Prier mains ouvertes

Les disciplines de la prière

Jésus priait un jour en un certain lieu. Lorsqu’il eut achevé, un de ses disciples lui dit : Seigneur, enseigne-nous à prier, comme Jean l’a enseigné à ses disciples.

 Luc 11.1

La prier n’est pas « naturel »

Si nous voulons mettre un chrétien mal à l’aise (et plus il sera mûr dans sa foi, plus cela portera), il suffit de lui demander comment va sa vie de prière. L’expérience et la pratique de ceux qui nous ont précédés dans la foi n’arrangent pas nécessairement les choses. Martin Luther affirmait :

J’ai tellement de choses à faire chaque jour que si je ne lis pas ma Bible et ne prie pas au moins 3 heures, je n’arrive pas à tout faire !

Pourquoi est-ce si difficile de prier ? Et encore plus difficile de prier avec assurance, de prier avec « puissance » ? La raison est en fait toute simple, et peut-être y avez-vous déjà pensé. De toutes nos activités, la prière est ce qu’il y a de moins « naturel » pour l’homme. Si nous sommes capables de lire la Bible, c’est aussi parce que nous sommes capables de lire les autres livres. Si nous pouvons étudier la Parole, c’est parce que nous avons aussi appris à étudier d’autres textes. Bien évidemment, il nous faut l’aide du Saint-Esprit pour comprendre, car c’est lui qui nous éclaire.

Il est bon de souligner que la prière, plus que toute autre pratique ou discipline, relève et dépend de l’Esprit. Car la prière véritable n’est pas du tout « naturelle ». Il y a, bien sûr des « prières », et l’homme peut les réciter. C’est le cas dans toutes les religions d’ailleurs. Même en tant que chrétiens, combien de fois récitons-nous des prières, plutôt que de prier vraiment ?

Luc 11.1 …

…résume ce que les disciples avaient constaté en observant Jésus : sa façon de prier était différente de la leur. Pourtant, ils avaient été à la meilleure « école » de prière qui puisse exister : par les pratiques du Judaïsme, et les Psaumes : livre de prières par excellence ! Cependant, la pratique de la prière peut demeurer – même pour le chrétien – très « charnelle ». C’est le cas lorsque nous récitons des prières. Et c’est aussi très souvent le cas lorsque nous pensons «prier» vraiment. Car malheureusement beaucoup de nos prières viennent encore plutôt de notre nature humaine. Dieu, dans sa grâce immense, en exauce beaucoup malgré tout, mais peut-être très souvent de la même façon qu’un parent répond à certaines demandes de son enfant Combien de nos prières sont ainsi très « enfantines », dans le sens où nous nous tournons vers Dieu uniquement pour lui demander de nous accorder ce que nous voulons, ce que nous sommes incapables d’obtenir par nos propres moyens ?

Un homme divorcé, commentant les visites occasionnelles de son amie, constatait, un peu amèrement, qu’il n’était jamais certain qu’elle vienne le voir pour le voir, lui, ou juste pour obtenir de l’argent pour s’acheter quelque chose. Dieu aurait-il également cette impression de la plupart de nos prières ? Nous ne minimisons nullement par un tel constat, la légitimité et même la nécessité d’apporter nos requêtes au Père pour lui faire part de nos besoins. Il nous y invite et l’attend de notre part.

Examinons plutôt nos prières pour savoir si nous avons « grandi » dans notre manière de prier.

Avons-nous progressé dans cette pratique ? Notre prière a-t-elle pour objet principal de rechercher Dieu, ou de lui présenter nos besoins ? Dans ce monde, les enfants sont tous très égoïstes. En dehors des requêtes formulées auprès de leurs parents, on constate que beaucoup de rapports d’enfants avec leurs « amis » sont pour le moins intéressés. Ce sont les jouets, la console de jeux, la piscine, etc. que possède le « copain » qui les attirent et non le copain lui-même. Soyons honnêtes et admettons que c’était bien souvent le cas pour nous aussi, lorsque nous étions petits !

Qu’est-ce qui a frappé l’esprit des disciples, qui avaient pourtant grandi dans un contexte où tout le monde pratiquait la prière ? Celles de Jésus étaient différentes des leurs. Pourquoi ? Si Jésus, lui aussi, demandait certainement au Père de répondre à ses besoins, son but principal dans la prière n’était pas d’obtenir ce qu’il voulait, mais de retrouver la pleine communion avec celui qu’il aimait par-dessus tout.

Pour quelles raisons avons-nous donc besoin de travailler les disciplines de la prière ?

Plus encore que d’apprendre à «mieux prier», c’est pour mieux orienter nos prières, pour rechercher la communion avec notre Père céleste, lui parler, certes, mais aussi l’écouter. Connaissons-nous le Seigneur comme nous connaissons nos amis, pour pouvoir oser intercéder comme Abraham l’a fait pour sauver Loth et sa famille de la destruction de Sodome ? (Voir Genèse 18.16-33). Comme nous le lisons en Jacques 3.23, Abraham « fut appelé ami de Dieu ». C’est en cette qualité que Dieu lui a fait part de ses projets et c’est à ce titre qu’Abraham a osé intercéder. D’enfants de Dieu, faisons-nous des progrès pour devenir ses amis ? Jésus nous dit clairement :

Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je vous commande. Je ne vous appelle plus serviteurs, parce que le serviteur ne sait pas ce que tait son maître. Je vous ai appelés amis, parce que tout ce que j’ai appris de mon Père, je vous l’ai fait connaître

Jean 15.14-15

C’est surtout la prière qui nous permet de devenir les « intimes » du Seigneur. Mais pour cela, il ne faut pas prier tout simplement pour demander à Dieu de pourvoir à nos besoins, ou même intercéder pour d’autres. Il faut aussi que nous priions dans le but de le connaître, lui, de comprendre ses pensées, de passer du temps en sa présence, de « soupirer après le Seigneur », comme David.

Un petit « test »

Si l’on nous demande de prier le Seigneur uniquement dans le but de le louer, d’énumérer ses attributs, de le glorifier en développant ses différents noms, y arrivons-nous vraiment ? Pendant combien de temps ? Nous avons de la difficulté à parler avec une personne que nous ne connaissons pas bien et avec qui nous n’avons presque rien en commun. De même, nous aurons également du mal à rechercher Dieu dans la prière, à parler avec lui et à parler de lui, si nous n’avons pas l’habitude de le « fréquenter » pour bien le connaître. Est-ce notre but principal, quand nous prions, comme ça l’était pour Jésus lorsqu’il était sur cette terre.

Nous avons absolument besoin de l’aide de l’Esprit pour prier. Comme je l’ai déjà dit plus haut, la prière est ce qu’il y a de moins naturel pour l’homme – car la prière véritable ne peut se pratiquer par notre nature humaine. L’apôtre Paul en souligne la raison:

Qui donc, parmi les hommes, sait ce qui concerne l’homme, si ce n’est l’esprit de l’homme qui est en lui ? De même, personne ne connaît ce qui concerne Dieu, si ce n’est l’Esprit de Dieu. Or nous, nous n’avons pas reçu l’esprit du monde, mais l’Esprit qui vient de Dieu, afin de savoir ce que Dieu nous a donné par grâce.

1 Corinthiens 2.11-12

Sans pratiquer un genre de mysticisme, Dieu attend notre communion avec lui dans la prière. C’est de là que découlent les différents genres de prière, cités ici sans les développer. Nous sommes convaincus que la meilleure manière de progresser dans la discipline de la prière est de prier, et non de parler de la prière, ou d’étudier les différentes formes de prière. Nous avons déjà mentionné la prière d’adoration. Il y a bien évidemment aussi la confession de nos péchés et manquements, les requêtes et les supplications, les actions de grâces, l’intercession en faveur des autres…. Il nous est souvent dit aussi de veiller dans la prière, de prier sans cesse :

Priez en tout temps par l’Esprit, avec toutes sortes de prières et de supplications. Veillez-y avec une entière persévérance. Priez pour tous les saints.

Éph 6.18.

Un dernier mot sur les disciplines de la prière.

Si nous voulons vraiment prier selon la volonté de Dieu, connaissant ses pensées, nous devons commencer, et continuer en donnant la première place à la Parole de Dieu, non seulement pour la lecture et l’étude, mais comme point de départ de la prière. Avons-nous l’habitude de « prier la Parole » ? C’est en elle que nous trouvons les conseils de Dieu, que nous commençons à comprendre ses pensées, que nous apprenons à le connaître, et à connaître sa volonté. Alors, il faut que la prière soit enracinée dans la Parole, et qu’elle soit notre réponse à la Parole. Nos prières ne peuvent découler de nos sentiments, de nos fantaisies et nos désirs, ou même de toute pensée la plus excellente ou noble soit-elle. Comme le souligne Eugène Peterson :

Prier, ce n’est pas frapper à la porte de Dieu pour attirer son attention ou obtenir ses faveurs. C’est répondre à sa parole. La première parole est celle de Dieu. La prière est une parole humaine : elle ne peut jamais être première, ni primordiale, ni initiatrice, ni formatrice, simplement parce que nous ne sommes jamais premiers, jamais primordiaux.

Peterson (Eugène), Les Trois Angles et la Croissance, Québec : Editions La Clairière, 1998, p. 40.

De même aussi l’Esprit vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons pas ce qu’il convient de demander dans nos prières. Mais l’Esprit lui-même intercède par des soupirs inexprimables : et celui qui sonde les coeurs connaît quelle est l’intention de l’Esprit : c’est selon Dieu qu’il intercède en faveur des saints.

Rom 8.26-27.
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