La crise du leadership et les « super poules » !

Le besoin d’évangélistes, de pasteurs, est immense. Pourquoi l’Église de Jésus, dans sa grande majorité, ne parvient-elle pas à multiplier les ministères ? Quelle la vision, quel est notre modèle ? Cet article, dans lequel il est question d’élevage de super-poulets, illustre qu’il est essentiel de ne pas nous éloigner du modèle de Christ. La crise du leadership et les « super poulets » !

Il y a une crise du leadership ! La croissance rapide de l’Église reste, en beaucoup d’endroits, vulnérable et peu profonde, en raison, en partie, du manque de responsables formés et, en partie, de l’usage par un trop grand nombre d’entre eux de leur position pour exercer une puissance temporelle, asseoir un statut social et s’enrichir personnellement. Ceci provoque la souffrance du peuple de Dieu, le déshonneur du Christ et la sape de la mission de l’évangile.

Engagement du Cap IV -3. 

Cet article reprend de larges extraits de la réflexion de mon amie Mary-Kate Morse, dans Longlife leadership.

Super poulets

Un chercheur de l’université de Purdue, William Muir, a étudié la productivité des poules. Il voulait savoir comment élever des poules qui pondent beaucoup d’œufs. Muir a réparti des poulets en deux groupes. Le premier était composé de poulets normaux et en bonne santé. Il les a laissés tranquilles pendant les six générations de la vie d’un poulet. Un autre groupe, séparé, comprenait que des super-poulets. Ceux qui avaient prouvé qu’ils deviendraient d’excellentes poules pondeuses. Muir les a laissées tranquilles durant six générations. Il leur a fourni de la nourriture, de l’eau et un environnement propre, mais n’a rien fait pour influencer la ponte des poules.

À la fin de l’expérience, Muir a découvert que le groupe de poules normales était florissant. Elles pondaient plus d’œufs, par poule, qu’au début de l’expérience. Dans le groupe des super-poulets, il ne restait plus que trois poules. Elles avaient éliminé les autres en les picorant. Les super-poules avaient pondu plus d’œufs grâce à une stratégie de suppression des autres poules. En les tuant ou en les intimidant pour qu’elles ne puissent pas pondre.

Il n’y aura pas de Mission à l’image de Christ sans dirigeants à l’image de Christ.

NANA YAW OFFEI

Leaders  supers-poules ?

Lorsque nous pensons au leadership, nous pouvons tomber dans le même piège. Nous pensons que si nous trouvons les bons super-poulets, nous aurons du succès. Nous recherchons les superstars. Nous leur donnons les meilleures ressources et leur donnons du pouvoir, croyant qu’elles amèneront des centaines de personnes à Christ ou empliront nos églises. Qu’elles rapporteront des centaines de dollars à nos ministères. La vérité est la même que dans le monde des poulets : Cette stratégie ne mène qu’à des dysfonctionnements.

Dans notre culture – et souvent dans nos églises – nous créons des super-poules parce que nous voulons désespérément réussir. Nous pensons que le succès peut venir d’un leader superstar. Cela ne se passe généralement pas bien. Les gens sont blessés, et ce n’est pas la voie de Jésus.

Plus dur sera la chute 

C’est cette stratégie qui a conduit à la chute de Bill Hybels. Lui qui avait écrit un livre sur le caractère du leader : Qui êtes-vous lorsque personne ne vous voit ? Sa vie publique et sa vie privée n’étaient pas les mêmes. De sa place privilégiée en tant que dirigeant d’une mégaéglise, il a perdu le contact avec son objectif premier, à savoir aimer les autres comme Jésus les a aimés.[…]

Lorsque nous séparons notre théologie et notre comportement d’une expérience vivante du Christ et d’un engagement dans un voyage de toute une vie d’humble soumission à l’œuvre du Christ en nous, nous pouvons devenir fiers, arrogants et autosuffisants. Nous pouvons devenir de super poulets, même si nous sommes dans un petit poulailler.

Mary-Kate Morse,

Crise du leadership chrétien

La crise du leadership chrétien est due au fait que nous recherchons des super-poules plutôt que de développer et d’encadrer les poules qui produisent des œufs. Cela concerne toutes sortes d’évangélistes et d’influenceurs, les femmes comme les hommes, les pauvres comme les riches, la diversité ethnique comme la culture dominante, les personnes sans instruction comme les universitaires. Lorsque nous renonçons à notre besoin d’avoir des « étoiles » qui nous donnent raison ou nous font réussir, nous apprenons à voir des leaders dans tous les coins.

Billy Graham super poule  ?

Billy Graham, que certains pourraient considérer comme un super-poulet en raison de sa position et de sa célébrité, a travaillé sans relâche pour soutenir et aider d’autres leaders. Il a eu l’idée de réunir les dirigeants chrétiens du monde entier pour qu’ils apprennent et contextualisent la Mission et le ministère dans un monde en mutation rapide, et pour qu’ils s’encouragent et se renforcent mutuellement. C’est ainsi qu’est né le Mouvement de Lausanne, en juillet 1974. John Stott a présidé un comité diversifié de penseurs qui ont créé le « La déclaration de Lausanne », considérée comme l’un des documents les plus importants de l’Eglise  Le troisième Congrès de Lausanne s’est tenu au Cap, en Afrique du Sud, en octobre 2010, qui a produit l’Engagement du Cap. Ce document reconnait la tendance des ministères chrétiens est de former des super-poules plutôt que d’humbles leaders serviteurs.

Mary-Kate Morse,

Qui pour accompagner ?

Malheureusement, aujourd’hui, peu de leaders chrétiens développent d’autres leaders parce qu’ils sont tellement occupés par leurs propres responsabilités. La tentation est de faire et de faire pour être vu et honoré. Ces leaders peuvent avoir dans leur entourage des leaders plus jeunes et moins expérimentés, mais la taille de l’entourage est parfois plus pour le spectacle que pour élever la prochaine génération de leaders. Peu de choses sont faites pour investir relationnellement dans ces jeunes leaders ou pour leur donner l’occasion d’acquérir des compétences et de se développer. Les jeunes leaders doivent soit attendre que le super-poulet meure, soit trouver un autre endroit où diriger.

Le modèle de Jésus

Jésus n’a pas profité de sa position de pouvoir en tant que Fils de Dieu. Il s’est humilié, jusqu’à la mort, pour nous aimer et nous servir.

Lui qui est de condition divine, il n’a pas regardé son égalité avec Dieu comme un butin à préserver, mais il s’est dépouillé lui-même en prenant une condition de serviteur, en devenant semblable aux êtres humains. Reconnu comme un simple homme, il s’est humilié lui-même en faisant preuve d’obéissance jusqu’à la mort, même la mort sur la croix.

Philippiens 2 : 8

Double problème 

Lorsque nous nous éloignons du modèle de Jésus, nous créons deux problèmes. 

D’abord, moins de leaders chrétiens peuvent émerger, ensuite, peu de leaders chrétiens ressemblent à Christ. Jésus a modélisé ce que c’est que d’être un influenceur ou un évangéliste chrétien. Nous voyons ce que Jésus voit. Nous voulons guérir, rassembler, aider les autres, prêcher et enseigner pour la vie, réformer les communautés, servir les laissés-pour-compte et les pauvres, tout comme Jésus l’a fait. 

Les suggestions de l’Engagement du Cap.

Premièrement : former des responsables…

…pour qu’ils ressemblent au Christ et vivent selon le coeur de Dieu, c’est prendre les choses à l’envers. D’un point de vue biblique, pour commencer, seules les personnes dont la vie a déjà mis en évidence les qualités fondamentales d’une vie de disciple mûr devraient être nommées à des postes de responsabilité. Si nous sommes aujourd’hui confrontés à un si grand de personnes en position de responsabilité qui n’ont guère été formées à la vie de disciple, nous n’avons alors pas d’autre choix que d’inclure une telle formation de base dans leur formation de responsable. Aujourd’hui, dans l’Église mondiale, le grand nombre de responsables, qui ne sont ni selon le coeur de Dieu ni à l’image du Christ, est sans doute la preuve flagrante de générations entières d’évangélisation réductionniste, de formation de disciples bâclée et de croissance sans profondeur. La réponse à l’échec des dirigeants ne se limite pas à davantage de formation de responsables, elle se trouve plutôt dans une meilleure formation à la vie de disciple. Celui qui dirige doit premièrement être lui-même disciple du Christ.

Deuxièmement, certains programmes de formation…

… de responsables tournent autour d’un ensemble de connaissances, de techniques et de savoir-faire au détriment d’un caractère qui plaise à Dieu. Au contraire, les authentiques responsables chrétiens doivent ressembler au Christ, avoir un cœur de serviteur, être revêtus d’humilité, d’intégrité, de pureté, ignorer la cupidité, baigner dans la prière, dépendre de l’Esprit de Dieu et être remplis d’un profond amour pour les êtres humains.

De plus, certains programmes de formation de responsables n’ont pas de formation spécifique à l’un des savoir-faire clés que Paul inclut dans sa liste de qualifications: la capacité à enseigner la Parole de Dieu au peuple de Dieu. Pourtant l’enseignement biblique est le moyen par excellence de la formation de disciple et c’est cela qui manque le plus gravement chez les responsables chrétiens à l’heure actuelle.

  1. Nous avons soif de voir s’intensifier les efforts pour former les disciples, par un travail à long terme d’enseignement et d’accompagnement des nouveaux croyants, afin que ceux que Dieu appelle et donne à l’Église comme responsables soient qualifiés selon les critères bibliques de maturité et d’esprit de service.
  1. Nous renouvelons notre engagement à prier pour nos dirigeants. Nous avons soif que Dieu multiplie, protège et encourage les responsables qui sont bibliquement fidèles et obéissants. Nous prions que Dieu reprenne, écarte ou conduise à la repentance les responsables qui déshonorent son nom et discréditent l’Evangile. Et nous prions pour que Dieu suscite une nouvelle génération de responsables-serviteurs, formés à la vie de disciple, dont la passion est par-dessus tout de connaître le Christ et de lui ressembler.
  1. Ceux d’entre nous qui sommes des responsables chrétiens doivent reconnaître notre vulnérabilité et accepter le don qu’est l’obligation de rendre des comptes au sein du Corps du Christ. Nous recommandons la pratique consistant à se soumettre à un groupe auquel nous devons rendre des comptes
  1. Nous encourageons vivement les centres de formation pastorale ou théologique, et tous ceux qui participent aux programmes de formation de responsables, à mettre davantage l’accent sur la formation spirituelle et sur le caractère, en ne se limitant pas à transmettre des connaissances ou à noter une performance, et nous nous réjouissons de tout cœur avec ceux qui le font déjà dans le cadre d’un développement complet de «toute la personne» du responsable.
Retour en haut