Au soir de la vie : 4 leaders partagent leurs réflexions 1/2

À partir d’un certain âge, les questions profondes changent. Le grand départ approche ! Avec l’âge, les préoccupations ne sont plus les mêmes. J’ai demandé à quatre leaders, auteurs sur ce blog, de répondre à quelques questions et de partager leurs pensées intimes.

Linda Oyer (LO)

Roy King

Roy King (RK)

Cet article est la première partie de leur réponses.

1° Lorsque tu apprends le décès d’une personne qui n’a que quelques années de plus que toi, quelle est ta réaction ?

LF : J’ai perdu deux amis plus âgés ces dernières semaines. L’un qui était mon directeur de campagne d’évangélisation et mon ami de longue date. Il est décédé en Australie âgé 90 ans. L’autre, ancien président du séminaire Gordon Conwell vivait près de chez nous est décédé à 90 ans. Il était mon interlocuteur privilégié pour ce qui concernait le Moyen-Orient, la connaissance de la Bible et la sagesse en matière de leadership. J’ai ressenti pour les deux un mélange de perte profonde et de gratitude pour eux. Et un rappel de la brièveté de la vie. Mais, de plus en plus, j’éprouve l’ampleur de la perte dans ma vie. Quelqu’un a dit que la vie est toujours une symphonie inachevée. Pour ceux qui en sont à mon stade, j’aurai 90 ans en octobre, cette série de pertes d’amis et de collègues semble être une procession sans fin ! Personnellement, la mort de tout ce qui m’est précieux, y compris celle d’un chien adoré, me fait pleurer. Il semble que rien ne dure !

LO : Le décès de quelqu’un de mon âge me met face à ma fragilité, ma propre mortalité et le fait que mes jours sont comptés. Ce rappel me pousse à réfléchir à ma propre mort. Pas dans un sens morbide, d’imaginer ma mort, mais plutôt pour apprendre à vivre avec le temps qui me reste. À revenir à l’essentiel, à laisser tomber des choses secondaires. Regarder la mort en face peut nous apprendre à vivre, à bien vivre le jour d’aujourd’hui. C’est surement le sens du Psaume 90 : 12, 

Fais-nous savoir comment évaluer le temps qui nous reste à vivre, pour que nous découvrions la sagesse du cœur. 

RK : Je réalise de plus en plus ma vulnérabilité. Plus jeune, la mort d’un proche m’attristait, mais  j’avais tendance à penser : « Ça ne m’arrivera probablement pas ! ».  Maintenant, à presque 67 ans, je sens que cela aurait tout aussi bien pu être moi. Mais je suis conscient que je remplace les anciens qui quittent la scène et que j’occupe alors un nouvel espace au sein des générations.

MS : À cause de mes expériences concrètes avec la mort, depuis l’âge de 10 ans et de la perte de ma femme dans la cinquantaine, j’ai une approche différente des réalités de la mort. Les émotions primaires sont un sentiment de perte dans cette vie, parfois une profonde tristesse, mais aussi des quantités extrêmes d’espoir. Je pense que je gère bien mes émotions profondes, mais le sentiment d’espoir est très très réel.

2° En attendant ton départ pour la gloire, quelles sont les principales certitudes sur lesquelles tu t’appuies ?

LO : Mes principales certitudes sont : Dieu est un Dieu de vie, un Dieu relationnel et un Dieu d’amour qui s’est incarné en Jésus-Christ. Un Dieu qui désire partager sa vie avec l’être humain et qui est en train de faire toutes choses nouvelles.

LF : Je viens de sortir de mon étagère un exemplaire du Catéchisme de Heidelberg, qui m’a été dédicacé par un ami proche (lui-même décédé il y a des années) en 1954, alors que nous étions ensemble au séminaire. Je ne peux guère faire mieux que d’inclure ces paroles et ces Écritures puissantes. Il y a tellement de choses qui dépassent notre imagination dans la vie éternelle qui nous attend. Je ne peux que m’appuyer sur les paroles de Jésus qui m’a été si fidèle dans la vie, et en particulier dans Jean 14. 

C’est que, dans la vie comme dans la mort, j’appartiens, corps et âme, (1. Rom. 14:7-9) non pas à moi-même (1 Cor. 6:19-20), mais à Jésus-Christ, mon fidèle Sauveur : (1 Cor. 3:23; Tite 2:14)par son sang précieux, (1 Pi. 1:18-19) il a totalement payé pour tous mes péchés (1 Jean 1:7; 1 Jean 2:2. Et m’a délivré de toute puissance du Diable : (Jean 8:34-36; Héb. 2:14-15; 1 Jean 3:8) il me garde si bien (Jean 6:39-40; Jean 10:27-30; 2 Thess. 3:3; 1 Pi. 1:5.) qu’il ne peut tomber un seul cheveu de ma tête sans la volonté de mon Père qui est dans les cieux (Matt. 10:29-31; Luc 21:16-18),  et que toutes choses doivent concourir à mon salut (Rom. 8:28). C’est pourquoi, par son Saint-Esprit, il m’assure la vie éternelle (Rom. 8:15-16; 2 Cor. 1:20-22; 2 Cor. 5:5; Éph. 1:13-14.) et me rend prêt et disposé à vivre désormais pour lui, de tout mon cœur. Rom. 8:14

Cathechisme de Heidelberg Introduction Question 1

MS : Je n’ai jamais été un adepte des versets clés. J’ai cherché à construire ma compréhension et ma foi sur les grands concepts d’un Dieu qui voit les choses très différemment de moi. Dans tous les défis de la vie, je dis très simplement : – Pourtant, je lui ferai confiance ! Bien qu’humainement je ne sois pas encore prêt à partir, j’aspire au paradis.

RK : La certitude d’être avec Jésus et que ce sera comme arriver à la maison. 1 Cor 15. J’ai l’assurance de participer à sa résurrection.

Dieu est un Dieu de vie, un Dieu relationnel et un Dieu d’amour qui s’est incarné en Jésus-Christ. Un Dieu qui désire partager sa vie avec l’être humain et qui est en train de faire toutes choses nouvelles.

Linda OYER

3° Que penses-tu que Dieu attende de toi dans cette phase de ton leadership ?

RK : Robert Clinton, dans son modèle de croissance du leader, parle de convergence et de rémanence. J’ai l’impression d’être en convergence dans la plupart des aspects de ma vie, et  je voie poindre une certaine rémanence.  La convergence implique de faire un inventaire de ce que Dieu m’a enseigné et donné et de dire non à beaucoup de bonnes choses pour me concentrer sur la transmission de mon bagage. La rémanence consiste à prendre du recul par rapport à mes activité et à me contenter d’être aimé et chéri par Dieu, même si ma productivité diminue.

LF :  Mon appel principal est d’être amoureusement fidèle à ma femme Jeanie. Je suis physiquement bien et assez fort pour mon âge. Elle a des difficultés avec les yeux, l’ouïe et la voix (à cause de la polio qu’elle a eue dans sa jeunesse). Son énergie a beaucoup diminué. Prendre soin d’elle – comme elle a pris soin de moi pendant des années – est donc la priorité. Aussi, continuer à écouter et à encourager les jeunes leaders – ou anciens jeunes ! – que je guide vers une vocation forte.

LO : Le mot clé de mon ministère a toujours été la transmission par l’enseignement, la prédication et les conférences. Dans cette phase actuelle,  la transmission  reste le mot clé, mais prend une forme différente. Il passe plutôt par le un à un, des situations informelles de discussion et j’espère, par l’exemple, l’être.

MS : Il semble clair pour moi et pour les personnes qui m’entourent qu’en cette saison, mon rôle est de servir comme une personne de sagesse. Au-delà de mes opinions, de mes idées ou même de mes enseignements. Et developper la capacité de rassembler tout ce que Dieu a placé dans mon cœur, ma foi et ma confiance au cours des 45 dernières années. J’aime ce rôle.

 4° Discernes-tu une préparation spécifique de l’Esprit Saint dans cette phase ?

LF :  Les psaumes de lamentation et de louange, bien sûr. J’ai aussi été béni cette année en lisant Paraboles de la Croix de Lilas Trotter, une artiste anglaise douée qui a quitté une carrière promise pour aller en Algérie et y exercer son ministère. Ses paroles sur « la mort, la porte de la vie », illustrées par ses croquis de plans à l’aquarelle, m’ont aidée à lire lentement.  On peut le trouver en ligne et je le recommande.

Au cours de cette dernière année de confinement, et surtout pendant les jours sombres et lugubres de l’hiver, j’ai eu quelques périodes de solitude (le leadership est solitaire !) et d’isolement. Et le fait d’écrire mes émotions, mes désirs, mes doutes, mes peurs, dans mon journal et mes poèmes m’a aidé.

Le chant a été une bénédiction très spéciale. Assis sur notre véranda, tôt le matin, Jeanie encore endormie et notre chien à mes côtés, j’ai trouvé du réconfort en chantant certains des grands hymnes et chants de louange anciens. « Quand la paix, comme une rivière, accompagne mon chemin…. » Et ainsi de suite ! Et Buddy semble aussi apprécier mes chants !

 RK : Je sens une augmentation du combat spirituel et de l’intensité des tentations. C’est une bataille pour mon esprit et mes pensées. Comme ma capacité sexuelle diminue, l’intensité de la convoitise semble être un plus grand défi.  Le bien le plus précieux que j’ai et que je peux donner en amour à Dieu, à ma femme et à d’autres personnes proches, c’est d’avoir un cœur sans partage – un cœur et un esprit sans murs cachant des péchés secrets.

LO : J’aimerais écrire deux livres avant ma mort. L’un sur la spiritualité de chaque évangile (Quatre évangiles, quatre spiritualités) et l’autre sur l’accompagnement spirituel.

MS : Le rôle de l’immobilité, du silence et de la solitude, qui coïncide bien aussi avec l’isolement de la pandémie mondiale. J’écoute aussi continuellement la voix du Père à travers l’Esprit et j’enseigne aux autres comment entendre cette voix. Et enfin, accéder à une plus grande profondeur dans ma propre âme afin de conjuguer à la fois sagesse humaine et sagesse divine.

A suivre…

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