L’identité d’un leader à l’image de Christ 3/4

Notre motivation ou mode de fonctionnement ?

Parfaitement conscient et pleinement convaincu de son appel, Jésus suivait une feuille de route précise et au millimètre près : 

Si je suis descendu du ciel, ce n’est pas pour faire ce qui me plaît, mais pour accomplir la volonté de celui qui m’a envoyé. 

Jn 6.38 ; voir 4.34 ; 17.4.

Le ministère terrestre de Jésus n’a duré que peu de temps, un peu plus de trois ans… Ce qui frappe et interpelle dans son mode de fonctionnement, c’est que l’on ne trouve aucune trace de stress, ni de surmenage… car manifestement Jésus avait le sens des priorités, savait à quoi dire oui, à quoi dire non et comment gérer les imprévus… Son secret ? Il appliquait à la lettre les recommandations de Paul : 

Veillez donc avec soin à votre manière de vivre. Ne vous comportez pas comme des insensés, mais comme des gens sensés. Mettez à profit les occasions qui se présentent à vous, car nous vivons des jours mauvais. C’est pourquoi ne soyez pas déraisonnables, mais comprenez ce que le Seigneur attend de vous. 

Eph 5.15-17

Un autre exemple de leader parfaitement recommandable dans ce domaine est Jean-Baptiste. Voici le témoignage de Jean, lorsque les autorités juives lui envoyèrent de Jérusalem une délégation de prêtres et de lévites pour lui demander :

«Qui es-tu?» Il dit clairement la vérité, sans se dérober, et leur déclara ouvertement: -Je ne suis pas le Messie. -Mais alors, continuèrent-ils, qui es-tu donc? Es-tu Elie? -Je ne le suis pas. -Es-tu le Prophète? -Non. -Mais enfin, insistèrent-ils, qui es-tu? Il faut bien que nous rapportions une réponse à ceux qui nous ont envoyés. Que dis-tu de toi-même? -Moi? répondit-il, je suis cette voix dont parle le prophète Esaïe, la voix de quelqu’un qui crie dans le désert: Préparez le chemin pour le Seigneur! Les envoyés étaient du parti des pharisiens. Ils continuèrent de l’interroger: -Si tu n’es pas le Messie, ni Elie, ni le Prophète, pourquoi donc baptises-tu? -Moi, leur répondit Jean, je vous baptise dans l’eau, mais au milieu de vous se trouve quelqu’un que vous ne connaissez pas. Il vient après moi, mais je ne suis pas digne de dénouer la lanière de ses sandales. » ; « Lui doit devenir de plus en plus grand, et moi de plus en plus petit. 

Jn 1.19-27 ; 3.30.

Jean-Baptiste un personnage unique et exceptionnel

Il sait qui il est, qui il n’est pas : il est lucide sur sa propre identité car il connaît les limites de son appel et les accepte parfaitement en les assumant. Il se contente d’être une voix qui crie dans le désert… Il a véritablement le sentiment d’obéir à un appel bien précis et il ne cherche pas à être ce qu’il n’est pas appelé à être… attitude tellement bienfaisante et libératrice… Insensible à la popularité comme à l’influence des puissants, il ne verse pas dans la démagogie et ne cherche nullement à caresser dans le sens du poil… Il n’hésitera pas à dire à Hérode qu’il n’a pas le droit de prendre la femme de son frère, ce qu’il paiera très cher… 

Selon la parole de Jésus (Matthieu 11.9-11), la « voix qui crie dans le désert » s’est avérée être le plus grand des prophètes en ce que Jean-Baptiste, l’Elie qui devait venir, a inauguré le temps de l’accomplissement des promesses messianiques… Comme quoi après l’humiliation vient l’exaltation et tout triomphe se trouve souvent précédé d’une longue traversée du désert…

Le tableau suivant souligne le contraste entre l’exemple de Jean-Baptiste fonctionnant sur la base d’un appel en opposition avec la personne livrée à ses propres ressources.

L’HOMME NATURELL’HOMME SPIRITUEL
1 – Il vit par impulsion, à la merci des événements1 – Il obéit à un appel et a le sentiment d’avoir reçu une vocation
2 – Livré à lui-même, il vit sur ses propres ressources2 – Il dépend du Saint-Esprit qui le conduit
3 – Ses priorités ne sont pas en ordre3 – Ses priorités sont bien déterminées
4 – Il est pressé, stressé, débordé et surmené4 – Confiant et maître de la situation, il a le sens du sabbat et du repos de la foi
5 – Il ne se connaît pas véritablement ou ne s’accepte pas vraiment ; il a tendance à se surestimer5 – Il est au clair sur sa véritable identité et conscient de ses limites qu’il accepte.
6 – Il ne recherche que le succès, la croissance et l’expansion ; il ne se sent valorisé que par les résultats obtenus6 – Sachant où commence et où finit son rôle, il ne cherche qu’à remplir la mission qui lui a été confiée ; il accepte les limites de son appel et n’a pour ambition que celle d’être fidèle.
7 – Il considère la fonction qu’il remplit comme étant plus importante que sa personne, avec ses besoins légitimes 7 – Il considère que sa personne, avec ses besoins légitimes, ne peut être négligée au profit du rôle qu’il joue
8 – Il a une éthique « à géométrie variable » et son intégrité est relative : pour lui, la fin justifie les moyens8 – Il a des convictions fortes et des points de repère clairs et fermes, une forte intégrité personnelle et une loyauté indéfectible
9 – Pour lui, les objectifs à atteindre et le programme fixé comptent davantage que les personnes, qui se sentent plus utilisées que valorisées9 – Pour lui, les personnes passent avant le programme : c’est pourquoi elles se sentent valorisées et respectées
10 – Il cherche davantage à commander et à asservir qu’à rendre service10 – Il sait se soumettre et il démontre une attitude de serviteur
11 – Il a tendance à négliger ses besoins personnels ou à épuiser ses ressources sans se renouveler convenablement11 – Il prend soin de sa personne ayant appris l’art du ressourcement personnel
12 – Soucieux de sa réputation, il a tendance à cacher ses faiblesses12 – Transparent et naturel, il sait rester humain, en reconnaissant volontiers ses lacunes
13 – Indépendant de nature, il accepte difficilement la remontrance13 – Il se rend vulnérable, redevable et même reconnaissant pour la réprimande
14 – Il n’est guère apprécié en Fin de compte et a généralement peu d’amis proches14 – Sociable, il exerce une influence positive sur son entourage dont il est généralement apprécié
15 – Il fonctionne sur un déficit affectif15 – Il se sent bien dans sa peau
16 – Il a besoin d’être touché par la grâce de Dieu.16 – Jouissant de la grâce de Dieu, il en fait bénéficier son prochain.

Notre identité est confortée par l’orthodoxie de notre théologie, par la conscience de notre vocation comme par des convictions fortes acquises et mûries au fil du temps :

 Je sais en qui j’ai cru  ;  J’ai l’assurance que … .

cf Paul 

Le fait d’être convaincu de son appel nous évite de tomber dans le piège du dysfonctionnement qui consiste à adopter de mauvais facteurs de motivation comme la comparaison, la compétition, la recherche de la performance pour prouver sa valeur… Si nous devons rester vigilants dans la traque des 

petits renards qui font des ravages dans les vignes

 comme la soif du pouvoir, la tentation sexuelle, le rapport malsain à l’argent…

Des mythes dangereux

Il y a d’autres mythes subtils qui peuvent rendre misérable notre vie comme celle des autres et auxquels il importe de tordre le cou : 

  • Personne ne peut le faire aussi bien que moi ! Problème d’orgueil empêchant la délégation
  • Plus je suis débordé, plus je suis spirituel !  Mythe du surmenage
  •  Ma valeur dépend de mes résultats ! Mythe de la performance
  •  Mon succès garantit ma moralité ! Problème du manque d’intégrité
  •  Les autres peuvent tomber, moi jamais ! Mythe de l’invincibilité
  • Mon statut ministériel me confère une supériorité ! Mythe de l’immunité spirituelle
  • Pour être crédible, je dois cacher mes faiblesses ! Absence de transparence

Une juste appréhension de la personne du leader doit nécessairement faire la part des choses entre le responsable et sa personne d’une part et la personne et son mode de fonctionnement d’autre part.

Le responsable et sa personne

  • Profil personnel
  • Santé physique et psychologique
  • Motivation, vocation, objectifs
  • Tensions, tentations et zones de vulnérabilité 
  • Besoins personnels légitimes
  • Son ressourcement personnel et sa vie spirituelle
  • Valeurs, convictions et éthique personnelles
  • Transparence et redevabilité

Le responsable et son fonctionnement

  • Qualifications ministérielles
  • Des priorités en ordre (couple, famille, ministère)
  • Stabilité émotionnelle et attitude face à l’adversité
  • Gestion du stress et du surmenage
  • Gestion du découragement
  • Gestion de la critique
  • Gestion des tensions financières

À suivre…

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