Développer vos dons ET la grâce de Dieu : enjeu de votre leadership

J’ai été très touché et interpellé, par une ancienne déclaration de Tim Keller, qui me semble évoquer l’un des défis clé du leadership spirituel. Et révéler aussi pourquoi certains leaders s’effondrent. Examinons ce qui est sans doute vital pour chaque leader spirituel : développer vos dons ET la grâce de Dieu : enjeu de votre leadership de votre leadership.

L’avertissement de Tim Keller

Il ne faut pas confondre l’exercice des dons avec la grâce. Je peux être très, très honnête à ce sujet. Voyez-vous, il m’est très facile d’être extrêmement occupé parce que je suis un chrétien professionnel. Je parle aux gens tout le temps. J’enseigne tout le temps. Mais si je néglige ma croissance dans la grâce, si je néglige de regarder mon cœur et de voir si oui ou non, je développe vraiment plus d’amour pour les gens et pour Dieu, si je néglige ma vie de prière de sorte que je ne fais pas vraiment l’expérience de sa présence, si je néglige ma vie intérieure, si je néglige ma croissance dans la grâce, alors toute mon activité peut parfois tirer de moi un certain sens de la chaleur à cause de mes dons. J’ai le don d’enseigner et il y a tellement de besoins. Et lorsque je commence à enseigner, je ressens une certaine chaleur qui se dégage.

De quoi s’agit-il ? Une certaine chaleur spirituelle et une certaine passion parce que c’est mon don spirituel – mais je peux être en train de mourir à l’intérieur, et l’exercice de mon don masque cela. 

C’est la raison pour laquelle il est possible que des ministres très, très doués fassent de grandes choses, gagnent des gens et transforment leur vie, puis s’effondrent, soudainement, ou commettent un péché scandaleux, ou disent simplement « J’en ai assez » et quittent leur femme, ou quelque chose comme ça. 

Tout le monde dit : « Comment est-ce possible ? Était-il un hypocrite ? Non. Il y a longtemps, probablement, il a commencé à négliger la croissance réelle dans la grâce. Il a commencé à confondre l’exercice des dons avec l’exercice de la grâce – parce qu’il recevait tellement de félicitations, et qu’il était tellement occupé, qu’il s’est dit : « Hé ! je dois être en train de grandir. Je grandis parce que mon église grandit. Je grandis parce que de plus en plus de gens me disent à quel point je suis génial. Plus de gens achètent mes cassettes. C’est pour cela que je dois grandir ? » Mais pendant ce temps, il rétrécissait de l’intérieur.

Sermon de T. Keller, 1er octobre 1989

L’exemple de Roy Hession

Je vous encourage à lire l’autobiographie de Roy Hession, évangéliste international et auteur, Mon chemin du Calvaire.

On m’appelait de partout pour prêcher lors de campagnes d’évangélisation ou des réunions. J’acceptais automatiquement, sans poser de questions, sans chercher à savoir pourquoi, ni quelles étaient les relations avec l’Église locale. J’acceptais ! Il était pour moi très gratifiant d’avoir un agenda bien rempli un an à l’avance. […] J’en étais arrivé à un étrange esclavage avec mes messages. Puisque, par le passé, le Saint-Esprit leur avait donné de la puissance, je pensais que ceux-ci resteraient toujours efficaces. Je recherchais continuellement des prédications fortes. […]

Il est facile d’imaginer quelles pressions créaient dans ma vie cette pensée qu’il me fallait être toujours puissant. Cela bloquait l’action du Saint-Esprit.

La première raison pour laquelle j’étais dans le désert, c’est que je n’appelais plus péché ce qui était péché. En particulier dans mes réactions envers ma chère épouse Revel. En général, la cause était toujours la même : après chaque engagement dans mon ministère, je traversais une sorte de crise spirituelle. Je ne trouvais la victoire et le repos en Christ qu’après m’être débattu dans la prière et avoir lutté contre l’incrédulité. J’en étais venu à penser que cette façon d’obtenir la foi était la seule valable. […]

J’étais tellement tendu à l’approche d’une réunion importante que la moindre de ses suggestions m’irritait. J’étais tellement aveugle que je n’appelais jamais mon attitude « péché ». Je ne réglais jamais ces choses ni avec le Seigneur, ni avec elle. Je partais pour mes batailles spirituelles, avec mes péchés non pardonnés, le cœur et la conscience souillés. Il n’est pas étonnant que je revenais confus et abattu. […]

J’ignorais dans la pratique comment faire face à mes échecs et comment me comporter quand le péché revenait dans ma vie. Je ne connaissais pas vraiment la puissance du sang de Christ. 

Au début de l’année 1947, j’étais dans un triste état. Si le besoin et la dépression font de quelqu’un un « candidat » à la grâce de Dieu et au réveil, alors j’en étais assurément un !  

Roy Hession

Développer la grâce de Dieu : essentiel 

Un des plus grands dangers du ministère est le surengagement qui ne laisse plus de place à une vraie vie spirituelle qui croisse dans la grâce de Dieu. Plus assez de temps pour laisser Dieu mettre de l’ordre dans notre coeur. Plus assez de temps pour écouter le Saint-Esprit et le laisser nous changer à la ressemblance de Christ. Plus assez de temps pour être conduit inspiré dans chaque situation, détail du ministère. 

Le leadership serviteur [spirituel] ne peut être soutenu que par la grâce de Dieu. C’est la grâce qui nous donne le désir de servir les autres. C’est la grâce qui nous donne la sagesse de diriger. Cela commence par l’expérience de la grâce de Dieu dans nos cœurs et par le service gracieux que nous rendons aux autres lorsque nous dirigeons.

P. Chappell

Lorsque nous utilisons nos dons spirituels, nous gérons la grâce, non pas la grâce d’hier, mais celle d’aujourd’hui, qui arrive à chaque moment de besoin.

John Piper

Développer vos dons ET la grâce Dieu : enjeu de votre leadership

Dieu vous a confié une responsabilité, vous a accordé des dons, alors posez-vous la question : avec quelle force est-ce que j’accomplis ma tâche ?

Si quelqu’un parle, qu’il annonce les paroles révélées de Dieu ; si quelqu’un accomplit un service, qu’il le fasse avec la force que Dieu communique, afin qu’en tout Dieu reçoive la gloire qui lui est due à travers Jésus-Christ.

1 Pierre 4 : 11. 

Dieu continue, jour après jour, à fournir, à accorder, la force nécessaire pour accomplir n’importe quel service ou ministère. Il le fait par grâce, et pour que la gloire lui revienne, à lui seul.

L’épanouissement de nos dons n’est pas automatique

C’est vrai, nos dons se travaillent, se développent. À condition, cependant, que nous acceptions les remarques les conseils, qui nous aident à nous améliorer. Au fur et à mesure du service, nous comprenons et utilisons mieux nos dons et comment les utiliser.

Le développement de notre relation avec Dieu est lié au développement de nos dons spirituels. En grandissant dans l’utilisation des dons qu’il nous a donnés, nous devenons de plus en plus les personnes que Dieu veut que nous soyons. N’oubliez pas que l’Esprit nous donne des dons spécifiques dans un but précis.

C. Umporowicz

D’autant que les dons que nous avons reçus ne le sont pas pour nous, mais pour servir le peuple de Dieu, sa gloire, l’avancement de son Royaume. Quand Paul établit la fameuse liste des dons dans Éphésiens, il prend la peine de préciser leur finalité. 

Il l’a fait pour former les saints aux tâches du service en vue de l’édification du corps de Christ, jusqu’à ce que nous parvenions tous à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à la maturité de l’adulte, à la mesure de la stature parfaite de Christ.

Eph 4 : 12 & 13

Sans cultiver la grâce de Dieu dans notre vie de leader, nous serons tentés, tôt ou tard, d’utiliser nos dons pour développer notre ministère, nos projets en nous dispensant de Dieu. Sans parler du danger dont nul n’est prémuni : celui de l’orgueil !

Car qui est-ce qui te distingue ? Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? Et si tu l’as reçu, pourquoi te glorifies-tu, comme si tu ne l’avais pas reçu ? 

1 Cor 4 : 7

Grâce et leadership 

Un leader spirituel qui comprend qu’il a été racheté à conscience de sa nouvelle identité en Christ. Ses faiblesses ne sont pas à ses yeux des échecs, il se sait pardonné par la grâce. Ses forces ne le pussent pas d’arrogance, il sait de quoi il a été racheté.

Le leader rempli de grâce commence à voir les autres différemment. Parce qu’il commence à comprendre que Dieu le voit avec des yeux remplis de grâce, il peut voir les autres de la même manière. Il ne se sent pas menacé par les différences. Ils peuvent croire en ce qu’il y a de meilleur chez les autres. La grâce leur permet d’acquérir les compétences nécessaires pour communiquer, aimer, résoudre les conflits, etc. à travers la culture de celui ou ceux avec qui ils interagissent. Ils peuvent véritablement et pleinement s’engager dans le leadership de service parce qu’ils n’ont plus besoin d’un emploi, d’une position ou du résultat d’un échange pour s’élever. Ils ont déjà été élevés. Ils ont été rachetés.

C. Umporowicz

Les dirigeants spirituels pieux [marqués par la grâce] sont des bergers et non des sauveurs, des leaders et non des seigneurs, des guides et non des dieux.

Paul Chappell
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