Un processus se répète à travers les Écritures :
Ordre — Désordre — Re-ordre. Création — Dé-création — Re-création.
Il s’est produit à Babel, à travers l’Exode, dans les histoires exiliques de Daniel et Esther. Et d’une manière remarquable par la mort et la résurrection du Christ, suivi par la dispersion de l’Église dans le livre des Actes. Une nouvelle réalité supérieure à l’originale a émergé à la suite de perturbations (Cf. le désert, la fournaise, la persécution….)
Aujourd’hui, le coronavirus nous conduit dans une période de perturbation. Je suis convaincue qu’au milieu de cela, Dieu est toujours à l’œuvre pour engendrer quelque chose de nouveau.
La question pour aujourd’hui est :
Comment vivre ce désordre ?
Nous pourrions être tentés de conserver l’ancien ordre, de continuer à faire tout ce que nous faisions auparavant en changeant simplement nos outils. Le travail est en ligne. L’église est en ligne. Les réunions sont en ligne. Par les courriels, Facebook et les SMS nous restons connectés au monde tel que nous le connaissons. Nous pourrions faire comme si tout était pareil et s’efforcer de maintenir le statu quo ?
Nous pourrions tentés d’éviter la crise en nous cachant jusqu’à ce que le nouvel ordre émerge. Toutes les inconnues et incertitudes peuvent nous paralyser, nous donnant envie de nous échapper dans un monde de rêve offert par Netflix, Amazon et YouTube. On ignore la réalité actuelle et on vit la fantaisie.
Nous pourrions être tentés par l’obsession du coronavirus et ses ravages dans le monde, regarder les informations toute la journée, étudier les théories du complot, et compter les morts. Comme lors d’un accident grâve sur une autoroute à six voies, il n’est pas difficile de se fixer sur la tragédie et devenir spectateur du spectacle mondial. Le désespoir et la peur sont attirants.
Je m’interroge
À quoi cela ressemblerait d’embrasser courageusement cette période extraordinaire de désordre – confiant que Dieu nous rencontrera dans ces circonstances ?
Embrasser le désordre veut dire plus de silence et moins de paroles. Aucun de nous ne sait ce que Dieu fait en ce moment, il est donc ridicule d’attribuer un motif au Tout-Puissant. De plus, Dieu n’a pas besoin que nous soyons ses attachés de presse. Pouvons-nous nous taire un jour ? Une heure ? Pouvons-nous fermer nos claviers et choisir de veiller et prier ? Pourrions-nous fermer la bouche et passer une veillée silencieuse à la place?
Embrasser le désordre veut dire plus d’attention et moins de distraction. Plutôt que de fuir l’ennui redouté en inventant des choses à faire ou en consommant des quantités excessives de sitcoms, nous pourrions peut-être accorder toute notre attention à Dieu, aux membres de notre famille ou même à nos propres âmes. Pouvons-nous fixer nos yeux sur Lui en ce moment et en ce lieu, non pour avoir des réponses, mais simplement pour être présent à Celui qui est toujours présent pour nous?
Embrasser le désordre veut dire plus d’être et moins de « faire ». La plupart d’entre nous ne savent pas s’arrêter. Beaucoup ignorent ce que signifie «arrêtez et sachez» que Dieu est Dieu. Internet regorge de vidéos stupides faites par des gens qui inventent littéralement des choses à faire pendant ce confinement. Et si on ne faisait rien? Comme les tout-petits, nous avons du mal à nous asseoir sans gigoter. Quand on s’arrête, nos cœurs et nos esprits sont recrées, ce dont nous aurons besoin pour entrer dans la réalité réorganisée que Dieu prépare.
Cette pandémie ne durera pas éternellement
Aujourd’hui, pourrions-nous donner le droit à Dieu de perturber nos routines, de calmer nos voix, et de modérer nos activités ?
Notre seul objectif pour cette période de confinement devrait-il être de faire attention à Dieu, aux autres et à nous-mêmes d’une manière nouvelle et plus profonde ? Et peut-être d’apprendre ce que signifie réellement «veiller et prier».
Jenn Williamson, docteur en leadership, est mariée et mère de deux garçons adultes. Avant son arrivée en France, en 2010, elle était pasteur chargée du ministère féminin dans une méga-church aux États-Unis. Missionnaire avec la Ligue Biblique Française (GEM), elle est engagée dans l’implantation d’églises, et le mentorat/coaching de des leaders émergeants.
Ses recherches académiques sur l’adaptation culturelle pour la durabilité des ministères, ont inspiré sa vision de lancer l’association Elan elanmission.org, qu’elle préside.