Succès défini le ministère

Connaissances et succès définissent-ils votre identité ?

Cet article fait suite à celui-ci dont nous vous conseillons la lecture préalable : Leaders votre ministère définit-il votre identité ? les lignes qui suivent sont un extrait de Un appel dangereux de Ted Tripp.

Examen de la culture pastorale 

Le ministère peut subtilement mener à redéfinir la maturité spirituelle et ses effets. Cette définition provient de notre perception du péché et de ses conséquences. Un nombre considérable de pasteurs intègrent à leur ministère une fausse définition de la maturité. Cette manière de voir résulte d’une culture éducationnelle qui a tendance à s’imposer au séminaire. 

Maturité = connaissances ? 

Le séminaire [ou l’école biblique, ou la fac…] tend à faire de la foi une pratique éducative : elle devient un monde d’idées à maîtriser. Ainsi, il est relativement facile pour un étudiant de croire que la maturité spirituelle concerne la précision de sa connaissance théologique et l’étendue de son bagage biblique. Les diplômés du séminaire, qui sont des experts de la Bible et de la théologie, ont tendance à se considérer comme des croyants matures. Toutefois, précisons que la maturité n’est pas un phénomène qui se produit uniquement dans la tête (bien qu’il s’agisse d’un élément important de la maturité spirituelle). Elle relève plutôt de la manière de vivre. Il est possible d’être à la fois perspicace sur le plan théologique et très immature, d’être un érudit de la Bible et en même temps de sous-estimer l’importance de son propre besoin de croissance spirituelle. 

Maturité = diplôme ?

J’ai obtenu mon diplôme du séminaire avec distinction et j’ai remporté des prix d’excellence. J’estimais donc que j’étais mature. Selon moi, ceux qui ne partageaient pas mon point de vue me jugeaient et me comprenaient mal. À vrai dire, je considérais ces moments de confrontation comme des persécutions que sont appelés à subir tous ceux qui se consacrent au ministère de l’Évangile. Or, ces idées proviennent d’une mauvaise compréhension de la nature du péché et de la grâce. Le problème du péché n’est pas intellectuel avant tout. (Bien sûr, il touche l’intellect, comme il touche l’ensemble de l’être.) 

Péché et maturité

Le péché est d’abord un problème moral. Il constitue la rébellion contre Dieu et la quête qui vise à usurper la gloire qui lui est due. Le péché, ce n’est pas surtout la désobéissance à un ensemble de règles abstraites. C’est d’abord et avant tout la rupture d’une relation avec Dieu. Puisque j’ai brisé cette relation, il devient facile et naturel de me rebeller contre les règles de Dieu. Ce n’est donc pas seulement ma tête qui a besoin d’être renouvelée par la saine doctrine biblique : la grâce puissante du Seigneur Jésus-Christ réclame aussi mon coeur. La revendication de mon coeur est à la fois un événement (la justification) et un processus (la sanctification). Le séminaire ne réglera donc pas mon plus grand problème : le péché. Il peut contribuer à la solution, mais il peut aussi m’aveugler sur ma véritable condition par sa tendance à redéfinir la maturité. 

Maturité = savoir ?

La maturité biblique ne se rapporte jamais uniquement à ce que nous savons. Elle est toujours associée à la manière dont la grâce emploie ce que nous avons appris pour transformer notre façon de vivre. Songez à Adam et Ève, par exemple. Ils n’ont pas désobéi à Dieu parce qu’ils ignoraient intellectuellement ses commandements. Non. Ils ont volontairement outrepassé les limites que Dieu leur avait fixées parce qu’ils enviaient sa position. La guerre spirituelle en Éden s’est livrée sur le terrain des désirs du coeur. La bataille faisait rage sur un plan plus profond que la simple connaissance.  Songez à David. Il n’a pas réclamé Bath-Schéba pour lui-même et planifié la mort de son mari parce qu’il ignorait les interdictions de Dieu au sujet de l’adultère et du meurtre. Non. David a commis de tels actes parce qu’à un certain moment il ne s’est plus soucié de la volonté de Dieu. Il voulait obtenir ce que son coeur désirait, et il était prêt à tout pour y parvenir. 

Un nombre considérable de pasteurs intègrent à leur ministère une fausse définition de la maturité.

Maturité # sagesse

Songez encore à ce que signifie la sagesse. Il y a une grande différence entre la connaissance et la sagesse. La connaissance est une juste compréhension de la vérité. La sagesse est la manière de comprendre et d’appliquer cette vérité aux situations et aux relations de la vie quotidienne. La connaissance est un exercice du cerveau. La sagesse est l’engagement du coeur qui mène à une vie transformée. J’exerçais mon ministère pastoral avec une conception non biblique de la maturité. Toutefois, je l’ignorais. Je me rends compte aujourd’hui que je croyais être parvenu au point culminant de ma carrière. Je me croyais beaucoup plus mature que je l’étais réellement. Ainsi, lorsque Luella [mon épouse] s’opposait avec amour et fidélité à ma façon d’agir, je me défendais et je pensais par défaut qu’elle avait tort. J’étais de plus en plus persuadé que c’était elle qui avait un problème. Je ne ressentais pas mon besoin. Par conséquent, je n’étais pas ouvert à la correction et j’utilisais ma connaissance biblique et théologique pour me défendre. Je m’enfonçais dans un véritable bourbier et je n’en savais rien.

Le succès de mon ministère = l’approbation de mon mode de vie par Dieu.

Le ministère pastoral était exaltant sur plusieurs plans. L’Église croissait en nombre et les gens semblaient grandir spirituellement. De plus en plus de personnes semblaient s’engager dans cette communauté spirituelle vivante et nous étions témoins des luttes que livraient leurs coeurs. L’école chrétienne que nous avions fondée devenait de plus en plus influente et jouissait d’une bonne réputation. Nous commencions à découvrir et à former des dirigeants. Bien sûr, tout n’était pas rose : nous avons connu des périodes sombres et pénibles. Mais j’entamais chaque journée avec le profond sentiment d’être privilégié que Dieu m’ait appelé à accomplir cette tâche. Je dirigeais une communauté chrétienne et Dieu bénissait nos efforts. Toutefois, je recevais ces bénédictions de la mauvaise façon. Inconsciemment, j’interprétais la fidélité de Dieu envers moi, son peuple, l’oeuvre de son royaume, son plan de rédemption et son Église comme une manifestation de l’approbation de Dieu à mon égard. 

La fausse perspective du succès

La perspective que j’entretenais au sujet de mon ministère, mais surtout de moi-même, se résumait ainsi : « Je fais partie des gens bien et Dieu me soutient dans tout ce que je fais. » En effet, je disais à Luella (c’est embarrassant, mais essentiel de l’admettre) : « Si je suis mauvais à ce point, comment se fait-il que Dieu bénisse tout ce que je touche? » Dieu agissait ainsi, non parce qu’il approuvait mon mode de vie, mais à cause de son zèle pour sa propre gloire. Il se montrait fidèle aux promesses de sa grâce envers son peuple. Puisque Dieu détient l’autorité et la puissance, il utilise l’instrument qu’il choisit de la façon dont il choisit. Le succès d’un ministère dépeint la personne de Dieu plus qu’il ne décrit les personnes qu’il utilise pour accomplir ses desseins. Je me trompais complètement. Je m’appropriais une gloire que je ne méritais pas pour ce que je ne pouvais faire moi-même. Je croyais que tout convergeait vers moi, ce qui m’empêchait de voir que j’étais en route vers le désastre. J’ignorais tout de mon profond besoin d’être secouru par la grâce de Dieu. J’avais besoin du secours de la grâce et Dieu est venu à ma rescousse. Pour ce faire, il a utilisé la fidélité de Luella et les questions incisives de Tedd. 

Et vous ? 

  • Comment vous percevez-vous ?
  • Quelles sont les choses que vous vous répétez constamment à votre sujet ? 
  • Y a-t-il des signes subtils dans votre vie qui indiquent que vous vous considérez comme différent de ceux qui ont été confiés à vos soins? 
  • Vous considérez-vous comme un ministre de la grâce qui a besoin de cette même grâce? 
  • Vous êtes-vous habitué aux disparités entre l’Évangile que vous prêchez et votre façon de vivre? 
  • Y a-t-il des incohérences entre votre personnalité publique et les détails de votre vie privée? 
  • Encouragez-vous dans votre Église un niveau de communion auquel vous ne vous soumettez pas vous-mêmes ? 
  • Tombez-vous dans le piège qui consiste à croire que personne ne vous connaît mieux que vous-même? 
  • Vous servez-vous de votre connaissance ou de votre expérience pour réfuter les critiques ?

Pasteur, vous n’avez pas à avoir peur de ce qui se trouve dans votre coeur, ni à craindre d’être connu. Tout ce qui pourrait être dévoilé à votre sujet a déjà été couvert par le sang précieux de votre Roi et Sauveur, Jésus.

Citations avec l’aimable autorisation des Éditions Cruciforme

Extrait pages 25 à 28

https://www.blfstore.com/A-17527-un-appel-dangereux.aspx

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