Nos limites sont-elles un handicap ?

Cet article est la continuité des précédentes correspondances avec Jean-Marie : https://paroledementor.com/lettre-ouverte-a-un-jeune-leader-eprouve et https://paroledementor.com/nommer-ses-ennemis-interieurs

Bien cher Jean-Marie*,

Je trouve tes progrès dans l’apprentissage et la gestion de tes limites, qui résultent des faiblesses de ta santé, très encourageants. J’aimerais reformuler une partie de notre dernier entretien téléphonique. 

Quel regard sur tes limites ?

Je remarque que ce que je t’ai écrit dans mon premier courrier « envisager nos limites comme un don » te donne matière à réflexion. Cette proposition revient fréquemment  dans nos conversations. Je suis conscient que pour toi, certains jours sont plus difficiles que d’autres. L’idée de dépendre toute ta vie de médicaments peut te paraitre lourde, difficile à gérer, et même handicapante. J’aimerais revenir sur ce point. Nos limites sont elles un handicap ou une opportunité ?

Joni

Laisse moi te raconter ce témoignage qui m’a marqué. J’ai participé à Amsterdam 2000, semaine qui a rassemblé 10 000 évangélistes du monde entier à l’appel de Billy Graham. Joni Eareckson était l’une des intervenante. Dans son fauteuil elle s’est avancée devant tous un matin. Elle a raconté :

Plusieurs évangélistes sont venus me voir hier soir pour de dire qu’ils avaient la conviction que Dieu voulait me guérir et ils voulaient prier pour moi. Je leur a répondu : – Je n’y suis pas opposée, si vous voulez !  Et vous voyez, ce matin je suis toujours dans mon fauteuil roulant. Vous savez, quand je me réveille le matin, je vois mon fauteuil et je suis obligée de dire au Seigneur : – Tu sais que je n’ai pas les forces pour passer du lit au fauteuil, c’est chaque fois un combat pour pour, je t’en prie Seigneur accorde moi tes forces.  Plus tard dans la journée quand je veux me rendre au bureau, je dois passer du fauteuil au volant de ma voiture, et je dois demander à Dieu ses forces. C’est ainsi tout au long de ma journée. Mais d’autres se lèvent le matin, partent à leur travail, accomplissent leurs projets sans jamais avoir besoin l’aide de Dieu. Qui sont les « handicapés » ; ceux qui ne peuvent pas se passer de l’aide et du secours de Dieu ou ceux qui peuvent s’en dispenser ? 

Rapporté de mémoire

Handicapé du coeur !

Deux ans auparavant j’ai été invité par Joni pour être orateur à ses cotés lors d’un week-end à Genève destiné au lancement de son ministère en France Suisse et Belgique. Il fallait qu’un lit soit installé dans le coulisses pour que Joni puisse se reposer, changer de position pour éviter les escarres. Manipuler le fauteuil roulant d’une personne handicapée demande un minimum d’expérience. Faute de quoi des manœuvres inappropriées peuvent lui infliger des douleurs. Évidement, touchées par la situation de Joni, certaines personnes, inexpérimentées se précipitaient pour l’aider. Plutôt que de se protéger, Joni acceptait avec bienveillance, sans murmures, l’aide de ces maladroits bien intentionnés. Après 48 heures passées à ses côtés, à la voir s’entretenir avec tout un chacun,  à l’écouter prêcher, ma conclusion a été rapide et sans appel. Je voyais tellement Jésus en Joni. L’handicapé, c’est moi… handicapé du coeur ! D’ailleurs, n’est-ce pas ce handicap que Dieu transformer avant tout ?

Ma puissance dans la faiblesse

Nous connaissons parfaitement ce verset de Paul :

J’ai reçu une écharde dans le corps, un ange de Satan pour me frapper et m’empêcher de m’enorgueillir.  Trois fois j’ai supplié le Seigneur de l’éloigner de moi, et il m’a dit: «Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse.» Aussi, je me montrerai bien plus volontiers fier de mes faiblesses afin que la puissance de Christ repose sur moi.  C’est pourquoi je me plais dans les faiblesses, dans les insultes, dans les détresses, dans les persécutions, dans les angoisses pour Christ, car quand je suis faible, c’est alors que je suis fort.

2 Cor 12 : 7b à 10

Je t’avoue que j’ai du mal à parler comme lui : « C’est pourquoi je me plais dans les faiblesses, dans les insultes, dans les détresses, dans les persécutions, dans les angoisses.. » Quelque chose se rebelle en moi. Il n’empêche : je vieilli, je vois s’installer nouvelles limites, mes forces et mes capacités diminuent. Je dois gérer cette nouvelle étape de ma vie. Pourtant j’ai compris qu’accepter mes limites, c’est faire de la place pour recevoir d’avantage la grâce de Dieu. Et que mes limites, m’aident à developper ma dépendance et ma reconnaissance envers le Seigneur. C’est presqu’un autre sujet !

Une opportunité

Mère Théresa, qui luttait contre la dépression, a écrit :

En ce qui concerne le sentiment de solitude, d’abandon, de ne pas être désiré, de ténèbres de l’âme, c’est un état bien connu des auteurs spirituels et des directeurs de conscience. C’est voulu par Dieu pour nous attacher à Lui seul, un antidote à nos activités extérieures, et aussi, comme la tentation, un moyen de nous maintenir humbles au milieu des applaudissements, de la publicité, des louanges, des appréciations, etc. et du succès. 

Mère Théresa livre Comme Be the light https://spagmag.com/articles/having-struggles/inspirational-people-believers-who-suffered-depression/

C’est ce qu’ont exprimé Joni, et Paul chacun à leur manière. Je me dit qu’il y a là aussi une fenêtre ouverte pour toi. T’attendre à plus dépendance, à plus d’intimité avec Dieu. L’occasion de découvrir Dieu d’une manière inattendue et inespérée, surnaturelle !

Un exemple  

Je ne sais pas si tu as entendu parlé de Sheila Walsh, artiste qui collabore avec l’association Billy Graham. En lisant cette citation j’ai pensé à toi.

Chaque matin,  Sheila prend un verre d’eau pour faire passer ses médicaments. Avec une prière d’action de grâce pour les médecins, l’auteur et conférencière de renom avale son antidépresseur.

https://www.charismanews.com/culture/51159-when-famous-christians-suffer-public-depression

Remercier Dieu chaque jour pour tes médicaments et tes médecins…. J’imagine que tu y as déjà pensé. Mais quelle opportunité ! Ce matin je lisais ce commentaire d’Alphonse Nouis à propos de cette affirmation de Paul : 

J’ai tout ce qu’il me faut…

Phil 4:18 NBS

Lorsque Ésaü retrouve son frère Jacob, il lui dit : Je suis dans l’abondance (j’ai beaucoup), et Jacob répond: J’ai tout ce qu’il me faut (Gn 33.9-11.). La différence entre les deux frères est essentielle. Dire que nous avons beaucoup, c’est laisser entendre que nous pouvons avoir encore plus, nous sommes dans l’ordre de la comparaison. Dire que nous avons tout ce qu’il nous faut, c’est se déclarer parfaitement heureux avec ce que nous avons, c’est avoir quitté le registre de la comparaison pour celui de la gratitude, c’est considérer que ce que nous avons est une grâce et que cette grâce nous suffit. Déclarer j’ai tout ce qu’il me faut n’est pas une expérience ni un sentiment, c’est une décision.

Le NT commune verset par versets Ed. Olivétan Salvator  Vol; II page 1253

Je prie que Dieu t’offre encore de nombreuses découvertes de sa présence et de la suffisance de sa grâce. Non tu n’es pas handicapé par tes limites ! Oui Dieu te précède sur ce chemin difficile. En t’abandonnant et en dépendant de Dieu, ce qui sera une discipline à renouveler sans cesse, tu vas expérimenter sa présence dans ta vie.

Reconnaissant de cheminer à tes cotés, sois assuré de toute mon amitié fraternelle.

Ton mentor

Alain

  • Le prénom a été changé, cette correspondance n’est pas une fiction !
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