Blessant avec ma collaboratrice : la repentance espoir pour les relations…

Barbara

Barbara était une femme de Dieu, missionnaire avec MissionFPC. Célibataire, sa discrétion n’avait d’égale que son attachement à Christ et son esprit de service, et son intérêt pour les personnes. Elle est décédée en juin 2014 d’un cancer. Elle a été ma collaboratrice durant plusieurs années au siège de la mission. Elle tenait la comptabilité avec méticulosité. Sensible, elle savait rire d’elle-même. Douce et fidèle, elle supportait mal les tensions, ou les paroles dépourvues de bienveillance. Moi, qui suis un peu du genre cocotte-minute, j’étais connu pour avoir toujours des solutions rapides et simples :  Ça prend 5 minutes ! Un jour Barbara est entrée dans mon bureau :

– Alain j’ai un dossier un peu compliqué que je ne comprends pas bien. Peux-tu m’expliquer ?

Je me suis à peine détourné de mon propre travail, pour donner une explication sommaire, sans doute peu réfléchie, en tout cas expéditive. 

– Je n’ai pas compris Alain !

– Comment tu n’as pas compris : c’est pourtant simple ! me suis-je emporté.

Et j’ai reformuler l’explication, sur un ton péremptoire. Le visage de Barbara a changé, j’ai instantanément compris les conséquences relationnelles de mon péché. Je venais de blesser Barbara par ma dureté et mon peu de patience. Alors qu’elle quittait mon bureau et franchissait le pas de la porte je lui ai immédiatement dis :

– Barbara, s’il te plait, veux-tu me pardonner ? Je n’avais aucun droit de te parler comme je t’ai parlé. Je regrette !

– Oui Alain, j’accepte, je te pardonne ! 

Barbara a fait demi-tour s’est approché de moi  et m’a demandé doucement de reprendre mes explications.

J’étais travaillé par l’incident : c’est trop facile, de s’emporter, et dans la minute suivante, demander pardon ! C’est cool la grâce. Je suis rentré chez moi pour déjeuner et j’ai raconté l’incident à ma femme. Puis je lui ai dit :

– J’ai envie d’acheter une rose pour offrir à Barbara et lui expliquer que, même si j’ai demandé pardon sur le champ, c’était sincère et une vraie repentance devant Dieu.

Ma femme m’a répondu :

– Si tu dois acheter une rose pour te faire pardonner de ta collaboratrice, je t’encourage !

Je suis donc allé acheter une rose. Je suis retourné au bureau un peu avant l’heure pour déposer sur le bureau de Barbara la fleur accompagnée d’une petite carte libellée à peu près dans ces termes :

Chère Barbara, je n’aurais pas dû te parler comme je l’ai fait ! Je le regrette Je t’ai demandé pardon si vite après, et tu as accepté… Ça semble si facile ! Pourtant je tiens à te dire que je regrette sincèrement, que j’ai réalisé que j’ai péché contre toi. Merci pour ta gentillesse et ta patience à mon égard.

J’ai attendu, un peu crispé, que Barbara reprenne son travail dans le bureau à côté du mien. Je l’ai entendu entrer, suspendre son manteau… et quelque instants après, ses pas dans le couloir jusqu’à mon bureau dont la porte était toujours ouverte. Elle est entrée, s’est approchée de moi et m’a dit :

– Alain tant qu’il y aura la grâce entre nous, il nous sera toujours possible de collaborer. Puis elle m’a embrassé – ce qui n’était d’ailleurs pas trop dans son style !

Vous vous rappelez de la parabole des deux débiteurs dans l’évangile de Luc ? Le constat est :

Ni l’un ni l’autre n’avaient de quoi rembourser leur dette !

Luc 7 41 à 47

Vous avez manqué ? Vous avez blessé quelqu’un, vous n’auriez pas dû employer ce ton ? Vous n’avez pas les moyens de rembourser votre dette. Vous ne pouvez pas revenir en arrière. Vous pouvez tenter de vous justifier de vous excuser, mais vous ne pouvez racheter la dette que vous avez contractée vis à vis de la personne que vous avez blessée, ni vis à vis de Dieu. La seule option ? Vous repentir et invoquer la grâce en votre faveur.Pourquoi tant de situations de relations bloquées, en souffrances, alors qu’il serait si facile de reconnaître ses torts et de se repentir.

C’est vrai, demander pardon à un proche, dans le couple, est  difficile… Parce que cela signifie se reconnaître coupable et « endetté ». Et pour notre orgueil, cela coute bien plus qu’une rose !

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