Le piège de l'autorité : comment l'éviter ? -

0 Partages

La Bible donne de nombreux exemples de ce que doit être un bon leader spirituel, un bon dirigeant. Mais l’exercice de l’autorité contient des risques, essayons de voir ensemble : Le piège de l’autorité : comment l’éviter ?

Les leaders sains

La Bible multiple les exemples de bons dirigeants et enseignants. J’aime particulièrement Timothée et Epaphrodite dans Philippiens 2 sont des exemples de leaders. Vous savez que Timothée a fait ses preuves en se consacrant au service de l’Évangile […]

J’ai cependant estimé nécessaire de vous renvoyer mon frère Epaphrodite, mon collaborateur et mon compagnon de combat.
Phil. 2. 22 & 25

Timothée s’intéresse sincèrement au bien-être des autres et s’est toujours montré fidèle à l’œuvre de l’Évangile. Quant à Epaphrodite, il est si plein d’affection pour les chrétiens de Philippes qu’il a été bouleversé parce qu’ils s’inquiétaient de sa maladie. Il nous est demandé d’accueillir et d’honorer des personnes comme lui.
Philippiens 2 : 29.

Il ne nous est pas difficile de faire un portait de ce que doit manifester et révéler un leader sain.

L’autorité, un piège, selon Pierre

Je voudrais m’adresser, à présent, à ceux qui ont la charge de responsables de l’Église parmi vous. […] Prenez soin, comme des bergers, du troupeau que Dieu vous a confié : donnez-lui la nourriture convenable. Veillez sur lui, non par devoir et à contrecœur, mais de plein gré et avec le zèle que Dieu désire. Dévouez-vous à votre ministère, non en vue d’un profit matériel, mais avec amour et désintéressement. Ne cherchez pas à dominer sur ceux qui ont été confiés à vos soins. N’exercez pas un pouvoir autoritaire. Efforcez-vous de devenir les modèles de votre troupeau.
1 Pierre 5 : 1-3 Parole Vivante

Ce texte est particulièrement explicite.

Ne cherchez pas à dominer sur ceux qui ont été confiés à vos soins. N’exercez pas un pouvoir autoritaire.
1 Pierre 5 : 3

L’autorité = pouvoir

Qui dit autorité, dit pouvoir, et vous connaissez cette citation :

Le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument.
Emerich Acton

La question est : pourquoi et comment le pouvoir corrompt-il les dirigeants ? La réponse est à la fois complexe et simple. Le leadership, à la base, est une question de pouvoir et d’influence. Les dirigeants utilisent leur pouvoir pour faire avancer les choses. Une distinction simple est faite entre deux formes de pouvoir. Le pouvoir socialisé est le pouvoir utilisé au profit des autres. […] L’autre forme de pouvoir est appelée pouvoir personnalisé et consiste à utiliser le pouvoir à des fins personnelles. Il est important de noter que ces deux formes de pouvoir ne s’excluent pas mutuellement. Un dirigeant peut utiliser son pouvoir au profit des autres, mais il peut aussi en tirer un bénéfice personnel. Le problème évident se pose lorsque le pouvoir personnalisé domine et que le dirigeant s’enrichit, souvent aux dépens de ceux qui le suivent. […] Les dirigeants peuvent également être « intoxiqués » par le pouvoir, c’est-à-dire adopter des comportements répréhensibles simplement parce qu’ils le peuvent et qu’ils peuvent s’en tirer […] Certains ont suggéré que le président Clinton a eu une aventure sexuelle avec la stagiaire Monica Lewinsky simplement « parce qu’il le pouvait .»
Ronald E. Riggio

Dévouez-vous à votre ministère, non en vue d’un profit matériel, mais avec amour et désintéressement.
1 Pierre 5 : 2b Parole Vivante

Éviter le piège de l’autorité, revenir à la source de l’autorité

Vous exercez des responsabilités ? Impossible de ne pas être conscient de leur importances de l’enjeu, de la nécessité d’assumer pleinement la charge, la mission, qui vous a été confié. Vous avez été élu, choisi, désigné, par votre Église ou vos responsables ? Désormais, vous êtes sous certaines pressions. De celle positive « de bien faire, d’être à la hauteur », à celle plus inquiétante de croire que « vous êtes quelqu’un » puisqu’on vous a fait confiance ! Paul n’est pas tombé dans ce piège.

Je suis plein de gratitude envers celui qui m’a rendu puissant, Jésus-Christ, notre Seigneur, parce qu’il m’a estimé digne de confiance quand il m’a institué dans un ministère, moi qui étais auparavant un blasphémateur, un persécuteur, un insolent. J’ai cependant été traité avec compassion.
Col 1 : 12 & 13

L’autorité de Paul avec laquelle il s’adresse à Timothée ne vient pas de lui, mais de celui qui l’a rendu puissant… qui l’a estimé digne de confiance et qui l’a institué dans son propre ministère. Paul a déjà fait référence à son passé de persécuteur dans ses autres épîtres (1 Co 15.9 ; Ga 1.13 ; Phi 3.6). Sa conversion est comprise comme une marque de la grâce de Dieu qui a retourné sa vie. La grâce, c’est qu’il a été traité avec compassion alors qu’il était blasphémateur.
Antoine Nouis

C’est Dieu qui vous a confié les responsabilités que vous assumez, quelles qu’elles soient. Petites ou grandes, homme ou femme, jeune ou vieux. C’est Dieu qui vous a placé là. N’oubliez pas que c’est le résultat de la grâce de Dieu en dépit de qui vous êtes ou avez été… Et que vous êtes toujours pécheresse ou pécheur gracié !

Quelle culture pour éviter le piège de l’autorité ?

Nous discernons le caractère des dirigeants – et de tous les autres – non pas en fonction de leur absence de péché, mais en fonction de leur marche dans la repentance et la foi. Paradoxalement, cela peut être particulièrement difficile pour les responsables s’ils pensent que les membres de l’Église attendent d’eux qu’ils soient sans péché. Si l’approbation de l’Église dépend du maintien d’une façade, il est facile de faire semblant et difficile d’être honnête. Les responsables doivent prendre le taureau par les cornes. Nous devons créer une culture d’Église remplie de grâce qui rende la repentance plus facile (elle n’est jamais totalement facile) plutôt qu’impossible. Voici quelques idées qui peuvent nous aider :

En tant que responsable, reconnaissez publiquement que vous faites des erreurs. Ne vous présentez jamais comme une personne sans péché.

Ne cherchez pas à vous disculper, à vous excuser de petites erreurs. Si vous le faites, vous le ferez aussi dans des domaines plus importants.

Marcus Honeysett

Vous avez un pistolet dans la main !

J’ai entendu, dans un podcast, que l’autorité est comme un « pistolet dans la main d’un leader », qu’il le veuille ou non, voici pourquoi.

Marcus Honeysett ajoute un point :

Faites en sorte qu’il soit facile pour les gens de vous corriger dès le début. S’ils ne peuvent pas le faire à ce moment-là, ils ne le feront certainement pas plus tard.

Ce point me parait décisif autant que délicat. Tout le monde sait qu’il est tellement difficile de reprendre un responsable. Pourquoi ? Parce que l’autorité, le pouvoir constitue naturellement, fondamentalement une menace pour celui qui ose formuler une critique. Si l’autorité est contestée, elle se retourne presque toujours contre celui qui la conteste Regardez, les lanceurs d’alertes sont souvent les premières victimes du pouvoir de l’autorité. Dans le monde des affaires comme dans les milieux chrétiens. Après la chute grands leaders chrétiens, la « mécanique » a été dévoilée. Celui ou celle qui a osé émettre une critique a été taxé de vouloir nuire au ministère en place, à la structure rue à l’Église concernée. La prise de position courageuse s’est retournée contre ceux qui ont eu le courage de formuler une marque u dote, au point d’être mis au banc des accusés. Soyez conscient que votre position d’autorité est un obstacle très difficile à surmonter pour ceux qui auraient une critique, une remarque fraternelle, à formuler à votre encontre.

Comment éviter le piège de l’autorité ?

Marcus Honeysett fait cette recommandation :

Soyez clair et public sur les limites de l’autorité et de son fonctionnement dans l’Église.

Demandez régulièrement aux autres d’évaluer s’il y a quelque chose qui mettrait l’Église « en danger » de manipulation ou de pratique coercitive du leadership. Un signal d’alarme est tout ce qui est fait à des fins évangéliques mais pas par des moyens évangéliques.

Faites en sorte qu’il soit facile et sûr, plutôt que dangereux, pour les gens de faire part de leurs inquiétudes concernant les dirigeants. Soyez proactifs en mettant en place des systèmes, des structures, et des personnes qui remettent en question le leadership.

Faire en sorte que les dirigeants soient soumis à des tests de caractère : prière, humilité et manifestation du fruit de l’Esprit Saint. Plutôt que la confiance, la compétence, l’enthousiasme ou la personne que nous aimons.

Une grande question que tous les dirigeants devraient se poser est la suivante :

Quels sont les garde-fous qui seraient suffisamment solides pour me protéger, ainsi que tous les autres, de la pire version de moi-même ?

Ce n’est pas totalement infaillible, rien ne l’est. Mais ceux qui la mettent en œuvre ont très peu de chances d’être des loups.
Marcus Honeysett

Le vrai usage de l’autorité

Paul encourage Tite à user d’autorité.

Dis ces choses, encourage et reprends avec une pleine autorité.
Tite 2 : 14

Mais pour dire « ces choses » pas pour d’autres. C’est à dire :

L’universalité de la grâce divine et les excellents buts pour lesquels elle est donnée, la venue du Christ pour le jugement, la fin pour laquelle il est mort lors de sa première apparition sur terre, et le caractère de son peuple comme zélé pour les bonnes oeuvres ; parle et exhorte – Montre-leur leur devoir, et exhorte-les à s’y conformer.
Benson

Le sens ici est qu’il devait le faire avec détermination, sans ambiguïté, sans compromis et sans rien cacher. Il devait déclarer ces choses non pas comme un avis ou un conseil, mais comme une exigence de Dieu.
Barnes

Tout ce que je t’ai dit dans cette épître, je l’ai dit pour que tu puisses le dire aux autres dans le même sens, et les persuader de le mettre en pratique. Et reprends avec autorité ; quand tu auras à reprocher à quelqu’un ses erreurs, ne le fais pas impérieusement, mais avec douceur ; ni même légèrement et superficiellement, mais avec toute la gravité et l’autorité voulues.
Matthew Poole