Fleur dans l'eau

Qu’est-ce que la discipline spirituelle ?

Nous lisons en 1 Corinthiens 6.13 :

 Les aliments sont pour le rentre, et le ventre pour les aliments ; et Dieu détruira l’un comme les autres. Mais le corps n’est pas pour l’inconduite. Il est pour le Seigneur, et le Seigneur pour le corps ».

Cette vérité contredit une idée très répandue, issue de la philosophie grecque, qui prétend «bon » tout ce qui est « spirituel » et « méprisable » tout ce qui est «matériel ». Sans approfondir ce que l’incarnation de Christ représente pour démontrer l’erreur d’une telle pensée, considérons-en les implications très pratiques dans notre vie. Nous lisons quelques versets plus loin dans ce même passage :

 Ne savez-vous pas ceci : votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous et que vous avez reçu de Dieu, et ,vous n’êtes pas à vous-mêmes ? Car  vous avez été rachetés à grand prix. Glorifiez donc Dieu dans votre corps [et dans votre esprit qui appartiennent à Dieu] » 1Cor 6.19-20.                                                                                                 

À quoi les disciplines spirituelles servent-elles ! 

Si nous sommes normalement constitués, nous n’aimons pas habiter une maison délabrée, sale, encombrée de déchets. Nous pouvons penser que les disciplines spirituelles constituent peut-être les conditions, l’hygiène de vie du Saint-Esprit en nous. Elles lui permettent d’évoluer dans une « maison bien rangée », faisant de nous « un vase d’un usage noble, sanctifié, utile à son maitre. » (2 Tim 2.20-21). 

Les disciplines spirituelles sont un moyen pour progresser dans notre sanctification, agissant sur notre corps et notre esprit pour faire en sorte de pouvoir glorifier Dieu réellement dans notre vie. Considérez, dans une telle perspective, la définition des disciplines spirituelles donnée par Robert Clinton.                                                                                              

Les disciplines spirituelles sont des activités de la pensée et du  corps entreprises volontairement afin  d’amener la personnalité et tout son être en coopération efficace avec l’Esprit de Dieu, afin de refléter la vie du Royaume.                                   

Cette brève définition rend claire la différence entre la pratique des disciplines spirituelles et l’erreur de penser que ce sont des  oeuvres méritoires devant Dieu. Le but n’est pas du tout le même, même si ce nous faisons peut être facilement confondu, vu de l’extérieur, avec les « œuvres ». Une fois de plus, ce qui compte, n’est pas l’apparence extérieure, mais la motivation du coeur. Si nous lisons la Bible, si nous jeûnons, etc. (non pas pour chercher un mérite quelconque, ou nous glorifier, mais pour nous approcher de Dieu et le rechercher de tout notre coeur),  importe l’apparence extérieure !

Existe-t-il dans la Bible l’exemple d’un homme de Dieu qui ne s’est pas appliqué à pratiquer les disciplines spirituelles ! Nous en trouvons malheureusement quelques-uns. Samson, par exemple, était naziréen dès sa conception (Juges 13.5). Mais il ne s’est jamais montré très soucieux dans sa vie de ce que représentait un tel engagement envers Dieu. Même si Dieu l’a choisi et utilisé puissamment, Samson a plutôt passé sa vie à suivre ses penchants naturels en désobéissant souvent aux contraintes de l’engagement de naziréen. Nous lisons en Juges 17.30

 Ceux qu’il fit périr à sa mort furent plus nombreux que ceux qu’il avait tués que qu’il pendant sa vie 

Nous pouvons nous demander combien la victoire aurait été plus éclatante  encore, si seulement Samson avait cherché à faire pleinement la volonté de Dieu, au lieu de donner libre cours à ses désirs ! 

Ne savez-vous pas que ceux courent dans le stade courent tous, mais qu’un pas que qui seul reçoit le prix ? Courez de manière à l’obtenir. Tout lutteur s’impose toute espèce d’abstinences ; eux, pour recevoir une couronne corruptible, nous, pour une couronne incorruptible. Moi donc, je cours, mais non pas à l’aventure ; je donne des coups de poing, mais non pour battre l’air. Au contraire, je traite durement mon corps et je le tiens assujetti, de peur, après avoir prêché aux  autres, d’être moi-même disqualifié .

L’exemple de l’apôtre Paul est un contraste frappant avec la rôle de Samson. Nous lisons son commentaire sur sa conception de la discipline en 1 Corinthiens 9.24-27, ce qui donne une perspective claire des buts de notre pratique des disciplines spirituelles :  

La crainte de Paul – oui, même Paul ! – était fondée. Les exhortations à persévérer ne manquent pas dans le Nouveau Testament, tout particulièrement d’ailleurs dans les lettres de Jésus aux sept Églises de l’Apocalypse. Si nous relâchons notre  vigilance, notre discipline, le risque est réel que l’on dise de nous ce qui était dit à propos de certains en Hébreux 5.12 :

 Alors vous devriez, avec le temps, être des maîtres, vous avez de nouveau besoin qu’on que vous enseigne les principes élémentaires des oracles de Dieu . vous en êtes venus à avoir besoin de lait et non d’une nourriture solide . 

Dans ce monde, si nous ne progressons pas, nous régressons. Cela est vrai dans n’importe quel domaine. Il y a un dicton en anglais qui dit : « Use it or lose it »,  servez-vous-en ou vous le perdrez. Ce constat est valable, qu’il s’agisse de la pratique d’un sport, de la musique, ou de quel qu’autre connaissance. Si nous ne les utilisons si nous ne cherchons à nous perdrons non seulement nos pas, pas progresser, capacités, mais aussi nos connaissances. Ceci peut-il expliquer pourquoi autant de chrétiens sont si faibles à notre époque ! Sans être simpliste, il est évident que le manque de pratique des disciplines fait partie du problème du témoignage peu puissant de beaucoup de croyants aujourd’hui.                                                                   

Paul utilise souvent l’image de la pratique des sports dans son encouragement à vivre la foi. Considérons ses conseils en 1 Timothée 4.7-8

Exerce-toi à la piété ; car l’exercice corporel est utile à peu de choses, tandis que la piété est utile à tout, elle a la promesse de la vie présente et de la vie à venir. 

Paul dit assez littéralement à Timothée de « transpirer dans son entrainement à la piété ». Ici, le verbe « exerce-toi » estgummazo, ce qui donne par ailleurs le mot gymnase, lieu où nous nous entrainons et où nous pourrons pratiquer divers sports, en transpirant. Dallas Willard exprime cela de la manière suivante :                    

 Les réactions exquises, la puissance manifestée par un athlète, ne sont pas produites et maintenues par les quelques heures d’un match en lui-même. Tout cela est à sa disposition pour ces quelques heures très importantes, à cause d’une discipline quotidienne que personne ne voit. Par exemple, le bon régime, le repos et l’entraînement des muscles ne font pas partie du match, mais sans tout cela, l’athlète n’aura pas de performance remarquable. Certaines de ces habitudes quotidiennes peuvent même nous sembler ridicules, mais l’athlète accompli sait qu’il faut entreprendre ces disciplines, et les pratiquer correctement ou tout son talent naturel et ses meilleurs efforts ne lui apporteront pas la victoire, car d’autres, qui se seront disciplinés ainsi en préparation, emporteront la rrictoire.                 

D. Willard The spiritualité of the disciples Londres Hodder and Stoughton 1988 page 4

Sans nous étendre sur cette exhortation de Paul à Timothée à la piété, nous pouvons quand même nous permettre de dire que la pratique des disciplines spirituelles tout comme l’entraînement des sportifs de haut niveau est un élément essentiel de cette exhortation à l’exercice de la piété. Soyons donc prêts à « transpirer », à persévérer, et à nous donner du mal, par la pratique des disciplines spirituelles, pour vraiment être utiles au Seigneur. De la même façon, la « piété » est également assez peu prisée de nos jours. Les caricatures des  « pieux » abondent, et sont peu flatteuses. Mais la piété véritable n’est pas une spiritualité « déconnectée » de la vie normale, où quelqu’un aurait « tellement la tête dans les cieux » qu’il ne serait d’aucune utilité sur cette terre. Selon son usage biblique, la piété n’est pas notre « état » spirituel, mais plutôt ce que nous devons pratiquer et vivre pour marcher dans une véritable spiritualité ! C’est encore Dallas Willard qui souligne ce que cela représente :   

Une pleine participation dans la vie du royaume de Dieu et la communion véritable avec le Christ ne nous viennent que par un exercice approprié des disciplines dans la vie de l’Esprit.                                                                               

Ibid page 27
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