J’ai remarqué que certains jeunes leaders étaient profondément affectés, ébranlés, en particulier, depuis le déclenchent de la Guerre en Ukraine. Plusieurs de mes mentorés africains, sont couramment confrontés à la guerre, au manque. En partant de leur témoignage, voici 5 points de notre vie spirituelle à examiner pour surmonter l’angoisse, les inquiétudes et l’incertitude.
La pression augmente
Deux ans de COVID 19. Décès dans notre entourage plus ou moins proche. Personnes atteintes de COVID longs, confinements, re-confinements. Soudain : la guerre en Ukraine ! En Europe, avec la menace nucléaire ! Les conséquences de cette guerre, qui ajoutent une nouvelle menace. Celle d’une crise économique, prix du gaz, pétrole, des matières premières, du blé…Certains s’interrogent : mon emploi est-il menacé ! Le GIEC a poussé à nouveau un cri d’alarme. Visiblement le climat se dérègle gravement. Nous sommes au coeur de plusieurs crises, sources de grandes incertitudes et d’inquiétudes, et même d’angoisses …
Une génération pas préparée
Les jeunes n’ont pas du tout été préparés psychologiquement aux évènements que nous vivons aujourd’hui, car de fait l’état du monde semble avoir renoué avec ce qu’a été son fonctionnement depuis la nuit des temps : une succession infernale de guerres, d’attentats, de conflits religieux, de famines, d’épidémies, de catastrophes naturelles. Or, les deux générations précédentes ont vécu, du moins dans nos contrées, une incroyable parenthèse enchantée : une paix durable, une santé insolente, une situation économique satisfaisante, un avenir forcément radieux où les enfants allaient vivre encore mieux que leurs parents. Les individus se sont émancipés, et la société a davantage attendu de la jeunesse qu’elle s’épanouisse, plutôt qu’elle ne se soumette à l’autorité, la famille, la religion, la défense de la patrie.
Serge Hefez, Propos recueillis par Marc-Olivier Bherer
Confrontés à la guerre et aux manques
Lui c’est Didier, pasteur. Son pays la République Centre Africaine est en guerre depuis 30 ans. Populations déplacées, églises attaquées, familles endeuillées. Elle, c’est Annette, évangéliste, infirmière en oncologie. La seule dans son pays à avoir une formation en soins palliatifs ! Le Burkina Fasso subi la pression des mouvements islamistes : attentats, églises attaquées, et plus 1,5 millions de personnes déplacées du nord vers le sud. Pensez à tous les chrétiens qui ont fuit aussi leur église en fuyant leur village. Elle c’est Adeline, elle enseigne à la FACTEC de Yaoundé, et travaille à Campus pour Christ Cameroun. Elle a de quoi payer la consultation, la radio, mais elle ne sait pas si elle aura de quoi acheter les médicaments prescrits ! Lui c’est Gauthier pasteur. Leur pays, le Cameroun vit un conflit depuis 1972. Celui-ci s’amplifie sur plusieurs fronts, avec des centaines de milliers de réfugiés déplacés dans le pays. Je les ai interrogé, eux qui vivent dans l’inquiétude, l’incertitude et l’insécurité permanentes. Dans le manque constant. Comment encouragent-ils les chrétiens à tenir ferme. Je vous propose d’examiner 5 points inspirés de leurs réponses.
1 – Interrogeons notre théologie
L’un des premiers points évoqués : rappeler aux chrétiens africains ce que Jésus a annoncé :
Quand vous entendrez parler de guerres et de menaces de guerres, ne vous laissez pas effrayer, car il faut que ces choses arrivent. Cependant, ce ne sera pas encore la fin. Une nation se dressera contre une nation et un royaume contre un royaume; en divers endroits il y aura des tremblements de terre, il y aura des famines [et des troubles]. Ce sera le commencement des douleurs. Faites attention à vous-mêmes.
Marc 13 7 – 9
Nous sommes nous laissé aller à croire, en dépit de ce que Jésus à dit, à une paix installée juste parce que les guerres étaient loin de nous ? À attendre une amélioration constante de notre style de vie ? Que notre santé, les facilités qui sont les nôtres en Europe, étaient acquises. Que « notre monde », après tout, n’était pas si mal, de notre point de vue ? Une fausse théologie du confort signe d’une quelconque bénédiction s’est-elle infiltrée dans nos mentalités sans que nous nous rendions compte ? Quand avez-vous entendu une prédication sur les temps de la fin ?
Le chrétien peut rester debout face à l’ébranlement des cieux et aux bruits de la mer car il est habité par une assurance plus grande que les réalités de ce monde.
A Nouis Le Nouveau testament Vol 1 page 552
2° Interrogeons notre espérance ?
Mes amis africains ont insisté sur la nécessité de cultiver l’espérance. Avons-nous oublié que nous sommes des étrangers des voyageurs sur cette planète ?
Tous ces patriarches sont morts en croyant à l’accomplissement des promesses qu’ils n’avaient pas vu se réaliser de leur vivant. Ils les ont seulement entrevues et saluées de loin, reconnaissant qu’ils étaient eux-mêmes « étrangers et voyageurs » sur cette terre.
Hébreux 11:13 PV
Nous sentons nous « étrangers et voyageurs » sur cette terre ? Ou installés dans un coin du monde en paix. Avec la sécurité sociale, le choix de 47 yaourts différents au super marché. Avons-nous oublié que nous sommes en route, que notre demeure n’est pas ici. L’espérance de l’éternité, dans la présence de Dieu, nous permet de nous saisir de cette réalité spirituelle : nous sommes en route. Quand, la dernière fois, avez-vous entendu une prédication sur l’espérance ?
3° Interrogeons notre regard sur la souffrance
Voici ce qu’écrit Rich Villodas :
En 1917, pendant la Première Guerre mondiale, Karl Barth a reconnu que la théologie libérale qui l’avait formé avait très peu à dire sur la souffrance en raison de la vision trop optimiste de la bonté morale de l’humanité. Les prédicateurs de cette époque n’avaient rien à offrir face à la souffrance. Vous pourriez dire la même chose aujourd’hui. Trop de pasteurs et de chrétiens – en particulier aux États-Unis – ont été formés par une théologie du bonheur, de la commodité, du triomphalisme et de l’exception que nous n’avons presque pas de place pour la souffrance, la lamentation et la faiblesse. Qu’il s’agisse de chrétiens charismatiques qui ne peuvent pas compter avec la maladie, de chrétiens intellectuels qui ne vivent que dans leur tête ou de chrétiens « du confort » qui ont toujours vécu avec commodité, beaucoup n’ont rien à dire, car la Croix a été contournée jusqu’à présent.
R. Villodas sur Twitter
La croix, réponse à la souffrance
Comment concilier dans nos coeurs Dieu et le sinistre spectacle quotidien de cette guerre, de ces guerres, ailleurs, que nous oublions ? Comment faire face à toutes ces horreurs, à toutes ces souffrances ? En plaçant la croix au centre de notre vision du monde. La croix de Christ est le fondement et le point central de la compréhension chrétienne de la souffrance. La Bible présente la souffrance de Jésus comme nécessaire dans le plan de Dieu. Jésus substitut sans péché mort et ressuscité !Dieu, en Jésus, a partagé cette expérience commune à tous les hommes qu’est la souffrance. Il sait ce que c’est que d’être faible, d’être accablé de chagrin. Il est capable non seulement de compatir, mais aussi d’avoir de l’empathie pour nous lorsque nous souffrons. Dieu reconnaît le caractère unique de l’expérience de la souffrance de chaque personne, tout comme sa propre souffrance était unique.
Jésus partage nos souffrances
Savez-vous que Jésus partage toutes nos souffrances aujourd’hui ? Pourquoi ? Parce que nous sommes son corps. Quand une partie du corps a mal, tout le corps a mal, la tête a mal. Les angoisses et les épreuves que nous connaissons nous rappellent que nous suivons un Seigneur qui a souffert et qui souffre. C’est une consolation de savoir que Jésus est avec moi dans ma souffrance, mes inquiétudes, mon incertitude mes angoisses et qu’il ressent ma douleur.
4° Interrogeons notre foi notre confiance en Dieu
Larry Crabb formule très bien le genre de doute qui habite notre foi :
Nous faisons confiance à Dieu pour qu’il nous trouve une place de parking, mais nous doutons qu’il puisse résoudre la grandes questions de notre vie. La logique perverse de notre nature déchue repose sur un mensonge fondamental : on ne peut faire confiance à Dieu pour les choses importantes.
L. Crabb Nos difficultés un chemin à la découverte de Dieu
C’est une question pour votre foi. Dans les circonstances actuelles : avez-vous des doutes sur la puissance de Dieu ou sur sa volonté de vous prendre en charge de ne pas vous laisser tomber, de ne pas vous abandonner ? Pensez-vous que Dieu est au coeur de ces situations qui perturbent ? Nous savons que Dieu règne. Nous le chantons, nous le disons dans nos prières. Mais cette certitude fonde-t-elle notre confiance en lui ?
Car c’est à l’Eternel qu’appartient le règne: il domine sur les nations.
PS 22 : 2
5° Interrogeons vie de prière :
Tous mes mentorés africains ont souligné l’importance de la prière pour faire face à l’anxiété, l’incertitude et l’inquiétude. Vous vous rappelez ce qu’a écrit R. Villodas ?
… pas de place pour la souffrance, la lamentation et la faiblesse.
Lamentation
Il existe plusieurs types psaumes dans la Bible qui nous aident à comprendre et à exprimer nos émotions. Des Psaumes de louange d’action de grâce. Mais nous négligeons un tiers des psaumes : les psaumes de lamentation. Certains expriment des lamentations individuelles, d’autres des lamentations communautaires. Il est vital, au cœur de nos peurs, de notre anxiété, de nos difficultés, de pouvoir exprimer à Dieu ce qui se trouve véritablement dans notre coeur. De faire monter vers lui notre cri notre supplication ou une requête pour qu’il nous sauve de notre agonie. La lamentation est un acte de foi. Car Dieu est le seul à pouvoir faire quelque chose pour notre douleur. Lorsque nous nous lamentons, nous reconnaissons que Dieu est tout. Dans notre faiblesse, nous appelons notre Dieu en sachant qu’il est là.
Je suis faible. […] Je suis épuisé par mes gémissements. Toute la nuit, j’inonde mon lit de pleurs, et je trempe mon divan dans les larmes.
PS 6 : 3 & 6
Il peut être angoissant d’avoir l’impression que Dieu met du temps à nous délivrer de notre souffrance. Mais ce psaume nous rappelle : nous pouvons nous consoler en sachant que Dieu est là. Nous pouvons crier vers lui, et il nous entendra et répondra en son temps.
Repentance
Lors d’un zoom, Georgina Dufoix, ancienne ministre de la santé, convertie à Jésus, chrétienne très engagée disait : – En voyant la guerre Je ne peux que me repentir en voyant la situation…J’avoue que je n’ai pas compris tout de suite. En écoutant les analyses politiques, j’ai réalisé que depuis 20 ans Poutine a pratiqué cette sorte de guerre abjecte, en martyrisant et terrorisant les populations civiles. Sans le moindre respect pour les conventions internationales. Crimée, Dombass, Syrie… sont loin ! Et j’étais indifférent. J’ai du me repentir. Suivons l’exemple du sécrétaire général de l’Alliance évangélique de Russie qui a écrit :
Aujourd’hui, en tant que citoyen et Secrétaire général de l’Alliance évangélique russe, je demande pardon à tous ceux qui souffrent, qui ont perdu des proches et des parents, ou qui ont perdu leur lieu de résidence à cause de ce conflit militaire. Je prie que vous puissiez trouver dans le Seigneur la force de tendre votre main de solidarité et de pardon, afin que nous vivions la réalité de notre unité comme peuple de Dieu en ce monde.
Vitaly Vlasenko Alliance Évangélique Russe 12 mars 2022
Le ciel et la terre disparaîtront, mais mes paroles ne disparaîtront pas. Faites bien attention à vous-mêmes, de peur que votre cœur ne devienne insensible, au milieu des excès du manger et du boire et des soucis de la vie, et que ce jour ne fonde sur vous à l’improviste. En effet, il s’abattra comme un piège sur tous les habitants de la terre. Restez donc en éveil, priez en tout temps, afin d’avoir la force d’échapper à tous ces événements à venir et de vous présenter debout devant le Fils de l’homme. Luc 21 34 à 36
Les recommandations de Jésus
À partir du verset 25 de ce chapitre Jésus après avoir annoncé la chute de Jérusalem, parle d’évènements à venir, de son retour et de ce qui le précèdera. Le verset 33 pointe sur cette échéance.
Faites bien attention à vous-même
Certaines versions disent : prenez garde à vous même. Cela veut dire que nous devons être attentifs à notre propre vie spirituelle. Jésus a conclu cet enseignement par cet appel à une vie patiente et pieuse de la part de ses disciples. La version NIV traduit :
Prenez garde, sinon vos cœurs s’appesantiront sur la dissipation, l’ivresse et les soucis de la vie, et ce jour-là se refermera sur vous à l’improviste comme un piège.
Luc 21 :3 4
Clarke souligne :
Que votre coeur ne soit pas surchargé rendu lourd, comme c’est généralement le cas de ceux qui ont trop mangé ou trop bu. Veillez à ne pas vous mettre en sécurité par un mauvais usage des choses licites ; ne faites pas de cette terre votre partage ; attendez-vous à sa dissolution, et préparez-vous à rencontrer votre Dieu.
Clarke
Les soucis et les excès de la vie
Notez que les soucis de cette vie sont, dans la bouche de Jésus aussi préjudiciables que peuvent l’être certains péchés grossiers… qui nous font peut-être horreur !
En occident, les excès consuméristes tout comme les soucis de la vie nous endorment-ils Si vous conjuguez ces deux notions – consumérisme, excès et soucis… Vous obtenez des préoccupation de riches : – Seigneur fait que ma commande d’hier soit livrée aujourd’hui ! Loin de l’essentiel : rester ferme en Christ, veiller à demeurer en Lui. C’est ainsi que nous perdons notre lucidité face à la réalité des temps qui sont devant nous. Plus encore que nous allons bientôt entre face à notre sauveur. Je ne fais pas la fête comme Jésus le souligne, ok ! mais est-ce que je suis tellement dans mes soucis, des préoccupations futiles !
Restez donc en éveil et priez en tout temps
Antoine Nouis résume bien ce qui doit être notre préoccupation première :
La veille et la prière sont les réponses aux danger de notre temps. Elles ne peuvent empêcher que le jour n’arrive à l’improviste, comme un filet, mais elles peuvent nous donner la force de nous tenir debout devant le Fils de l’homme. Le message de ces trois versets se résume en une phrase : « Notre temps est dangereux, veillez et priez de peur que votre cœur ne s’alourdisse, afin que Vous ayez la force de vous tenir debout devant le Christ. » Je peux écrire cette phrase sur mon bureau et me la répéter tous les matins.
A. Nouis Le Nouveau Testament Tom 1 page 553
Aujourd’hui, comme mentor, – et accompagnateur spirituel – je me consacre essentiellement à l’accompagnement de leaders chrétiens confirmés ou émergeants, en France et en Afrique. Avec ce blog, j’aspire à partager mes réflexions, mon vécu spirituel, mon expérience de mentor, afin d’encourager les leaders à ressembler toujours d’avantage à Christ. Ce qui est toute mon ambition.