Louange collective

Les disciplines spirituelles communautaires 1

Plus que la louange et la Parole..

 Ceux qui acceptèrent sa parole furent baptisés ; et en ce jour-là fuient ajoutées environ trois mille âmes. Ils persévéraient dans l’enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain et dans les prières.

Act 2.41-42

Il est non seulement possible, mais nécessaire, de louer Dieu personnellement Cela peut se faire à n’importe quel moment, et dans n’importe quel lieu. Mais il est peut-être encore plus nécessaire de souligner, en Occident et à notre époque, que la pratique des disciplines spirituelles — tout comme la pratique de notre foi — n’est jamais une affaire uniquement personnelle. À notre conversion, nous sommes entrés dans la famille de Dieu, nous sommes devenus membres d’un seul et même corps. Mais si nous ne faisons pas attention, nous pouvons passer à côté de la véritable richesse et de l’importance non seulement d’être ensemble avec les autres, mais de pratiquer ensemble certaines disciplines spirituelles. Nous nous limitons ici à ce qui concerne le culte, même si beaucoup peut également être dit au sujet d’autres réunions d’Église et de rencontres « spontanées » entre chrétiens à d’autres moments. Actes 2.42 cite quatre « activités » de la vie de l’Église dès sa naissance. Elles constituent en soi quatre disciplines spirituelles à pratiquer, si nous voulons vraiment glorifier Dieu et progresser dans la maturité – non seulement personnelle, mais encore en tant qu’Église.

Quelles autres disciplines communautaires ?

Il y a quelques autres disciplines communautaires qui ne sont pas mentionnées dans ce verset : la louange, l’offrande, la lecture, la confession et la soumission les uns aux autres, cela s’explique très facilement. Le but ici n’est pas de retracer l’historique du développement de l’Église, ni du culte, mais tout simplement de constater la raison de ces « absences » dans cette description de la vie de l’Église. À l’époque des récits des premiers chapitres des Actes, tous les chrétiens étaient des Juifs pratiquants. Ils adoraient Dieu au Temple, et ils y apportaient également leurs offrandes, rendant ainsi à Dieu le culte qu’ils avaient déjà l’habitude de pratiquer avant la mort de Jésus et sa résurrection. Ces pratiques ne prendront d’ampleur dans l’Église que plus tard, suite à l’opposition des Juifs, à la persécution des chrétiens et à l’entrée à la foi en Christ des païens, qui sans être passés par le judaïsme, contribuent à développer l’Église. En nous basant sur le « strict minimum » des pratiques cultuelles actuelles, nous trouvons donc au moins sept ou huit disciplines spirituelles pratiquées en communauté : la louange, la prédication, la prière en commun, la communion fraternelle, la Table du Seigneur et l’offrande. Puis, moins «liturgiques» mais aussi essentielles à la vie du corps : la confession et la soumission.

La louange

Pourtant tu es le Saint, tu sièges au milieu des louanges d’Israël. … Je publierai ton nom parmi mes frères, je te louerai au milieu de l’assemblée.  

Ps 22.4, 23.

Par lui, offrons sans cesse à Dieu un sacrifice de louange, c’est-à-dire le fruit de lèvres qui confessent son nom.

Héb 13.15.

Le Petit catéchisme de Westminster commence par l’affirmation que « le but principal de la vie de l’homme est de glorifier Dieu et de trouver en lui son bonheur éternel ». Comme cette affirmation et la citation d’Hébreux 13.15 le soulignent, la louange est bien évidemment possible « hors du culte » 1 L’adoration véritable a lieu lorsque nous mettons vraiment Dieu à la première place. Ceci se fait entre autres par l’engagement, la volonté et « l’envie » de nous retrouver régulièrement avec d’autres enfants de Dieu pour chanter ses louanges, le glorifier et l’adorer. Pourtant, l’adoration de Dieu n’est pas «automatique» lorsque nous nous retrouvons au culte. L’affirmation de Jésus, citant le prophète Ésaïe au sujet d’Israël peut être également vraie en ce qui nous concerne : 

Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est très éloigné de moi C’est en vain qu’ils me rendent un culte….

Matt 15.8-9

Quelles sont les raisons de notre présence au culte ? Nous retrouver les uns les autres ? C’est bien évidemment une raison valable, car notre communion fraternelle est un élément de la vie de l’Église. Chanter des cantiques ? La musique joue un rôle important dans les louanges : par le chant, nous disons tous la même chose, ensemble. De plus, comme l’a dit Saint Augustin :

Celui qui chante prie deux fois.

Il est facile dans notre culture évangélique actuelle de limiter notre compréhension de la louange à la première partie du culte animée par le groupe qui en est responsable. Cependant la louange biblique est bien plus qu’une partie de culte et des chants de louange.

C’est peut-être le livre de l’Apocalypse qui définit le mieux ce qui est véritablement le but de la louange, et cela, à de nombreuses reprises. Même exilé sur Patmos, l’apôtre Jean se disciplinait à pratiquer le culte, le jour du Seigneur. Et son but n’était pas de retrouver les autres frères et sœurs, ni de se réjouir des cantiques, mais d’adorer le Seigneur, de le chercher lui, afin de le glorifier et de le contempler.

Dans ses visions reçues du Seigneur, la louange de Jean vient de sa rencontre avec Dieu. C’est ce que nous pouvons constater à maintes reprises, dans plusieurs passages de ce livre. Citons juste le premier exemple ici :

 .. .Ils ne cessent de dire jour et nuit : Saint, saint, saint est le Seigneur Dieu, le Tout-Puissant qui était, qui est et qui vient. Et quand les êtres vivants rendront gloire, honneur et actions de grâces à celui qui est assis sur le trône, à celui qui vit aux siècles des siècles, les vingt-quatre anciens se prosterneront devant celui qui est assis sur le trône, ils adoreront celui qui vit aux siècles des siècles, et ils jetteront leurs couronnes devant le trône en disant : Tu es digne, notre Seigneur et notre Dieu, de recevoir la gloire, l’honneur et la puissance, car tu as créé toutes choses, et c’est par ta volonté qu’elles existent et qu’elles furent créées .

 Apoc 4.8-11

Pourquoi faut-il considérer la louange comme une discipline spirituelle de la communauté ? Parce que son but est d’entrer dans la présence de Dieu, de le contempler lui, de le glorifier pour tout ce qu’il est, pour ce qu’il a fait dans nos vies. Mais il est si facile d’oublier cela, nous concentrant sur la beauté des chants plutôt que sur la signification de leurs paroles. (Ouvrons une parenthèse à ce sujet : quelle attention leur portons-nous? Y pensons-nous vraiment ? Ce que nous chantons est-il vrai pour nous ? De surcroît, nous mentionnerons mais ne le traiterons pas, le problème des beaux chants qui au lieu d’exprimer des vérités bibliques, répandent des erreurs voire des contre-vérités. C’est ici un élément de discipline à prendre en compte.

Nous savons que les locaux de nos Églises ne sont pas la Maison de Dieu, puisque c’est nous, chaque chrétien, qui sommes — en notre corps — le Temple du Dieu vivant (2 Cor 6.16), et qu’il n’habite donc aucun bâtiment. Mais sommes-nous assez conscients du fait que Dieu est réellement présent au milieu de nous, lorsque nous nous rassemblons pour l’adorer ? S’il y avait peut-être un excès de solennité dans les pratiques protestantes, sommes-nous passés à l’excès opposé, et avons-nous oublié que nous sommes dans la présence du Dieu trois fois saint ? Il serait utile de pratiquer certains éléments de la discipline de la louange, et de nous rappeler consciemment que nous venons au culte pour rencontrer le Seigneur, le contempler, l’adorer, l’entendre à travers sa Parole, et le prier. Et qu’il est donc utile de nous préparer à une telle rencontre.

Chanter pour louer
Chanter pour louer

En quoi est-ce une discipline ?

Il s’agirait peut-être, la veille, (si nous avons des enfants en bas âge), de préparer d’avance leurs vêtements et de prévoir le menu du repas du dimanche midi (voire en commencer la préparation, pour éviter ce souci lors du culte). Nous pourrions nous coucher à une heure raisonnable le samedi soir, pour bien dormir, remettant dans la prière le lendemain et le culte, afin que le Seigneur soit glorifié, qu’il nous parle, et que l’Esprit prépare nos cœurs pour ce qu’il veut nous révéler et nous enseigner, le dimanche matin, nous pourrions nous lever assez tôt pour ne pas être obligés de nous presser pour arriver au culte (évitant ainsi des tensions et des disputes, etc. qui ne nous mettent vraiment pas dans « l’ambiance » de l’adoration). Ainsi, arriver assez tôt nous donnera le temps de saluer les frères et sœurs et nous occuper des détails pratiques si nous avons une quelconque responsabilité dans le déroulement du culte, celui des enfants, ou en musique, etc. Nous disposerons aussi du temps nécessaire pour faire silence dans notre cœur, et nous tourner déjà vers le Seigneur avant le début du culte. Ceci pour être prêt à nous tenir dans sa présence, pour l’adorer, lui, plutôt que d’être hors d’haleine ou encore préoccupés par d’autres pensées. Et bien évidemment, pour beaucoup, il faut une pratique supplémentaire de discipline pour ne pas arriver en retard — car nous avons quand même rendez-vous avec le Roi des rois, n’est-ce pas ? Il est l’Éternel des armées, le Dieu de gloire trois fois saint ! Il est si facile de manifester un manque de respect pour le Seigneur, car si nous sommes en retard, si nous sommes préoccupés par d’autres choses, cela signifie — devant le Seigneur — qu’en fait; nous sommes plus préoccupés par nous-mêmes et notre propre vie que de lui rendre la gloire et l’honneur qui lui sont dus I Et, tout au long du culte, il nous faudra à nouveau de la discipline pour rester concentrés sur notre but (les louanges à Dieu, notre adoration ensemble les uns avec les autres), par les chants, les lectures, les prières, la prédication, et la Table du Seigneur… À suivre.

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