Unité et uniformité sont dans un bateau…

À qui vont notre fidélité et notre loyauté absolues : aux valeurs ou aux personnes ?

Constat

Nombres d’organisations, d’associations ou d’églises ont d’énormes difficultés à vivre l’unité dans la diversité. Preuve en est le nombre impressionnant de scissions, dans les églises par exemple. Cela reflète aussi un trait de caractère national. Si vous avez deux français vous avez trois points de vue irréconciliables. Si l’unité est toujours désirable dans un couple, dans une famille ou dans une assemblée. N’oublions jamais qu’unité ne rime pas toujours avec uniformité.

La diversité autour d’un chef

Au sein d’une équipe dirigeante, d’un conseil pastoral, la diversité de points de vue est-elle toujours la bienvenue ? L’unité se bornerait-elle a l’exécution inconditionnelle des ordres d’un chef, au singulier ? Oui si l’on considère Christ garant de cette unité puisqu’il est la tête du corps qu’est son Église. Non ! Quand dans la vie d’une équipe, d’un conseil d’église. Cette conception de l’unité autour d’un chef humain finira toujours mal.

Pourquoi ?

Ce qui fait l’unité d’une équipe chrétienne ce n’est pas la fidélité inconditionnelle envers le chef, quand bien même serait-il charismatique ou le surdoué de la bande. Si notre fidélité et notre loyauté sont orientées sur un leader, aussi bien intentionné soit-il, plutôt que sur un projet avec des valeurs clairement identifiées, alors nous sommes en passe de sombrer dans le culte du chef. Porte ouverte à tous les dérapages possibles. C’est vrai en religion comme en politique.

L’unité c’est Le Christ

C’est Le Christ qui constitue l’unité d’une équipe de leaders chrétiens. N’est-il pas le seul autorisé à demander une loyauté sans faille de ses disciples ? Dans sa bonté n’a-t-il pas pourvu à la grâce envers ses disciples si souvent défaillants ?  Rappelons-nous, entre autres, du reniement de l’apôtre Pierre !

La confusion unité-uniformité

C’est là  crise assurée  à terme. Il ne faudra pas longtemps avant que l’air devienne irrespirable et que la direction prenne des allures de dictature. Au nom de l’unité, – alors que l’uniformité est un non-dit- un désaccord ou une critique sera rapidement qualifiée de séditieuse ou de rébellion, vis à vis de l’autorité établie. Surtout si l’on est face d’un leadership insécurisé. Surtout s’il tire son autorité de son statut ou de son titre plutôt que de son charisme, sanctifié et donné par Dieu. Quand la diversité devient l’uniformité, la liberté d’expression et d’innovation n’est plus possibles. La crainte restreint les échanges spontanés et la liberté d’exprimer un point de vue différent ou questionner les postions établies. Les leaders potentiels, qui pourraient émerger, n’ont plus de place. Souvent perçus comme des concurrents potentiels au leadership établi.

Distinguer unité et uniformité

Pour échapper à ce travers, une équipe de dirigeants spirituels, devra sans cesse rechercher l’unité, en se rappelant que celle-ci se différencie de l’uniformité. Pour les affaires courantes comme dans la discussion d’un projet, on a tous le droit à ne pas être d’accord sur certains points. De l’exprimer en nous rappelant que « l’amour est le lien de la perfection. » (Col. 3 :14) Elle devra aussi se rappeler que nous croyons au Dieu Tri-Un. Il nous enseigne que la diversité peut coexister en harmonie dans la diversité. Y compris entre égaux sans que cela tourne au rapport de domination. Notre Dieu n’est Il pas à la fois Un et Pluriel ? Sa pluralité et son unité ne s’expriment- t-elles pas dans ceux et celles faits à son image ? Unité sur l’essentiel donc, bienveillance sur ce qui est secondaire et envers tous : charité !

Quand on se rallie à un homme plutôt qu’à des valeurs ?

C’est à nouveau la crise assurée à moyen ou long terme. Une fois que le leader décède ou quitte l’association, l’église ou le projet qu’il a incarné, ceux qui lui succèdent se fossilisent souvent, et deviennent vite obsolètes dans leur style de direction. Les pères fondateurs avaient de bonnes raisons qui motivaient leurs actions, les valeurs qui les guidaient dans leur projet étaient bien identifiées, (au moins dans leur tête). Si par malheur ils ne les ont pas transmises de manière intentionnelle, avec le temps qui passe, les héritiers se souviendront généralement plus souvent de la forme que du fond. Ils continueront dans l’imitation de ce que faisaient les fondateurs et leur manière de faire. Mais ils ne se souviendront plus forcement du pourquoi qui apportait tant d’efficacité et de pertinence à l’époque des fondateurs. « On a toujours fait comme ça ! » devient alors un mantra. Ils seront sur des rails et rateront le prochain virage sociologique ou sociétal qui guette toute les communautés humaines . Voilà pourquoi certaines organisation humaines vieillissent mal et pourquoi certaines églises meurent, telles des dinosaures. C’est alors qu’on se rend compte combien Jésus-Christ et son Église sont si extraordinaires.

L’Église

Elle est là depuis le début si fragile et si résiliente. Il est surprenant de voir son Assemblée continuer d’exister et de croître 2000 ans plus tard. Dans toutes les langues et toutes les cultures sans perdre de sa pertinence. Si quelqu’un avait des valeurs clairement identifiées c’est bien Jésus. Il les a enseignées et incarnées de manière intentionnelle auprès de ses disciples en paroles et en actes. Il a été si convainquant et efficace qu’on est encore en train de disserter à leurs propos dans le monde entier. Pour vous en convaincre, lisez l’Évangile de Matthieu chapitre 18. Vous verrez que Jésus s‘est surtout préoccupé du climat et de l’amour qui devait présider les relations entre les disciples, membres de son Église. La manière de conduire le culte, la liturgie, les méthodes, l’organisation pratique de l’église, n’étaient pas sa préoccupation première. C’est pourquoi elle a pu s’adapter en souplesse à toutes les époques et toutes les cultures. Il faut croire que son message, vrai, simple et fondamental, comme ses valeurs, étaient suffisamment clairs pour ses disciples. Leur caractère en a été tellement impacté de manière permanente, que l’Église que Jésus est en train de bâtir dans sa grande diversité se porte trés bien de par le monde. Et ce, malgré l’adversité dont elle est l’objet. Quant aux valeurs, même les non croyants interviewés qui ne connaissent pas ou si peux Jésus, sont capables de dire : Jésus ? Celui qui a dit : « aimez-vous les uns les autres” ?

Pour aller plus loin

Les valeurs qui sous-tendent votre projet, votre philosophie de ministère, sont-elles clairement identifiées et enseignées ? Comment vivre l’unité dans la diversité  dans votre conseil d’église, dans votre association ? Comment sont accueillis et gérés la critique constructive et les désaccords au sein de votre équipe ? Quelles étaient les valeurs enseignées par Jésus à ses disciples en Mathieu Ch. 18 

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