Leaders s’il vous plait : conjuguez conviction(s) et humilité !

Contre-exemples

Je suis orateur lors du congrès d’une grande Union d’églises. Je donne série de prédications thématiques. J’apprendrais plus tard, que plusieurs jeunes pasteurs ont quitté la salle…. parce que je ne délivre pas une prédication textuelle ! Ce comportement ne semble pas surprendre les responsables qui me rapportent l’incident. Il ne fait aucun doute que ces jeunes leaders voulaient exprimer leur désaccord, et qu’ils ont quitté la salle pour s’adonner à une activité assurément plus spirituelle que d’écouter une prédication thématique… Comme boire un pot au bar du centre de conférences par exemple. Mais que dire de ces discussions enflammées, clivantes, sur les réseau sociaux, sur tant de sujets : ministère féminin… guérison… formes d’évangélisation… politique, en particulier dans le cadre des récentes élections.  

On a parfois tort par cette manière qu’on a d’avoir raison !

Inconnu

Exemple

Lors des rencontres nationales qui ont précédé la création du Conseil National des Évangéliques, chacune des différentes familles théologiques qui le constituent devait se présenter. En 2004 vint le tour de la Fédération Évangélique de France (FEF), – qui deviendra le Réseau Évangélique Français pour favoriser de la création du CNEF -, Daniel Liechti, a proposé très audacieusement, d’afficher les fameux 7 articles à propos du Saint-Esprit. Ils caractérisaient  la position théologique de la FEF. Après cette présentation, la première constatation a été que finalement presque tout ces articles étaient en réalité des convictions communes. Comme un ou deux articles ne faisaient pas l’unanimité, un leader, représentant une Union d’églises, s’est levé et a demandé : – Quand la FEF va-t-elle changer ses articles, dans la perspective de création du CNEF ? La réponse irénique de Daniel a été : – Le CNEF ne devra pas être un ajustement de toutes nos convictions, mais le respect mutuel de nos différences. Le CNEF s’est ainsi constitué sur ce principe d’humilité qui consiste à ne pas défendre nos certitudes secondaires, mais de se respecter mutuellement avec humilité.      

Que cache l’affirmation de nos certitudes ?

C’est une question qui m’accompagne depuis longtemps. Je suis certain que nous devons être fermes sur certains points théologiques. Mais que dire de cette fermeté quand elle s’applique à des points secondaires ? Qu’elle provoque des ruptures. Des blessures, parce que ce qui a été soutenu l’a été avec violence ? Que cache cette supposée fermeté, parfois revendiquées comme une radicalité ? Quelle place laissons nous au Saint-Esprit en substituant notre supposée force de conviction à son oeuvre dans le coeur de ceux avec qui nous sommes en désaccord ? En tout cas, elle ne témoigne pas l’humilité de leurs auteurs. Ni de leur souci de l’unité. Et n’augurent rien de bon, à longtemps terme, pour l’unité de l’Église de Jésus-Christ.

Le plus grand obstacle à la propagation de l’Évangile dans le monde, c’est l’incapacité du peuple de Dieu à vivre comme le peuple de Dieu. Nous devons faire preuve de vies selon le cœur de Dieu aux yeux du monde qui nous regarde.

John Stott

Modérer ses certitudes

Dans son livre Global humility, le britannique Andy McCullough intitule un chapitre « Modérer ses certitudes », dont sont tirés ces deux extraits :

Le christianisme est une religion de confiance, d’assurance, même de hardiesse – devant les autres et devant Dieu. « Approchons-nous donc du trône de la grâce de Dieu avec une pleine assurance » (Hé 4.16). Mais le christianisme n’est-il pas aussi une religion de douceur, d’humilité ? Peut-on transmettre la seconde sans perdre la joie de la première ? 

1 Corinthiens 13 : modérer la certitude sur ce qu’on sait. 

Ayant déjà écrit : « la connaissance rend orgueilleux. L’amour, lui, fait grandir dans la foi » ; et : « celui qui s’imagine avoir de la connaissance ne connaît pas encore comme on doit connaître » (2 Co 8.1-2), l’apôtre Paul développe ce thème de la connaissance partielle dans sa lettre à ces Corinthiens qui rivalisent pour le prestige. Notre connaissance est partielle, et partielles sont nos prophéties. Mais le jour où la perfection apparaîtra, ce qui est partiel cessera […]. Aujourd’hui, certes, nous ne voyons que d’une manière indirecte, comme dans un miroir. Alors, nous verrons directement. Dans le temps présent, je connais d’une manière partielle, mais alors je connaîtrai comme Dieu me connaît. (1 Co 13.9-10, 12)  […] Nous voyons dans un miroir, en ainigmati (de manière énigmatique), c’est-à-dire indirectement, avec une part de mystère et des inconnues. L’amour, dit Paul, détrône la forfanterie, nous rappelle que le christianisme est une « religion de l’attente », que nos yeux ont été partiellement ouverts par le Christ, mais que notre vue et notre connaissance ne sont encore pas complètes. Le « pas encore » de notre eschatologie doit rester fermement en place quand on parle de connaissance.

Andy McCullough Traduction à paraitre aux éditions Excelsis.

L’unité n’est pas un option

Cessez donc de vous opposer les uns aux autres en vous considérant comme les champions de maîtres rivaux. Laissez tomber ces comparaisons vaniteuses, ces engouements déplacés qui vous font exalter l’un aux dépens de l’autre. 

1 Corinthiens 4 : 6. Parole Vivante

Paul nous enseigne que l’unité chrétienne est la création de Dieu, sur la base de notre réconciliation avec Dieu et les uns avec les autres. Cette double réconciliation a été accomplie par la croix. Quand nous vivons dans l’unité et travaillons en partenariat, nous mettons en évidence la puissance surnaturelle et contre-culturelle de la croix. Mais lorsque nous révélons notre désunion par notre incapacité a travailler ensemble, nous rabaissons notre mission et notre message et nous nions la puissance de la croix. 

Engagement du Cap VI, page 84 BLF Editions

L’humilité chemin de l’unité

Considérez l’appel de Paul à l’unité dans Romains 14. Le problème présenté dans ce chapitre est un conflit concernant les lois alimentaires juives, mais les principes invoqués par Paul pourraient s’appliquer à bien d’autres problèmes. Son souci primordial dans ce chapitre est que les différentes convictions des chrétiens romains ne soient pas une source de division entre eux. Ainsi, les « forts » et les « faibles » sont appelés à s’accepter mutuellement. Plus précisément, au milieu de leurs différences de conscience, Paul les appelle à être accueillants (Rm 14, 1), à ne pas se disputer (Rm 14, 1), à ne pas se mépriser (Rm 14, 3) et à ne pas se juger les uns les autres (Rm 14, 3, 13). Paul appelle même les Romains à renoncer à leurs droits et à ajuster leur pratique afin de ne pas violer la conscience d’un frère : « Si ton frère est affligé par ce que tu manges, tu ne marches plus dans l’amour. Par ce que vous mangez, ne détruisez pas celui pour qui le Christ est mort ». (Rm 14,15). 

Aujourd’hui encore, il existe de nombreux sujets sur lesquels les chrétiens seront tentés de se disputer, de se mépriser et de se juger les uns les autres. Au contraire, nous devons prendre la résolution de « ne jamais mettre une pierre d’achoppement ou un obstacle sur le chemin d’un frère » (Rom. 14 : 13). Comme Paul, nous devons même être prêts à faire des ajustements sacrificiels pour le bien de notre unité avec les autres dans le corps du Christ. Si le maintien de l’unité du corps de Christ ne vous coûte rien – si cela ne vous fait pas mal – alors vous ne vous adaptez probablement pas assez.

Gavin Orlund

Vrai également sur les réseaux sociaux !

Paul fonde son appel dans Romains 14 sur le fait que chaque personne se tiendra devant le tribunal du Christ : « Pourquoi portes-tu un jugement sur ton frère ? Ou toi, pourquoi méprises-tu ton frère ? Car nous nous tiendrons tous devant le tribunal de Dieu ». (Rom. 14, 10). Il est bon de s’en souvenir : nous rendrons compte de notre discours et de notre conduite théologique, pas moins que de tout autre domaine de notre vie. Lorsque nous nous tiendrons devant le trône le jour du jugement, quelles sont les batailles que nous regarderons en arrière et dont nous serons fiers d’avoir combattu ? Je soupçonne que la plupart de nos débats sur Twitter n’en feront pas partie. Mes amis, l’unité de l’Église était si précieuse pour Jésus qu’il est mort pour elle. Si nous nous soucions d’une théologie saine, soucions-nous aussi de l’unité.

PS : j’ai écrit cet article avant le second tour des élections présidentielles en France. Depuis, j’ai observer un véritable déchainement sur Facebook, en particulier parmi les chrétiens, à la suite de la réélection du président de la République. je redoute que l’Église en France se déchire à l’image de ce qui s’est produit au USA sur un certain nombre de sujets ; par manque d’humilité et de maturité émotionnelle.

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