Les qualités d’un mentor, appréciées de ses mentorés

Atallah

En 1976 Leighton Ford prend les rênes du Comité de Lausanne pour l’évangélisation mondiale. L’une de ses premières décisions à ce nouveau poste est de demander à l’Egyptien Atallah Ramez de lui servir d’assistant. Bien qu’Atallah ne soit pas prêt à quitter entièrement son poste à InterVarsity Canada, il accepte de consacrer un cinquième de son temps au mouvement de Lausanne.

Ce qui m’a le plus étonné, se souvient Atallah, c’est la grâce avec laquelle Leighton me permettait d’exprimer mes opinions et mes idées, qu’il prenait très au sérieux. J’avais le sentiment qu’à travers lui, j’avais un impact sur le Comité de Lausanne, même si c’est lui qui en était le leader.

Atallah compare le style de direction authentique et humble de Leighton à celui d’autres leaders :

Son esprit humble et son leadership non directif contrastaient fortement avec certains autres leaders membres du comité. C’était particulièrement remarquable pour un leader américain. Leighton était un leader spirituel engagé, qui aimait tout le monde et faisait de son mieux pour diriger le Comité de manière juste et visionnaire. On ne saurait trop insister sur l’importance de l’authenticité dans le mentorat. Un mentoré perspicace sera vite désillusionné si le mentor professe une chose et vit son contraire. Le mentorat implique toute la vie, et pas seulement des principes et des connaissances à transmettre. Le rayonnement de Leighton parle de lui comme d’un leader chrétien mondial qui a renoncé à ce qui vient souvent avec la renommée. Au lieu des avantages et du prestige,  il a embrassé l’humilité et le bon sens.

Vous ne pouvez pas savoir si un mentor est authentique si vous ne pouvez pas vous approcher suffisamment pour observer sa vie. Et ceci nous amène à la deuxième qualité de l’expérience de mentorat.

Disponible

Le prédicateur se tient derrière une chaire. Le professeur se tient derrière un pupitre. Un consultant donne des instructions depuis une porte d’aéroport ou par ordinateur portable. Un animateur de séminaire se rend à la porte de l’aéroport après sa mission, en direction de la ville suivante. Tous remplissent des fonctions précieuses, mais aucun d’eux ne peut être qualifié de mentor. Un mentor doit être présent, disponible pour la personne accompagnée. Impliqué dans le tissu de sa vie. Les meilleurs mentors aident leurs protégés à réfléchir à l’expérience vécue, et au moment présent. Et cela exige que le mentor soit disponible. Ce n’est pas facile, surtout compte tenu de l’emploi du temps chargé d’un leader très occupé. C’est pourquoi de nombreux leaders connus tombent dans la reproduction d’eux-mêmes. Le mentorat ne semble incompatible avec leur emploi du temps. 

Ajith Fernando 

La rencontre avec Leighton a gravé dans mon cœur le défi d’être un chercheur de royaume plutôt qu’un bâtisseur d’empire. Il a beaucoup parlé de cela et l’a modélisé dans sa façon d’interagir avec nous.

Ajith Fernando

Nombreux sont ceux qui peuvent modéliser un bon leadership en présidant un comité ou derrière une estrade. L’encadrement de Fernando par Leighton était plus profond.

Ma première vraie rencontre avec Leighton a eu lieu à Amsterdam en 1983, à la conférence Billy Graham pour les évangélistes itinérants. C’était la première grande conférence internationale dans laquelle intervenait et Leighton présidait u programme. À la fin de la conférence, je me débattais avec mes réponses aux images terriblement sensuelles auxquelles j’étais exposé dans l’environnement libéral européen. Je suis allé me promener pour être avec le Seigneur et j’ai découvert que Leighton allait se promener au même moment. Il m’a demandé si nous pouvions marcher ensemble. J’étais choqué que cet homme célèbre veuille marcher avec moi.

Ajith Fernando

En fait, Ajith n’aurait pas été surpris s’il avait connu le penchant légendaire de Leighton pour les promenades stratégiques. Les uns après les autres, les élèves nous ont envoyé des courriels ou nous ont parlé d’une marche avec Leighton qui a changé la direction de leur vie et de leur ministère.

Ce fut l’une des marches les plus mémorables, moi qui suis un marcheur régulier. J’ai parlé de mes luttes et j’ai reçu de Leigthon de bons conseils que j’ai suivis depuis. J’ai parlé de la prédication et de certaines de mes faiblesses dans la prédication. Tout en marchant, Leighton m’a donné une bonne dose d’enseignement sur l’importance de faire confiance à la souveraineté de Dieu dans la prédication de l’Évangile. Cela m’a permis d’éliminer progressivement la terreur que je ressentais lorsque j’invitais les gens à répondre au message. J’ai appris à faire confiance à Dieu pour accomplir son œuvre. Et je suis convaincu qu’il a fait son travail en amenant des gens à Christ par le biais de mes prédications au fil des ans.

Ajith Fernando

Cette rencontre qui a changé son ministère est typique d’autres rencontres que Leighton a eues avec d’autres mentorés. Elle était centrée sur la vie ou le ministère de la personne accompagnée , et pas sur le statut du mentor.

Un mentoré perspicace sera vite désillusionné si le mentor professe une chose et vit son contraire.

Atallah Ramez

Le mentoré au centre de l’attention

J’ai rencontré Leighton Ford pour la première fois après m’être remis physiquement (mais pas tout à fait émotionnellement ni spirituellement) de trois des neuf tragédies survenues dans ma vie. En quelques mois, j’ai dû faire face au meurtre d’un membre de notre personnel par la violence insensée d’un gang, à la mort par noyade d’un enfant dans l’un de nos camps d’été et à mon propre contact avec la mort lorsque j’ai été temporairement paralysé dans un accident aquatique. Après mon rétablissement physique, j’ai eu la chance de pouvoir passer quelques jours dans un appartement au bord d’un lac que des amis de Leighton mettent à la disposition de personnes comme moi qui veulent passer du temps seules avec Dieu.

Avant d’aller marcher le long d’un lac, j’ai passé quelques heures seul avec Leighton. Je lui ai raconté mon histoire et partagé mon âme avec lui concernant ce que je sentais que le Seigneur faisait à travers ces événements tragiques. Leighton m’a écouté très attentivement et m’a offert de petites perles de sagesse, me dirigeant vers des Écritures et des lectures à revoir pendant mon séjour à la maison du lac. Ces lectures et l’Écriture ont été un outil parfait entre les mains de Dieu. Grâce à l’attention personnelle et aux conseils de Leighton, j’ai rencontré le Seigneur d’une manière particulière pendant ces jours près du lac. Leighton est un auditeur doué et un véritable directeur spirituel.

Colin McCartney

Susu Scott 

parle également de l’attention et de la concentration chaleureuses et personnelles du mentor : 

Je dois dire que chaque fois que je suis avec lui, je me sens engagée. L’une de ses grandes forces est sa capacité à écouter et à prendre en compte tout ce qui se passe. Il pose des questions, écoute attentivement et vous fait un retour pour s’assurer qu’il a bien compris. Leighton a une façon de faire sentir aux gens qu’il a du temps à leur consacrer. J’ai rencontré Leighton pour la première fois pendant le programme de leadership Arrow. Je n’ai pas eu beaucoup de temps personnel avec lui, mais chaque fois que je me suis assis près de lui à un repas ou que je lui ai parlé brièvement lors d’une partie informelle du programme, j’ai senti qu’il se souciait de qui j’étais et de ce qui se passait dans ma vie. À l’époque, je travaillais comme aumônier dans un pensionnat de jeunes filles. Je me sentais très isolée et le fait que cet enseignant conférencier connu et très actif s’intéresse à moi m’a donné du tonus. Leighton ne se contente pas d’écouter les autres, il les invite à entrer dans sa propre vie. C’était merveilleux de découvrir, au milieu d’un emploi du temps chargé, que lui et les autres partagent un même amour de l’art, des animaux, de la nature et de l’environnement… et de la crème glacée. Leighton met un point d’honneur à faire des choses avec les gens – comme se promener, faire de l’exercice, etc.

Susu Scott

Ruth Pape

… faisait partie de la première promotion de mentorés lancées pas Leighton. Six mois après la séance d’ouverture, Leighton lui a posé une question très précise. Il voulait comprendre ce que cela faisait d’être une femme dans le ministère, se souvient Ruth Pape. En tant qu’homme, il a vraiment essayé de comprendre et il voulait faire prendre conscience de la difficulté d’être une femme dans le ministère. Il a personnellement démontré la valeur qu’il accorde au genre féminin et c’est parce qu’il a cru en moi que j’ai pu croire en moi-même. J’ai connu de nombreux moments difficiles dans le ministère. Et je suis sûre qu’ils ne sont pas terminés, mais Leighton a vraiment été utilisé par Dieu pour me donner le courage de tenir bon.

Ruth Pape

J. John

l’évangéliste britannique, résume ce que d’autres ont expérimenté : l’attention  concentrée du mentor. 

Ce qui m’a le plus impressionné chez Leighton, c’est à quel point il était personnel et non seulement intéressé par mon ministère, mais aussi intéressé par moi, ma femme et mes enfants.

J. John

Discernement

Une quatrième caractéristique de l’expérience mentorale est le discernement. Cela résulte d’années d’écoute de Dieu, sans oublier de s’éloigner des exigences de la vie pendant de courtes périodes de temps afin d’écouter son âme et le Seigneur. 

Ici, la ligne entre le mentorat et l’accompagnement  spirituel s’estompe. C’est un aspect innovant de la nouvelle façon d’envisager le mentorat introduite par Leighton

En tant qu’accompagnateur spirituel, le mentor offre une oreille perspicace, des mots de sagesse par conseils non directifs. Plus encore, le mentor propose un style, une règle de vie, un ensemble d’habitudes apprises afin que la personne guidée puisse poursuivre son discernement personnel et écouter avec plus de clarté la voix du Seigneur.

Jonathan Mikes

ancien assistant personnel de Leighton, aujourd’hui directeur de United World Mission raconte : 

Dès la description de mon poste, Leighton m’a suggéré de prendre un jour de congé chaque mois pour passer du temps dans une retraite personnelle. Il ne s’est pas contenté de le suggérer. Il l’a aussi fait lui-même. À travers mes propres retraites mensuelles et en voyant Leighton prendre le temps de se reposer, de se retirer et de réfléchir, j’ai été profondément interpellé par une autre conception du ministère : un style qui n’est pas régi par l’activisme. Cela a été la leçon la plus difficile à continuer à appliquer !

Jonathan Mikes

Terry Erickson, 

J’ai eu le privilège de faire deux retraites personnelles avec Leighton. Ces deux expériences ont été précieuses pour mon ministère. La première retraite a eu lieu pendant ma deuxième année en tant que directeur national. J’avais du mal à me sentir à la hauteur de ma tâche. Pendant la retraite, j’ai été encouragé par le temps passé seul avec le Seigneur à la maison du lac. Ensuite, Leighton m’a béni pendant le temps d’évaluation de cette retraite. De sorte que j’ai pris confiance en moi et en ma capacité à exercer le ministère que Dieu m’a confié. Ma deuxième retraite a eu lieu l’année dernière, la quatrième année comme directeur. Cette fois, mon ministère se passait très bien, mais j’allais trop vite. Cette retraite m’a aidé à ralentir et à me poser la question  – Pourquoi est-ce que je dis toujours oui ? Leighton m’a aidé à conserver cette question en tête. Depuis j’apprends lentement à dire non plus souvent !

Terry Erickson

Extrait de The mentoring tree de Todd Hahn Jim Osterhaus. Adapté par A. STAMP