rencontrer Dieu dans le silence

Rencontrer Dieu dans le silence : 3 écueils à surmonter et une invitation

Pratiquer le silence et entrer dans la présence de Dieu semble simple ! Dans notre vie moderne, cela peut se révéler difficile. Nous sommes souvent entraînés par des rythmes effrénés, des responsabilités et des attentes, et nos tentatives de faire silence pour écouter Dieu sont fréquemment interrompues. Ce texte explore trois obstacles majeurs à notre quête du silence spirituel. Rencontrer Dieu dans le silence : 3 écueils à surmonter, et une porte ouverte.

La tyrannie du faire

Henri Nouwen décrit la tyrannie du faire comme un piège constant. Nos vies, remplies de tâches, d’engagements et de résultats à atteindre, nous plongent dans une course sans fin où l’activité prend le dessus sur la contemplation. Nos jours sont souvent rythmés par des obligations sociales et professionnelles qui deviennent une façon de définir notre identité. Dans ce contexte, l’action, même pour Dieu, peut rapidement devenir un simple prolongement de notre désir de résultats.Et comment faire silence pour entrer dans la présence de Dieu ?

Peter Scazzero souligne que le travail pour Dieu qui n’est pas nourri par une « vie intérieure profonde avec Dieu » finit par se corrompre.

Le travail pour Dieu qui n’est pas nourri par une vie intérieure profonde avec Dieu sera finalement contaminé par d’autres choses telles que l’ego, le pouvoir, le besoin d’approbation des autres et d’être approuvé par eux, l’adhésion aux idées erronées du succès et la croyance erronée que nous ne pouvons pas échouer… Notre activité pour Dieu ne peut découler correctement que d’une vie avec Dieu. P. Scazzero

Si l’ego, le besoin de validation ou la peur de l’échec dictent notre action, nous ne sommes plus « spirituels ». Jésus nous appelle à être, avant de faire. Souvent, nous préférons avancer dans nos projets plutôt que de nous arrêter pour contempler la présence de Dieu , faire silence et Lui offrir l’espace de régner en nous.

2. Nos émotions et nos frustrations

Nos émotions, positives ou négatives, peuvent être des alliées puissantes pour comprendre nos failles et grandir spirituellement. Nos emotions mal gérées, elles transforment en obstacles. En refusant la réalité de nos limites, nous risquons d’être piégés par des idéaux de perfection dans notre vie familiale, professionnelle et même spirituelle.

Nous poursuivons souvent le rêve de la perfection de notre famille, de notre couple, de notre communauté, refusant un monde blessé, meurtri, une relation abîmée, un amour imparfait. Le risque est alors d’être emprisonné dans l’idéal que nous nous sommes fixé. C’est un rêve de toute-puissance. Accepter ses limites signifie apprendre du Christ comment vivre une déception, comment se remettre en route après une trahison, un abandon, un grave échec, comment vivre une fragilité, un handicap. La déception peut être terrible et nous pouvons devenir amers, frustrés, incapables de nous rétablir dans la confiance.

Mais elle peut aussi être l’occasion d’un approfondissement, d’un mûrissement. [. ]Pour clarifier, questionnons-nous sur les limites que nous n’acceptons pas, les deuils que nous ne pouvons nous résoudre à vivre, les refus dans lesquels nous sommes enfermés. Dès que nous commençons à prendre conscience de nos limites, les acceptant enfin, nous sommes comme arrivés au port. Simone Pacot

3. La sécheresse spirituelle

La sécheresse spirituelle est une étape difficile que beaucoup connaissent. Ce sentiment de vide, où la prière devient pesante et où Dieu paraît absent, est particulièrement troublant. Henri Nouwen souligne que ces périodes de vide ne signifient pas l’absence de Dieu, mais peuvent être une invitation à persévérer à faire silence et écouter Dieu.

Nous faisons parfois dans notre vie spirituelle l’expérience d’une terrible sécheresse. Nous n’éprouvons aucun désir de prier, nous ne sentons pas la présence de Dieu, la liturgie nous ennuie et nous sommes tentés de penser que tout ce que nous avons toujours cru sur Dieu, Jésus et l’Esprit-Saint ne vaut guère mieux qu’un conte de fée.Il est alors important de bien comprendre que la plupart de ces sentiments et de ces pensées ne sont que cela, des sentiments et des pensées, et que l’Esprit de Dieu réside par-delà les sentiments et les pensées. 

C’est une grande grâce que de pouvoir vivre la présence de Dieu à travers nos sentiments et nos pensées, mais lorsque nous ne le pouvons pas, ça ne veut pas dire que Dieu est absent. Ça veut souvent dire que Dieu nous appelle à une fidélité plus grande. C’est justement aux heures de sécheresse spirituelle que nous devons tenir à notre discipline spirituelle pour pouvoir atteindre à… nouvelle intimité avec Dieu. Henry Nouwen

Dans ces moments de désert spirituel, il est crucial de maintenir une discipline de prière et de méditation, même si la présence de Dieu semble lointaine. Cette fidélité, parfois aride, nous ouvre à une nouvelle profondeur de relation avec Lui, comme Jésus le promet : « Celui qui croit en moi, des fleuves d’eau vive couleront de lui » (Jean 7 :37-38). En persévérant, nous découvrons qu’au-delà de nos sentiments, Dieu demeure présent et nous accompagne.

Entrer dans le silence : s’arrêter et reconnaître Dieu

Arrêtez ! [Note : Halte là !] Cessez, lâchez les armes, tenez-vous paisibles, tranquilles. [ Reconnaissez-moi pour Dieu [Sachez, reconnaissez que je suis Dieu]. PS 46 :11 Louange vivante

Soyez tranquilles et sachez que je suis Dieu. PS 46 :11 King James

Le Psaume 46 : 11 nous offre une réponse claire : « Arrêtez, et sachez que je suis Dieu ». Cet appel à cesser notre agitation, à relâcher nos armes intérieures, nous rappelle que le véritable repos se trouve dans l’abandon à la présence de Dieu. Le mot hébreu utilisé ici, traduit par « cessez », suggère l’idée de s’arrêter, de renoncer et de se rendre. Pour entendre la voix de Dieu, il nous faut déposer nos fardeaux, nos angoisses, nos efforts pour contrôler et nous abandonner pleinement.

Saint Augustin a médité ce passage :

Dans quel but nous est-il ordonné avec insistance de nous tenir tranquilles ? Il nous est ordonné de nous tenir tranquilles afin que nous puissions voir que Dieu dirait : « Je suis Dieu ». C’est-à-dire, non pas vous, mais moi, je suis Dieu. J’ai créé, je crée à nouveau ; j’ai formé, je forme à nouveau ; j’ai fait, je fais à nouveau. Saint Augustin

Pour faire silence

Quand nous nous abandonnons à Sa souveraineté, nous reconnaissons qu’Il est le créateur, le guérisseur et le guide de nos vies. Pour faire silence devant Dieu, il est nécessaire de surmonter la tyrannie du faire, de faire face à nos émotions et d’accueillir la sécheresse spirituelle comme une phase de purification. La clé pour atteindre la présence de Dieu est de nous arrêter, de relâcher nos tensions et de faire silence. C’est en abandonnant notre contrôle que nous permettons à Dieu de nous guider, et nous découvrons, dans cette paix intérieure, l’eau vive qui apaise et restaure notre âme.

Pour aller plus loin :

 Solitude et silence : Chut, écoutez, soyez !

Vous avez besoin de silence plus que vous ne l’imaginez !

Le silence, un gros mot !

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