Hommage à leader qui n’a pas eu peur de demander pardon

Jack Mouyon est décédé le 17 janvier 2022. J’ai siégé à ses cotés au Comité national de la Fédération Évangélique de France alors qu’il en était le président. Je tiens à lui rendre hommage et souligner la portée d’une demande de pardon publique qu’il a exprimée.

J’ai déjà raconté dans cet article, comment est née le CNEF en France.

Un geste libérateur

Pour vous qui vous me lisez depuis d’autres pays, sachez que le CNEF regroupe environ 75% des évangéliques de France. Pendant très longtemps ceux-ci ont été divisés en plusieurs groupes : les évangélique de la Fédération Protestante de France (FPF), l’Alliance Évangélique, la Fédération Évangélique (FEF), et les Assemblées de Dieu de France, pour ne citer que les plus importants. Les relations entre ces groupes étaient fraîches. La FEF s’était autoproclamée « la digue » en réaction au libéralisme…Une méconnaissance mutuelle qui n’était pas dépourvue de méfiance et de comparaisons.

La FEF et l’Alliance évangélique ont eu la vision de convoquer les présidents et les leaders de ces différentes Union d’Église, une première. C’est lors de cette rencontre que Jack Mouyon, alors président de la FEF, a ouvert une voie pour l’ouverture d’un dialogue aux conséquences que personne n’aurait pu imaginer. Il a demandé pardon !

Jack à osé

Il a reconnu, confessé les jugements les sous-entendus, les critiques non formulées. Le fossé non comblé entre frères en Christ. Et sa demande de pardon a été reçue, acceptée lors de la rencontre qui a suivi. D’autres ont à leur tour demandé pardon.

La confession contagieuse

Car rien n’est plus contagieux que la confession. […] Ainsi l’esprit de jugement peut tomber brusquement et faire place à un esprit de charité, et cela non pas par l’aveu que tout le théorème logique de l’accusation visait à arracher, mais par une toute autre voie. Précisément par l’abandon de ce terrain logique où les accusations se croisaient sans se rencontrer et par la rencontre authentique de personnes, par une ouverture sincère de chacun sur ses véritables problèmes. Celui qui accusait tout à l’heure voit maintenant son ami sous un tout autre jour. Il lui semble qu’il a changé de visage, de caractère. Mais c’est en réalité l’accusateur lui-même qui a changé. Cela confirme cette vérité que le jugement d’un homme sur un autre homme dépend plus de celui qui juge et de ses passions que de celui qu’il juge et de sa conduite.

Paul Tournier Vraie ou fausse culpabilité page 90 et 91 Editions Delachaux & Niestlé

Confesser est renversant

Ce revirement, souvent spectaculaire, la Bible l’appelle métanoia. On traduit habituellement ce mot par celui de « conversion ». Il signifie littéralement : changement de mentalité. La mentalité logique d’accusation d’autrui et de défense de soi s’est changée en une mentalité du coeur, ou chacun s’ouvre sur ses propres difficultés et cherche à comprendre celles de l’autre. Et ces deux amis vont se demander mutuellement pardon, maintenant, précisément de cet esprit de jugement, dont ils ne voulaient pas démordre tout à l’heure. À l’attitude tranchante, orgueilleuse, de l’accusateur se substitue tout à coup une attitude d’humilité, dans laquelle il reconnaît ses propres torts. C’est aussi pourquoi on traduit parfois le « changez de mentalité » de l’Évangile par « repentez-vous » (Mat. 3. 2). C’est un renversement, un retour sur soi, et c’est aussi un dépassement de soi, comme la métaphysique dépasse la physique, et introduit des points de vue inconnus de celle-ci.Et la conversion religieuse apparaît, en effet, bien souvent comme un pareil dénouement d’une « franche explication » avec Dieu.

Ibid

Être leader : demander pardon, se repentir

Le repentir et l’humilité sont toujours bons. Lorsque vous faites du tort à quelqu’un, excusez-vous. Faites preuve d’humilité pour dire que vous avez tort.

Owen Strachan

Mes chers amis, la plupart des églises font l’erreur de choisir comme leaders des gens qui ont l’assurance, la compétence et le succès. Mais ce dont vous avez besoin chez un leader, c’est quelqu’un qui a été brisé par la conscience de son péché, et une conscience encore plus grande de la grâce précieuse de Jésus. Les leaders principaux dans chaque église devraient être ceux qui se repentent le plus pleinement sans se justifier, parce que ce n’est plus nécessaire, qui se repentent le plus facilement sans amertume,  le plus publiquement et le plus joyeusement. Ils savent que leur position n’est pas fonction de leur performance. La vie entière est repentance, et la repentance augmente la joie. Elle n’est pas source de traumatismes, mais source de joie et de guérison.

T. Keller

La repentance authentique est la garantie du leadership. Le repentir nous permet d’embrasser l’Évangile et notre besoin de Jésus et du Corps du Christ. La repentance est le chemin vers la vie sainte. Si nous ne reconnaissons pas notre besoin de grâce et de pardon, nous ne pouvons pas grandir en tant que disciple du Christ ou en tant que dirigeant.

Sarah Bladwin

Et vous ?

  • Avez-vous cette capacité à demander pardon à reconnaitre vos torts ? Demander pardon n’est pas un signe de faiblesse, mais de maturité spirituelle. 
  • À qui, dans votre leadership spirituel, devriez-vous demander pardon ?
  • Quelle demande de pardon pourrait en renverser des murailles dans votre sphère d’influence ?
  • Laissez-vous sonder, par l’Esprit-Saint, laissez le vous conduire, comme Jack Mouyon. Et portez des fruits de repentance pour la gloire de Dieu. 

Hommage du CNEF

 Le CNEF, avec le Réseau FEF, veut saluer [Jack Mouyon] l’homme déterminé qu’il fut pour la cause de l’Évangile. Mais aussi l’homme qui a été utilisé par Dieu, au bon moment, pour la cause de l’unité du monde évangélique. Les témoins de la première journée du CNEF, en janvier 2001, sont unanimes pour dire que la demande de pardon envers l’union nationale des Assemblées de Dieu de France, formulée par notre frère dans la spontanéité du Saint-Esprit, constitue un des fondements spirituels sur lesquels le CNEF s’est établi. D’autant plus que la demande réciproque a suivi lors de la rencontre suivante et qu’ainsi un sain état d’esprit s’est installé durablement. « Combien est bonne une parole dite au bon moment ! » Proverbes 15.23.

Christian Blanc président du CNEF

Hommage du Réseau FEF

En janvier 2001, j’ai pu participer à la toute première rencontre des présidents d’unions d’Églises invités, par l’Alliance Évangélique Française et la Fédération Évangélique de France, à des temps d’échanges et de prières qui allaient nous conduire à la création du CNEF. Je n’oublierai jamais l’intervention historique et très forte de Jacques qui s’est levé lors de cette rencontre pour demander spontanément pardon aux Églises des Assemblées de Dieu pour les paroles blessantes des années passées. Une coloration magnifique était donnée au CNEF naissant ! Merci Jacques ! Merci Seigneur de l’avoir inspiré et de l’avoir rendu en bénédiction au sein de notre monde évangélique en France.

Étienne Grosrenaud, président actuel du RéseauFEF

En 2001 lors d’une rencontre provoquée par l’Alliance Évangélique Française et la FEF où presque tous les présidents d’union d’Églises évangéliques étaient présents, à Nogent-sur-Marne, il se leva courageusement pour demander pardon pour les mauvaises attitudes de sa fédération… Intervention qui orienta très clairement la création du CNEF. Homme très jovial, toujours avec une histoire drôle à raconter, Jacky a mené une vie riche en encourageant plusieurs dans leur ministère. Je garde le souvenir d’un grand frère attentionné et aimant le Seigneur et sa Parole. Merci Jacky pour ton exemple, tu es rentré dans la joie de ton Maître où tu as retrouvé ton cher fils parti trop tôt lui aussi. Toute mon affection à sa chère Andrée, à sa fille et ses petits enfants. 

Dominique Ferret, ancien Secrétaire Général de la FEF à l’époque où Jacques Mouyon était président.

Retrouvez Jack Mouyon dans cette vidéo

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