Leaders, ce n’est pas ce que vous faites qui détermine votre identité

Nous sommes tellement attaché au « faire ». Parfois même nous existons par ce que nous faisons. Neil Anderson, au début de son livre, Une nouvelle identité pour une nouvelle vie, pose une question qui m’a bousculé. Alors, je vous la pose : Votre identité est-elle déterminée par ce que vous faites ou par Christ ?

Mon identité est-elle déterminée par ce que je fais, ou est-ce que c’est mon identité qui détermine ce que je fais? Voilà une question importante, surtout par rapport à la maturité chrétienne. Je défends la deuxième opinion. Je crois fermement que notre croissance et notre épanouissement dépendent de l’idée que nous avons de nous-mêmes et surtout de notre identité en Christ, en tant qu’enfant de Dieu. Notre compréhension de nous-mêmes est à la base de notre système de pensées et de nos modèles de comportement en tant que chrétiens.

Niel Anderson

Cette question est cruciale. Faute d’être conduits par leur identité en Christ, certains leaders sont devenus des patrons, des tyrans, des fonctionnaires, des managers, des coachs… Ou ont quitté le ministère. En tout cas, pas des exemples à la manière de Paul :

Soyez mes imitateurs, comme je le suis moi-même de Christ.

1 Cor 11 : 1

Déterminé par les attentes ?

Examinons un instant notre routine quotidienne. En général, nous sommes des gens très pris. Nous devons assister à quantité de réunions, nous avons quantité de visites à faire, de services à assumer. Nos agendas sont surchargés d’obligations et nos années de plans et de projets. Rares sont les moments où nous n’avons rien à faire, et nous vivons à un rythme tellement effréné que nous ne prenons même pas un instant de répit pour nous demander si l’une quelconque de nos pensées, de nos paroles ou de nos actions mérite d’être réfléchie, prononcée ou entreprise. Nous nous contentons de faire bon ménage avec les multiples devoirs et responsabilités qui nous incombent, et nous leur consacrons notre vie comme s’il s’agissait d’authentiques expressions de l’Évangile. Il faut inciter les gens à aller à l’église, intéresser les jeunes, trouver de l’argent, et surtout, il faut contenter tout le monde. Par ailleurs, il convient que nous soyons en bons termes avec les autorités civiles et religieuses ; nous souhaitons être aimés, ou du moins respectés, par la majorité des membres de nos communautés ou des institutions dans lesquelles nous travaillons ; et enfin, nous avons besoin d’une rémunération suffisante et d’un temps de repos pour mener une vie équilibrée.

Ainsi nous avons fort à faire, comme tant d’autres personnes, et nos récompenses sont celles qui gratifient les gens très occupés. Il résulte de tout cela que nos vies d’hommes et de femmes qui avons accepté de servir dans l’Église tendent à être terriblement séculières. Pourquoi en est-il ainsi ? Pourquoi nous, les enfants de la lumière, en arrivons-nous à pactiser si aisément avec les ténèbres ? La réponse est très simple. Notre identité, !’image que nous avons de nous-mêmes est en jeu. La sécularité est une façon d’être dépendant des réponses de notre milieu.

Henri Nouwen Extrait de Les chemins du désert, solitude et vie apostolique Ed CERF page 20 et 21

Que vous soyez pasteur, responsable d’un groupe de jeunes… Quelle que soit votre responsabilité de leader spirituel, agissez-vous parce que c’est votre rôle, votre « job » ? Parce qu’on attend que vous remplissiez-vous votre tâche ! Et ce qu’on attend de vous devient progressivement votre identité ? À vouloir absolument satisfaire les autres, on peut perdre, ou pour le moins oublier, son identité ! Même inconsciemment !

Déterminé par la culture ?

Vers les années 1970 et 1980, une nouvelle conception a commencé à émerger. De nombreux auteurs de livres et pasteurs de méga-églises ont commencé à considérer le rôle du pasteur comme celui d’un chef d’entreprise, qui lance une vision et rassemble et motive les gens pour qu’ils poursuivent la nouvelle vision dans un environnement changé et sain.

Le modèle de PDG/dirigeant combine un mélange d’idées bibliques et l’adaptation de pratiques commerciales. La plupart des livres sur la croissance de l’Église sont essentiellement des livres sur les modèles de leadership adaptés à l’Église.

Mais de nombreux dangers se cachent derrière ce modèle. Premièrement, il peut conduire les gens à suivre une personnalité charismatique plutôt que des principes bibliques. Deuxièmement, ce nouveau modèle se concentre également sur les besoins de l’église locale, à l’exclusion de l’église mondiale. L’accent de ce modèle, et cela doit être noté, devient la construction d’une méga-église plutôt que la construction d’une église saine. Enfin, tout modèle que nous adaptons a besoin d’un développement biblique et théologique. Le rôle du pasteur doit être basé sur un modèle biblique et avoir un fondement théologique solide.

Joseph Kidder

Êtes-vous enfermé dans un modèle, celui de pasteur. Celui d’artiste. Celui de prophète. Par conformité que modèle de votre culture ecclésiologie ou théologique ? C’est dangereux, parce que c’est faux ! Votre identité est en Christ ! 

Déterminé par ses propres idéaux ?

Commentant le magnifique verset de 1 Col 2 : 14, Antoine Nouis précise que nous pouvons nous-mêmes falsifier notre identité.

Quand ce ne sont pas les autres qui s’en chargent, je suis très fort pour rédiger un acte contre moi-même en faisant la liste de tout ce que je pourrais être et que je ne suis pas. Paul me libère en disant que toutes ces attentes ont été clouées à la croix pour me permettre d’être humblement ce que je suis.

Antoine Nouis

Est-ce que vous définissez votre identité d’après un idéal -qui n’existe peut-être même pas- mais que vous vous imposez, même inconsciement, estimant que vous devriez être différent de que ce que vous êtes ? Sans réaliser, du coup, qui vous êtes réellement en Christ !

Votre identité déterminée par Christ !

Neil Anderson rappelle avec pertinence notre identité réelle définie par Christ et son oeuvre pour nous. Il conseille de méditer régulièrement la liste qui suit. 

  • Je suis le sel de la terre (Matt. 5 : 13).
  • Je suis la lumière du monde (Matt. 5 : 14).
  • Je suis un enfant de Dieu (Jean 1 : 12)
  • Je fait partie du vrai cep, je suis un canal de la vie de Christ (Jean 15 : 1,5).
  • Je suis l’ami de Christ (Jean 15 :15)
  • Je suis choisi et établi par Christ pour porter du fruit (Jean 15 :16).
  • Je suis esclave de la justice (Rom. 6 : 18).
  • Je suis esclave de Dieu (Rom. 6 : 22).
  • Je suis un fils de Dieu; Dieu est spirituellement mon Père (Rom. 8 : 14, 15 ; Gal. 3 : 26 ; 4 : 6).
  • Je suis cohéritier avec Christ, je partage son héritage avec Lui (Rom. 8 : 17).
  • Je suis un temple – une habitation — de Dieu. Son Esprit et sa vie habitent en moi (1 Cor. 3 : 16 ; 6 : 19).
  • Je suis uni au Seigneur et je suis avec lui un seul esprit (1 Cor. 6 : 17).
  • Je suis un membre du corps de Christ (1 Cor. 12 : 27; Eph.5 : 30).
  • Je suis une nouvelle création (2 Cor. 5 : 17).
  • Je suis réconcilié avec Dieu et j’ai un ministère de réconciliation (2 Cor. 5 : 18, 19).
  • Je suis un fils de Dieu, je suis un en Christ (Gal 3 : 26,28).
  • Je suis un héritier de Dieu parce que je suis un fils de Dieu (Gal. 4 : 6, 7).
  • Je suis un saint (Eph. 1 : 1; 1 Cor. 1 : 2; Phil. 1 : 1; Col. 1 : 2).
  • Je suis l’ouvrage – l’œuvre — de Dieu, né de nouveau en Christ pour accomplir son œuvre (Eph. 2 : 10).
  • Je suis concitoyen des saints, membre de la famille de Dieu (Eph. 2 : 19).
  • Je suis un prisonnier du Christ (Eph. 3 : 1 ; 4 : 1).
  • Je suis juste et saint (Eph. 4 : 24).
  • Je suis une expression de la vie de Christ parce qu’Il est ma vie (Col. 3 :  4).
  • Je suis choisi par Dieu, saint et bien-aimé (Col. 3:12; 1 Thess. 1 : 4).
  • Je suis un fils de la lumière et non des ténèbres (1 Thess. 5 : 5).
  • Je suis un saint participant à une vocation céleste (Héb. 3 : 1).
  • Je suis un participant du Christ ; je partage sa vie (Héb. 3 : 14).
  • Je suis une des pierres vivantes de Dieu, édifié en Christ pour être une maison spirituelle (1 Pie. 2 : 5).
  • Je suis membre de la race élue, du sacerdoce royal, de la nation sainte, du peuple qui appartient exclusivement à Dieu (1 Pie. 2 : 9,10).
  • Je suis un étranger et un voyageur dans ce monde dans lequel je vis temporairement (1 Pie. 2 : 11).
  • Je suis un ennemi du diable (1 Pie. 5 : 8).
  • Je suis un enfant de Dieu et je ressemblerai à Christ quand Il reviendra (1 Jean 3 : 1, 2).
  • Je suis né de Dieu, et le malin — le diable – ne peut pas me toucher (1 Jean 5 : 18).
  • Je ne suis pas « Celui qui suis » (Ex. 3 : 14 ; Jean 8 : 24, 28 : 58), mais par la grâce de Dieu, je suis ce que je suis (1 Cor. 15 : 10).

Parce que nous sommes en Christ, chacune de ces caractéristiques est parfaitement vraie pour nous, et nous ne pouvons rien faire pour les rendre plus vraies. Par contre, nous pouvons donner plus de sens à ces aspects et les rendre plus productifs dans notre vie, en choisissant simplement de croire ce que Dieu a dit à notre sujet. Un des meilleurs moyens de grandir vers la maturité en Christ consiste à continuellement nous rappeler qui nous sommes en Christ.

Niel Anderson page 42 et 42 ( de l’édition de 1993)

Pour conclure

Vivre la vie qui vous est donnée par Dieu suppose de rester fidèle à votre vrai moi*. Cela implique de distinguer votre vrai moi des demandes et des voix qui vous entourent et de discerner la vision, l’appel et la mission que le Père vous a donnés.

* Le moi n’est pas utilisé ici dans le sens psychologique contemporain du « moi », terme implicitement réducteur, mais dans le sens biblique plus large de la personnalité structurée dans le contexte d’une vie vécue en relation avec Dieu, en communion avec les autres et faisant partie de la création.

Peter Scazzero (page 79)
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