La redevabilité : le maillon manquant 2/2

NB : Cet article est extrait d’un livre écrit par un homme pour les hommes. Il n’est pas dans les intentions de ce blog de ne s’adresser qu’à eux. Au contraire, il est important que les femmes, leaders dans leur profession ou leur ministère, trouvent soutien, encouragement, et accompagnement mentoral et/ou spirituel.

Que signifie rendre compte à des gens qualifiés ? 

Les gens à qui nous avons des comptes à rendre doivent aimer Christ, désirer sincèrement la réussite de notre démarche et se sentir eux-mêmes responsables. Le fait de rendre compte à la personne adéquate peut grandement influencer la qualité de notre vie spirituelle. Quel genre d’homme serait le confident idéal devant qui je vais répondre de ma vie ? Prenez des hommes connus pour leur compétence et leur sagesse, des hommes que vous respectez, avec lesquels le courant passe bien et dont vous appréciez le jugement. La dernière chose que vous souhaitez est de douter de la personne à qui vous avez conféré le droit de vous poser des questions. 

Qui fréquente les sages deviendra sage, mais celui qui fraie avec les insensés va au-devant du malheur.

Proverbes 13.20.

Peut-être souhaitez-vous rendre compte à des personnes différentes suivant les domaines de votre vie. Ne vous attendez pas à ce qu’une personne qui vous responsabilise dans votre vie avec le Seigneur soit forcément capable dans le domaine de vos finances. Il y a fort à parier que si vous avez déjà un ami intime, il puisse devenir votre partenaire chargé de vous responsabiliser. Même si vous sollicitez quelqu’un de totalement étranger, tout porte à croire que vous deviendrez des amis. En rapport avec notre sujet, je vous conseille donc de relire le chapitre intitulé Amis : risques et bienfaits.

Mise en garde

L’homme ne devrait pas avoir de confidente féminine autre que sa femme dans le domaine de la redevabilité. La tentation de cultiver une relation étroite avec une autre femme que la sienne est une invitation à la catastrophe. Devoir rendre compte à sa femme est particulièrement utile dans le domaine des faiblesses personnelles, lorsque la vulnérabilité est un sujet sensible. Je pense que tout homme devrait partager à sa femme tous les aspects de sa vie conjugale. Quand je suis en face d’une décision où je doute de mon propre jugement, j’en parle à ma femme Patsy. Elle sait ce que j’essaie d’exprimer et me posera une ou deux questions qui me permettront d’envisager le problème sous un angle auquel je n’avais pas pensé.

Assurez-vous d’avoir des référents dans tous les domaines : moral, spirituel, financier et relationnel. Il serait malheureux de bien réussir votre vie dans vos relations au sein de la famille et avec le Seigneur, et de courir au désastre à la suite de décisions financières irréfléchies. Il ne suffit pas d’être bien suivi dans deux domaines sur trois. Hélas, nous avons tous été victimes de fuites d’informations confidentielles. Nous nous sommes alors sentis trahis. En général, les hommes n’aiment pas se dévoiler à autrui à cause de leur besoin de confidentialité. Il s’agit là d’un problème très sérieux. Si je désire révéler mon être réel et profond à quelqu’un, il faut que je sois absolument sûr de pouvoir lui faire confiance. La peur d’être trahi par un ami empêche plus d’un homme de courir le risque d’être redevable à quelqu’un. Parlez de cette condition indispensable à votre éventuel référent. Cherchez quelqu’un en qui vous pouvez avoir entièrement confiance pour lui parler en toute liberté de vos difficultés. Au lieu de chercher un « patron », essayez plutôt de trouver un homme qui,comme vous, lutte dans certains domaines ; s’il vous aide à vous responsabiliser dans vos domaines, vous pourrez l’aider à le faire dans les siens. « Et si l’un tombe, l’autre le relève ».

Évitez de solliciter quelqu’un qui ait un différend avec vous.

Si vous devez de l’argent à quelqu’un, cette personne ne pourra pas vous aider objectivement à vous responsabiliser dans le domaine financier. Si quelqu’un vous sollicite depuis des années pour faire partie d’un groupe qui vous éloignerait de votre famille un week-end par mois, ne lui demandez pas de se prononcer sur la nature de vos relations avec votre femme et vos enfants. Finalement, ne vous emballez pas. Votre temps est limité ; si vous tenez à rencontrer vos référents régulièrement (une fois par semaine si possible), n’en choisissez pas trop à qui vous devrez rendre compte, car vous risqueriez de vous noyer dans la paperasserie. Un homme ou deux suffisent dans la plupart des cas, trois dans des circonstances particulières. Si vous rendez compte des différents domaines problématiques de votre vie à un groupe, les compétences complémentaires de tous les membres suffiront à répondre à tous vos points sensibles.

Pourquoi est-il si important d’avoir des comptes à rendre ? Ici-bas et là-haut

La raison suprême qui nous pousse à rendre des comptes ici-bas est l’obligation de devoir en rendre là-haut. Chacun devra rendre compte de ce qu’il aura fait de sa vie.

Or, je vous le déclare, au jour du jugement les hommes rendront compte de toute parole sans fondement qu’ils auront prononcée.

Matthieu 12.36.

Ainsi chacun de nous rendra compte à Dieu pour lui-même.

Romains 14.12.

Ce jour-là, il donnera à chacun ce que lui auront valu ses actes. […] Tout cela paraîtra le jour où, conformément à l’Évangile que j’annonce, Dieu jugera par Jésus-Christ tout ce que les hommes ont caché.

Romains 2.6, 16.

Mieux nous tenons la bride de notre vie ici-bas, plus Dieu sera content de nous lorsque nous nous tiendrons devant le tribunal de Christ. Sous un angle pratique, la paix et la joie dans notre vie quotidienne découlent de notre intégrité et de notre équilibre dans les domaines cruciaux de l’existence. Que ce soit dans le domaine moral, spirituel, relationnel ou financier – ces quatre sphères où les chutes peuvent être retentissantes – si nous menons notre vie avec compétence et sagesse, nous éprouverons un sentiment de satisfaction personnelle. Sans l’aide des autres dans le cadre de relations de redevabilité, personne ne peut atteindre son plein potentiel.

Conserver votre trajectoire

Bill Nelson, membre du Congrès de Melbourne en Floride, le siège du centre spatial Kennedy, a fait partie de l’équipage de la navette Columbia lors de la mission qui a précédé l’explosion de la navette Challenger. Dans son livre Mission, il décrit ses expériences dans l’espace. Il explique que maintenir la navette sur son orbite est une affaire délicate. Comme il n’y a pas de résistance de l’air, l’homme pourrait retourner tout seul l’énorme vaisseau. Pour que celui-ci conserve sa bonne trajectoire, les ordinateurs de bord procèdent constamment à des corrections de direction et d’altitude. L’allumage de petites fusées pendant un bref instant suffit à corriger la trajectoire. Pour des corrections plus importantes, elles entrent en action plus longtemps. Si ces fusées ne s’allumaient pas, ou si elles s’allumaient trop longtemps, le vaisseau spatial quitterait son orbite et se dirigerait dans l’espace vers les confins de l’univers. Pour maintenir notre vie sur sa bonne orbite, nous avons besoin de procéder constamment à des « corrections de direction et d’altitude ». Les questions que nous pose le référent auquel nous avons décidé de rendre compte agissent comme ces petites fusées d’appoint ; elles nous obligent à modifier la trajectoire de notre vie dans certains domaines. Si nous ne procédons pas à ces ajustements de direction, nous risquons d’échapper à tout contrôle et de nous perdre.

La différence entre demander conseil et rendre compte

De nombreux hommes sont troublés parce qu’ils pensent avoir fait leur devoir en demandant conseil. Certes, en sollicitant les conseils d’autrui, nous prenons de meilleures décisions (nous devrions chercher davantage les conseils des autres), mais cette démarche ne suffit pas. Quand je demande conseil à quelqu’un, je lui fournis rarement tous les détails, les faits et l’arrière-plan. Généralement je fournis à mon conseiller ce que j’estime suffire pour recevoir une réponse. Je confesse que souvent, je donne à mon information la forme et le contenu qui permettront au conseiller d’arriver à la conclusion que j’ai tirée à l’avance. La personne conseillée n’a aucune obligation de dire au conseiller ce qu’elle a l’intention de faire de ses conseils. Nous pouvons donc obtenir d’excellents conseils, sans pour autant en tenir compte. Tant que le conseiller ne nous pose pas de questions de fond, nous n’avancerons pas beaucoup. Si nous n’avons personne pour évaluer nos progrès et nous aider à les évaluer dans les domaines clés de notre vie, nous continuerons de mener une vie de pensées secrètes, qui ne répondra pas aux commandements de Christ. Ne faisons aucune erreur de raisonnement : personne ne peut vivre sa vie chrétienne tout seul. Livrés à nous-mêmes, nous nous persuadons facilement de notre infaillibilité. 

Le coeur est tortueux plus que toute autre chose, et il est incurable, qui pourrait le connaître ?

Jérémie 17.9.

Il nous appartient de prendre l’initiative de solliciter des conseils. En revanche, en devant rendre des comptes à quelqu’un, nous lui accordons le droit et le devoir de prendre des initiatives. Demander conseil, c’est chercher une réponse à des questions que nous nous posons. En revanche, devoir répondre de nos actes et de nos décisions à quelqu’un, c’est répondre aux questions que lui nous pose. Dans votre vie, quelqu’un vous interroge-t-il ?

La différence entre la communion fraternelle et la redevabilité

Dans la grande majorité de nos relations, nous en restons au niveau du cliché ; nous parlons de tout et de rien, des nouvelles, du sport et du temps qu’il fait. « Comment allez-vous ? – Très bien ! » En réalité, ses enfants ratent leurs études, sa femme ne lui adresse plus la parole, et il a deux mois de loyer impayé. Mais tout va « très bien ! » La redevabilité ne s’invite pas naturellement dans une relation ; elle résulte d’une décision ferme de mener une vie transparente devant une personne de confiance. Non seulement la décision de rendre compte de sa vie à quelqu’un lui donne le droit de nous poser des questions cruciales, mais c’est justement ce qui constitue la base de la relation. Les rapports peuvent devenir parfois tendus, mais l’amitié dans la relation ne doit en aucun cas compromettre la redevabilité. De son côté, la communion fraternelle ne pose pas de questions sur des domaines clés de la vie parce qu’on ne le lui a jamais demandé, et elle ne s’arroge pas le droit de se mêler de la vie privée des gens. Il est bien rare qu’un frère dans la foi vous pose une question délicate sans y avoir été invité, même s’il en a envie. J’ai vécu tout au début de mon pèlerinage spirituel l’une de mes expériences les plus troublantes en tant que chrétien. Nous avions convenu à six de nous retrouver chaque semaine. J’étais tellement novice dans la foi que je n’avais jamais entendu parler de redevabilité ni des avantages à avoir des comptes à rendre à quelqu’un ! Nous discutions de toutes sortes de sujets, mais nous nous retrouvions principalement pour un moment de communion fraternelle. L’un des membres de notre groupe était en train d’écrire un livre sur la gestion chrétienne de l’argent et des biens matériels. Nous consacrions une bonne partie de notre temps à examiner ses idées. Un autre membre venait de quitter son emploi, avait divorcé, abandonné ses trois enfants en bas âge et épousé sa secrétaire. Tout cela est tombé sur les autres membres du groupe comme un coup de massue ! Comment une chose pareille avait-elle pu arriver ? Beaucoup plus simplement qu’on peut l’imaginer ! Tout simplement parce que nous ne nous posions pas mutuellement des questions ardues. Cette expérience m’a appris que cultiver la communion fraternelle sans devoir rendre des comptes n’avait que peu de valeur, voire aucune. Le nombre élevé de chutes morales et spirituelles parmi nous donne à penser que les hommes ont vraiment des problèmes, et qu’ils ont vraiment besoin de se sentir redevables à quelqu’un. Pourquoi y a-t-il si peu d’hommes qui acceptent de rendre compte à un ami de confiance ? Pourquoi les hommes ne rendent pas compte de leur façon de vivre Livré à lui-même, l’esprit humain cherche toujours à suivre ses voies vers l’indépendance. Même lorsque nous avons été saisis par Christ, un combat qui dure toute la vie se déroule en nous : la lutte pour le pouvoir entre le vieil homme charnel (la mentalité X) et l’être nouveau dans l’Esprit (la mentalité Y). Notre vieille nature ne tient pas à rendre compte de sa manière d’agir et résiste de toutes ses forces. Voici quelques raisons courantes qui expliquent pourquoi nous n’aimons pas rendre compte de nos faits et gestes.

Le problème du bon vouloir

La ligue nationale américaine de football avait suspendu Lawrence Taylor, l’arrière inamovible des Giants de New York, pour non-respect des règles en matière de consommation de drogue. Voici ce que le joueur a déclaré au New York Times du 1er septembre 1988 : « Je ne voulais pas en arriver là. J’aurais souhaité que cela n’arrive pas, mais j’ai pris une mauvaise décision, et je dois en payer le prix… Je n’ai pas voulu que l’équipe des Giants m’aide. Je n’ai pas voulu que ma femme m’aide. J’en assume l’entière responsabilité, car je voulais montrer que je pouvais m’en sortir par moi-même. Mais les choses ne se passent pas ainsi. Je l’ai constaté à mon détriment ». Avant de pouvoir aider un alcoolique ou un toxicomane, il faut que celui-ci reconnaisse qu’il a un problème. Le nier empêche tout espoir de guérison. N’importe quel conseiller au niveau des dépendances sait combien ce premier pas est fondamental pour la suite du traitement. Mes parents ont élevé quatre garçons turbulents. Quand l’un de nous contestait une décision de maman, elle faisait simplement de gros yeux et disait : « On peut conduire un cheval à l’abreuvoir, mais on ne peut pas le forcer à boire ». Pour rendre des comptes, il faut d’abord le vouloir. Tant que nous n’avons pas compris notre penchant pour le péché et l’autoséduction, ainsi que notre besoin d’autrui, nous n’accepterons aucun programme de redevabilité. Nous en tenterons peut-être l’expérience, mais au bout de quelques essais, nous abandonnerons la partie, estimant les questions trop personnelles et indiscrètes.

Le problème de la forte personnalité

Un jour, j’ai essayé de nouer une relation de confiance et de transparence, mais la tentative a complètement échoué. Les choses ont bien démarré. Nous étions tous les deux des néophytes et voulions faire de notre mieux. Peu de temps après, je me suis aperçu que ce que je demandais ou disais n’intéressait pas l’autre.

Il était d’accord pour que nous nous rencontrions, mais il négligeait de soumettre sa forte personnalité aux questions ardues concernant sa marche avec le Seigneur, ses relations avec sa femme et ses enfants. Au lieu de me demander : « Que me suggérez-vous ? », il justifiait sa façon de faire. Le jour est venu où je me suis demandé : « À quoi bon discuter ? Si je suis seul à m’intéresser à ses progrès spirituels, pourquoi continuer ? »Un jour, je lui ai téléphoné pour lui parler de son attitude. Cela a été la dernière fois où nous nous sommes rencontrés pour faire le point sur notre façon de vivre. Sa forte personnalité l’empêchait de reconnaître ses erreurs et de s’humilier devant un autre homme.

Le problème de la réussite

J’ai demandé récemment à un homme d’affaires qui réussissait bien si quelqu’un l’aidait à prendre des décisions responsables. « C’est intéressant que vous me posiez cette question, m’a-t-il répondu. Ces dernières années, je me suis rendu compte que je n’avais personne à qui rendre compte de mes décisions. Et comme tout me souriait de plus en plus dans la vie, tout le monde s’est dit que je n’avais besoin de personne. Le prestige mondain qui s’attache à la réussite empêche la plupart des gens de me demander comment je vais. Ils supposent que comme je réussis dans les affaires, tout doit également être en ordre dans les autres domaines de la vie. À vrai dire, j’agis sans rendre de comptes à personne ».

Les hommes qui connaissent le succès sont exposés à de grands risques. Confiants dans leurs capacités, ils ont tendance à penser qu’il n’existe aucun problème qu’ils ne puissent résoudre d’eux-mêmes.

Compétents et sûrs d’eux, ils attrapent le taureau par les cornes et foncent. Pourtant, tout le monde a ses lubies et ses points faibles. Un ami a donné le bon conseil suivant à propos de celui qui gère ses propres affaires. Prends, au sein de la société, un homme dont la position est bien assurée. Ensuite, donne-lui l’autorité de venir vous trouver chaque fois qu’il a le sentiment que vous faites fausse route et de vous dire ce qui lui tient à coeur.

Le problème de la fragilité personnelle

Nous avons vu que l’amitié véritable suppose qu’on admette sa propre fragilité. Il en est de même dans une relation de redevabilité. Il ne faut pas cacher sa vulnérabilité. Dans l’amitié, l’aveu de sa fragilité est volontaire ; devant celui à qui je rends compte de ma façon de gérer ma vie, cet aveu est obligatoire. Pour dépasser le niveau des nouvelles banales, du sport et du temps qu’il fait, l’homme doit accepter de révéler ce qui, dans son être, se cache sous la surface. Se savoir vulnérable, c’est accepter la désapprobation de celui à qui je rends des comptes. Soyons sincères, personne ne cherche spontanément quelqu’un à qui exposer ses défauts et ses faiblesses. Or, c’est justement ce qu’il faut faire dans une relation où on partage sa vie. Cela impose une décision de la volonté car nous savons que le Seigneur Jésus nous accordera une plus grande récompense si nous recherchons un frère qui nous affine à son contact « comme le fer se polit par le fer ». Personne n’aime se sentir rejeté – c’est d’ailleurs l’une des grandes craintes qui nous tenaillent quand nous nous dévoilons à quelqu’un. Nous voulons que l’autre nous respecte, pas qu’il nous rejette. Je suis sûr que la plupart de ceux qui s’engagent dans une relation où ils devront rendre compte de ce qu’ils font laisseront lentement paraître leurs points vulnérables. C’est normal. Mais veillez à ne pas mentir à votre confident et à ne pas simplement faire semblant. Dites-lui plutôt franchement que vous désirez aller lentement dans cette démarche qui consiste à répondre de vos actes devant lui, que vous voulez d’abord voir comment la relation prend forme. Mais sachez que tant que vous ne serez pas devenu transparent et que vous n’aurez pas laissé paraître vos points faibles, votre vis-à-vis ne pourra pas vous responsabiliser quant à ce qui est sous la surface. Ne vous leurrez pas vous-même en pensant que vous avez fait le tour d’une question alors que ce n’est pas le cas. Dans ma vie, j’ai fait beaucoup de choses dont j’ai honte. Nous sommes tous dans le même cas. Pour nouer une relation de redevabilité avec un confident, nous n’avons pas besoin de révéler tout ce qui était sale et souillé en nous pour faire connaître notre fragilité. Si nous sommes en règle avec Christ, je pense qu’il vaut mieux laisser certaines choses en l’état. En revanche, s’il y a des domaines dans lesquels nous continuons de lutter, nous avons besoin d’aide, mais celle-ci ne peut nous être offerte par notre partenaire que si nous nous dévoilons tels que nous sommes dans ces domaines. Et si vous vous sentez encore coupables de certaines choses du passé, parlez-en – Jésus veut vous en guérir. Même au sein d’une relation de redevabilité, on peut tromper son confident si on ne s’engage pas dans la transparence.

Le problème de la structure

Beaucoup d’hommes sont désemparés non par ignorance de ce qu’ils devraient faire, mais à cause d’une absence ou d’un manque de structure appropriée qui les aide à se discipliner pour accomplir ce qu’ils savent pertinemment devoir faire. J’ai demandé récemment à un groupe d’hommes à quelle fréquence. Ils jouaient au golf. Ceux qui y jouaient régulièrement m’ont répondu qu’ils avaient un calendrier établi d’avance, une structure. Parmi la majorité qui ne jouait pas de façon régulière, aucun n’avait programmé d’avance ses jours de parties de golf. Si nous sommes décidés à vaincre le vieil homme en nous, nous devons nous organiser pour le faire. Les hommes qui persévèrent dans des rencontres régulières où ils rendent compte de leurs difficultés prévoient aussi la structure ou le programme adéquats pour leur suivi. Nous devons accorder à ces rencontres de mise au point la même priorité et la même régularité qu’un traitement contre l’allergie.

Commencer

Choisissez quelqu’un qui soit compatible avec vous. Expliquez-lui que vous essayez de vous responsabiliser davantage. S’il est d’accord de vous aider dans cette voie, faites-lui lire ce chapitre. Puis asseyez-vous et programmez de vous rencontrer toutes les semaines. Définissez les sujets que vous souhaitez aborder avec lui et pour lesquels vous désirez lui rendre des comptes. Passez en revue ensemble le programme hebdomadaire d’une heure de redevabilité. Examinez si l’analogie de l’iceberg présente un intérêt pour vous deux.  Photocopiez ou arrachez le programme hebdomadaire d’une heure de redevabilité. Utilisez-le pour orienter votre discussion. S’il vous paraît trop simple, ne vous en faites pas. S’il était si simple, beaucoup plus d’hommes le suivraient ! Chaque fois que nous avons encouragé des hommes à se responsabiliser en acceptant de rendre compte à quelqu’un, seuls 15 % ont fait le pas et ont persévéré. C’est une démarche qui réclame des efforts soutenus, de l’engagement et beaucoup de patience. Mais le jeu en vaut la chandelle.

Conclusion

Devoir répondre de nos décisions, de nos actes, de notre gestion du temps, de nos pensées et de notre argent est le maillon qui fait souvent défaut dans notre vie. Nous ne rendons pas suffisamment compte de façon régulière des difficultés dans les domaines clés de notre vie à des personnes qualifiées à qui nous avons permis de nous poser des questions cruciales, celles qui concernent les buts que nous nous fixons et les valeurs que Dieu a établies. Nous avons vu qu’il est important de répondre de notre vie ici et maintenant parce qu’en fin de compte, Dieu nous tiendra responsable pour tout ce que nous faisons. La redevabilité, c’est davantage que donner des conseils ou de l’amitié ; c’est répondre à des questions, parfois ardues. Si vous faites partie de la grande majorité des hommes qui n’ont personne qui leur demande : « Qui? Quoi ? Pourquoi? Comment? », je vous encourage à inclure ce maillon manquant dans votre vie. Ce sera peut-être l’élément qui vous permettra de synchroniser votre comportement avec vos croyances, et vous empêchera d’échapper à tout contrôle. 

Le programme hebdomadaire d’une heure de redevabilité. 

Être redevable, c’est répondre à une ou des personne(s) qualifiée(s) de ses actes dans des domaines particuliers de la vie.

Directives suggérées

1. Assurez-vous d’avoir chacun suffisamment de temps devant vous. Mais si l’un de vous a mené un combat particulièrement difficile durant la semaine, soyez assez souples pour consacrer l’heure entière à l’examen de ce problème.

2. Que chaque personne dispose de tout le temps nécessaire pour exposer son problème, et que l’autre ou les autres répondent ensuite. C’est la meilleure façon de faire avancer les choses.

3. Ne négligez pas le temps de prière.

4. Accordez la préférence au dialogue avec une seule personne. De petits groupes comprenant de trois à cinq hommes peuvent également bien fonctionner à condition que chacun limite son temps de parole, car une heure passe vite.

5. Relisez le chapitre Rendre compte : le maillon manquant au moins une fois par an et passez en revue les questions à la fin du chapitre. Vous serez surpris de constater à quel point votre compréhension de la redevabilité a évolué avec le temps.

6. Accrochez-vous. Vous serez parfois, peut-être même souvent, tenté de mettre fin à cette démarche. Demandez à Dieu de vous fortifier quand vous avez envie d’arrêter.

7. Considérez-vous mutuellement responsables des buts que chacun s’est fixés et des valeurs bibliques que chacun doit observer.

8. N’oubliez jamais le but de la redevabilité : ressembler chaque jour davantage à Christ dans toutes nos voies. Rappelez-vous que c’est Jésus qui est l’objet de notre quête, de notre dévotion, de notre sacrifice et de notre amour. Toute autre chose que l’intimité avec le Seigneur vivant constituerait une piètre utilisation du temps que vous passez ensemble.

9. Si le questionnaire qui suit ne vous convient pas parfaitement, n’hésitez pas à le modifier pour qu’il soit au plus près de votre situation, car c’est le contenu qui importe le plus. Vous désirez peut-être faire appel à plusieurs personnes de confiance et aborder avec

chacune un domaine particulier de votre vie.

Questions pour démarrer la rencontre

1. De quelle manière le Seigneur vous a-t-il béni cette semaine ? (Qu’est-ce qui a bien marché ?)

2. À quel problème avez-vous fait face cette semaine ? (Qu’est-ce qui est allé de travers ?)

Vie spirituelle

1. Avez-vous lu la Parole de Dieu chaque jour ? (Combien de temps avez-vous consacré à la lecture ? Pourquoi ne l’avez-vous pas lue ? La lirez-vous la semaine prochaine ?)

2. Parlez de vos prières (pour vous-mêmes, pour les autres, la louange, la confession, la reconnaissance).

3. De quelle manière votre relation avec Christ évolue-t-elle ?

4. Quelles ont été les tentations auxquelles vous avez dû faire face cette semaine ? Comment avez-vous réagi ?

5. Y a-t-il dans votre vie un péché que vous n’avez pas encore confessé ?

6. Marchez-vous selon l’esprit ?

7. Êtes-vous allé à l’Église cette semaine ? (Votre foi en Jésus a-t-elle été fortifiée ? Avez-vous honoré le Seigneur ?)

8. Avez-vous eu l’occasion de parler de votre foi ? Comment avez-vous fait ? Comment mieux faire ?

Vie domestique

1. Comment vous êtes-vous conduit avec votre femme ? (attitudes, temps, irritations, déceptions, progrès, ses relations avec Christ)

2. Comment vous êtes-vous conduit avec vos enfants ? (quantité et qualité du temps que vous leur avez consacré, valeurs et croyances que vous leur avez inculquées, éducation, bien-être spirituel)

3. Quel est l’état de vos finances ? (dettes, dons, économies, gestion)

Vie professionnelle

1. Comment les choses se passent-elles sur votre lieu de travail ? (évolution de votre carrière, relations, tentations, stress, problèmes, surcharge de travail)

Questions cruciales

1. Vous sentez-vous centré sur la volonté de Dieu ? Sentez-vous sa paix ?

2. Contre quoi luttez-vous au niveau de vos pensées ?

3. Qu’avez-vous fait pour autrui cette semaine (les pauvres, encouragement, service)

4. Vos priorités sont-elles bien classées ?

5. Votre comportement moral et éthique est-il conforme à ce qu’il doit être ?

6. Où en êtes-vous dans vos domaines personnels à haut risque ?

7. Le moi « visible » et le moi « réel » se confondent-ils dans cette relation ?

Prière

Terminez cette rencontre d’une heure par dix à quinze minutes de prière en insistant sur les questions abordées cette semaine.

Pour aller plus loin

1. Comment définiriez-vous la redevabilité ? Quels sont les ingrédients importants pour qu’une rencontre de redevabilité soit efficace ?

2. Quelle différence y a-t-il entre demander des comptes à quelqu’un et le conseiller ? Entre demander des comptes et entretenir une communion fraternelle ?

3. Dans quels domaines clés, l’homme devrait-il être tenu responsable ?

4. Comment feriez-vous pour choisir un ami à qui rendre compte de votre vie ?

5. Êtes-vous prêt à instaurer une relation de redevabilité ? Pourquoi ?

Extraits de:

L’homme dans le miroir de

Patrick Morley

Avec l’aimable autorisation des éditons CLE

Retour en haut