5 facteurs culturels qui soulignent le besoin de mentorat

Des responsables plus âgés que moi me demandent souvent :

Pourquoi les jeunes leaders éprouvent-ils le besoin si pressant d’avoir un mentor ? Personne n’a joué ce rôle pour nous et nous nous sommes bien débrouillés seuls. Non ?

Depuis la Seconde Guerre mondiale, notre société a évolué à une vitesse qu’aucune période de l’Histoire n’a jamais connue. Pendant les trente dernières années du xxe siècle, le rythme des changements semble même s’être accéléré. Certains responsables expérimentés le reconnaissent. Beaucoup d’autres, cependant, ne prennent pas le temps d’y réfléchir. Ces modifications ont pourtant fait apparaître toutes sortes d’individus très différents, avec des besoins et perspectives spécifiques.

En trente ans, cinq facteurs culturels ont renforcé le besoin de recourir au mentorat intentionnel :

1. La disparition des héros

Depuis plus de dix ans, les grands périodiques consacrent régulièrement leur couverture à l’absence de héros et de modèles. Ils parlent des conséquences de cette disparition sur la société et, en particulier, sur les jeunes.

2. La perte du « bon sens »

Pendant les soixante premières années du xxe siècle, il existait un ensemble de connaissances et de valeurs communes que l’on appelait simplement « bon sens ». Au début des années 2000, ces notions se sont progressivement estompées. Cette absence de connaissances partagées rend nécessaire le développement d’un langage commun : le mentor doit fournir une perspective et expliquer le pourquoi des choses. Dans les organisations comme dans les relations.

3. Mobilité sociétale

Dans toutes mes conférences pour jeunes responsables, je demande aux participants de lever la main s’ils habitent dans un rayon de 150 km du lieu où ils ont grandi. Fréquemment, personne ne se manifeste. Au mieux, seul un quart de la salle lève la main. Quand un jeune leader n’a plus immédiatement accès aux gens, aux lieux et aux institutions qu’il a connus, le désir et le besoin de mentor s’accentuent.

4. Priorité à l’image

Une personne qui grandit en regardant des clips vidéo sera très différente d’une personne qui grandit en écoutant de la musique. Cette dernière peut, en entendant une de ses chansons préférées, voir surgir des souvenirs d’une époque particulière de son existence et repenser à un lieu, à des vêtements, à une voiture, à des amis, etc. Cela l’amène, l’espace d’un instant, à réfléchir à propos de sa vie. Quelqu’un qui a grandi en regardant des clips se souviendra plutôt des images du clip. Comme les images lui ont déjà été fournies, il lui est difficile – voire impossible – d’avoir une réflexion très approfondie sur sa vie.

5. Une maturité retardée

La perception du temps et de l’âge évolue aussi. Dans les années soixante, un slogan proclamait : « Vous ne pouvez pas faire confiance à quelqu’un de plus de trente ans ». Les magazines féminins ont ensuite annoncé que la quarantaine était la nouvelle trentaine. À présent, les baby-boomers ayant vieilli, la cinquantaine est devenue la nouvelle quarantaine. Il y a vingt ans, les formations pour jeunes dirigeants visaient essentiellement les personnes d’une vingtaine ou d’une petite trentaine d’années. Aujourd’hui, les inscriptions s’étendent facilement aux personnes de quarante à quarante-cinq ans. Une maturité retardée accroît aussi bien le besoin que le désir d’être suivi par un mentor.

Ces cinq facteurs semblent anodins mais leur combinaison a modifié la donne. Les leaders de la jeune génération ont grandi dans un environnement totalement différent de celui des leaders âgés aujourd’hui d’une cinquantaine ou d’une soixantaine d’années. Comme ils manquent de stabilité familiale, d’une moralité commune et de cadres, les individus eux-mêmes sont très différents. Leurs besoins, leurs valeurs, leurs points de vue et leurs idées se distinguent nettement de ceux de leurs aînés.

Le but du mentorat est d’établir des relations intentionnelles qui aident la personne accompagnée à développer sa propre efficacité. Le moyen d’y parvenir consiste à satisfaire les besoins que les facteurs mentionnés ci-dessus ont créés dans notre société.

Extrait de

Multiplier les leaders

MARTIN SANDERS & ALAIN STAMP

Avec l’aimable autorisation de BLF-ÉditIons

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