Mains mélangées

Moi raciste ? La repentance clé du leadership

Nous ne pensons pas être raciste. Mais avons nous bien sondé le fond de notre coeur ? Parfois nous avons besoin que l’Esprit fasse lumière pour nous aider à réaliser que nous faisons parfois des différences entre personnes.

Avril 2016, j’anime un séminaire de formation de mentors pour des leaders du Burkina-Fasso et du Mali. Il fait chaud, même pour les africains, plus de 45°.  Cette vague de chaleur ferra, comme en Europe, des victimes. Plusieurs de mes protégés du Bénin, de RCD, du Togo, m’ont rejoint pour partager l’enseignement. Je les invite, un matin, dans ma guest-house, pour prendre un petit déjeuner et vivre un moment de communion. Je n’ai pas eu le temps de préparer une médiation pour ce moment. J’ai juste commencé à lire, dans ma lecture cursive,  un passage, avant d’être interrompu. Comme personne n’a quelque chose de particulier à partager, je demande à mes amis si nous pouvons simplement lire et méditer le passage que j’ai commencé à lire, sans le terminer, avant leur arrivée.

 Miriam et Aaron parlèrent contre Moïse au sujet de la femme cushite qu’il avait épousée. En effet, il avait épousé une femme cushite. Ils dirent: «Est-ce seulement par Moïse que l’Éternel parle ? N’est-ce pas aussi par nous qu’il parle?» L’Éternel l’entendit. Or, Moïse était un homme très humble, plus humble que n’importe quel homme à la surface de la terre. Soudain l’Éternel dit à Moïse, à Aaron et à Miriam: «Vous trois, allez à la tente de la rencontre!» et ils y allèrent tous les trois. L’Éternel descendit dans la colonne de nuée et se tint à l’entrée de la tente. Il appela Aaron et Miriam, qui s’avancèrent tous les deux, et il dit : «Écoutez bien mes paroles ! Lorsqu’il y aura parmi vous un prophète, c’est dans une vision que moi, l’Éternel, je me révélerai à lui, c’est dans un rêve que je lui parlerai. Ce n’est pas le cas avec mon serviteur Moïse. Il est fidèle dans toute ma maison.  Je lui parle directement, je me révèle à lui sans énigmes et il voit une représentation de l’Éternel. Comment se fait-il que vous n’ayez pas eu peur de parler contre mon serviteur Moïse ? » La colère de l’Éternel s’enflamma contre eux. Il s’en alla, et la nuée se retira de dessus la tente. Et voici que Miriam était frappée de lèpre, elle était blanche comme la neige.

Exode 12 1 – 9

Après la lecture, nous nous posons cette question : quel était le problème, la question, l’attitude, qui a conduit Miriam et Aaron à critiquer Moïse. Existe-t-il des éléments similaires ou voisins, entre nous ? Et tout à coup nous sommes là, les uns regardant les autres en face et confessant les racines du racisme entre nous. Pour ma part, j’ai confessé que j’avais toujours pensé que je n’étais pas concerné par le racisme. En collaborant avec les africains, j’avais réalisé que mon cœur n’était pas exempt de telles pensées. J’ai demandé pardon à tous. Me repentant, en particulier, d’une faute commise dans mon leadership qui avait blessé l’un d’eux. Un autre a confessé : 

 Je n’ai jamais été exposé au racisme, sauf une fois durant mes études, lorsqu’une formatrice blanche m’a parlé avec une grande sévérité. J’ai vu dans ses yeux le racisme. L’année dernière au Mali, Papa Alain tu m’a parlé très sévèrement, et j’ai cru voir le même racisme dans tes yeux que dans ceux de cette femme. Mais je te demande pardon. Je sais que ce n’est pas vrai.

Une autre protégée, burkinabée, s’est alors tourné vers le congolais,  

Je te demande pardon : quand tu nous as rejoint, j’ai pensé : 

Ah voilà encore un congolais ! 

Un autre a confessé :

Hier papa Alain , tu m’avais proposé quelque chose que tu ne m’as pas permis de faire. Je me suis dit : Papa Alain à quelque chose contre moi. Je réalise ce matin que c’est faux et que le problème est dans mon cœur ! 

Nous sommes tombés à genoux, prenant les mains les uns des autres, et confessant nos péchés à Dieu, prenant conscience de notre besoin de sa grâce et de sa purification.

Après ce temps de prière nous nous sommes relevés, nous nous sommes pris dans les bras, en affirmant notre amour réciproque et notre acceptation mutuelle. Quel moment de joie de bénédiction de savoir que désormais, plus rien ne nous sépare les uns des autres, que nous sommes unis dans la communion des saints. 

Durant ce moment de prière, j’ai ouvert les yeux un court instant, et j’ai vu mes mains blanches mêlées aux mains noires de mes frères et soeurs. Nous avons décidé de faire un photo que nous avons appelé « Le symbole de Ouaga ». Certains ont utilisé cette image comme en-tête de leurs papiers à lettre… Une manière de souligner et d’illustrer que notre communion, nos relations, notre collaboration, ne peuvent être basées que sur la confession de nos péchés les uns aux autres, et la restauration par la grâce en Jésus-Christ. Et quand nous intégrerons des nouveaux dans notre communauté de mentors, nous leur raconterons comment Dieu nous a amenés à nous placer dans sa lumière pour vivre selon son Esprit. 

Le soir, seul dans ma chambre,  je m’interroge sur la portée et les implications de la médiation de ce simple texte. Je fouille sur Internet, et je tombe sur un article de John Piper [https://www.9marks.org/article/did-moses-marry-black-woman/]. Et si le problème de Miriam et Aaron était un problème de racisme ! La nouvelle femme de Moïse était éthiopienne, c’est à dire « noire de chez noire » ! Et le texte biblique précise : Et voici que Miriam était frappée de lèpre, elle était blanche comme la neige ! Voilà que moi le blanc, j’avais introduit, en toute innocence  un texte traitant du racisme [et que J. Piper applique au mariage transculturel ] !

Le soir même j’ai envoyé l’article de J. Piper à mes amis et  je leur ai expliqué que je ne savais pas que le texte, dont j’avais proposé la médiation pouvait être relié au racisme. L’un deux m’a répondu :

Ne t’inquiète pas Papa Alain, Dieu voulait que nous avancions jusque sur ce terrain !  

Il y a quelque semaines il était avec moi au Congo pour partager l’enseignement lors d’un séminaire de « formation de formateurs de mentors ». Il a souligné que le leader doit être un modèle de repentance en prenant mon exemple dans cette expérience. 

Questions

Vous êtes leader ? 

  • Avez vous bien sondé votre cœur à la lumière de l’Esprit sur cette question si délicate du racisme ?
  •  Craignez-vous de devoir vous repentir devant votre équipe, ou ceux que vous dirigez ? 
  • Pour quelles raisons ? 
  • Craignez-vous de perdre votre autorité ? De dévoiler votre faiblesse ? 
  • Examinez ces craintes sont-elles justifiées ? 
  • Au contraire : voulez-vous être un modèle ? Montrez votre aptitude à reconnaitre vos torts, à ne pas dissimuler ? 
  • Voulez-vous témoigner de l’oeuvre de Jésus pour vous, de votre écoute du Saint-Esprit… ?

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