Confesser vos péchés les uns aux autres

La confession des péchés : discipline spirituelle communautaire 

« Confessez (ou avouez) donc vos péchés les uns aux autres ». Voilà pourquoi la confession est une discipline spirituelle, et pas seulement une question personnelle. Puisqu’il s’agit de confesser nos péchés, les uns aux autres. Ainsi, la confession des péchés est une discipline spirituelle communautaire.

Quelqu’un parmi vous est-il dans la souffrance ? Qu’il prie. Quelqu’un est-il dans la joie ? Qu’il chante des cantiques. Quelqu’un parmi vous est-il malade ? Qu’il appelle les anciens de l’Eglise et que les anciens prient pour lui en lui appliquant de l’huile au nom du Seigneur. La prière de la foi sauvera le malade et le Seigneur le relèvera. S’il a commis des péchés, le pardon lui sera accordé. Avouez-vous [donc] vos fautes les uns aux autres et priez les uns pour les autres afin d’être guéris. La prière du juste agit avec une grande force »

Jacques 5.13-16. 

Pardonner

Celui qui demande à Dieu d’oublier ses fautes est tenu d’agir de même envers ceux qui l’ont blessé. Tout péché, qu’il soit par action ou par omission, est une dette contractée vis-à-vis de Dieu et le pardon est le seul moyen d’effacer l’ardoise. Cette requête est la seule qui adresse les relations interpersonnelles aussi bien avec Dieu qu’avec les autres et c’est la clémence qui en est le fer de lance. Cette demande de pardon est tellement importante que Jésus la commentera plus loin. […] Pourtant, on ne parle pas assez du pardon, sans doute parce qu’il est très difficile de passer l’éponge sur les injustices qu’on a subies. Pourtant, il n’y a pas d’alternatives, quand on considère que la haine ou le ressentiment conduit à la catastrophe à tous les niveaux : mental, physique et relationnel.* 

Reconnaitre

Si nous pouvons être d’accord que la confession des péchés est importante, c’est parmi les choses les plus difficiles à mettre en pratique. Confesser signifie non seulement reconnaître que nous avons mal agi, mal parlé, etc., mais que nous assumons la responsabilité de ce mal. C’est ce qui « va de travers » dans l’homme depuis la chute. Adam n’a pas voulu reconnaître sa responsabilité dans la désobéissance. D’après lui, c’était plutôt la faute d’Ève, la femme que Dieu lui avait donnée. Ève blâmait le serpent. Humainement, ce qui va mal, c’est toujours la faute d’autrui, ou des circonstances, ou « faute à pas de chance » … 

Indispensable

Personne ne dirait que la confession nos péchés à Dieu n’est pas nécessaire. Et dans ce sens, bien évidemment, nous n’avons pas besoin de les confesser à quelqu’un d’autre, pour être absous, car personne d’autre ne peut être médiateur entre Dieu et nous, depuis que Jésus est mort sur la croix et ressuscité. C’est lui le seul médiateur entre Dieu et les hommes. (1 Timothée 2.5). Il y a donc la discipline personnelle de la confession devant Dieu. C’est même un élément important de notre vie spirituelle, et nécessaire pour pouvoir renoncer au péché. Nous avons besoin de pratiquer la discipline spirituelle de la confession

Communautaire

Mais nous avons aussi besoin de pratiquer la discipline spirituelle de la confession des péchés dans la communion au corps de Christ. Nous avons la promesse que ;

 Si nous reconnaissons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous les pardonner et pour nous purifier de tout mal .

1 Jean 1.9. 

Mais cela « suffit-il » vraiment ? Une phrase du Notre Père demande :

Pardonne-nous nos offenses comme nous aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés 

Matthieu 6.12. 

Si c’est bien la mort de Christ qui nous apporte le pardon des péchés, nous avons également besoin de demander pardon à ceux à qui nous avons pu faire du mal – que ce soit en paroles ou en actions, d’où la nécessité de confesser aussi nos péchés les uns aux autres pour être pardonnés. 

Excuse ou confession ?

Le péché est tellement enraciné en nous, et a tellement tordu nos raisonnements, que même en tant que chrétiens, nous en sommes très influencés. Nous pouvons facilement raisonner : « Mais j’ai déjà témoigné de ma foi en Christ, que l’Esprit habite en moi, que je suis une nouvelle création en Christ. Alors, si je confesse mes péchés à untel, cela va détruire mon témoignage ». Puis, nous nous justifions aussi en nous disant que nous n’avons tué personne, ni volé, et que le « petit peu de mal » que nous avons pu faire dans nos actions ou nos paroles, nous allons le « réparer ». Mais sans confesser que c’était un péché, et donc, sans demander pardon. Combien de fois avons-nous pu dire « excuse-moi », pas seulement pour une étourderie faite inconsciemment, mais aussi pour des paroles ou des actes que nous avons bien voulu dire ou accomplir ? Alors, nous aggravons notre cas, et nous empêchons peut-être même une véritable bénédiction de Dieu, si nous disons simplement « excuse-moi », au lieu de demander pardon, de le recevoir, ou l’accorder à autrui, si nous avons été « receveurs » dans l’incident. 

La tentation hypocrite

C’est une fausse idée de la sanctification et de l’importance de la sainteté de l’Église que de taire nos péchés, et ne pas les confesser les uns aux autres. C’est de là que viennent les accusations – souvent justifiées – que les chrétiens sont tous des hypocrites. Car nous ne sommes pas sans péché, et si nous essayons de prouver le contraire, nous sommes réellement hypocrites. Pire encore, nous faisons de Dieu un menteur, et sa parole n’est pas en nous (1 Jean 1.10) ! La nuance est importante. David, appelé un homme selon le cœur de Dieu,**  non pas parce qu’il était sans péché, mais parce que, confronté à ses péchés, même les pires, il a immédiatement reconnu sa culpabilité (Voir l’exemple de sa confession devant le prophète Nathan en 2 Samuel 12.1-13). 

En pratique

La pratique de cette discipline demande non seulement la transparence et l’humilité, mais aussi du discernement. Il ne s’agit pas de confesser tous nos torts et travers à tout le monde. Nous devons tout confesser à Dieu, puis, confesser nos péchés à ceux que nous avons aussi offensés, les confesser aux personnes à qui nous avons fait du mal, car c’est le premier pas pour rétablir une véritable communion avec elles. (Cela ne devrait donc pas d’ailleurs s’arrêter avec la confession et la demande de pardon, mais aussi avec la réparation, dans la mesure du possible, du mal que nous avons pu faire, sinon, la confession n’est pas vraiment sérieuse non plus…). Une confession publique devrait avoir lieu lorsque le péché était également public. Comme nous le lisons en Matthieu 18.15-18, il peut aussi être nécessaire de confronter un frère ou une sœur qui continue dans le péché, tout d’abord en privé, mais si rien ne change, cela peut devenir un problème qui concerne toute l’Église. 

Supprimer les obstacles

Notre confession des péchés les uns aux autres est aussi nécessaire pour une pleine communion avec le Seigneur. Comme nous l’avons vu brièvement dans la discipline spirituelle de la communion fraternelle, notre communion avec le Seigneur dépend aussi de notre véritable communion les uns avec les autres. Nous ne pouvons pas participer dignement à la Table du Seigneur, si, bien évidemment, nous n’avons pas confessé nos péchés au Seigneur. Mais nous avons aussi besoin – pour nous préparer à participer à cette Table – de régler nos problèmes avec les autres frères et sœurs, leur confessant nos péchés à leur égard, et leur demandant pardon. 

Si donc tu présentes ton offrande vers l’autel et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande devant l’autel et va d’abord te réconcilier avec ton frère, puis viens présenter ton offrande 

Matthieu 5.23- 24

Si nous n’apportons plus des sacrifices et offrandes de reconnaissance devant l’autel pour qu’ils soient brûlés devant le Seigneur, nos péchés et nos torts envers les autres coupent néanmoins notre communion véritable avec le Seigneur, si nous ne rétablissons pas aussi cette communion les uns aux autres. L’apôtre Pierre nous donne un exemple bien concret en 1 Pierre 3.7 : « Maris, vivez de même en montrant de la compréhension à votre femme, en tenant compte de sa nature plus délicate ; montrez-lui de l’estime, car elle doit hériter avec vous de la grâce de la vie. Agissez ainsi afin que rien ne fasse obstacle à vos prières ». Soyons donc attentifs à pratiquer cette discipline spirituelle en communauté, pour que notre communion – les uns avec les autres – et avec Jésus-Christ, soit une véritable communion, bénie par Dieu et une bénédiction pour tous ! 

Questions de réflexion : 

  1. Pour quelles raisons la confession est- elle importante ? Pour notre relation avec Dieu ? Pour notre communion fraternelle avec les autres ? 
  2. Pour quelles raisons est-il si difficile de confesser
  3. Quelles sont les promesses- encouragements liés à a confession ?

 * Iosti, J. (2011). Chemins de VIE.info Nouveau Testament (Mt 6.12). Éditions CLÉ et Trans World Radio. 

** Voir Actes 13.22; 1 Samuel 13.14. 

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