. Il faut assurer la paix, satisfaire toute le monde, prévenir toutes critiques… ne pas faire de vagues…
Nous nous satisfaisons d’une communauté non spirituelle faite de relations agréables, de relations de coopération et de relations de consolation, bref de contrefaçons de l’amitié spirituelle.
L. Crabb Ibid page 159
Cette façon de préserver un semblant d’équilibre ou d’unité, est très précisément une forme de contrôle ! Du micromanagement.
Le lâcher prise
Si nous décidons de ne plus contrôler nos circonstances et les autres, quelle devra être notre attitude ? La passivité, l’indifférence aux autres ? Nous retirer de tout ? Non, la contre partie c’est le lâcher prise. Voici la meilleure définition que je connaisse
Le lâcher prise c’est laisser faire dans l’espérance !
Marline. Greiner
Ni de l’indifférence, ni de la passivité, mais de l’abandon confiant. Qu’est-ce au fond que le lâcher pris ? Voici quelques applications :
- Le lâcher pris ce n’est pas nier la réalité, mais mieux l’accepter.
- Le lâcher prise ne signifie pas me désintéresser des autres, mais refuser d’agir à leur place.
- Le lâcher prise ce n’est pas être protecteur, mais permettre à l’autre d’affronter la réalité.
- Le lâcher prise c’est admettre mon impuissance et m’attendre à l’action de Dieu et Saint-Esprit.
Identifiiez et reconnaissez ces domaines ou vous exercer le contrôle des personnes ou des situations. Cette attitude résulte du péché, de la puissance de vos émotions et de votre manque de confiance en l’Esprit de Dieu.
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Aujourd’hui, comme mentor, – et accompagnateur spirituel – je me consacre essentiellement à l’accompagnement de leaders chrétiens confirmés ou émergeants, en France et en Afrique. Avec ce blog, j’aspire à partager mes réflexions, mon vécu spirituel, mon expérience de mentor, afin d’encourager les leaders à ressembler toujours d’avantage à Christ. Ce qui est toute mon ambition.