Communion

Pour un leadership bienveillant

Posons deux préambules.

Dieu est bienveillance

Nous sommes tous regardés par lui avec bienveillance : un regard qui nous fait exister, qui nous accueille, qui nous construit. Dieu ne juge pas sur le prestige, le savoir, le pouvoir, les choses que nous accomplissons, mais il nous rejoint dans notre être profond, il voit au-delà du visible. Dieu est bienveillant avec tous (Ps 145). La Bible nous dit qu’il fait pleuvoir sur les bons et les mauvais.

La bienveillance une des composantes du fruit de l’Esprit (Galates 5:22) 

C’est à la fois un effet de la présence de Christ en nous, ce qui n’exclut pas que ce soit aussi un apprentissage. De la même façon que la patience se travaille, l’amour se pratique, la joie se cultive, la maitrise de soi s’apprend. Grandir dans la bienveillance demande une volonté de notre part, un engagement à nous examiner nous-mêmes.

Ensuite :

Notre agir est la manifestation de ce qui nous habite. Nous fonctionnons la plupart du temps en pilotage automatique. Nous laissons nos a priori, nos interprétations, être le moteur de nos actions, de nos comportements… Or les automatismes que nous avons mis en place (souvent inconsciemment) sont utiles, ils nous permettent de faire face aux différentes situations de la vie. Et en même temps ils peuvent être enfermants. Nous n’avons pas toujours conscience que nos façons de réagir, nos façons d’être ne sont pas toujours au service de la vie.

Arrêtons-nous

1 – Sur nos pensées

Dans nos pensées se bousculent opinions, croyances de toutes sortes, jugements toxiques, évaluations, préjugés, généralisations… Certains spécialistes affirment que 80 % de nos pensées sont des jugements, sur les autres, sur soi-même, sur les situations etc…nous mettons des étiquettes (qui ne sont pas toujours exprimées mais qui nous viennent facilement à l’esprit). Tout cela a une fonction: celle de nous rassurer. Mais cela constitue ce qu’on appelle notre « carte du monde » , ce n’est que notre réalité et non LA réalité. Ainsi chacun a sa carte du monde et chacun croit savoir! Je vois alors les autres à partir de ma carte du monde et j’ai tendance à les évaluer selon mes normes, mes critères. Ce que nous pensons être la réalité, n’est finalement que la nôtre. Je ne suis pas l’autre, ma réalité n’est pas celle de l’autre.

Prendre conscience de tout cela va me rendre prudent quant à mes affirmations… l’autre n’est peut-être pas ce que je crois! J’aurai l’humilité de penser que ‘je ne sais pas’ et j’aurai à intégrer le mot ‘peut-être’. L’autre est peut-être comme çà mais peut-être pas. Une part de lui m’échappe et m’échappera toujours. Ce que j’ai perçu de la situation correspond peut-être avec la réalité mais peut-être pas.

Pour un leadership bienveillant, le premier pas est de vivre en conscience. La lucidité est lemoteur de la bienveillance.

2 – Sur nos émotions

Nous ne sommes pas que pensées. Nous vivons des émotions. La manière dont je perçois un fait, ce que je pense, produit des émotions et inversement. Vivre avec ses émotions c’est sentir le flux d’énergie vitale qui circule en nous pour nous aider à rester en vie, c’est-à-dire vivant. Bloquer nos émotions, les mentaliser, c’est bloquer ce flux et le risque est là : ce sera davantage en mode survie que nous marcherons. Une émotion n’est ni bonne ni mauvaise. Elle est tout simplement! Elle est un signal de ce qui se passe au plus profond de nous. Une émotion ne se juge pas, ne se discute pas. Nos émotions jouent un rôle capital dans notre relation à Dieu et dans nos relations aux autres. Les garder pour nous c’est les priver de notre richesse. Ceci étant, nous devons reconnaître que nous avons, pour la plupart, reçu une éducation qui a fait l’impasse sur le fonctionnement et l’utilité de nos émotions…on ne nous a pas appris à les repérer, à les écouter, à les gérer de manière efficace. La méconnaissance des émotions comme la colère, la peur, la tristesse sont source de : burnout, d’agressivité, de violence, d’absentéisme, dépression, d’addiction. Les émotions agréables ont un impact positif dans nos vies

Pour un leadership bienveillant, une des clés est repérer les émotions (les siennes et cellesdes autres), les nommer, les accueillir, ne pas les juger ou vouloir les changer.

3- Sur nos besoins

Nos pensées, nos émotions nous donnent des informations sur nos besoins. Enfin nous sommes des êtres de besoins, nous le savons ne serait-ce que pour parler de nos besoins physiologiques ! Mais nous en avons beaucoup d’autres (besoins sociaux, relationnels, besoins d’identité, besoin de sens, besoins spirituels…) Les besoins varient d’une personne à l’autre, d’un temps à l’autre. Je ne connais pas les besoins profonds des autres. Seulement nous ne savons pas toujours les repérer, les accueillir et les nourrir, les déposer, les partager… nous ne savons pas toujours faire la différence entre un besoin et une stratégie pour nourrir ce besoin (la pub nous entretient dans la confusion). Nos besoins ont un impact inconscient sur nos actions, nos émotions, sur notre corps. Si je ne m’occupe pas de mes besoins, ce sont eux qui s’occuperont de moi ! Les détecter, les reconnaitre, nous y connecter, ne signifie pas que nous devons à tout prix les satisfaire, mais cela nous permet d’agir de façon responsable et consciente.

Pour un leadership bienveillant, il est important d’être conscient des besoins qui nous habitent et de savoir s’en occuper, de réaliser que nous n’avons pas tous les mêmes besoins, et de savoir respecter les besoins d’autrui sans les juger.

Les bienfaits de la bienveillance

  • La bienveillance est au service de la vie, elle construit, guérit même, elle crée la confiance, elle élève, elle honore. Même si : il faut accepter de se heurter à l’incompréhension. Exercer la bienveillance envers autrui peut ne pas faire plaisir ! Si l’autre se complait dans une relation où vous faites tout pour lui, et çà lui évite d’être responsable, le jour où çà change çà ne va pas lui faire plaisir.
  • La bienveillance permet de fixer des limites saines, d’oser dire non, d’accepter un non face à une demande, de poser une exigence, de mettre un cadre sécurisant.
  • La bienveillance désamorce beaucoup de conflits, permet d’abandonner reproches et plaintes. En particulier dans les relations proches.
  • La bienveillance m’amène à plus de lucidité sur ma façon d’agir et de réagir plus de responsabilité plus de cohérence et d’intégrité. Je tends de plus en plus à être intègre, aligné, vrai (quand je dis oui c’est un vrai oui) ajusté. Ce que je dis, ce que je fais, ce que je vis intérieurement sont davantage en cohérence.
  • La bienveillance aide à faire des choix, permet de discerner mes besoins pour chaque direction qui s’offre à moi. 
  • La bienveillance c’est accueillir l’autre et être accueilli est le besoin le plus profond de l’être humain. En même temps que je l’accueille je l’aide à s’accueillir lui-même à se connaître davantage, à grandir dans ce qu’il est. J’aide l’autre à devenir responsable, à sortir de la victimisation. Une relation vécue dans la bienveillance et la réciprocité peut être pour certaines personnes source de guérison.
  • La bienveillance permet de vivre des relations saines, honnêtes, vraies. Vivre dans la bienveillance c’est honorer, respecter l’autre (et soi). c’est un cadeau, pour soi et pour les autres. La bienveillance est un don: pas d’idée d’intérêt, de mérite.

Ma définition de la bienveillance est donc :

Être à l’écoute des pensées, des émotions, des besoins, de soi-même et de l’autre, sans les juger, sans vouloir les changer. Et s’exprimer à partir de ce qui nous habite en toute intégrité.

En résumé

Si nous voulons exercer un leadership bienveillant, il est nécessaire de d’abord bien nous connaitre, dans nos pensées, nos émotions, nos besoins, d’être lucide sur nous-mêmes. Demandons à Dieu de nous éclairer sur nous-mêmes par son Esprit.

Nous avons aussi à prendre conscience que nous ne connaissons jamais l’autre en totalité qu’une partie de l’autre nous échappe toujours, que nous ne savons pas pour l’autre. Demandons à Dieu l’humilité et la sagesse. 

Nous avons besoin d’être au bénéfice de la bienveillance de Dieu et d’être transformés intérieurement. Demandons à Dieu la grâce de recevoir sa bienveillance et de grandir en bienveillance à l’égard des autres et envers soi-même.

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