Lettre ouverte à un leader blessé

Bien cher Pierre-Martin

Je sais que tu as été blessé dans le cadre de ton leadership, par Paul-Matthieu. Et cela me préoccupe. J’ai beaucoup prié pour cette situation. Dernièrement j’ai étudié 2 Corinthiens chapitre 10. Ce qui m’a poussé à réfléchir à cette question : Comment un leader spirituel devrait réagir lorsqu’il est blessé dans l’exercice de son leadership ?  Voici l’essentiel de mes pensées.

Dieu reconnait ! 

Un serviteur de Dieu raconte :

J’ai été attaqué pendant une longue période par un autre pasteur. Il a menti à mon sujet, a blessé profondément ma famille et a endommagé des relations que j’avais avec d’autres par ses mensonges et ses insinuations. Ce fut une longue et profonde vallée pour ma femme et moi et je ne comprenais pas pourquoi le Seigneur n’était pas intervenu, ni pourquoi avait il permis que cela se prolonge. C’était une blessure profonde et amère car cet homme était autrefois mon ami proche.

Un jour, où j’ai prié et demandé pour la énième fois à Dieu pourquoi il l’avait laissé s’en tirer, j’ai entendu cette voix au fond de mon cœur : 

  • Je ne l’ai pas fait, j’ai entendu et vu tout ce qu’il a fait  ! 

Je partage ceci avec vous pour une raison. Ce que nous recherchons lorsque quelqu’un qui devrait être un leader chrétien de confiance nous fait du mal c’est la reconnaissance. La reconnaissance qu’un mal a été commis envers nous. Que cela soit reconnu par les autres. Alors que Dieu vous dit, à vous qui avez fait l’expérience d’une communion fracturée : 

– J’ai tout vu et que je reconnais que cela t’as blessé !  

Cette prise de conscience m’a vraiment libéré et a permis que mes blessures deviennent des cicatrices. Je ne prie plus pour que justice soit faite. Je n’aspire plus à ce que quelqu’un vienne me voir et me dise :  – Je savais que ce qui a été dit est faux ! Ce dont j’avais vraiment besoin, c’était de me rappeler que Dieu entend et voit tout, que je compte et qu’il se soucie de moi. […] Je ne sais pas s’il y aura un jour réconciliation ou appropriation de sa part, mais c’est entre lui et le Seigneur. Je suis libre ! Adapté d’après Barry Stagner

Blessé pourquoi ?

Différents choses peuvent nous blesser, mais je  pense qu’il y a deux grandes raisons :

1° A cause de nos principes. L’attitude de celui qui nous a blessé heurte nos principes, nos valeurs. La soumission à l’autorité, par exemple est une valeur qui compte plus ou moins à nos yeux. Si l’autre nous manque de respect, il porte atteinte à cette valeur. Cela nous blesse. Notre conviction, notre certitude, à cause de cette valeur est atteinte. Nous avons d’autres valeurs qui peuvent être en jeu dans une relation. Lorsque nous sommes blessé, même comme leader, dans notre service, nous devons découvrir : qu’est-ce qui est en jeu chez moi si je suis blessé ; Quelle(e) valeur(s) ? Quel(s) principe(s) ?

2° Notre propre sensibilité. Celle-ci peut être accentuée par plusieurs influences. Par notre vécu en particulier. Je sais que j’ai parfois tendance à exagérer. Du coup j’essaie toujours d’être le plu prêt possible de la vérité. Si, alors que j’explique quelque chose, quelqu’un se moque de mon exagération, cela me fat mal. Parce que je suis sensible, parce que je me bats. De plus notre sensibilité est particulièrement exacerbée à un endroit précis : nos cicatrices ! Là où nous avons subi une blessure. Je pense que nous avons tous connu des blessures :  le rejet et l’abandon, la privation, l’humiliation et/ou abus, la négation, la dévalorisation et la critique, la trahison. Un manque de respect hiérarchique – par exemple – peut faire écho à plusieurs blessures chez nous : Abus ? Dévalorisation ? etc.

Retiens bien ceci :

Nos blessures communiquent nos besoins, nos faiblesses, nos vulnérabilités et nos doutes. En même temps, nos blessures parlent de notre marge de croissance, des endroits tendres de la chair nouvelle, de nos aspirations jeunes et non endurcies. Nos blessures parlent aussi de l’appel à une nouvelle vie et à un nouvel engagement, et des possibilités qui existent pour nos nouveaux choix. Ces blessures peuvent devenir des points de croissance, mais seulement si je m’autorise à grandir.

Gail Dudley

Attention à tes réactions !

John Maxwell écrit :

Ne prenez pas les choses trop à cœur. En général, les personnes blessées blessent les autres. Et ils sont aussi facilement blessés par les autres. Gardez cela à l’esprit lorsque vous faites l’objet de la colère de quelqu’un.

John Maxwell

Souvent, un leader – ou un subordonné – est blessé par quelqu’un parce que cette personne est elle-même blessée. Cependant c’est le leader spirituel qui doit donner l’exemple à son organisation. La gentillesse est toujours plus forte que la colère ou une défense vigoureuse. Lorsqu’un dirigeant répond aux attaques avec gentillesse et grâce, il se montre digne de la mission que Dieu lui a confiée. Justement apprenons de Paul !

Douceur et bonté

Paul propose quelques belles perles spirituelles qui, j’espère, pourront t’aider.

Paul a été mis en cause par certains chrétiens de Corinthe  

1. timide dans le contact face à face (10:1)

2. peu impressionnant en personne (10:10)

3. un orateur sans formation dont les discours ne servent à rien ! (11:6, 10:10)

4. pour compenser ce qui précède, il communique par écrit (10:1, 10).

Tu constateras que dans les critiques que tu as essuyées de Paul-Matthieu, se retrouvent des éléments de ce à quoi Paul a dû faire face. La réponse de Paul à ces contestations est un modèle ! À l’image de Christ.

« J’aimerais à présent vous adresser un mot très personnel et vous exhorter par la douceur et la bonté du Christ lui-même. »

2 Co  10 : 1 PV

En fait la bonté et la douceur résume la grâce. Or la grâce dépasse le fait de dire du bien, et de ne pas dire du mal. Je sais que tu as veillé à cela dans tes propos vis à vis de Paul-Matthieu. Tu me l’as précisé. Et cela t’honore. Mais je ne suis pas certain d’avoir perçu la grâce, dans tes propos. Cette grâce qui t’a été faite à toi qui a blessé ou blesse encore notre Père Céleste. Mais toi seul peut répondre à cette question.

L’amour et la grâce ne sont pas égaux. Dieu a déversé sur son propre fils les critiques que je mérite. Maintenant il m’invite à déversé la grâce immérité sur quelqu’un qui m’a blessé. La grâce engendre la grâce.

Paul .E. Miller Une vie en prière éditons EMI

N’oublie pas de te repentir

Tu penses que ce frère à péché ? Qu’il n’aurait pas dû se comporter ainsi, mais à tu péché contre lui ? Même si Paul-Mathieu avait objectivement tort à 99%, cela ne te dispenserait pas de te repentir et de lui demander pardon pour l’unique chose pour laquelle toi tu aurais tort. Seul le Saint-Esprit peut mettre en lumière ce point sur lequel tu as manqué. Et s’il te l’a montré alors repends toi ! Ai-je besoin de te rappeler ce que dit Jean :

Si, au contraire, nous reconnaissons que nous avons péché et si nous avouons nos fautes, nous pouvons nous fier à Dieu ; il agira selon ce qu’il a promis et ce qui est juste : il nous pardonnera nos péchés et nous purifiera de tout ce qui n’est pas juste.  Si nous affirmons : « Nous ne sommes pas pécheurs », nous contredisons sa parole et nous traitons Dieu de menteur, son message n’a pas de place dans nos cœurs. 

1 Jean 1:9-10 PV 

Le pardon

N’oublie pas de pardonner ! Je sais, c’est vite dit. Pourtant ce doit être ta préoccupation. Tu n’as pas vraiment le choix. Je pense à cette parole de Jésus, qui d’une certaine façon fait peur :

Si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera aussi :  mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père ne vous pardonnera pas non plus vos fautes.

Matt 6 : 14 &15

Merci pour la confiance que tu m’as témoignée en me donnant le courrier que tu lui a envoyé à lire. J’ai vu que tu t’es excusé à plusieurs reprises. Que tu as pris de nombreuses précautions pour t’exprimer. Mais avec tristesse j’ai vainement cherché ces mots : je te demande pardon ! Mais ceci se rattache aux texte de 1 Jean que j’ai cité… C’est aussi une question de conviction selon l’Esprit de Dieu.

Conclusion

Je pense que tu seras d’accord avec moi pour souligner que Dieu s’intéresse autant à ta transformation qu’à ton ministère. Il est donc pertinent de voir qu’alors même que tu as été blessé, Dieu t’offre l’opportunité de croitre dans la connaissance et l’expression de sa grâce. 

Notre formation à l’image de Christ, en particulier comme leader, passe par l’apprentissage de la gestion de nos blessures et des attaques que nous pouvons essuyer dans le leadership… avec douceur et bonté et grâce. Acquérir ce type de réaction n’est naturel pour personne. Quelques soient les bonnes dispositions de caractère. Parce que je crois que c’est un choix, et parvenir à cette attitude est surnaturel, c’est le fuit de l’Esprit !

Bien à toi en Jésus notre modèle 

Ton mentor

PS : Cette lettre est inspirée d’un situation réelle, et elle a été envoyée à Pierre-Martin et Paul-Matthieu. Les noms ont été changés.

Retour en haut