La redevabilité : le maillon manquant 1/2

NB : Cet article est extrait d’un livre écrit par un homme pour les hommes. Il n’est pas dans les intentions de ce blog de ne s’adresser qu’à eux. Au contraire, il est important que les femmes, leaders dans leur profession ou leur ministère, trouvent soutien, encouragement, et accompagnement mentoral et/ou spirituel.

Howard Ball a dit : Mener une vie chrétienne n’est pas difficile, c’est impossible ». Aucun homme n’a la force de volonté ni l’intention de toujours faire les bons choix. En plus, au moment où nous pensons être parfaitement maître de notre vie, patatras, nous voilà par terre, et il faut tout recommencer ! 

C’est pourquoi, si quelqu’un se croit debout, qu’il prenne garde de ne pas tomber.

1 Corinthiens 10.12.

L’une des raisons principales à l’origine des difficultés des hommes est qu’ils n’ont personne à qui rendre compte de leur vie. Interrogez les gens autour de vous. 

Le maillon manquant

Vous constaterez que très peu d’hommes ont choisi de rendre compte à quelqu’un de leur façon de vivre. C’est le maillon manquant dans le christianisme. Nous sommes nombreux à avoir tout fait pour être notre propre patron, dans le seul but de n’avoir de comptes à rendre à personne ! D’autres, plus réservés de nature, ne tiennent pas du tout à ce que quelqu’un mette son nez dans leur vie privée. Une poignée d’hommes souhaiterait partager leur vie privée, mais ils ignorent ce que signifie « rendre compte » ou se sentir redevable à quelqu’un. Et ils ne savent pas comment s’y prendre. Tous les jours des hommes font des faux pas dans les domaines moral, spirituel, relationnel et financier, non parce qu’ils le veulent, mais parce qu’ils ont des préjugés et des points faibles qu’ils croient pouvoir corriger tout seuls. Ils n’y arriveront pas et finiront par perdre leur famille, leur affaire, leur emploi, leurs économies et endommager leur relation avec Dieu. Ils n’ont personne à qui demander : « Comment? Pourquoi ? Quoi ? Qui ? », personne à qui soumettre leurs questions difficiles. 

En danger

Certains hommes connaissent des chutes spectaculaires ; dans un moment de passion, ils s’enflamment, s’écrasent et brûlent. Mais le plus souvent, ils succombent au terme de centaines de petites décisions souvent imperceptibles qui, comme des gouttes d’eau qui tombent sur un rocher finissent par le creuser, entament la solidité de leur caractère. Cela n’a pas lieu d’une façon flagrante ni précipitée. Il s’agit d’un processus sournois et lent. Manquant de rigueur, nous tombons dans la compromission et nous nous cachons à nous-mêmes la vérité. Et personne n’est là pour nous avertir. La Parole de Dieu nous dit comment tenir ferme dans la foi et éviter de tomber dans le péché. Les adultes, quant à eux, prennent de la nourriture solide [la parole de Dieu] : 

par la pratique, ils ont exercé leurs facultés à distinguer ce qui est bien de ce qui est mal.

Hébreux 5.14.

Pourtant, tous les hommes tombent, parce qu’ils n’ont personne devant qui répondre de leur conduite et de leurs croyances. Dans un monde où le mal est tapi partout, comment l’homme peut-il agencer sa vie pour mettre toutes les chances de réussite de son côté ? La réponse – le maillon manquant – grâce à la possibilité de rendre compte à quelqu’un ou redevabilité.

Redevabilité : but et définition

Le but de la redevabilité est de ressembler chaque jour un peu plus à Christ dans notre vie et de cultiver une plus grande intimité avec lui. L’objet de nos efforts, de notre dévotion, de nos sacrifices et de notre amour, c’est Jésus, et Jésus crucifié. C’est lui que nous aimons. Voilà pourquoi rien n’égale l’intimité avec le Christ vivant. Si nous pratiquons la redevabilité, nous soupirons après la plénitude de sa puissance et de sa présence dans les expériences quotidiennes de notre vie, nous luttons jusqu’à la sueur pour le connaître. En proposant à quelqu’un de nous guider dans nos efforts pour être plus obéissants et plus dévoués au Seigneur Jésus, notre but est de mieux vivre sa grâce. Quelqu’un vous a-t-il déjà demandé de pouvoir vous rendre des comptes dans un domaine particulier de sa vie ? Et en ce qui vous concerne, l’avez-vous déjà fait ? Que signifie rendre compte à quelqu’un de nos faits et gestes ? C’est une attitude qui ressemble à la fusion nucléaire. Tout le monde en a entendu parler, tout le monde connaît son importance, mais bien peu de gens sont capables de l’expliquer. Voici une définition pratique de ce principe : Rendre compte à des gens qualifiés, de façon régulière, de la façon dont nous gérons des domaines clés de notre vie. Passons en revue les quatre parties de cette définition : rendre compte, domaines clés, de façon régulière, des gens qualifiés.

Redevable

Dans le commerce, tout le monde doit rendre compte à quelqu’un. Même celui qui est son propre patron doit rendre compte à ses clients. Je possède ma propre affaire, mais je dois rendre compte de ma gestion financière et de mes décisions à un nombre limité de partenaires et d’organismes. La meilleure formule que je connaisse pour rendre compte de façon efficace consiste à réunir les intéressés une fois par mois pour discuter des objectifs que nous nous fixons et nous mettre d’accord. Ensuite, les subordonnés ont la liberté de tout faire pour atteindre ces objectifs et exécuter les décisions prises. Mais le prix de cette liberté est l’obligation de faire un rapport fidèle (c’est-à-dire rendre compte). Lors de la réunion mensuelle suivante, ils doivent indiquer les résultats atteints au cours du mois écoulé, avant que de nouveaux objectifs soient proposés pour l’avenir. Si n’avons pas à rendre compte à intervalles réguliers de notre façon de gérer les différents domaines de notre vie, nous allons nous égarer comme les brebis. Le fait de demander à quelqu’un de jeter un regard sur notre vie va à l’encontre de notre désir d’indépendance. Tout en voulant vivre en chrétien, nous souhaitons souvent que les choses restent entre « Jésus et moi ». Or, l’Écriture encourage les chrétiens à veiller les uns sur les autres, à être redevable les uns vis-à-vis des autres.

Frères, si quelqu’un s’est laissé surprendre par quelque faute, vous qui vous laissez conduire par l’Esprit, ramenez-le dans le droit chemin avec un esprit de douceur. Et toi qui interviens, fais attention de ne pas te laisser toi-même tenter. Aidez-vous les uns les autres à porter vos fardeaux. De cette manière, vous accomplirez la loi du Christ.

Galates 6.1-2.

Que chacun de vous, au lieu de considérer ses propres intérêts, considère aussi ceux des autres

Philippiens 2.4.

Je vous donne un commandement nouveau : Aimez-vous les uns les autres. Oui, comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres.

Jean 13.34.

Mieux vaut être à deux que tout seul. On tire alors un bon profit de son travail. Et si l’un tombe, l’autre le relève, mais malheur à celui qui est seul et qui vient à tomber sans avoir personne pour l’aider à se relever.

Ecclésiaste4.9-10.

Un ami qui vous blesse vous prouve par là sa fidélité, mais un ennemi multiplie les embrassades.

Proverbes 27.6.

L’homme s’affine au contact de son prochain tout comme le fer se polit par le fer. .

Proverbes 27.17

De quoi répondre devant quelqu’un ? 

Dans la relation de confiance et de redevabilité, nous devons rendre compte des buts que nous fixons et des normes que nous adoptons. Nous devrions tous nous imposer des objectifs qui favorisent notre compréhension du dessein de Dieu pour notre vie et des priorités qu’il nous fixe. Nous avons besoin de quelqu’un à qui rendre des comptes, à qui faire un rapport exact de nos progrès par rapport aux buts fixés. La Bible donne des directives générales pour notre caractère et notre conduite ; elles s’appliquent à chaque chrétien. Mais nous avons aussi besoin dans notre entourage de personnes qui nous stimulent et nous encouragent à nous conformer aux exigences bibliques.

Domaines clés de la redevabilité

Le Titanic, ce gigantesque et superbe paquebot britannique, était considéré comme insubmersible par bon nombre de spécialistes. Pourtant la nuit du 14 avril 1912, il s’est produit l’une des plus grandes catastrophes maritimes de toute l’Histoire lorsque ce navire a heurté la partie cachée d’un iceberg lors de sa traversée inaugurale. Mille cinq cents personnes ont péri noyées à cause d’une déchirure d’environ cent mètres de long pratiquée par la partie visible de cet iceberg dans la coque du plus grand transatlantique du monde. L’iceberg constitue l’un des phénomènes naturels les plus sublimes et les plus dangereux. Ce que nous apercevons de ces glaciers qui se sont détachés de la calotte glaciaire est féerique, comme le meilleur de nous-mêmes que nous cherchons à communiquer aux autres. Mais seule la dixième ou la centième partie de l’iceberg est visible ; le reste est caché sous la surface de l’eau, précisément là où se tapit le danger. Comme dans le cas de l’iceberg, la belle partie de notre vie ne représente que le dixième ou le centième de ce que les gens peuvent voir. Or, c’est précisément sous la surface de l’eau que se déroule notre vie, une vie souvent cachée au regard des autres chrétiens. La forme souvent déchiquetée de notre vie secrète détruit souvent nos relations et cause du tort à notre vie spirituelle. Le côté invisible, si on ne l’examine pas soigneusement, peut nous faire sombrer sans l’aide de quelqu’un àqui rendre compte.

La figure ci-dessous montre autour de quoi s’articulent la plupart de nos conversations : les nouvelles, le sport, la pluie et le beau temps. Mais ce n’est que la partie visible de l’iceberg, le moi « visible ». Le moi « réel » se débat avec des problèmes douloureux dans les domaines clés de notre vie quotidienne. C’est pourquoi nous avons besoin de quelqu’un qui nous aide à naviguer à distance des dangers immergés de notre vie.

On peut examiner sous différents angles les domaines de notre vie où nous avons des responsabilités. On peut par exemple distinguer entre ce qui est personnel et ce qui est professionnel. Les hommes susceptibles de nous aider à prendre nos responsabilités dans le domaine du travail et de l’éthique professionnelle ne seront pas forcément les mêmes que ceux que nous choisirons pour nous conseiller dans nos relations avec notre épouse et nos enfants. On peut également différencier les domaines qui concernent tous les hommes et ceux qui présentent un risque personnel élevé, où nous connaissons des luttes particulières. Un homme qui utilise à tort et à travers sa carte de crédit aura besoin de quelqu’un à qui il rendra seulement compte chaque semaine de l’utilisation qu’il aura faite de sa carte. Mais la distinction qui semble la plus utile touche les catégories. Les domaines clés dans lesquels nous avons tous à nous responsabiliser sont :

• La relation avec Dieu La relation avec notre épouse

• La relation avec les enfants

• L’utilisation de son temps et de son argent

• Notre comportement moral et éthique

• Les domaines de nos luttes personnelles

Dans quels domaines soutenez-vous de durs combats ? Quels sont vospoints faibles ? N’aimeriez-vous pas les connaître ? Dans quel domaineparticulier luttez-vous au niveau de vos pensées ? Où risquez-vous le plus de tomber ? C’est dans ces domaines que vous devez rendre compte régulièrement de vos luttes, difficultés et progrès à celui ou ceux que vous choisirez comme confidents.

Régulièrement

Cela suppose des contacts fréquents et systématiques avec celui ou ceux auxquels vous souhaitez rendre compte. Pendant onze ans, j’ai rencontré un ami toutes les semaines. Nous avions décidé de partager mutuellement notre relation avec le Seigneur et, accessoirement, nos relations au sein de nos familles respectives (nous consacrions du temps à la communion fraternelle et à la prière). L’expérience m’a montré que des hommes qui ne se rencontrent pas toutes les semaines finissent par ne plus se rencontrer du tout. Je suis certain qu’il est possible de prévoir des rencontres tous les quinze jours ou tous les mois, mais je conseille les rencontres hebdomadaires.

De quoi parler ?

Lors de ces entretiens, la discussion devrait concerner des domaines clés de responsabilité. À la fin de ce chapitre, vous trouverez une liste de conseils et de questions prévue pour une réunion hebdomadaire d’une heure. Vous pouvez évidemment y ajouter d’autres sujets dont vous souhaiteriez être redevable à votre confident. À première vue, ces questions vous paraîtront indiscrètes. Si elles ne sont pas abordées dans un climat de confiance, de compassion, d’amitié sincère et de souci véritable, elles sembleront maladroites. Or, il faut les poser dans un esprit créatif. L’aspect le plus important consiste à donner à celui qui se lance dans le partage tout le temps nécessaire pour faire un rapport honnête, précis et complet. Rappelez-vous que le but de cette démarche est de devenir plus semblable au Seigneur dans toute notre conduite.

Le choix d’un confident

Un élu apprécié et très efficace m’avait demandé si j’accepterais de faire partie d’un groupe devant lequel il souhaitait répondre de sa façon de vivre. Après avoir longuement discuté de ce qu’il attendait de ce groupe, nous nous sommes rendu compte qu’il lui fallait un groupe chargé de l’aider plutôt spirituellement que politiquement. La plupart des hommes qu’il avait sollicités pour faire partie de ce groupe admettaient d’emblée qu’ils ne se sentaient pas de taille pour l’aider sur le plan politique ; en revanche, ils désiraient fortement l’encourager à se positionner fermement pour Christ dans sa vie publique.

Questions

1. Combien d’hommes connaissez-vous qui mettent régulièrement de côté un temps convenu pour un tête à tête avec un frère chrétien pour rendre compte de leurs difficultés ? À votre avis, pourquoi y a-t-il si peu d’hommes qui pratiquent cet exercice ?

2. De quelle manière les scandales moraux de certains télé-évangélistes auraient-ils pu être évités ?

3. Réagissez à cette affirmation : Certains hommes connaissent des chutes spectaculaires ; dans un moment de passion, ils s’enflamment, s’écrasent et brûlent. Mais le plus souvent, ils succombent au terme de centaines de petites décisions souvent imperceptibles qui, comme des gouttes d’eau qui tombent sur un rocher finissent par le creuser, entament la solidité de leur caractère. Cela n’a pas lieu d’une façon flagrante ni précipitée. Il s’agit d’un processus sournois et lent. Manquant de rigueur, nous tombons dans la compromission et nous nous cachons à nous-mêmes la vérité. Et personne n’est là pour nous avertir.

Extraits de:

L’homme dans le miroir de

Patrick Morley

Avec l’aimable autorisation des éditons CLE

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