Leaders : votre ministère définit-il votre identité ?

Eugène Peterson écrit, à propos du ministère pastoral, des lignes explosives et provocatrices

Pourquoi des pasteurs [leaders spirituels] éprouvent-ils tellement de peine à être pasteurs ? 

Parce que nous baignons dans l’idolâtrie. Là ou deux ou trois s’assemblent au nom de Dieu, ils constituent un comité chargé de fabriquer une idole. Nous voulons des dieux qui ne soient pas des dieux pour que nous soyons « comme des dieux ».
L’idolâtries dans laquelle les pasteurs [leaders spirituels] risquent visiblement de tomber n’est pas personnelle, mais professionnelle ; c’est l’idolâtrie d’une carrière religieuse qu’on peut assumer et gérer. Mon propos est justement d’opposer la sainteté de la vocation à l’idolâtrie de la profession. On étudie plus souvent le thème de la sainteté personnelle, ce processus à vie au cours duquel notre coeur, notre esprit et notre corps sont amenés à la ressemblance du Christ. Mais il est possible et courant de cultiver une profonde piété personnelle qui coexiste avec une idolâtrie professionnelle sans que personne ne se rende compte de l’anomalie. On se dit que si le pasteur est pieux, son travail sera empreint de piété. Rien ne justifie cette supposition. Un charpentier a beau être sincère, sa découpe du bois ne sera pas forcément régulière. Et la piété d’un pasteur ne garantit pas la qualité de son ministère pastoral. J’ai l’impression que la majorité des pasteurs sont des hommes vraiment droits, bien intentionnés et même pieux. Mais ces qualités personnelles n’imprègnent pas forcément leur travail pastoral.

Dans le ventre du poisson page 8 Éditions La Clairière

Là ou deux ou trois s’assemblent au nom de Dieu, ils constituent un comité chargé de fabriquer une idole.

Eugene Peterson

Paul Tripp, dans l’excellent livre, qu’il qualifie lui-même de « livre diagnostique »,  Un appel dangereux, – dans lequel il se livre à une étude de la culture pastorale- raconte comment il était en route vers le désastre, avant que Dieu ne l’arrête et qu’il prenne conscience des aspects dysfonctionnels dans sa vie et dans son ministère.

Vous avez le plus d’influence 

Ceux qui s’engagent dans le ministère doivent comprendre ceci :  Personne n’a plus d’influence sur votre vie que vous-même, car personne ne vous parle aussi souvent que vous le faites vous-même.  Que vous en soyez conscient ou non, vous entretenez avec vous-même un monologue ininterrompu, et ce que vous vous dites façonne votre vie. Votre monologue continu porte sur votre identité, votre spiritualité, votre rôle, vos émotions, votre mentalité, votre personnalité, vos relations, etc. Vous vous prêchez constamment une sorte d’évangile. Soit l’anti-évangile de votre propre justice, de votre puissance et de votre sagesse, soit le véritable Évangile du profond besoin spirituel et de la grâce suffisante. Soit un anti-évangile de solitude et d’inaptitude, soit le véritable Évangile de la présence, de la provision et de la puissance d’un Christ omniprésent. Le coeur même de cette conversation intérieure porte sur l’identité. Les êtres humains s’attribuent constamment une forme ou une autre d’identité. Tous, ils la cherchent sur le plan vertical, en se basant sur ce qu’ils sont en Christ, ou horizontal, dans les situations, les expériences et les relations de leur quotidien. Or, le fait de chercher une identité axée sur la dimension horizontale est une tentation particulière au ministère. Ce problème d’identité explique en partie pourquoi j’étais si aveugle quant à la grande discordance entre ma vie pastorale publique et ma vie familiale privée. Le ministère était devenu mon identité. Je ne me voyais plus comme un enfant de Dieu en constante lutte contre le péché, qui tous les jours a besoin de la grâce et du corps de Christ qu’il est appelé à servir. Je n’étais plus un croyant au coeur du processus de sanctification. J’étais devenu un pasteur. Voilà tout. L’office de pasteur me définissait, c’était pour moi bien plus qu’un appel et un ensemble de dons de Dieu reconnus par le corps de Christ. C’était moi. Et cette dynamique spirituelle présentait de grands dangers. Ma vie chrétienne avait cessé d’être une relation et mon coeur refusait de le comprendre. Bien sûr, je savais que Dieu est mon Père et moi son enfant, mais les choses semblaient différentes en réalité. Ma foi était devenue une simple compétence professionnelle dans le cadre de mon travail. Mon rôle de pasteur définissait ma compréhension de mon identité. Il façonnait mes relations avec l’entourage. Mon appel était devenu mon identité et à mon insu, cela m’attirait de graves ennuis. Je me dirigeais tout droit vers un désastre. J’avais laissé la colère gouverner ma vie, quoique le péché ait pu tout aussi bien prendre une autre forme.

Un appel dangereux, Editions Cruciforme pages  21 et 22

Questions :

  • Vivez-vous des relations troublées et ou dysfonctionnelles ?
  • Qu’est-ce qui vous définit : votre ministère ou votre immense besoin de la grâce du Seigneur Jésus-Christ ?
  • Les obligations de votre ministère supplantent-elles vos disciplines spirituelles : silence, écoute de Dieu de sa Parole, vie de prière ?
  • Vous prêchez-vous l’Évangile de la croix  ?
  • Quelle est l’influence de votre ministère sur votre identité ?

Orgueilleux, inabordable et sur la défensive





Aveuglé au point de ne pas voir clairement mon coeur, j’étais orgueilleux, inabordable et sur la défensive. J’étais devenu beaucoup trop confortable. J’étais pasteur [leader spirituel]  : je n’éprouvais donc pas les mêmes besoins que les autres. Je répète que sur le plan conceptuel et théologique, j’aurais nié une telle chose. Être pasteur était bien sir mon appel et non pas mon identité. Être enfant du Dieu Très-Haut : voilà la véritable identité que m’avait accordée la croix! Mon identité, c’était celle d’un membre du corps de Christ en train d’être sanctifié. Celle du pécheur qui a désespérément besoin de la grâce qui sauve, transforme, fortifie et délivre. Je ne me rendais pas compte du fait que je cherchais autour de moi ce que j’avais déjà reçu en Christ. Cette vaine poursuite produisait de mauvais fruits dans mon coeur, mon ministère et mes relations. J’avais laissé le ministère définir mon identité. Je comptais en tirer un sentiment de bien-être intérieur. Or, le ministère ne pouvait pas me le procurer.

Un appel dangereux, Éditions Cruciforme page 24 et 25

Citations avec l’aimable autorisation des Éditions Cruciforme

Extrait pages 25 à 28

https://www.blfstore.com/A-17527-un-appel-dangereux.aspx

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