Mentor à l'écoute

Le pouvoir de la permission

Dans de nombreuses organisations, Église comprise, il existe une incitation plus ou moins subtile à se conformer à un cadre établi et à répondre à des règles. Ces dernières peuvent être consenties et connues de tous ou encore masquées et implicites. Cela va du « plafond de verre » aux critères d’âge et d’instruction, du choix des vêtements aux habitudes de langage, des positions théologiques aux préférences politiques. Certaines exigences sont flagrantes tandis que d’autres sont magistralement dissimu­lées. Cependant, toutes exercent une pression cachée pour que l’individu s’y soumette. Cette influence peut être étouffante au point de compromettre la croissance d’une personne. Le pouvoir de la permission est peut-être la chose la plus significative qu’un mentor puisse offrir à la personne accompa­gnée. Il peut s’agir du droit d’échouer ou même de celui de réus­sir sans suivre les règles. Cela peut être la possibilité de travailler hors du cadre généralement admis ou celle de laisser la passion prendre le pas sur la maîtrise de soi ou encore la permission de passer moins d’heures au bureau pour s’attaquer à un problème relatif à son développement personnel.

La permission a un revers :

le mentor doit accepter que la personne guidée examine ses propres motivations et passions. Il faut qu’il lui accorde le droit d’être équilibrée, efficace et fidèle sans être obligé de paraître extraordinaire à un stade particulier de son développement personnel.

Un jeune pasteur extrêmement motivé suivait une forma­tion sur le développement personnel. Dans une dissertation re­mise à son professeur, il énonça ses objectifs, ses rêves et sa vision de l’avenir (dans son esprit, il expliquait avec habileté comment il voyait sa vie et son ministère futurs). Son professeur lui adres­sa alors quelques remarques judicieuses qui allaient changer le cours de sa vie :

Vous avez très bien exprimé tout cela, lui a-t-il dit. Votre dissertation mérite un 20. Mais que se passera-t-il si vous n’êtes pas « super » ? Si vous ne devenez pas cet homme incroyable ? Qu’y aurait-il de mal à être simplement fidèle et ef­ficace, à être content de votre vie, de votre foi et de votre minis­tère ? Pourquoi devez-vous être « super » ?

Ces observations ont contraint le jeune pasteur à réfléchir profondément sur des sujets qu’il ne souhaitait pas réellement aborder. Il a commencé à s’interpeller ainsi : Et si je n’étais pas super ? Il m’a avoué qu’en s’interrogeant sur sa vie, il avait dé­couvert qu’il n’avait jamais été génial en quoi que ce soit. Il était un bon athlète sans pour autant être exceptionnel. Pendant ses études, sa moyenne avait avoisiné les 16 mais il avait toujours dû travailler dur pour obtenir quelques notes supérieures à 18. Il s’est rendu compte qu’il n’avait jamais été quelqu’un d’extraordinaire. Le jour même, il a décidé de travailler moins et de réfléchir da­vantage, de moins se soucier de sa réussite ou d’être « super », et d’apprécier davantage sa vie, sa famille et son ministère. Le ré­sultat, m’a-t-il confié, fut surprenant. Non seulement l’existence lui a paru plus agréable mais il est devenu beaucoup plus efficace dans toutes ses activités. En tentant moins, il a, en fait, réussi plus.Les paroles du professeur exprimaient une « permission ».

Prononçons ces paroles qui permettent à la génération émer­gente de responsables d’explorer leurs dons et leurs points forts en se sentant moins poussés à devenir « géniaux ». Ils auront alors plus d’énergie pour se concentrer sur les dons de Dieu et devenir des dirigeants efficaces.

Couvrture Multiplier les leaders

Extrait du livre « Multiplier les leaders » de Martin Sanders et Alain Stamp, chapitre 2 avec l’aimable autorisation de BLF-ED.

Retour en haut