Croyez-vous vraiment à la formation de disciples ?

Un ami me rapporte la conversation qu’il a eu avec un pasteur, et non des moindres, dont la renommée n’est plus à faire ! « Je ne crois plus à la multiplication de disciples, dit-il. Les chrétiens sont tellement dysfonctionnels qu’il ne sont pas capables de former d’autres disciples ! »

Quel est l’ordre de Jésus ?

Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre. Allez, faites de toutes les nations des disciples, baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit et enseignez-leur à mettre en pratique tout ce que je vous ai prescrit. Et moi, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde.

Matthieu 28 : 18 à 20

Précisons

Souvent je formule ce questionnement :

  • Qu’a dit Jésus ?
  • Hum… il a dit allez…
  • Non qu’a dit Jésus ?
  • Hum… faites des disciples…
  • Non qu’a dit Jésus ?
  • Hum.. baptisez-les…
  • Non qu’a dit Jésus ?
  • Hum… Enseignez-les…
  • Non qu’a dit Jésus ?
  • Ah oui : il a aussi dit, enseignez-les à mettre en pratique…

Qu’est-ce qu’un disciple ?

Les définitions peuvent changer selon l’accent que l’on veut mettre. Personnellement j’utilise celle-ci : Un disciple vit comme son Maître et poursuit son action. D’autres, pour insister sur l’aspect poursuivre la mission du maître ont cette formule : « Un disciple c’est quelqu’un qui connaît les prénoms des disciples de ses disciples. »

Dysfonctionnels ou transformés ?

Souvenez-vous, il leur a [aux disciples] dit : « Et je ferai de vous des pêcheurs d’hommes.» (Matthieu 4 : 19)  Remarquez bien que, dans cette invitation, il ne leur dit pas ce qu’il les appellera à faire, mais bien de ce qu’il leur fera faire. Les missions données aux disciples ne pourront être accomplies que grâce à son œuvre en eux. Au fur et à mesure que les disciples suivent Jésus, il transforme tout en eux : leurs pensées, leurs désirs, leur volonté, leurs relations, et au plus profond, leur raison même de vivre. Ces disciples avaient connu une telle transformation en eux que cela se manifestait par une multiplication au travers d’eux. Jésus transformait leurs pensées : ils devenaient convaincus que les gens avaient besoin d’entendre l’Évangile. Jésus transformait leurs désirs : ils désiraient ardemment que chacun entende l’Évangile. Jésus transformait leur volonté : ils se sentirent poussés à donner leur vie pour proclamer l’Évangile. Jésus transformait leurs relations : par amour pour les autres ils leur annonçaient l’Évangile, qu’importe le prix à payer. Ils étaient devenus des faiseurs de disciples au péril de leur vie. Jésus avait transformé leur raison même d’exister: leurs vies en ont été bouleversées à jamais.

David Platt Suis-moi BLF Éditions, page 78 et 79

L’enseignement, responsable d’une mutation ?

En observant l’Église aujourd’hui, j’ai le sentiment qu’une mutation s’est opérée : nous avons transformé l’ordre de Jésus en une invitation plus confortable : « Rassemblez-vous, faites-vous baptiser et restez sur place ! » Essayez de demander à des chrétiens autour de vous ce que signifie concrètement « faire des disciples». Les réponses risquent de ne pas être très claires et vous récolterez probablement beaucoup.. . d’hésitations ! Il semblerait que nous nous soyons mutuellement exemptés de nos responsabilités de pêcheurs d’hommes ! La majorité de ceux qui se disent chrétiens aujourd’hui n’a pas comme objectif dans la vie de faire de toutes les nations des disciples. En réalité, rien que d’y penser, la plupart sont effrayés. 

Ibid.

Je crains, en effet, que certains disciples….n’en soient pas vraiment ! Des membres d’église ? Oui ! Des croyants certainement. Des chrétiens soucieux de leur vie spirituelle ? Sans aucun doute. Des imitateurs, partisans de tel ou telle vedette évangélique ? On en rencontre ! Des disciples qui mettent en pratique l’Évangile ? C’est moins sûr. Etre disciple ne résulte pas de l’acquisition de connaissances bibliques ou évangéliques, de quelques pratiques, associées – venir au culte, assister a des réunions, des soirées de louanges etc. – Mais d’une transformation profonde par l’Esprit de Dieu, par l’obéissance et la soumission à la Seigneurie de Christ. 

Pour illustrer, je me souviens d’un entretien avec le diacre d’une église, à qui je demandais :

  • Qui forme des disciples dans votre église ?
  • …. mais Alain nous avons les meilleurs enseignants dans notre église !
  • Je le sais – et c’est vrai – mais qui fait avec, qui accompagne, qui montre l’exemple ?
  • …. dans ce cas nous ne formons pas des disciples !

Mais si les chrétiens sont dysfonctionnels comme le dit ce célèbre pasteur, la première chose serait de remettre en question la formation de disciple qu’ils ont reçue…  Donc son propre enseignement ! Cette position me semble révéler la négligence de deux facteurs déterminants, et non des moindres !

Il semblerait que nous nous soyons mutuellement exemptés de nos responsabilités de pêcheurs d’hommes !

David Platt

L’absence de confiance dans l’Évangile

Aux anciens d’Asie, quand il leur annonce qu’il ne les reverra jamais, Paul dit : Et maintenant il ne me reste plus qu’à vous confier à Dieu et à sa Parole de sa grâce. Il a le pouvoir de vous faire grandir dans la foi et de vous assurer l’héritage qu’il vous réserve avec tous les membres de son peuple saint.

Ac 20.32, ital. ajoutés.

La parole de l’Évangile est capable de garder et d’édifier les croyants. Tout l’arbre est contenu dans la graine. Tout ce qu’il y a dans un énorme arbre adulte était originellement dans la graine ; tout l’ADN qu’il faut. Une graine a besoin d’être plantée et arrosée et elle a besoin qu’on dégage de la place autour d’elle pour qu’elle pousse (Jc 1.21), mais il n’y a rien à lui ajouter. De même pour l’Évangile de la grâce de Dieu dans le Christ !

Pour paraphraser Timothy Keller, les « hommes de Jacques » disaient : « Vous avez été sauvés par grâce, ce qui est l’ABC de la vie chrétienne. Maintenant, on va vous apprendre le reste de l’alphabet. » Dans le même temps, Paul explique que la grâce, c’est la vie chrétienne de A à Z11 !

Andy McCulloug Global humility 

L’absence de confiance dans le Saint-Esprit

Roland Allen écrit :

Quand les activités usurpent la place du Saint-Esprit, l’Esprit est obscurci et caché, parce qu’en réalité il est dépossédé de sa juste place. C’est lui qui suscite les responsables, c’est lui qui éclaire, c’est lui qui élève, c’est lui qui apprend aux hommes à « vivre », quelles que soient leurs conditions de vie.

Les disciples de Jésus ne sont pas vraiment prêts à son départ, mais il les confie au Saint-Esprit : « Je ne vous laisserai pas orphelins » (Jn 14.18). Dans les Actes, chaque fois que les apôtres cherchaient à évaluer une nouvelle oeuvre de Dieu, ils s’assuraient que le Saint-Esprit avait bien été reçu par les croyants. Dans le cas contraire, ils leur imposaient les mains et s’assuraient qu’ils soient remplis du Saint-Esprit. Si Jésus n’a pas laissé à ses disciples un livre avec des règlements, mais plutôt l’Esprit, il en est certainement de même aujourd’hui dans l’implantation d’Églises.

Ibid

Quelle alternative ?

Si l’on ne croit pas ou plus, à la multiplication de disciples, comment allons amener les gens à la stature parfaite de Christ ?

C’est lui qui a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme bergers et enseignants.  Il l’a fait pour former les saints aux tâches du service en vue de l’édification du corps de Christ, jusqu’à ce que nous parvenions tous à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à la maturité de l’adulte, à la mesure de la stature parfaite de Christ. Eph. 4 11-14.

Comment espérer que l’Évangile progresse, et que se réalisent les paroles de Jésus ?

…vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre.

Actes 1 : 8.

Mise en abime

J’ai une question à vous qui ne croyez plus – ou pas – à la formation de disciples. Pouvez-vous être pasteur, leader spirituel, sans être vous-même disciple de Jésus ? Alors si vous êtes disciple du Christ : comment pouvez-vous ne pas faire des disciples ? 

Soyons intentionnels

Comme le suggère Platt, l’intentionnalité a-t-elle disparu ? J’ai accompagné durant douze semaines, par visioconférence des jeunes leaders d’église, d’une grande union d’églises en France. Je leur ai proposé un petit devoir : « Pouvez me dire si dans votre église, le parcours de formation de disciples est clairement identifié : c’est à dire comment, par quelle voie, quelle formation un nouveau converti est conduit à devenir disciple ? » Seuls deux ou trois d’entre eux pouvaient positivement. Les autres ont avoué que, dans l’église, on faisait beaucoup de choses : pour les jeunes, pour les familles, des études bibliques, des formations, mais que dans le fond il était impossible d’identifier clairement le processus choisi et établi pour former des disciples. Manque d’intentionnalité ! 

Je reste convaincu, que plus que jamais, nous devons nous concentrer sur une formation de disciples intentionnelle. 

C’est pourquoi je vous invite à regarder ces deux vidéos :

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