Quel leader êtes vous ?

Portrait-robot du leader dysfonctionnel

Cet article n’est pas un cours de leadership. Mais un partage d’expérience. Vous savez comment on établit un portrait-robot ? On associe plusieurs traits distinctifs du visage, la forme du nez, de la bouche, des sourcils, les lunettes… Quand les bons éléments sont réunis, il est possible de reconnaitre une personne. Je vous propose certains traits distinctifs et constitutifs d’un leader toxique ou dysfonctionnel. Plusieurs de ces caractères associés pourraient constituer le portrait d’un(e) leader dysfonctionnel(le). Prudence cependant  : un portrait-robot n’est jamais la photo d’une personne réelle, mais juste une esquisse approchante … Donc pas de jugement hâtif !

Qu’est-ce qu’un leader dysfonctionnel

Leader toxique est un terme inventé par l’experte en leadership Jean Lipman-Blumen. Elle le définit comme :

Un individu qui, en vertu de ses comportements destructeurs [toxiques] et de ses qualités personnelles dysfonctionnelles [toxiques], inflige un préjudice grave et durable aux individus, groupes, organisations, communautés et nations qu’il dirige.

https://www.mbabrief.com/what_is_toxic_leader.asp

Quelque’un disait : 

Le leader toxique « tue » les personnes et les projets !

L’entonnoir

Certains leaders sont des entonnoirs. Tout doit passer par eux, pour être vérifié validé, contrôlé. Ce qui ralenti tous les processus dans l’organisation, jusqu’à mettre les collaborateurs sous pression, et provoquer des crises. Par ailleurs le phénomène d’entonnoir stérilise les initiatives de ceux qui travaillent avec le leader. Puisque tout doit être validé et approuvé, parfois même censuré par le leader ! Cette manière de contrôler asphyxie toute créativité. J’ai vécu un moment difficile à l’ombre d’un entonnoir, alors que je débordais d’idées et de bonne volonté ! Mon mentor, mon directeur à l’époque, à dû me retirer un temps de cet engagement, afin que je survive.

Le patron

Pour lui, l’Église, ou l’œuvre chrétienne doit être gérée comme une entreprise ! Il faut des objectifs, des budgets, des plans de développement, des entretiens de progrès, des résultats…. Bref appliquer ce qui fonctionne dans le monde de l’entreprise… Certes l’oeuvre de Dieu réclame des compétences de gestionnaire. Mais lui privilégie le projet et néglige les personnes. Il oublie que le leader spirituel est un serviteur, pas un patron. Au point d’épuiser les personnes et les relations qui doivent être fraternelles avant d’être hiérarchiques. Être patron est bien différent d’être leader spirituel.

Le solitaire

Le trait dominait de ce leader fait qu’il est incapable de former, d’autres, de « se reproduire ». Incapable de mettre en pratique ce que Paul recommande à Timothée : 

Ce que tu as entendu de moi en présence de nombreux témoins, confie-le à des personnes fidèles qui soient capables de l’enseigner aussi à d’autres.

2 Tim 2 : 2.

Ce leader ne manque pas d’initiatives, il crée volontiers ses propres outils – d’autant plus qui pense être le seul à avoir les bons ! J’en ai connu plusieurs qui ont pourtant été encouragés et formés par un leader, qui lui, avait mis pratique ce verset. Un comble ! 

Le procrastinateur

On s’en doute ce leader remet toujours les décisions à plus tard. Il prie, il réfléchit, il échange avec son équipe pourtant ! Mais ne tranche pas. La décision ne vient jamais. Tout le monde en souffre, manque de vision, de perspectives, d’objectifs. Certaines situations peuvent pourrir. Les régler bénéficierait à tous ceux qui sont concernés. Une faiblesse particulière du procrastinateur est sa difficulté d’affronter les confits !

L’accapareur 

Ce leader dysfonctionnel s’accapare les personnes ou les moyens de la structure afin de developper son ministère à lui. Il s’adjoint une ou des personne, sans songer ni au développement de leur ministère ni à leur intérêt propre. Il quitte son poste ? Ceux ou celles dont il s’est accaparé les compétences se retrouvent sans perspectives. Ils n’ont pas été préparés. L’accapareur peut aussi utiliser les moyens ou les outils de la structure au profit de ses projets personnels. La publication de livres, en quantité surévaluée par un accapareur, a bien failli « couler » une structure nationale dans laquelle j’ai servi plusieurs années.

Le surbooké

Il a un emploi du temps surchargé. Toujours un pied dans le prochain projet. Il court… vous devez courir derrière lui. Obtenir un entretien avec lui tient du prodige. Il laisse toujours des consignes incomplètes ou évasives. Ses collaborateurs doivent jongler et compléter les données manquantes. Il doivent faire des prouesses pour que la structure, l’Église, fonctionne sans accrocs ! Ils sont stressés et insatisfaits et parfois épuisés… comme le leader surbooké lui même, qui refuse de l’avouer ! De plus, le surbooké est toxique en ce qu’il transmet une fausse vision du leadership et incite les autres à l’activisme, et ne reconnait pas son besoin de repos sabbatique !

Le gardien du temple

Ce leader se sent investi d’une mission particulière : celle de défendre « des valeurs »… On ne sait pas toujours très bien lesquelles d’ailleurs ? Celles d’un héritage historique, d’un héritage familial  – cela se produit même dans l’œuvre de Dieu ? Des valeurs théologiques ? Ou une combinaison toute personnelle ? Il défend son rôle de gardien du temple, quitte à être seul contre tous. Du coup il résiste aux changements. Même si ceux-ci sont justifiés. Au nom de la défense de ses valeurs… à lui ! Ceux qui l’entourent sont, à ses yeux, automatiquement disqualifiés. Du même coup le gardien du temple ne peut pas être remis en question. Il est protégé par les valeurs qu’il défend ! 

Le rigide

Il y a plusieurs versions de ce leader dysfonctionnel. Celui qui, convaincu de sa vision au point de devenir imperméable à toute idée nouvelle. En particulier à la critique de son leadership. Rigide, il n’est pas réceptif aux idées d’autrui. Une variante est celle du leader qui pense que tout se règle par une réponse biblique appropriée. Pour chaque situation, conflit, crise ou face à une évolution nécessaire, il a la médiation biblique de circonstance, appropriée, sensée résoudre la question. Ce faisant il ne traite pas les questions en ne propose pas de décisions.

L’objecteur 

L’objecteur, lui aussi peut utiliser la Bible pour repousser toute proposition toute remise en question. L’objecteur a l’art de réfuter tout ce qui lui est proposé ou suggéré. Je me rappelle avoir eu une conversation avec un ancien d’une Église d’une grande ville de province. Il se désolait des difficultés à recruter de jeunes anciens, mais réfutait tous les arguments que j’avançais. Comment s’adapter, être ouvert à de nouvelles réflexions, procédures… si on objecte tout !

Le manipulateur

Une catégorie qui peut se révéler dangereuse et compliquée à identifier. Souvent sous un abord très spirituel, il agit dans l’ombre, en allant de l’un à l’autre, quémandant l’avis de chacun, mais en restituant les choses reformulées à son avantage… Il fait souvent  une forme de chantage affectif : « Tu n’es pas d’accord avec moi ? Alors tu es contre moi ? » Critiquant sous couvert de vérité. Tendant des pièges sans que l’on s’en doute… Il dit certaines chose à certains, mais des choses différentes à d’autres. Il fait en quelque sorte perdre le nord à tout le monde. Il peut déstabiliser les plus solides, et provoquer un vrai blocage dans les instances et la structure elle-même. Au point que plus personne ne discerne l’objectivité et la vérité. 

L’épuisé

C’est probablement une victime. D’un dysfonctionnement de l’oeuvre ou de l’Église, qui lui en demande trop, sans s’en rendre compte. À moins que ce soit lui qui ne sache pas dire non ! Quelqu’en soit la cause, les réservoirs de ce leader sont vides – lisez les articles ci-dessous. Il aurait besoin de repos. Son cahier de charges devrait être revu, certaines contraintes de son ministère allégées… Mais qui se préoccupe de sont état ? Roberto Alamada écrit :

Les religieux ressentent l’obligation de travailler durement et avec un grand dévouement, avec le sentiment de culpabilité qui en résulte quand ce but n’est pas atteint. « Si on te demande de faire quelque chose, Dieu te donnera grâce pour le faire. » Cette idée fréquente au sein des religieux réduit la possibilité de dialogue à propos du travail et de la capacité à le réaliser entre le supérieur hiérarchique donne une lettre de mission et qui celui qui l’accepte.

Le burn out des bons samaritains ED. Nouvelle cité page 86 & 87.

Ce sont l’état spirituel et physique de l’épuisé qui sont le problème de ce leader. C’est précisément à cause de son épuisement, qu’il est dysfonctionnel. Tout est de trop pour lui. Il n’est plus objectif, il n’a plus d’objectifs ! Ses émotions le submergent. Il est proche du burn-out… si ce n’est déjà fait ! Durant mon épreuve j’ai été déchargé par ma Mission de toutes responsabilités ministérielles durant six mois. J’étais épuisé émotionnellement par près de 20 ans d’épreuve. J’étais moi-même en danger, et forcément dysfonctionnel dans mon leadership spirituel ! L’accompagnent fraternel dont j’ai bénéficié m’a permis de refaire surface.

Des dysfonctionnements spirituels

Ces leaders ne portent pas les fruits de l’Esprit… Il y a ceux qui considèrent les autres inférieurs à eux. Ceux critiquent d’autres leaders pour se valoriser.  Ceux qui font preuve de favoritisme…  qui ont de fréquents accès de colère…  qui  mentent d’une manière « douce »… qui cherchent à écarter ou à marginaliser leurs collaborateurs plutôt que de viser leurs progrès Ceux qui manquent de transparence. Ceux qui d’abusent de leur pouvoir et ceux qui refusent de l’abandonner. Ceux qui ne se laissent rien dire, qui ne sont redevables à personnes. 

Conclusion

Toutes ces formes de dysfonctionnement font du tort à la cause du Christ, à l’Église. Elles nuisent aux personnes empoisonnent l’enthousiasme, la créativité, l’autonomie et l’expression innovante. Attristent l’Esprit ! Malheureusement ces leaders dysfonctionnels  peuvent persévérer dans ce comportement durant des années, parce qu’il présentent, par ailleurs, une personnalité charismatique et charmante. Personnellement je réalise que mon coté  « procrastinateur », ma difficulté à affronter conflits, a souvent desservi les personnes et les structures dont j’avais la responsabilité spirituelle.Bien se connaître, forces, faiblesses, vulnérabilité, est un atout pour le leader spirituel.

Et vous, quelle tendance décelez vous dans votre leadership ? Quel(s) trait(s) dysfonctionnel(s) observez-vous chez vous-même ? Faites-en un sujet de prière et de progrès avec l’aide de Dieu. 

Dans un prochain article je dessinerai les traits d’un portrait-robot du leader spirituel qui reflète Christ.

https://paroledementor.com/objectif-mentorat-les-5-reservoirs
L’objectif du mentorat, « Les 5 réservoirs » 2ème partie
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