Seul sur un banc

Rendez-vous manqués avec l’ado que j’étais

J’ai 15 ans, peut-être 16. Je suis revenu à Christ lors d’un rallye de jeunes à Lamorlaye, organisé par les Semailles, à Paris. J’ai passé l’été à servir comme moniteur dans le homes, à Jura-Rosaly, et au château de Montcherand,. Expérience inoubliable.

Je suis tout jeune dans la foi. J’ai été en contact avec des chrétiens affermis. J’ai vécu cette esprit missionnaire durant ces camps dont l’objectif est de mettre les enfants en contact avec l’Évangile. J’ai soif, j’ai faim. De plus, avec Christ, de communion fraternelle comme celle vécue dans ces camps.

Comme je n’ai aucun soutien spirituel de ma famille, je cherche tout seul une église proche de chez moi en banlieue sud de Paris. Imaginez un ado timide, qui prend son vélo, pédale plusieurs  kilomètres… pour aller assister à un culte !

Je garde le souvenir de ces premiers contacts avec cette église aujourd’hui bien établie, et de ce pasteur[1]qui me reçoit derrière son bureau. Je suis impressionné… De cet entretien il ne ressortira.. rien ! Aucune proposition d’accompagnement, de formation ou de service. Pourtant je brûle. Il semble que si je viens au culte, cela soit déjà très bien. Évidement je ne suis pas satisfait, je désire plus. Je suis même frustré… J’ai l’étrange sentiment de ne pas faire partie du cercle de cette église.

Quelques temps après, quelqu’un me conseille de rejoindre une autre église. Plus éloignée de chez moi. Mais j’ai désormais une mobylette. Le pasteur connaît mon grand-père qui a implanté une église à Saint-Brieuc en Bretagne. Cela devrait faciliter le contact. Je me souviens bien de la rencontre avec ce théologien très engagé dans le social. Il me reçoit dans son bureau, m’écoute et me propose de lire… le premier tome de l’Institution Chrétienne de Calvin ! Excellent ouvrage au demeurant, mais totalement inadapté à un jeune homme désireux de grandir avec Christ.  Je cale bien trop vite dans cette lecture.

Pire : je n’ose pas lui rapporter cet ouvrage que je n’ai pas lu. Le livre, bien en vue dans la bibliothèque de ma chambre, doté d’une sur-couverture orange, me regarde et m’accuse quotidiennement. L’œil de Caïn… vous vous souvenez ? C’est de nombreuses années plus tard que je parviendrai à rapporter ce livre.

Il est très probable que j’étais un ado un peu particulier. En tout cas je n’étais pas issu de la filière « église » ! Pourtant je réalise aujourd’hui que cela a été deux « rendez-vous manqués » ! Je n’ai aucun doute que ces pasteurs, véritables serviteurs, avaient à cœur le Royaume de Dieu, la croissance de leur église. Mais pourquoi n’ont-ils pas discerner que le Seigneur envoyait un jeune désireux d’être accueilli, accompagné, et avide d’être formé comme disciple.  Ce n’est qu’après mes 18 ans que je rencontrais celui qui sera mon premier mentor, et qui s’investira en moi et m’aidera à remettre de l’ordre dans ma vie avec Christ.

Derrière ces anecdotes, se profilent plusieurs questions :

  • Sommes-nous capables de discerner l’action de Dieu lorsqu’elle se manifeste autrement que ce à quoi nous sommes habitués ?
  • Jusqu’à quel point sommes-nous prêts à  nous investir dans des vies ?
  • Osons-nous dire, comme Paul :

Soyez tous mes imitateurs, frères et sœurs, et portez les regards sur ceux qui se conduisent suivant le modèle que vous avez en nous.[2]

Je me pose ces questions à moi-même. 


[1]Je ne donne volontairement ni le nom des églises, bien connues aujourd’hui, ni des pasteurs, pour n’offenser personnes.

[2]Philippiens 3 : 17

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