Différencier : discipulat, mentorat, accompagnement spirituel…

Il existe une constellation de relations spirituelles qui contribuent à notre formation à l’image de Christ. But ultime de notre vie chrétienne. Si ces différents types de relations ont tous cette même finalité, une pédagogie voisine, les termes ne sont pas interchangeables. Tentative ici de différencier : discipulat, mentorat, accompagnement spirituel…

L’une des dynamiques les plus importantes dans les églises vivantes est celle des relations individuelles intentionnelles qui aident les individus à mûrir dans leur foi. Nous avons nos cultes du dimanche, nos petits groupes, nos triades de prière et d’autres choses de ce genre, mais l’investissement personnel intentionnel est inestimable.

Will Briggs

Cependant, ces relations d’investissement ne sont pas toutes identiques. Il existe un certain nombre de mots et d’expressions que nous utilisons pour les décrire. Les trois sur lesquels je voudrais insister ici sont discipulatmentorat et  accompagnement spirituel. Il est important de les distinguer, de les différencier. Même si formes d’accompagnement ont des points communs et la même finalité : nous aider à une spiritualité et un leadership à l’image de Jésus. 

Discipulat 

Commençons par quelques éclaircissements proposés par John Piper :

Quelques observations sur le mot disciple. Ce mot n’apparaît jamais dans la Bible. Il peut signifier ma vie de disciple, dans le sens de ma propre façon de suivre Jésus, de lui faire confiance et d’apprendre de lui. C’est cela, être un disciple. Ou il peut signifier mon activité d’aider les autres à être des disciples dans le sens d’apprendre de lui, de grandir en lui. Les gens ont besoin de devenir chrétiens, et les gens ont besoin d’apprendre comment penser, sentir et agir en tant que chrétien. C’est cela, être un disciple.

Le deuxième sens, aider les autres, a bien un verbe dans le grec du Nouveau Testament : mathēteuō, faire des disciples. Il peut signifier prêcher l’Évangile pour que les gens se convertissent au Christ et deviennent des chrétiens et, donc, des disciples. […] Ou bien il peut signifier tout le processus de conversion, de baptême et d’enseignement des voies de Jésus, tel qu’il est utilisé dans Matthieu 28 : 19-20.

John Piper

Tous appelés au discipulat

Cette compréhension devrait être bien enseignée dans l’église :

  • Les femmes plus âgées doivent former les femmes plus jeunes. Tite 2, 4.
  • Paul a formé Timothée pour qu’il forme d’autres personnes. 2 Timothée 2,2 .
  • Les pères doivent former leurs enfants. Ephésiens 6, 4.
  • Les missionnaires doivent enseigner aux nations tout ce que Jésus a ordonné. Matthieu 28,20.
  • Tous les chrétiens doivent s’exhorter les uns les autres chaque jour à éviter le péché et à se stimuler mutuellement à l’amour et aux bonnes œuvres. Hébreux 3, 13.
  • Tous les chrétiens doivent utiliser leurs dons pour servir les autres. 1 Pierre 4, 10 –
  • Priscille et Aquila, sous l’impulsion du moment, semble-t-il, ont expliqué plus précisément à Apollos la voie de Dieu. Actes 18, 24-26.

Et John Piper tire cette conclusion :

Chaque chrétien devrait aider les non-croyants à devenir croyants en leur montrant le Christ. C’est cela faire un disciple. Chaque chrétien devrait aider d’autres croyants à atteindre une maturité de plus en plus grande. C’est cela faire un disciple. Et chaque chrétien devrait chercher à se faire aider par d’autres pour continuer à grandir. C’est aussi cela être un disciple. Et chaque église devrait réfléchir à la manière dont tous ces types de formation biblique de disciples s’expriment dans leur vie d’église.

J. Piper

Le mentorat

Il s’agit d’une catégorie très large et le mot a une forte charge sémantique. C’est aussi le mot qui recoupe le plus facilement des domaines séculiers. Si chaque chrétien a besoin de l’accompagnement que produisent les relations spirituelles indispensables à sa vie de disciple, ceux qui exercent des responsabilités dans l’église ont besoin d’être accompagnés dans leurs dons et leur ministère.

Lisez cet article qui développe ce point  : Le mentorat spirituel : pour ceux et celles que Dieu a appelés et envoyés.

Le mentorat est une expérience relationnelle dans laquelle une personne (le mentor) capacite* une autre personne (le protégé/mentoré) en vue de l’exercice de responsabilités dans l’Église, en partageant avec elle des ressources données par Dieu.

Robert Clinton

*   En anglais : empowerment : équiper, donner l’autorité, le pouvoir d’agir ou capacitation. Ce qui recouvre plusieurs notions : autonomisation, responsabilisation, montée en puissance, développement de la capacité de décision et d’action. Ce qui permet de réaliser les contours du mentorat spirituel en pratique. Si le verbe capaciter est peu employé, il est largement utilisé par les ONG qui explicitent bien sa signification par cette citation attribuée à Confucius 

Quand un homme a faim, mieux vaut lui apprendre à pêcher que de lui donner du poisson.

Confucius

Relisez cet article : Définition simple du mentorat spirituel.

Chaque chrétien devrait chercher à se faire aider par d’autres pour continuer à grandir [à l’image de Christ].

J. Piper

Accompagnement spirituel 

Curieusement, l’accompagnement spirituel est moins évoqué en francophonie. Peut-être parce que le terme anglais, direction spirituelle, nous renvoie à le notion de directeur de conscience. Terme qui porte une connotation négative, synonyme de restriction de la liberté du croyant. J’ai suivi une formation d’accompagnateur spirituel, qui m’a beaucoup enrichi et qui est venue compléter ma pratique du mentorat. Elle m’a aidé à laisser toute la place à l’Esprit de Dieu dans la vie de ceux que j’accompagne comme mentor, à développer l’écoute. Pour encourager ceux que j’accompagne à discerner l’œuvre et les moments de Dieu dans leur propre vie. Et là je cède la parole à Louis Schweitzer.

L’accompagnement spirituel suppose deux choses : un désir et une conviction.

  • Le désir est celui d’avancer sur le chemin de la vie spirituelle, c’est-à-dire de progresser dans la relation avec Dieu. L’accompagnement spirituel est fait pour celles et ceux qui ne se contentent pas du point où ils en sont dans leur cheminement spirituel, mais qui veulent aller plus loin.
  • Et, pour qu’il y ait accompagnement spirituel, il faut que ces personnes aient la conviction que l’on peut être aidé sur ce chemin, qu’il est même souhaitable et bénéfique de ne pas s’y engager seul et qu’une personne un peu plus expérimentée peut servir de compagnon de route pour mieux avancer et éviter certains des pièges du chemin. […]

Précisons également que l’accompagnement spirituel est autre chose que la formation de disciples. Celle-ci suit un programme déterminé pour donner au nouveau chrétien une base solide sur laquelle fonder sa vie. L’accompagnement spirituel, pour sa part, ne suit pas un programme défini, mais suit et tente d’éclairer le cheminement de la personne. Encore une fois, l’accompagnement spirituel s’intéresse à tout le cheminement spirituel d’une personne pour approfondir sa relation à Dieu.

La forme et le contenu de l’accompagnement spirituel

L’accompagnement spirituel est une relation non symétrique entre deux personnes, un accompagnateur et un accompagné, qui s’établit à la demande de l’accompagné. Elle peut durer aussi longtemps qu’elle semblera fructueuse. Le centre de ces échanges sera le vécu de l’accompagné dans la lumière de sa relation avec Dieu. Le but est de permettre l’approfondissement de la vie spirituelle. C’est pourquoi l’accompagnateur doit avant tout écouter et accompagner la personne sur son propre chemin, même s’il lui est possible de proposer des pistes nouvelles. […] Cette démarche vise à aider à répondre à l’attente de ces personnes qui veulent avancer et qui souffrent de piétiner, qui « savent » tout ce qu’il y a à savoir, mais qui ne le vivent pas.

Louis Schweitzer,  l’Accompagnement spirituel  extrait du Dictionnaire de théologie pratique. Excelsis, 2011.

Et d’autres relations spirituelles…

Nous venons d’envisager trois types de relations spirituelles d’accompagnement. Il en existe d’autres : la relation pastorale, la relation d’aide, le coaching, le tutorat dans certaines situations de formation spécifiques…  « Chaque chrétien devrait chercher à se faire aider par d’autres pour continuer à grandir. »

Des ressources pour se former :

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