Quelle(s) recommandation(s) pour votre leadership ? 

Qu’est-ce qui recommande votre ministère de leader spirituel ? Votre notoriété, votre succès, le nombre d’invitations, le nombre d’auditeurs, de spectateurs, de mains levées, de followers, d’amis sur FaceBook, vos réalisations, votre agenda rempli ?… Que pensez-vous qui puisse réellement légitimer votre ministère ? Quelle(s) recommandation(s) pour votre leadership ? 

Qu’est-ce qui te qualifie pour être mentor ?

Il y a quelques années, un jeune et brillant leader, du genre incontrôlable, m’a porté un coup qui m’a profondément blessé sur l’instant. En tant que mentor, j’ai toujours lutté pour me tenir à distance de tout paternalisme. Sujet très sensible et important à mes yeux ! Ce jeune homme, après m’avoir observé lors d’un rassemblement d’évangélistes, m’a lancé : – Oui Alain, je vois bien ta façon de faire, « Mon gars par-ci, mon gars par-là… », en fait ton mentorat, c’est du paternalisme ! 

Puis, après quelques instants, alors que je restais sans voix, il ajoute : – D’abord, qu’est-ce qui légitime ton ministère de mentor ? J’avoue avoir été très profondément déstabilisé. Mais j’ai eu une réponse inattendue, pour moi, comme pour mon accusateur. J’ai répondu sans même réfléchir à la portée de mes propres paroles : – Moi, ce qui me qualifie ce sont mes vingt ans d’épreuve ! 

Vingt ans durant lesquels j’ai été l’époux d’une femme gravement malade (Mon épouse a été frappée par une sclérose-en-plaques chronique : 10 ans de soins à la maison, 10 ans hospitalisée en long séjour.)  Ce n’est que plus tard, à la réflexion, que j’ai mesuré la portée et la véracité de ma réponse spontanée ! (La suite à la fin de l’article !)

Quelles recommandations pour Paul ? 

Nous nous recommandons nous-mêmes à tout point de vue comme serviteurs de Dieu par une grande persévérance dans les souffrances, les détresses, les angoisses, sous les coups, dans les prisons, les émeutes, les travaux pénibles, les privations de sommeil et de nourriture. Nous nous recommandons aussi par la pureté, la connaissance, la patience, la bonté, par l’Esprit saint, par un amour sincère, par la parole de vérité, par la puissance de Dieu, par les armes offensives et défensives de la justice, que ce soit au milieu de la gloire ou du déshonneur.

2 Cor 6 : 4 à 7

Un regard sur son cheminement

Paul se recommande lui-même en jetant un regard rétrospectif sur sa vie, ses souffrances et lance comme un défi à la comparaison ! D’autres, peuvent-ils faire état de quelque chose de semblable ? 

Les ministres de l’Évangile doivent se considérer comme des serviteurs de Dieu et agir en toutes choses conformément à ce caractère. L’apôtre l’a fait en faisant preuve de beaucoup de patience dans les afflictions, en agissant d’après de bons principes, et en adoptant une attitude et un comportement corrects. Les croyants, dans ce monde, ont besoin de la grâce de Dieu pour s’armer contre les tentations, pour supporter sans orgueil la bonne réputation des hommes, et pour supporter avec patience leurs reproches. Ils n’ont rien en eux-mêmes, mais possèdent tout en Christ.

Matthew Henry 

  » …à tout point de vue comme serviteurs de Dieu.» L’idée est que Paul et ses compagnons d’oeuvre s’efforçaient de vivre comme les ministres de Dieu, de manière à recommander le ministère à la confiance et à l’affection des gens. Ils s’efforçaient de vivre comme il convenait à ceux qui étaient ministres de Dieu, afin que le monde soit disposé à faire honneur au ministère.

Note de Barnes

Les ministres de l’Évangile doivent d’abord être considérés comme les ministres de Dieu, puis comme les ministres et les serviteurs de l’Église, qu’ils doivent servir dans la mesure où, en la servant, ils obéissent au Christ. Nul ne peut se recommander des ministres de Dieu s’il mène une vie scandaleuse ; Dieu ne les a pas envoyés pour mettre des pierres d’achoppement sur le chemin des hommes, mais pour les en écarter.

Matthew Poole

Souffrances, détresses, angoisses

Drôle de tiercé gagnant !

Personne ne peut douter que Dieu place souvent ses ministres dans des circonstances d’épreuves particulières, entre autres raisons, afin qu’ils illustrent leurs propres préceptes par leur exemple et qu’ils montrent à leur peuple avec quel tempérament et quel esprit ils peuvent et doivent souffrir. Les ministres font souvent beaucoup plus de bien par leur exemple dans la souffrance que par leur prédication. Il est facile de prêcher aux autres, mais il n’est pas aussi facile de manifester le bon esprit au moment de la persécution et de l’épreuve. Les gens aussi peuvent résister à la prédication, mais ils ne peuvent pas résister à l’effet et à la puissance d’un bon exemple dans la souffrance.

Note de Barnes

Une conduite exemplaire

Il ne suffit pas à un ministre de l’Évangile d’éviter tout ce qui pourrait entacher son ministère d’une tache ou d’un scandale, mais il doit en toutes choses, et par tous les moyens appropriés, légaux et louables, approuver, prouver et montrer qu’il est un véritable et fidèle dispensateur de la Parole. Tous ceux qui exercent une telle fonction doivent montrer qu’ils sont tels en se comportant et en se conduisant comme les ministres de Dieu, comme le sont ceux qu’il a choisis, appelés et préparés pour ce service, et en particulier par beaucoup de patience, par un exercice large, constant et continu de cette grâce, et en supportant avec patience beaucoup de choses pour l’amour du Christ et de son Évangile, sans murmurer contre la main de Dieu, sans se mettre en colère contre les hommes, sans s’évanouir et sans s’affaisser dans leur propre esprit.

Gill’s Exposition

Exemplaire par

  • La patience, (ou plutôt de l’endurance), aux jeûnes, en référence aux souffrances corporelles de l’apôtre ;
  • La pureté d’un l’amour sans réserve, en référence aux vertus, c’est-à-dire aux manifestations de la présence divine en Paul ; 
  • La parole de vérité en référence aux moyens par lesquels il a pu prouver qu’il était un véritable ministre de Dieu ;
  • Le reste.. relatif à l’acceptation dans laquelle les apôtres étaient tenus, et son contraste avec la réalité. Gill’s exposition

À quelles de recommandations sommes-nous habitués ?

Vous pourrez lire, ou entendre parler, de tant de déclinaisons possibles du leadership chrétien. En général, lors de conférences sur le leadership les orateurs invités sont issus de grandes églises ou d’organisations prospères. Ils partagent alors leurs principes et leurs conseils pour un leadership efficace. « 4 clés pour doubler son église ! » « Être un leader efficace en 12 étapes ! » Bien que cela soit parfois utile, on est dans un « Comment avoir du succès ? », qui ressemble à un « Réussir dans les affaires » ! Bien loin la manière dont Paul recommande son ministère. Je plaide pour que nous portions nos regards sur autre chose que la réussite de notre ministère. Parce que les fruits doivent toujours être attribués à Dieu. Ce matin, je lisais, à propos de Jean 15 ce commentaire, qui résume très bien les choses :

La vigne porte des grandes et des petites et des grandes grappes, mais les grandes pendent toujours plus bas que les petites.

Antoine Nouis

Cette seule recommandation que nous ne convoitons pas !

Lorsque vous avez traversé vos propres épreuves et que vous avez constaté que Dieu est fidèle à ce qu’il dit, vous avez une aide réelle à offrir. Vous avez une expérience de première main de sa grâce et de son dessein. Il vous a gardé dans la douleur ; il vous a remodelé à son image. . . . Ce que vous expérimentez de la part de Dieu, vous pouvez le donner de plus en plus aux autres. Vous apprenez à la fois la tendresse et la clarté nécessaires pour aider à sanctifier la détresse la plus profonde d’une autre personne.

David Powlison

Et Dieu rétabli

Pour terminer ma petite histoire, je ne vous cache pas avoir été très blessé et bouleversé par l’agression de ce jeune leader : – En fait, ton mentorat Alain, c’est du paternalisme !  Si cela avait vrai, cela aurait été le signe de l’échec de cette vision de l’accompagnement que le Seigneur a mise sur mon coeur. Mais Dieu, dans sa bonté, a eu pitié de ma tristesse et de mon désarroi. Dans les 15 minutes qui ont suivi, j’ai été rassuré, béni par les propos de deux jeunes leaders formidables ! Le premier avait une question, son mentor était absent. Après notre entretien, il a remercié Dieu spontanément, dans sa prière pour le mentorat paternel d’Alain. Quelques minutes après, j’ai rejoint une discussion. Un gars racontait les conséquences, pour lui, du divorce de ses parents. Un participant à cette conversation a alors ajouté : – Ah, toi aussi ! Moi j’ai dû mettre mon père à la porte de chez nous pour protéger ma mère et mes frères. Tu comprends pourquoi j’ai besoin du mentorat paternel d’Alain !  Par ce double témoignage, le Seigneur a rétabli la paix dans mon coeur.

Je reste convaincu que, comme Paul le dit clairement, ce qui recommande notre ministère n’est pas notre réussite, notre succès, mais l’oeuvre profonde de l’Esprit de Dieu dans notre vie. Même si cette oeuvre se fait aussi au travers des épreuves et des combats.

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