Menottes détachées

La discipline de la confession

Les disciplines spirituelles sont l’un des trois vecteurs par lesquels Dieu nous forme à l’image de Jésus. La confession est une discipline spirituelle. Est-elle une discipline personnelle ou collective ? Verticale ou horizontale ? La confession est-elle un moyen de grâce ou une discipline spirituelle ?

1° Nous devons confesser nos péchés à Dieu (Relation verticale)

Mon péché offense Dieu

Pour un seul péché commis – même en tant que croyant – le Seigneur Jésus a dû descendre sur la terre et être frappé par Dieu à ma place. Il a été fait péché pour moi, pour cet unique péché ! Est-il possible de le négliger, de le tolérer, pour se contenter de formuler quelques excuses dans une prière ?

Mon péché m’ôte la joie de la communion avec le Père

Avant d’écrire le verset connu de 1 Jean 1: 9

Si nous confessons nos péchés, Dieu est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute iniquité. 

L’apôtre Jean écrit : 

C’est avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ que nous sommes en communion, et nous vous écrivons cela afin que notre joie soit complète.

1 Jean 1 : 3-4

Si nous ne confessons pas nos péchés nous allons nous habituer à sa présence dans nos cœurs, à l’absence de la joie. Notre plus grand danger est précisément de nous habituer à l’absence de Dieu ! Cf Esaïe ; 59 : 2

Mon péché m’expose à la discipline de l’Église

La Parole de Dieu, montre plusieurs formes de disciplines exercées par l’Église. Matthieu 18 : 15 à 18, indique un principe clé. D’autres des idées différents « redresser » (Galates 6:1). « avertissement » (1 Thes. 5 : 14) etc. Sachant que toute discipline doit s’exercer avec douceur en vue de gagner le frère.

Mon péché porte atteinte au témoignage pour le Seigneur

Mon péché démontre à tous ceux qui m’observent, que je ne tiens pas compte de Dieu. Paul est clair : 

Faites tout pour la gloire de Dieu. Ainsi donc, que vous mangiez, que vous buviez ou quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu.  Ne soyez une cause de faux pas ni pour les non-Juifs, ni pour les Juifs, ni pour l’Église de Dieu.

1 Cor 10 : 31 & 32.

Mon péché m’éloigne des enfants de Dieu

Ce sera mon deuxième point.

2° La confession dans nos relations spirituelles ? (Relations horizontales)

Dans les épîtres de Jean en particulier, la marche dans la lumière est intimement liée à la communion entre les enfants de Dieu. 

Que dit la Bible ?

Avouez-vous vos fautes les uns aux autres et priez les uns pour les autres afin d’être guéris. La prière du juste agit avec une grande force. 

Jacques 5 : 1

Je me demande sincèrement si nous n’enfermons trop ce texte dans le contexte de l’appel aux anciens pour la guérison. Il suffit d’écouter ce que dit Jésus :

Si donc tu présentes ton offrande vers l’autel et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi,  laisse ton offrande devant l’autel et va d’abord te réconcilier avec ton frère, puis viens présenter ton offrande.

Matt 5 : 24.

Certes la réconciliation, dont il est question dans ce verset, n’implique pas nécessairement l’existence d’un péché. Néanmoins il nous engage à régler ce qui doit l’être, y compris par la confession si besoin. L’absence de confession de nos péchés, les uns aux autres a des conséquences incalculables.

1° Des choses non réglées empoisonnent les relations 

Lors d’un séminaire du Comité représentatif du CNEF, on a demandé au président de formuler un sujet de prières pour l’Église de France. Nous savons beaucoup de choses à propos du pardon… que nous ne mettons que bien trop rarement en pratique  ! Voilà l’une des plus grandes menaces pour l’Église ! » Dans chaque communauté, dans chaque région, il est attristant de constater que des relations sont en souffrance, à cause de péchés non confessés, non réglés, non pardonnés. Nous voyons la paille dans… Nous nous disons offensé par l’autre… Nous ne faisons pas ce que dit Jésus :

Mets-toi rapidement d’accord avec ton adversaire, pendant que tu es en chemin avec lui…

Matt 5 : 24

Nous manquons de courage. Nous préférons garder le silence. Quelqu’un m’a expliqué, que face à certaines tensions dans leur couple, il avaient établit un principe : Le silence n’est pas la vérité ! L’idée n’étant pas de nécessairement de tout se dire, mais de refuser de se réfugier dans le silence, alors que certaines choses devrait être dites, pour, comment le dit le verset : se mettre rapidement d’accord ! Et ne pas laisser des choses non-dites ou non règlées.

Mes enfants, que notre amour ne se limite pas à des discours et à de belles paroles, mais qu’il se traduise par des actes accomplis dans la vérité.

1 Jean 3 : 18

Ainsi, selon la vérité nous devons régler ce qui doit l’être. Pour cela nous devons être attentifs à la voix du Saint-Esprit. C’est lui qui frappe à la porte de notre cœur nous révèle notre péché. Cette fâcheuse tendance faire la sourde oreille aux appels du Saint-Esprit, est tragique ! Tragique dans notre relation verticale, tragique dans notre relation horizontale.

2° Nous sommes seuls dans notre lutte vitale contre le péché…

L’essentiel de notre combat de chrétien est le combat contre le péché.  Vous connaissez le principe des Alcooliques Anonymes (AA) ? Ils mènent leur combat contre leur addiction à l’alcool en étant en étant vrais et solidaires les uns des autres. Les participants se présentent en disant :

Bonjour je suis Paul, Claudine, Jean, ou Chantal et je suis alcoolique. J’ai bu de l’alcool la dernière fois il y a 15 jours… 6 mois… 6ans…

Impossible de mentir, de se cacher dans une réunion des AA. C’est l’un des principes de base : faire face à la vérité, donc se reconnaître alcoolique. L’autre principe est que la solidarité des membres s’affermi au contact de la vérité. Rappelez-vous : le silence n’est pas la vérité ! Il serait plus sincère et plus libérateur dans l’Église de Jésus-Christ de reconnaître entre frères et sœurs, que nous sommes des pécheurs, que nous le serons toujours. Et le confesser ! Au lieu de cela nous ne parlons à personne de notre combat contre le péché. Nous pensons que tous les autres sont bien plus avancés dans la sanctification que nous. Du coup nous sommes isolés, seuls avec notre péché. Nous ne pouvons pas supporter de révéler nos échecs et nos défauts aux autres. Nous nous imaginons être les seuls à ne pas s’être engagés sur la bonne route du ciel. Par conséquent, nous nous cachons les uns des autres et nous vivons dans le mensonge et l’hypocrisie. La crainte et l’orgueil qui s’accrochent à nous comme des sangsues s’accrochent aussi aux autres. 

Nous sommes seuls, en particulier, face au diable, face à l’accusateur. Il a beau jeu de nous accuser avec des choses que nous n’avons dites à personne. Il est du côté du mensonge et des ténèbres or ce qui est maintenu dans le secret ou tût n’est pas du côté de la lumière.

R. Foster, Éloge de la discipline. Éditons Vida 2016, chapitre 10. 

Rappelez-vous en Apocalypse :

Car l’Accusateur de nos frères, celui qui, jour et nuit, les a accusés devant Dieu, a été jeté hors du ciel. Mais eux, ils l’ont vaincu grâce au sang de l’Agneau et grâce au témoignage qu’ils ont rendu pour lui.

Apoc. 12 11 & 12.

Non seulement seul, mais totalement livrés à la merci des attaques de l’ennemi !

Mise en garde :

Je crains qu’à ce point certains pensent que cela va trop loin. Soyons clairs ! Je ne parle pas ici de déballer toute sa vie à toute l’église. D. Bonhoeffer précise :

Nous ne parlons ici que de la confession personnelle entre deux croyants. Pour retrouver la communion avec l’ensemble de l’Église il n’est pas besoin de confesser à toute l’Église devant tous la fidèles. C’est la communauté toute entière que je rencontre dans la personne du frère à qui je me confesse…

De la communauté. Editon Foi Vivante 1968 page 116

Il s’agit pour les hommes de trouver un frère, pour les femmes de trouver une sœur, de confiance, qui va respecter la confidentialité, à qui je peux partager mes combats en toute sécurité. À qui puis-je me confesser ? Le frère la sœur, va-t-il.elle me comprendre ? Est-il.elle est plus avancé(e) que moi dans la foi, aura-t-il.elle du mal à comprendre mes combats ? Voici ce que répond Bonhoeffer :

Tous ceux qui vivent sous la croix et qui ont discerné dans la croix de Jésus la méchanceté de tous les hommes et celle de leurs cœurs trouveront qu’il n’y a pas de péché qui leur soit étranger. Celui qui a été une fois horrifié par l’horreur de son propre péché qui a cloué Jésus sur la croix ne sera plus horrifié même par les pires péchés d’un frère.

Ibid page 122

J’aime bien cette notion de « vivre sous la croix ». Je la trouve applicable à bien des situations. Du coup, celui qui « vit sous la croix » n’a pas besoin de dire aux autres : « Je vais garder les choses pour moi. » Celui qui vit sous la croix ne va pas trahir. Comme le souligne D. Bonhoeffer :

En vivant sous la croix nous sommes aussi délivrés de la tentation de la domination spirituelle. Nous nous sommes trouvés là où le frère ou la sœur se trouve. Et le désir d’utiliser la confession comme moyen de pression, tombe.

Ibid page 122

C’est tout la question de la nécessité de redevabilité. Cette notion n’est pas dans notre culture. Pourtant elle est une des clés de la croissance chrétienne.

3° La confession est-elle un moyen de grâce ou une discipline ?

Un moyen de grâce verticale

…parce que sans l’intervention de Dieu, sans que sa grâce touche notre cœur par son Saint-Esprit, aucune confession sincère n’est possible.

D’ailleurs Jésus est clair :

Et moi, quand j’aurai été élevé de la terre, j’attirerai tous les hommes à moi.

Jean 12 : 32

La confession est une promesse de salut :

Changez donc d’attitude et convertissez-vous pour que vos péchés soient effacés !

Actes 3 : 19

D. Bonhoeffer et d’autres, parle de la confession comme un moyen de grâce horizontale.

Confessez donc vos péchés les uns aux autres » (Jacq. 5, 16). Rester seul avec son mal, c’est rester tout à fait seul. Il se peut que des chrétiens, malgré le recueillement et la prière en commun, malgré leur communion dans le service, demeurent finalement seuls, sans parvenir à former une communauté réelle. […] Mais voici que la grâce de l’Évangile, si difficile à comprendre aux gens pieux, nous met en face de la vérité et nous dit : tu es un pécheur, un très grand pécheur,  incurablement, mais tu peux aller, tel que tu es, à  Dieu qui t’aime. Il te veut tel que tu es, sans que tu fasses rien, sans que tu donnes rien, il te veut toi-même, et toi seul. L’invitation à se confesser à un frère et à recevoir le pardon fraternel au sein de la communauté chrétienne, est donc ainsi une invitation à accepter la grâce de Dieu dans l’Église.

Ibid page 113

La confession est aussi une discipline

Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous les pardonner, et pour nous purifier de toute iniquité.

1  Jean 1 : 9 

Dans le texte grec confessons signifie : dire ouvertement, déclarer reconnaître… Et que disent le verset qui précède et celui qui suit : 

Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous séduisons nous-mêmes… Si nous disons que nous n’avons pas péché, nous le faisons menteur…

Autrement dit il est impossible que le chrétien ne pèche pas et la seule possibilité pour lui c’est qu’il le dise ouvertement qu’il le reconnaisse, dans une discipline spirituelle… et Dieu qui est fidèle lui pardonnera.

Une discipline collective ?

Bonhoeffer souligne que :

La confession rend possible l’accès à la communauté. Le péché veut être seul avec l’homme. Il l’arrache à la communauté. Plus un homme est seul, plus le péché exerce sur lui son pouvoir destructeur ; et plus l’homme se prend à ses pièges, plus aussi son isolement devient sans espoir. Le péché veut rester ignoré. Il craint la lumière. Il se complaît dans la pénombre des  choses tues, d’où il empoisonne l’être tout entier. Mais, par la confession, la lumière de l’Évangile fait irruption dans la nuit et dans le silence du cœur.  Le péché est mis en pleine lumière. Les choses tues sont dévoilées, confessées. Tout ce qu’on cache est mis au jour. La lutte est dure jusqu’â ce que le péché se rende.

Ibid page 115

Quelle place, dans nos cultes, pour la confession des péchés ?

Notre liturgie n’offre que trop rarement la possibilité d’une confession. Les évangéliques ont mis de côté la liturgie catholique, ainsi que la liturgie Réformée. On sait pourquoi. Pourtant ne devrait-il pas y avoir, de temps à autre, dans nos cultes un temps qui encourage à la confession ? Je crains même lors de la Cène, l’accent soit le plus souvent « que chacun s’examine soi-même ». Voici ce qu’écrit D. Bonhoeffer à ce sujet :

S’il est vrai que la confession constitue une action pour elle-même, accomplie au nom du Christ, et pratiquée à l’intérieur de la communauté aussi souvent que le besoin s’en manifeste, elle a cependant pour but particulier d’amener l’ensemble des croyants à participer à la sainte Cène. […] Réconciliés avec Dieu et avec les hommes, les croyants sont en état de recevoir le corps et le sang de Jésus-Christ.  Jésus exige que l’on ne s’approche pas de l’autel avant de s’être réconcilié avec son frère. Cette exigence, qui vaut pour le culte et la prière en général, s’applique à plus forte raison à la Cène. […] Pour recevoir ensemble la grâce de Dieu , il faut que les croyants aient liquidé tous les ferments de colère, de jalousie, de médisance et d’hostilité qui subsistent parmi eux. Demander pardon à un frère n’est certes pas encore lui  faire une confession, quoique, formellement, Jésus n’en exige pas davantage. Ibid page 124

Ibid page 12

Rich Villodas, pasteur à New-York, témoignait récemment sur Tweeter, qu’il avait réintroduit dans son église un temps de confession durant le culte. Il proposait une prière que j’ai adaptée :

Dieu tout puissant, notre Père qui est aux cieux, nous avons péché contre toi, et contre notre prochain., en pensées, en paroles et en actes, par ce que nous avons fait, par ce que nous n’avons pas fait.Pour l’amour de ton fils, notre Seigneur Jésus-Christ, pardonnes nous nos offenses.Et accordes-nous de te servir en nouveauté de vie. Pour la gloire de ton nom. Amen  ! 

Une prière individuelle et collective !

En Complément, voici la prière de repentance de Calvin , lue parfois dans les cultes Réformés. 

Seigneur Dieu, Père éternel,
Nous reconnaissons et nous confessons devant ta sainte majesté que nous sommes de pauvres pécheurs.
Nés dans l’esclavage du péché, enclins au mal, incapables par nos seules forces de faire le bien, nous transgressons tous les jours et de plusieurs manières tes saints commandements attirant sur nous, en conséquence, la mort. Mais, Seigneur, nous avons une vive douleur de t’avoir oublié : nous nous condamnons, nous et nos vices, avec une vraie repentance ; nous recourons à ta grâce et te supplions de venir en aide en notre misère. Veuille donc avoir pitié de nous, Dieu très bon, Père miséricordieux, et nous pardonner nos péchés pour l’amour de Jésus-Christ, ton Fils, notre Sauveur. En effaçant nos manquements, accorde-nous aussi et nous augmente continuellement les grâces de ton Saint-Esprit, afin que, reconnaissant de plus en plus nos fautes, nous en soyons vivement touchés, nous y renoncions de tout notre cœur et nous portions des fruits de justice et de sainteté, qui te soient agréables, par Jésus-Christ notre Seigneur.

Amen.

Adaptée par Marc Pernot d’après Jean Calvin (1509-1564) Juriste, théologien

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