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Evangéliste débutant, mon mentor m’offre sa place. Un incroyable défi !

Jésus-Christ tout entier dans la Bible toute entière !

Je ne connaissais la Convention de Morges que de nom. Mon père y participait comme bénévole avant la guerre. Ce rassemblement interconfessionnel francophone de plusieurs jours (parfois plusieurs semaines), combinait enseignement biblique, information sur les missions et appel à la conversion. D’orientation évangélique, axées sur le lien entre orthodoxie biblique et orthopraxie, localisées en 1910 au bord du Léman, à Morges, ces conventions attiraient des milliers de fidèles de Suisse. De France et de Belgique. Le pasteur Saillens a été le principal maître d’oeuvre de ces rassemblements dont le slogan était : « Jésus-Christ tout entier dans la Bible toute entière ! ». En journée, l’assistance variait entre 100 et 300 personnes. En soirée, elle pouvait dépasser les 2000 participants.

La véritable libération de la femme !

Je suis au tout début de mon ministère, en 1977. Fernand Legrand est l’orateur à l’affiche. Quelques petites semaines avant l’évènement, il est indisponible. Les organisateurs cherchent, dans l’urgence, un remplaçant. Ils s’adressent à Nicolas Kessely, mon mentor. Excellent orateur, grand mobilisateur devant l’Éternel, sa réputation a franchi les frontières de l’Alsace. Il n’est pas disponible non plus, et suggère un de ses jeunes collaborateurs. Me voilà invité à cette prestigieuse convention à la place d’un évangéliste de renom, qui devait traiter le sujet : La véritable libération de la femme ! Évidement je me sens dépassé autant qu’incompétent. Sans doute comme les disciples, lorsque Jésus leur intime, face à une foule affamée de 15 000 personnes : « Donnez-leur vous-mêmes à manger ! ». (Jean 6) Mon mentor me convainc que je peux honorer cette invitation, et que je suis à la hauteur. Ce dont je doute, moi l’autodidacte complexé !

Projeté dans une autre dimension

J’ai peu de temps pour me préparer. Je connais mal les dispositions locales. Je me retrouve devant plus de 1000 personnes, sous une immense tente, toute en longueur… Moi qui ai préparé un message avec des aides visuelles : des bocaux de conserve, du café des bougies…. Invisibles du fond ! Les vidéoprojecteurs n’existent pas encore ! M. Jules-Marcel Nicole est maître de cérémonie. Je n’oublierais son indulgence, sa bonté, lui qui lisait son Nouveau Testament en grec, comme vous consultez votre smartphone. Il m’accueille avec une gentillesse toute paternelle, me rassure, prie pour moi avec une assurance qu’il me transmet. Je n’ai jamais, prêché devant un si grand auditoire, ni devant un parterre aussi choisi. Le gratin évangélique est présent, dont plusieurs orateurs ou enseignants réputés. Pourtant, en dépit de mes craintes, des conditions difficiles, je surmonte mon stress et mes complexes. Je me jette à l’eau, j’accomplis ma tâche avec zèle, joie et plaisir. J’ai plusieurs prédications. Je trouve une façon de reprendre le titre de F. Legrand en l’élargissant à notre besoin universel de Réveil.

Encouragé par des pairs aînés...

Je me rappelle de ma faiblesse, de ma vulnérabilité. De ce sentiment d’illégitimité. Un apprenti fait ses premières armes, devant une brochettes de cinq ou six professeurs réputés comme MM. Blocher, Dubois, ou Nicole et d’autres comme Melle Claire-Lise de Benoît ! Pourquoi ces frères qualifiés, compétents, n’ont-ils pas été choisis pour ce remplacement de dernière minute ? C’est très mystérieux pour moi. Et pourtant, je me souviens des félicitations encourageantes de ces ainés prestigieux, particulièrement celles de M. Jules-Marcel Nicole et de M. Henri Blocher. Une image très précise de sa poignée de mains compréhensive, solidaire, reste gravée dans ma mémoire, tant d’années après. Tout comme la satisfaction de mon mentor après qu’il ait eu quelques retours. Quels encouragements ! Quelle expérience déterminante pour le tout jeune évangéliste que j’étais. Est-ce de cette expérience que j’ai toujours été très à l’aise devant des grands auditoires ?

Quels bénéfices d’une telle expérience ?

Sans aucun doute, l’apprentissage de la confiance en Dieu. J’étais parfaitement conscient de mes limites et de la toute-puissance de Dieu qui, par son Esprit, rempli des vases de terre ! La reconnaissance des dons donnés par Dieu. Le goût de relever des défis, de sortir de ma zone de confort. Le Seigneur me placera, a plusieurs reprises, dans des situations semblables à ce que j’ai vécu à Morges. Face à des défis tout aussi démesurés. Remplacer un télé-journaliste vedette pour l’animation d’un grand gala de bienfaisance évangélique au Pavillon Baltard… Remplacer presque au pied levé un orateur international pour la convention d’une union d’églises… Représenter les évangéliques lors d’une émission face à Yves Calvi… Prendre la direction dans un contexte de crise, d’un festival chrétien international à Québec. Durant une période je pensais que j’étais une bonne roue de secours ! Un goût pour ces challenges qui obligent à se dépasser, à relever des défis, à sortir de sa zone de confort, tant dans sa foi et sa confiance en Dieu que d’un point de vue expérimental. Une manière de grandir dans son leadership et dans le ministère.

Qui a pris le risque ?

Mon mentor. À l’image de Jésus, qui lance un défi à ses disciples. Un double risque : celui que j’échoue dans cet exercice périlleux -pour un débutant- de prêcher à ce niveau. Celui de perdre sa crédibilité personnelle pour avoir recommandé un incompétent. Mais aussi celui que je réussisse, encouragé par la prière et la confiance des ainés. Depuis j’ai, moi aussi, appris à offrir à mes mentorés des défis, des opportunités dans leur ministère. En les envoyant à ma place, en leur offrant des opportunités de prendre confiance dans les dons et le ministère que Dieu leur a confiés.

Questions pour vous, leaders

  • Offrez-vous à ceux que vous formez et que vous accompagnez, des occasions de grandir en relevant des défis à l’exemple de Jésus ou de Paul avec Timothée en particulier ?
  • Avez-vous déjà offert votre place à de plus jeunes moins expérimentés, ou pensez-vous être le seul compétent ?
  • Quels défis proposez-vous aux jeunes leaders pour leur offrir l’occasion de découvrir leurs dons ?
  • Pensez-vous que la prochaine génération sera équipée pour le ministère, pourra développer sa dépendance de Dieu, si vous leur offrez pas des opportunités de grandir  ?

Vous avez la possibilité de susciter de jeunes leaders qui osent et croient !

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