Votre ministère ou votre mariage ? 

Intéressons-nous à l’équilibre entre vie de famille et le ministère pour tous les leaders spirituels. Pour vous, qu’est quel est celui qui prime : votre ministère ou votre mariage ?

NB. Cet article ne prétend pas être exhaustif sur le sujet, mais espère rappeler quelques points essentiels qu’un, (une) leader spirituel ne doit pas perdre de vue. 

Les trois plus grands regrets de Billy Graham 

Bien que j’aie beaucoup de raisons d’être reconnaissant lorsque je regarde ma vie, j’ai aussi beaucoup de regrets. J’ai échoué à de nombreuses reprises et je ferais beaucoup de choses différemment. Par exemple, je parlerais moins, j’étudierais davantage et je passerais plus de temps avec ma famille. Lorsque je revois l’emploi du temps que je tenais il y a trente ou quarante ans, je suis stupéfait par toutes les choses que nous avons faites et les engagements que nous avons tenus. Parfois, nous passions d’une partie du pays à l’autre, voire d’un continent à l’autre, en l’espace de quelques jours seulement. Tous ces engagements étaient-ils nécessaires ? Ai-je été aussi perspicace que j’aurais pu l’être pour choisir ceux que je devais prendre et ceux que je devais refuser ? J’en doute. Chaque jour où j’ai été absent de ma famille a disparu à jamais. Si une grande partie de ces voyages étaient nécessaires, d’autres ne l’étaient pas. B. Graham.

Les plus grandes épreuves pour J. Piper

Répondant à une question : Quels sont les défis les plus difficiles que vous ayez eus à relever ? John Pipper a répondu :

Je pense que les plus grands défis que vous aurez à relever dans le cadre de votre ministère seront très probablement liés à votre famille, votre mariage et vos enfants. Peut-être la famille au sens large, selon la culture à laquelle vous appartenez. Cela a certainement été le cas pour moi. J’ai dit à ma femme Noël, bien que nous soyons mariés depuis quarante-cinq ans : -Tout ce que j’attends de toi dans le ministère, c’est que tu sois heureuse, parce que si maman n’est pas heureuse….

Nous avons traversé des périodes très difficiles. Nous avons passé 33 mois en consultation pendant une saison à essayer de comprendre : – Pourquoi nous faisions-nous du mal l’un à l’autre comme ça ? Pourquoi nos bouches se font-elles ça ? Nous nous sommes bien entendus durant dix ans, puis nous devons à nouveau dû travailler dessus. Nous avions eu une relation assez difficile. Je l’aime comme un fou, et elle m’aime. C’est ce qu’elle dirait. Mais pourquoi ? Je ne sais pas pourquoi. À 68 ans, je ne comprends pas pourquoi nous avons eu certains problèmes.

John Pipper

Le mariage, un défi !

Regardons les choses en face : le mariage est difficile. Oui, nous savons que le mariage est un plaisir et toutes ces choses merveilleuses dont nous parlons souvent. Néanmoins, malgré nos meilleures intentions, la réalité des différences qui se manifestent invariablement dans la plupart des mariages nous met à genoux. En réalité, ce genre de réalité est le fruit d’une décision prise dans la prière et d’une volonté de rendre honneur et gloire à Dieu dans notre mariage.

Anonyme

Mariage et leadership

Les mariages dans lesquels l’un (ou les deux) conjoints est leader spirituel, sont confrontés aux mêmes défis que les autres mariages. Au même titre que si vous étiez cadre dans une grande entreprise ou hôtesse de l’air.

Mais certains aspects sont plus spécifiques. Différentes études, en particulier aux USA, font apparaître des difficultés particulières.

  • Les attentes de l’église, comme troupeau, qui est souvent aussi en même temps « employeur »,
  • Les difficultés financières sont souvent évoquées,
  • L’absence de cahier de charges,
  • La tentation de surinvestir…. 

L’importance d’un « bon » mariage pour qui ? 

Vous avez cette ambition, c’est heureux. Si vous avez des attentes personnelles pour votre couple, pour votre famille, des attentes intérieures. Il existe aussi des attentes extérieures. Celles de ceux dont Dieu vous a confié la charge, votre église en particulier. Et ces attentes extérieurs sont élevées, voire irréalistes. Tout le monde veut des leaders parfaits ! Donc votre couple, votre famille, doivent être parfaits ! Cela peut facilement se transformer en fardeau insupportable, exercer une pression énorme, sur vous, votre conjoint et bien sûr vos enfants. Ce qui peut même pousser à la dissimulation de difficultés pourtant communes et normales dans un couple.

Pour transcender ces fardeaux insupportables, les couples pastoraux doivent passer beaucoup de temps dans la prière, à la recherche d’une relation authentique avec Dieu et l’un avec l’autre.

Anonyme

Maturité émotionnelle

La vérité est que, pour que cela se produise, des limites saines doivent être établies afin de survivre et de s’épanouir. Et les limites saines se trouvent dans le contexte de personnes émotionnellement intelligentes, qui ont un niveau élevé de conscience de soi, sachant ce qu’elles veulent accomplir dans le processus.

Dans un article intitulé 11 signes que vous êtes un chrétien mûr sur le plan émotionnel, Peter Scazzero précise :

Votre priorité absolue est d’investir du temps et de l’énergie pour construire un mariage ou un célibat sain qui révèle l’amour du Christ à l’Église et au monde. Pourquoi ? Vous savez que la qualité et l’intégrité de votre mariage ou de votre vie de célibataire est le message évangélique le plus important que vous prêchiez. C’est un signe et une merveille qui attire les gens vers le Christ.

Peter Scazzero

Je ne saurai trop vous recommander la lecture des ouvrages de mon collègue Peter Scazzero. Liens en fin d’article.

Mettre des frontières ?

C’est ce que tout le monde dira : – Il faut mettre des frontières, faire la différence entre le ministère et la vie de famille. Est-ce si simple ? Les limites peuvent être mises si vous êtes en bonne santé. En bonne santé mentale, c’est-à-dire avant d’être épuisé par vos responsabilités de leader. En bonne santé émotionnelle. Certains théologiens ont réfléchi en quoi consiste la maturité spirituelle. Et ils sont arrivés à la conclusion que la maturité spirituelle est cette capacité à établir la différentiation de soi. 

Différenciation de soi

Puisque le Christ est l’image en laquelle le chrétien est transformé (Rm 8,29 ; Ga 4,19), la différentiation de soi serait, dans sa forme ultime, exprimée dans sa vie. Par exemple, en Jn 12,27-28, Jésus est arrivé à la prédiction de sa mort et il est clair qu’au milieu de sa souffrance, il choisit la volonté de Dieu. Il ne succombe pas à l’anxiété qui lui vaut d’être décrit comme suant du sang, mais il fait confiance à son Père. Lc 22,42 montre le Christ exprimant son désir (que la coupe s’éloigne de lui) mais notant « que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la tienne ». De même, en Jn 12, 49-50, Jésus montre qu’il est pleinement conscient de ce qu’il est et de ce qu’il fait, mais aussi que le Père lui a donné des mots à dire, ce qu’il a fait. Il ne s’agit pas d’un manque d’identité ou de personnalité, mais d’une réalité ontologique qui lui permet d’être tout en lui permettant de servir. Le Christ a également fait preuve de différentiation de soi dans les limites de ses relations quand « il a été capable de rapprocher émotionnellement certaines personnes (les disciples) et d’en tenir d’autres à distance (les pharisiens).  

Holeman.

Vous, leaders, vous devez vous différencier. Quel est votre appel ? Quelles sont vos responsabilités ? Pour ne pas les confondre avec celles de Dieu et celles des autres. Quelles sont vos limites personnelles ? À qui donnez-vous le droit de faire pression sur vous, ou pas. Envers qui êtes vous redevable ? Savez-vous dire non ? Êtes-vous sensible, dépendant de l’avis des autres ?

La conscience de soi est la première composante de l’intelligence émotionnelle. La conscience de soi signifie avoir une compréhension profonde de ses émotions, de ses forces, de ses faiblesses, de ses besoins et de ses motivations. La conscience de soi s’étend à la compréhension des valeurs et des objectifs d’une personne. Une personne très consciente d’elle-même sait où elle va et pourquoi. Les décisions des personnes conscientes d’elles-mêmes sont en accord avec leurs valeurs.

Daniel Goleman

Votre mariage est votre ministère le plus important

Avoir un ministère efficace n’est pas toujours synonyme d’un mariage sain mariage. John Wesley était froid avec sa femme, voyageait beaucoup sans la voir, et a même manqué ses funérailles. Il voyageait beaucoup sans la voir, et manquait même ses funérailles.

Le mariage de George Whitfield ressemble à un partenariat de ministère convenu et non à une relation de la passion ou de la profondeur de la relation.

Le mariage de Jonathan Edwards est celui que le lecteur voudrait certainement imiter. Edwards ne voyait « aucune dichotomie entre le travail du Seigneur et sa famille ». Il s’est engagé dans son mariage tout comme il s’est engagé dans son ministère. Il ne les considérait pas séparément. Il avait le privilège et la responsabilité d’exercer son ministère auprès de sa femme et de ses enfants. Comme Jonathan Edwards, nous ne devons pas considérer le mariage comme un simple moyen, un outil, pour un ministère sain, mais comme une partie de notre ministère.

Eric Eiger

Rappelez-vous que le mariage est un ministère évangélique. Si vous ne tenez pas votre mariage en haute estime (Hébreux 13:4), vous ne tenez pas vraiment le ministère de l’Évangile en haute estime. La taille de votre bibliothèque n’est pas un bon indicateur du sérieux avec lequel vous prenez l’Évangile. C’est dans votre mariage que l’audit doit avoir lieu. Je pense que c’est à cela que Paul veut en venir lorsqu’il demande : ‘Car si quelqu’un ne sait pas tenir sa maison, comment prendra-t-il soin de l’Église de Dieu’ (1 Tim. 3:5) ?

Extrait de l’article de Crosswalk « Husbands, Love Your Wives More Than Seminary »

Dieu comprends vos combats 

Il n’y a pas de chapitre de notre expérience qui soit trop sombre pour qu’Il le lise ; il n’y a pas de perplexité qui soit trop difficile à démêler pour Lui. Aucune calamité ne peut s’abattre sur le plus petit de ses enfants, aucune anxiété ne peut harceler l’âme, aucune joie ne peut réjouir, aucune prière sincère ne peut s’échapper des lèvres, sans que notre Père céleste ne s’en aperçoive ou sans qu’il ne s’y intéresse immédiatement. Il guérit ceux qui ont le cœur brisé et panse leurs plaies. Psaume 147:3. Les relations entre Dieu et chaque âme sont aussi distinctes et complètes que s’il n’y avait pas d’autre âme sur la terre pour partager Sa garde, pas d’autre âme pour laquelle Il a donné Son Fils bien-aimé.

Helen White in Step to Christ

Les ouvrages de Peter Scazzero recommandés :

Les chemins d’une spiritualité émotionnellement saine

Devenir un leader émotionnellement sain

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