Comment Martin Sanders à réalisé que le temps était venu pour lui, dans son parcours personnel, de devenir mentor !
Alors que j’étais jeune responsable, j’ai eu la chance de profiter de l’enseignement de dirigeants plus âgés. Les qualificatifs ne manquent pas pour les décrire : vétérans chevronnés, leaders doués, maîtres d’art, femmes de prière, hommes pleins de sagesse, personnes empreintes d’humilité, hommes et femmes marchant avec Dieu, dotés de perspicacité et de discernement prophétique, humbles serviteurs. Quelle que soit leur caractéristique, chacune de ces personnes m’a transmis une bonne dose de sagacité pour favoriser mon développement personnel. Leur influence sur moi a été phénoménale. Il a pourtant fallu que je demande, recherche et parfois insiste pour qu’elles acceptent de devenir mes mentors et répondent à mes besoins. Très peu ont spontanément proposé de m’aider.
Pourquoi les responsables expérimentés hésitent-ils à ce point ?
D’une part, ils ne comprennent pas toujours les valeurs et les façons de faire des jeunes générations. D’autre part, comme notre société ne valorise ni le grand âge ni sa sagesse, les personnes âgées pensent qu’elles-mêmes ou leur vécu n’ont aucun intérêt pour les jeunes. La vieillesse, l’expérience et la sagesse ne sont pas admirées dans notre culture. De nombreux seniors n’ont donc pas réfléchi à la possibilité de transmettre de manière tangible. Certains pensent qu’ils n’ont pas le temps d’être des mentors, d’autres qu’ils n’ont rien à offrir, d’autres encore qu’ils ont déjà trop d’engagements et d’autres, enfin, craignent de ne pas être à la hauteur des attentes. Les raisons sont multiples, mais il est crucial que ces responsables s’investissent comme mentors !
Proche de la quarantaine, j’ai assisté à une conférence nationale d’églises. Au beau de cette rencontre un déclic incroyable s’est fait en moi : j’ai réalisé que je n’étais plus l’un de ces « jeunes gars à l’esprit vif ». Cela a été très clair lorsque des jeunes sont venus m’interroger. Le genre de questions que l’on pose à un mentor ! Sans l’ombre d’un doute, ils voyaient en moi un des « responsables d’un certain âge » ! Je dois admettre que j’ai connu, pendant une courte période, une petite crise d’identité :
Oh non! Je ne suis plus l’un de ces jeunes types à l’esprit vif. Que vais-je faire maintenant ?
J’ai pris le temps de me promener un après-midi pour penser et méditer. Je me suis dit :
Bon… Comme jeune gars à l’esprit vif, j’ai eu un bon et long parcours. Autour de mes vingt-cinq ans, j’ai bénéficié d’une certaine reconnaissance et d’une influence au-delà de mon église locale. J’ai eu l’occasion de voyager, de beaucoup parler et d’intervenir comme consultant en de nombreux endroits.
Poursuivant mon monologue intérieur, j’ai décidé :
OK ! J’ai eu un bon parcours. Il est temps à présent de faire la transition pour devenir l’un de ces vieux routiers qui se tient à disposition comme coach, mentor être référent des jeunes hommes et jeunes femmes actifs dans le ministère.
À la fin de l’après-midi, j’étais en phase avec cette perspective et je la considérais comme étant la prochaine étape de ma mission. J’étais devenu un vieux routier, parvenu aux plus belles années charnières de sa vie et de son ministère.
Je me suis aussitôt demandé :
Mais que se passera-t-il après ?
Dans un sentiment croissant d’exaltation, j’ai pensé :
Si je réussis cette étape, si je reste à jour, si je lis beaucoup et que je garde l’esprit vif, il ne me faudra pas longtemps pour devenir un sage ! Un homme avisé ! Ça va être super. Au lieu de porter une queue- de-cheval, je me raserai le crâne et me laisserai pousser un beau bouc. Et puis, en tant que sage, on n’est pas obligé de parler beaucoup. Les gens viennent vous voir, veulent vous parler, vous poser des questions et vous n’avez qu’à émettre quelques sons : « Hum »,« Oh », « Oui », « Fais confiance à Dieu », « Je vais prier».
Cette image m’a un peu amusé mais elle m’a aussi fait prendre conscience qu’il était normal de quitter l’étape du « jeune type à l’esprit vif ». Il est naturel d’accéder au statut de personne expérimentée qui devientcoach et personne ressource. J’ai aussi prié:
Seigneur, puis-je me développer de manière à avoir le cœur, l’esprit et le caractère d’un homme de sagesse ?
Nous avons besoin de la sagesse et de l’expérience de nos anciens…
… pour forger notre caractère et encadrer notre développement. Nous avons besoin de nos mentors pour tirer des principes de nos expériences, de nos échecs et de nos frustrations. Pour être disposés à les partager dans une structure relationnelle. Leur sagesse est si précieuse, nous ne pouvons la trouver nulle part ailleurs. Tirons parti de leur discernement et utilisons-le pour croître. Nous avons besoin de ces leaders dans l’Église.
Questions aux ainés dans le ministère :
- Quelle vision avez-vous du mentorat. J’ai entendu des seniors dire : – Nous on a foncé, et on s’est débrouillé seuls !
- Pouvez-vous entendre la jeune génération dire : – Nous ne voulons pas reproduire les mêmes erreurs que certains de nos ainés ?
- Dieu ne vous confie-t-il pas une mission de transmission, selon l’exemple de Paul : Soyez mes imitateurs, comme je le suis moi-même de Christ. Eph 11 : 1
- Être mentor, c’est partager ce que vous avez reçu de Dieu. Pas besoin d’outil et de formation… Qu’allez vous faire de tout ce que vous avez appris durant votre ministère ? Enfouir ce trésor ?
- Quelle réaction sera la vôtre si un jeune serviteur de Dieu s’approche de vous et vous demande de vous intéresser à lui et à son ministère, même si sa demande n’est pas très explicite ?
- Voulez-vous demander à Dieu de vous diriger : – Seigneur montre moi si j’ai une responsabilité à la fin de mon ministère. Voudrais-tu que j’assiste des plus jeunes ? Montre moi qui. Cette prière pourrait vous bouleverser et bouleverser le ministère de jeunes que Dieu a appelés.
Que Dieu nous montre comment devenir des hommes et des femmes avisés, capables de transmettre nos qualités à la génération suivante, qui les transmettra à la suivante, et ainsi de suite !
Extrait de
Multiplier les leaders
MARTIN SANDERS & ALAIN STAMP
Le docteur Martin Sanders est pasteur, professeur et consultant. Il consacre sa vie à développer le potentiel des responsables chrétiens. Après des années d’expérience pastorale, il forme aujourd’hui des leaders, des pasteurs et des missionnaires dans plus de trente pays. Fondateur et président de Global Leadership Inc. Il est également directeur de thèse au l’Alliance Theological Seminary (http://www.nyack.edu/dmin )|