La prédication, la prière en commun : disciplines communautaires – 3

La prédication

Je t’adjure, devant Dieu et devant le Christ-Jésus qui doit juger les vivants et les morts, et au nom de son avènement et de son royaume, prêche la parole, insiste en toute occasion, favorable ou non, convaincs, reprends, exhorte, avec toute patience et en instruisant Car il viendra un temps où les hommes ne supporteront plus la saine doctrine.

2 Tim 4.1-3.

L’un des fondements de la Réforme est sola scriptura : l’Écriture seulement. Puisque Christ a déjà offert, une fois pour toutes, le sacrifice qui nous procure le pardon des péchés et la réconciliation avec Dieu, notre culte est en principe centré sur le Seigneur, pour proclamer sa victoire, dans la résurrection. La prédication a donc la « place d’honneur » dans le culte, car c’est l’annonce et l’explication de la Parole de Dieu. Il y a une véritable discipline à pratiquer lorsqu’il s’agit de la prédication. D’abord de la part du prédicateur, pour que sa prédication soit basée sur la Parole et issue d’elle uniquement. Ensuite, de la part des auditeurs pour « suivre » le développement du message, et prendre à cœur ce que l’Esprit leur révèle afin de le mettre en pratique dans leur vie. Nous vivons une époque où la capacité d’écoute diminue de plus en plus, et où il y a un engouement pour inclure d’autres activités dans le culte, (souvent au détriment du temps de prédication). Combien il est nécessaire de souligner que k prédication est le moyen choisi par Dieu et l’outil efficace pour faire connaître l’Évangile. C’est ce que Paul écrit :

Car puisque le monde, avec sa sagesse, n’a pas connu Dieu dans la sagesse de Dieu, il a plu à Dieu de sauver les croyants par la folie de la prédication. Les Juifs demandent des miracles, et les Grecs cherchent la sagesse : nous, nous prêchons Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens, mais pour ceux qui sont appelés, tant Juifs que Grecs, puissance de Dieu et sagesse de Dieu. Car la folie de Dieu est plus sage que les hommes et la faiblesse de Dieu est plus forte que les hommes.

1 Cor 1.21-25.

On pourrait rajouter aujourd’hui avec tristesse que les gens cherchent le spectacle et le multimédia, et que la prédication est encore plus perçue comme une « folie », y compris par de plus en plus d’enfants de Dieu. Comment expliquer autrement cette exigence récurrente d’une prédication de plus en plus courte ? Il est vrai qu’il y a des orateurs plus doués que d’autres et que certains passages retiennent mieux notre attention que d’autres. Mais le problème se situe-t-il uniquement chez le prédicateur ? Ou avons-nous besoin de nous discipliner pour réapprendre à écouter, à suivre le développement d’un passage, d’une logique ? Nous vivons une époque où l’on demande aux collégiens et aux lycéens de maîtriser des domaines bien compliqués. Comment se fait-il alors que le chrétien « moyen »ne connaisse pas assez le contenu de sa Bible, son histoire, son cadre et son contexte ? Pourquoi ne serait-il pas capable d’écouter et de suivre attentivement une prédication plus technique développant un sujet moins familier? Une part de la réponse vient de ce qu’affirme Paul :

Ma parole et ma prédication ne reposaient pas sur les discours persuasifs de la sagesse, mais sur une démonstration d’Esprit et de puissance, afin que votre foi ne soit pas fondée sur la sagesse des hommes mais sur la puissance de Dieu .

1 Cor 2.4-5.

Prédicateur ou auditeur, que notre but soit également ce qu’affirme Paul : 

Nous ne nous prêchons pas nous-mêmes ; c’est le Christ-Jésus, le Seigneur, que nous prêchons, et nous nous disons vos serviteurs à cause de Jésus. Car Dieu qui a dit : La lumière brûlera du sein des ténèbres a brillé dans nos cœurs pour faire resplendir la connaissance de la gloire de Dieu sur la face de Christ .

2 Cor 4.5-6

La prière en commun

En vérité je vous dis encore que si deux d’entre vous s’accordent sut la terre pour demander quoi que ce soit, cela leur sera donné par mon Père qui est dans les deux. Car là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d’eux.

Matt 18.19-20.

Nous avons déjà considéré la discipline de la prière. Mais il faut aussi examiner la discipline de la prière en commun. La prière lors du culte (ou autre réunion) est différente de notre prière privée, personnelle. Tout d’abord, la prière lors du culte est principalement une prière d’adoration ou de confession, voire d’intercession, de l’assemblée tout entière. En aucun cas il ne s’agit d’exprimer des besoins personnels ou des préoccupations individuelles. C’est une réelle discipline spirituelle que d’apprendre à prier en public, à conduire toute une assemblée, à l’unisson dans la prière devant le trône de grâce. Celui ou celle qui prie, ne parle pas de manière personnelle, mais prie « à la place de tous », et avec tous. L’intercesseur, véritable porte-parole, formule alors, par ses propres mots, la prière de toute l’Église. Il est donc clair que la prière collective, exercée en communauté, est une discipline. Posons maintenant trois questions à son propos. Dès lors que nous la pratiquons, avons-nous fait preuve d’une réelle attention à ce qui a été dit? Nous sommes-nous appropriés les mêmes affirmations et requêtes que celles de l’intercesseur ? Avons-nous pensé à prier pour lui afin que tout concoure à la volonté du Père ? Trois questions… trois réponses… auxquelles il est essentiel de pouvoir répondre par l’affirmative !

Si ce n’est pas le cas, par exemple parce que nos pensées « se promènent ailleurs », comment pouvons-nous vraiment dire « amen » à la fin de la prière ? Rappelons ce que le terme « amen » signifie : « qu’il en soit ainsi ». Si nous manquons d’attention, nous ne sommes pas unis dans notre prière. Notre « amen », notre appui à cette prière, « pour que cela soit ainsi » n’existe pas. Nous avons peut-être entendu une prière, mais nous n’avons pas prié ensemble !

Conclusion

Comme le dit Eugène Peterson :

Nous ne parlons jamais en premier, mais que nos paroles, notre prédication, nos prières sont des réponses à Dieu. Il nous a parlé le premier en sa Parole, et par son Esprit.

Pour progresser en la matière, il vaut mieux la pratiquer plutôt qu’en parler

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