Cet ami qui vous veut du bien

Les petites morts du leader spirituel

Retour sur la définition

Dans le contexte biblique, le leader est une personne qui possède une capacité reçue de Dieu, qui assume une responsabilité confiée par Dieu et influence un groupe spécifique du peuple de Dieu, pour que celui-ci atteigne les objectifs de Dieu pour ce groupe.

D’après R. Clinton Cf. La croissance du leader Ed BLF Éditions

Cette définition élimine d’emblée un certain nombre d’idées fausses, de préjugés sur le leadership que l’on attribue, à tort, au leadership dans certains milieux évangéliques.

Quelle est la tâche ?

Définition du leadership :

Rôle de celui qui, à l’intérieur d’un groupe, a la capacité de prendre des initiatives, d’avoir de l’influence sur les autres, qui manifeste des aptitudes à la direction, dans la perspective que d’autres soient à leur tour pareillement équipés, selon le modèle de Jésus-Christ. 

D’après R. Clinton La croissance du leader Ed BLF Éditions

Équiper d’autres 

Le leader spirituel n’est pas appelé, avant tout, à développer sont propre ministère, mais celui des autres. Attention cette affirmation est explosive ! Examinez les leaders de votre entourage et observez quelle est leur vraie priorité : réussir eux-mêmes ou faire réussir les autres ? Le leader spirituel doit donc développer le savoir être et le savoir faire de ceux qu’il veut équiper. Pour cela, il doit leur offrir des opportunités de servir. Et même parfois leur donner sa propre place.

Accepter que d’autres fassent moins bien

Quand vous formez, quand vous êtes déterminé à équiper un futur leader, vous devez accepter qu’au début celui-ci fasse moins bien que vous, et mette bien plus de temps que vous pour accomplir la même tâche. Dans les années 90 j’ai accompagné plusieurs stagiaires Intitut Biblique de Genève alors que je dirigeais une radio locale chrétienne. J’ai bien dû accepter que dans les premiers temps ils accomplissent moins bien et plus lentement des tâches que j’accomplissais avec mon expérience. J’ai très souvent été tenté de dire : « Laisse je vais le faire moi-même ! » Petite mort…. C’était pourtant la seule voie pour qu’ils deviennent un jour des leaders accomplis. 

Accepter que d’autres fassent mieux 

On raconte que dans le compagnonnage, le maître révèle presque tout ses secrets professionnels. Mais pas tout à fait tous. Pour éviter qu’un jour l’apprenti ne le dépasse et lui chipe sa clientèle ! Petite mort ! Le leader spirituel doit être prêt à ce que celui qu’il équipe pour le ministère fasse un jour bien mieux que lui. J’ai entendu cette excellente  remarque d’un leader à l’intention de jeunes qu’il accompagnait : « Je veux que mon plafond devienne votre plancher ! » Malheureusement je ne suis pas certain qu’il ait accepté la petite mort que supposait cette magnifique formule et de voir ses mentorés faire mieux que lui !

Oui mais la qualité alors ?

Vous pensez qu’il n’est pas possible d’accepter que la qualité baisse, que l’Église ou votre structure ne pourra pas supporter cela. D’abord prenez un moment pour vous remémorer vos débuts. Vous n’atteigniez pas le niveau de qualité que vous atteignez aujourd’hui. Méfiez vous : l’obsession de la qualité peut avoir de mauvaises motivations,  être l’expression soit d’une vision d’un « évangile transitionnel, soit d’une attitude de contrôle. Certes, tout ce que vous faites, vous le faites au mieux de vos capacités parce que vous croyez que c’est ainsi que vous glorifiez Dieu. La véritable sagesse consiste à savoir comment établir des priorités et à prier pour faire ce que Dieu désire vraiment. C’est aussi reconnaître que la foi consiste aussi à accepter la une certaine imperfection dans certains domaines de la vie. Nous glorifions Dieu en reconnaissant notre faiblesse et en l’écoutant pour qu’il nous aide dans nos priorités.

Offrir sa place 

Voilà encore une petite mort ! Lisez :  Comment mon mentor m’a aidé à grandir en m’offrant la sienne pour un grand événement. Voici une expérience vécue comme mentor. J’ai été contacté par le pasteur d’une grande église internationale, qui m’invitait à venir prêcher, « … parce je veux exposer mon Église aux meilleurs prédicateurs français ! » Je ne pouvais malheureusement pas me rendre disponible. J’ai donc proposé à ce pasteur d’envoyer à ma place un jeune évangéliste. Nous sans trembler. J’ai pris des nouvelles du jeune prédicateurs avant, puis après son intervention. J’attendais avec fébrilité le retour du pasteur. Sa réaction a été plus qu’encourageante. « Alain : as-tu d’autres jeunes comme celui que tu m’as envoyé à me recommander ? Parce que je voudrais exposer mon Église aux meilleurs prédicateurs français ! » Quel encouragement ! Je lui ai donc proposé un autre de mes mentoré… en prenant quelque précautions : « Tu sais il est différent de celui qui déjà est venu chez toi mais…. » Et bien ces deux jeunes, que je voulais équiper pour leur ministère, ont été réinvités…. Et moi jamais ! Petite mort !

Accepter d’autres motivations ou d’autres méthodes

Leader, nous avons notre propre vision de ce qui est juste et de ce qui doit être. Et voilà que d’autres annoncent l’Évangile, développent un ministère – ou poursuivent celui que vous avez développé – avec des mobiles, des méthodes que vous ne vous reconnaissez pas. Je pense à la remarque de Paul :

… les autres, animés d’un esprit de rivalité, annoncent Christ avec des intentions qui ne sont pas pures […] Qu’importe ? De toute manière, que ce soit pour de mauvaises raisons, que ce soit sincèrement, Christ est annoncé.

Phil 1 : 17 & 18

Paul montre l’exemple d’une belle petite mort : il se réjouit simplement que l’Évangile progresse. J’avoue que, dans une situation similaire, je ne suis pas mort « une seule fois » ! Je dois revenir à la Croix, et me réjouir des progrès de l’Evangile du ministère en question, en dépit de ce que je peux éprouver. Le contraire serait source d’amertume et de critiques et j’ai trop entendu de leaders spirituels critiquer leurs successeurs !

Céder sa place

Il y a quelques temps j’ai entendu un journaliste rapporter l’interview d’un homme politique français Jean Lecanuet , baptisé « le Kennedy français .  Ancien candidat à la présidence de la République, cet homme cumulait de très nombreux postes. Ministre, sénateur, président de son parti politique, maire de Rouen… et bien d’autres charges avant que soient définies les limites au cumul des mandats. Le journaliste lui a posé la question : « – Quand allez-vous renoncer à certains mandats, Monsieur le Ministre ? – Vous n’y pensez pas jeune homme, renoncer à un mandat c’est une petite mort ! »

… dans la perspective que d’autres soient à leur tour pareillement équipés, selon le modèle de Jésus-Christ. 

D’après R. Clinton La croissance du leader Ed BLF Éditions

Exercice difficile

Céder sa place n’est pas aisé. Cela demande de préparer sa succession. Ne dit-on pas : « Quand un leader accède à un nouveau poste il devrait immédiatement prévoir son successeur. » Donc il faut une vision et une préparation. Ensuite l’entourage ne va forcément aider le leader spirituel à renoncer à son poste. J’ai récemment quitté la présidence d’une association chrétienne. J’ai commencé à en parler plusieurs années auparavant. Mais on m’a dit, et répété  : « Ah Alain nous ne pouvons pas imaginer de fonctionner sans toi… Tu vas nous manquer… » Et il n’a été facile pour personne de passer par cette petite mort. Si les leaders expérimentés restent trop longtemps à leurs postes et ne cèdent pas la place à des plus jeunes, ce sera incontestablement un frein à l’émergence de nouveaux leaders spirituels. Or l’injonction de Paul à Timothée est vraie pour nous aussi :

 Ce que tu as entendu de moi en présence de nombreux témoins, confie-le à des personnes fidèles qui soient capables de l’enseigner aussi à d’autres.

2 Tim 2 : 2

Quand on a plus besoin de vous !

J’ai eu le privilège de prêcher une à deux fois par an durant les vingt dernières années dans une Église que j’ai naitre, et ce dès ses débuts. J’y a eu de nombreux amis. Cette Église à réussi le tour de force de renouveler l’équipe d’anciens, par de jeunes leaders spirituels. Lors de ma dernière prédication, tout à la joie d’un retour en présentiel, je propose à l’un des jeunes anciens : – Tu aimerais que nous retenions quelques dates ? Sa réponse, sans ambiguïté, m’a sérieusement bousculé ! – Ah non ! Tu es venue cette année, c’est bon, le planning est fait pour le reste de l’année. Nous verrons si nous ferrons appel à toi ! Autant le dire, j’était blessé et frustré. J’aime cette Église et ces amis. J’ai trouvé la réplique de ce jeune leader déagréable. Cela m’a affecté…. jusqu’à ce que je réalise : – Mais c’est une nouvelle génération qui est désormais aux commandes. Elle à d’autres aspirations. Tu dois céder la place. Même si tu dois passer par une petite mort, réjouis-toi et acceptes de laisser la place à d’autres. Toutes choses ont une fin ! D’ailleurs cela m’a amené à réfléchir sur mes motivations profondes : est-ce que j’aime prêcher pour servir Dieu et son peuple… ou pour exister, pour moi-même ? Question primordiale non ?

Questions personnelles

  • Êtes- vous déterminé à équiper d’autres selon le modèle de Jésus ?
  • Avez-vous déjà vécu ces petites morts du leader spirituel ?
  • Non ? Alors comment pensez-vous accomplir votre rôle de leader ?
  • Accomplissez-vous des tâches que vous pourriez confier à d’autres, même si cela vous ferais passer par une petite mort ?
  • Avez-vous déjà réfléchi à quelles responsabilités vous pourriez renoncer pour équiper d’autres ?
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