On m’a récemment posé la question – Quelle est la chose principale que tu as apprise dans ton leadership ? Ma réponse a été – Apprendre et vivre la repentance continue. La rigidité, l’inflexibilité de certains leaders peut-être un frein, un obstacle à l’œuvre de Dieu. La crainte de perdre la confiance de ceux que l’on accompagne , la peur de perdre l’autorité de son leadership en confessant ses erreurs, son péché, font trop souvent que trop de leaders ont de vraies difficultés à se repentir. D’où cette réflexion : leadership et repentance : nécessité et difficultés.
Un leader doit-il se repentir ?
Oui, comme chaque disciple de Jésus ! Jésus est on ne peut plus clair dans notre Père ! – Pardonne-nous comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. Nous savons que nous devons pardonner, mais nous n’y parvenons pas toujours. Pourtant : écoutez-vous parler de telle ou telle personne avec une pointe de mépris ou de jugement… Ecoutez-vous parler des succès d’une autre oeuvre… Ou de l’assurance que vous avez d’avoir théologiquement raison.
1 Jean 1 : 9 donne des instructions claires aux croyants sur la confession des péchés.
Il commence par le mot « si » :
Si nous reconnaissons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous les pardonner et pour nous purifier de tout mal.
1 jean 1 : 9
En tant qu’enfants de Dieu acquis par le sang, nous ne continuons pas à confesser nos péchés pour être sauvés de l’enfer. Nous confessons et nous nous repentons afin de rétablir une relation intime avec notre Père. Nous sommes positionnellement justes mais pratiquement pécheurs.
Leadership + repentance
Si quelqu’un veut être le premier parmi vous, qu’il soit l’esclave de tous. En effet, le Fils de l’homme est venu non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour beaucoup.
Marc 10 : 45
Mourir à nous-mêmes et servir les autres sont probablement les leçons les plus difficiles à apprendre. Mourir à soi-même, c’est faire passer les besoins, les désirs, les blessures et les envies des autres, et même leur réussite, avant les vôtres.
Sutton Turner
Vous qui portez des responsabilités, vous êtes appelés à prendre bien plus de décisions que les autres. Donc le risque d’erreur est plus grand. Celui de blesser les autres aussi.
Personne n’attend que vous soyez un leader parfait, mais seulement un leader repentant. Vous devez donc avoir une porte ouverte qui permette aux gens de vous dire en quoi vos décisions étaient mauvaises, pécheresses, blessantes ou dépourvues d’amour. […] En fin de compte, c’est votre plus grande (et plus difficile) opportunité de croissance en tant que leader : la repentance.
Sutton Turner
Leadership et repentance : difficulté
Alors que j’écris cet article, je reçois une demande de conseil : « Mon pasteur néglige certains aspects de ses responsabilités. Il prend des initiatives sans consulter les instances de l’église, et les anciens, qui sont un « frein » pour lui. Et il assume ses choix, quand on lui fait remarquer, … au titre de sa fonction ! « Je suis le pasteur principal et le président de l’église, j’ai de nombreux projets à mener ! »
Reconnaissons-le : il est difficile de se remettre en question, à cause de la position de leader. Pourtant, il faut entendre et reconnaître le point de vue et, éventuellement, les blessures occasionnées aux autres ! La première tentation est de se retrancher derrière son leadership. De défendre sa position, comme si celle-ci nous donnait une sorte d’immunité !
En tant que leaders, nous devons voir les choses du point de vue des autres et ressentir ce qu’ils ressentent. Pour bien nous occuper d’eux, nous devons prendre le temps d’écouter leurs sentiments, leurs craintes et leurs préoccupations. Nous devons aimer nos frères et nos sœurs et prendre soin d’eux de cette manière pratique. […] Une chose importante que j’ai apprise ces dernières années, c’est qu’en tant que leader, beaucoup de décisions ou d’actions que vous prenez affectent beaucoup de gens. Il y a des choses que vous faites qui ne sont peut-être pas considérées comme des péchés, mais qui blessent quand même des gens. Il est important de s’asseoir avec les personnes avec lesquelles vous avez été en contact direct et de parler de la blessure qu’elles ressentent. Dans les situations où un péché a été commis, repentez-vous. S’il n’y a pas eu de péché, mais quelque chose de regrettable, vous devez l’admettre avec la partie concernée. S’il s’agit de quelque chose qui vous semble inoffensif, écoutez leur douleur et leur souffrance, quel que soit votre point de vue, mettez-vous à leur place et demandez au Seigneur de vous aider à comprendre comment leur vie a été affectée par vos actions. Il s’agit de votre frère ou de votre sœur, aimez-les.
Sutton Turner
Leadership et repentance : difficulté, exemple
Serait-ce parce que personne n’ose vous dire quelque chose ? Qui suis-je pour interpeller mon pasteur, un ancien, le conducteur de louange ? Un exemple biblique illustre parfaitement cette difficulté.
Mais lorsque Pierre est venu à Antioche, je me suis ouvertement opposé à lui, parce qu’il était condamnable.
Galates 2 : 11
Pierre a joué double jeu.
Avant la venue de quelques personnes de l’entourage de Jacques, il mangeait avec les non-Juifs, mais après leur arrivée, il s’est esquivé et s’est tenu à l’écart par crainte des circoncis.
Galates 2 : 12
Tous se sont alignés à Pierre, se sont effacés, y compris Barnabas.
Les autres Juifs ont pratiqué avec lui ce double jeu, de telle sorte que même Barnabas a été entraîné dans leur hypocrisie.
Galates 2 : 13
Il n’y a eu que Paul pour dire à Pierre la vérité sur son attitude.
Quand j’ai vu qu’ils ne marchaient pas droit, puisqu’ils ne respectaient pas la vérité de l’Évangile, j’ai dit à Pierre devant tous…
Galates 2 : 14
Cet exemple pose une question : qui pourra vous reprendre, vous faire remarquer que votre attitude n’est pas juste, que vous avez été autoritaire, que vous avez blessé une personne, que vous êtes injuste ? Question qui en appelle une autre : à qui êtes-vous redevable ? Avez-vous un mentor ? Qui pourra vous dire la vérité comme Paul l’a fait pour Pierre ?
Leadership et repentance : la Parole avant tout
Mettez en pratique Matthieu 18 : 15-17.
Les différends et les offenses surviennent dans toute organisation, mais dans l’Église, nous devons toujours suivre l’enseignement de Jésus. Matthieu 18 décrit le processus de communication en cas de conflit.
1. L’objectif est de gagner son frère ou sa sœur. Chaque confrontation doit avoir le but final approprié : la restauration.
2. Rencontrez votre frère ou votre sœur face à face chaque fois que cela est possible.
3. Si cette rencontre individuelle n’aboutit pas à la repentance, faites appel à un conseiller biblique, à un pasteur, etc. pour vous aider à gagner un frère ou une sœur.
4. Si cette rencontre n’entraîne pas la repentance, il faut alors demander à la direction de l’église de vous aider.
Au cours des deux dernières années, j’ai vu de nombreuses personnes renoncer à leur responsabilité de rechercher la réconciliation selon ce processus biblique. Avec l’essor de Facebook, des blogs et de Twitter, les gens semblent penser qu’informer leurs amis Facebook du péché d’une personne est la première étape. J’ai personnellement échoué à cet égard et j’en ai également été victime. C’est préjudiciable à la réconciliation et extrêmement blessant pour une relation entre frères et sœurs en Christ. Ne le faites pas ! Résistez à la forte tentation de fonctionner en dehors des instructions de l’Écriture. Vous pouvez être sûr qu’elle vient de l’ennemi dont le seul plan pour votre vie est de tuer, de voler et de détruire (Jean 10:10). Ne le laissez pas vous enlever la joie de la restauration.
Sutton Turner
Leader modèle de repentance
Pour discerner pourquoi je dois me repentir, je dois m’appliquer cette pensée :
On a souvent tort par la façon que l’on a d’avoir raison.
Madame Necker
Nous laissons l’orgueil, le prestige, notre rôle de leader nous empêcher de reconnaître nos torts. Pourtant, nous sommes appelés, comme leaders, à être des modèle. Paul insiste plusieurs reprises.
Ne soyez une cause de faux pas ni pour les non-Juifs, ni pour les Juifs, ni pour l’Eglise de Dieu. Faites comme moi : je m’efforce en tout de plaire à tous, recherchant non mon avantage mais celui du plus grand nombre afin qu’ils soient sauvés. Soyez mes imitateurs, comme je le suis moi-même de Christ.
1 Cor 10 : 32 à 11 : 1
Sommes nous des modèles, êtes vous un modèle de repentance ? Mon mentor a été un modèle de repentance pour moi et tous ceux qui l’ont vu vivre son leadership.
Rappelez-vous que votre plus grand privilège en tant que croyant régénéré en Jésus-Christ est de vous repentir – ne manquez pas la joie et la croissance de la restauration. […] Les paroles du Christ offrant le pardon depuis la Croix sont l’exemple ultime d’humilité et de désintéressement. Que notre prière soit toujours de ressembler à notre Sauveur.
Sutton Turner
Encourager la pratique de la repentance
J’espère que vous êtes convaincu, qu’il nous arrive constamment de pécher. Que, même lorsque nous sommes leaders spirituels, nous ne sommes pas exempts de fautes d’erreur, de maladresse même. Notre leadership ne nous exempte d’aucune obligation propre à chaque disciple de Jésus, y compris de nous repentir. Penser le contraire serait nous croire sur un piédestal. Je constate qu’à partir d’un certain moment, à cause du titre, de l’ancienneté ou de l’influence d’un leader, plus personne n’ose l’interroger. Méfiez-vous de cela, c’est une fausse sécurité.
Qui demandera des comptes au dirigeant qui se trouve sur son piédestal ? Nous devons nous débarrasser des piédestaux et reconnaître que les dirigeants spirituels sont humains et qu’ils échoueront. Une façon de démolir le piédestal est d’encourager la pratique de la repentance. Le péché, les mauvaises actions ne doivent pas être ignorés. Il faut au contraire s’en repentir et faire amende honorable. Nos communautés seraient beaucoup plus saines si nous prenions tous l’habitude de nous excuser régulièrement pour les diverses façons, grandes ou petites, intentionnelles ou non, dont nous infligeons du tort aux gens tout au long de la journée. Une telle pratique créera une culture dans laquelle le repentir et la réconciliation feront partie du tissu de la vie commune de la communauté. (Plus d’informations à ce sujet dans la quatrième partie de cette série, qui examinera comment devenir des communautés de restauration).
Amanda Benckhuysen
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